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mardi 8 décembre 2020

Raymond Lulle, le Docteur Illuminé 1232-1316


Au moment de sa naissance Raymond Lulle ou Raymondus Lullus, Mystique Catalan, Poète, philosophe et Théologien, l'île de Majorque ou il vit le jour était revenue à l'hégémonie chrétienne après une longue période de domination Musulmane. Un tiers de la population était toujours musulmane et il existait en outre une communauté juive, qui bien que moins importante se trouvait être économiquement influente.

C'est cette population de non chrétiens qu'il va cotoyer pendant les 3 premières décennies de sa vie qui provoquera ce tournant radical dans son existence en 1263, à l'âge 30 ans.Il avait eut jusque la une vie mondaine plus que bien remplie, c'était un important fonctionnaire du futur Jacques II Roi de Majorque, notre homme était marié et père de deux enfants

Il disait je cite: j'ai été marié, j'ai eu des enfants et j'ai été assez honnêtement riche. J'ai vécu dans les plaisirs et selon le monde. Je me suis retiré et ai quitté librement et avec joie toutes ces choses pour de tout mon pouvoir avancer l'honneur et la gloire de Dieu. On peu supposer ou du moins l'espérer, que sa femme et ses enfants étaient à l'abri du besoin lors de ce tournant radical de sa vie ????











Il va porter bien des qualificatifs ou des surnoms. Pour l'inquisition c'est " l'hérétique ", pour l'école franciscaine c'est " un saint ", on le nommera également " le docteur illuminé ", ou encore " l'arabicus christianus " autrement dit l'Arabe Chrétien !

Dans son autibiographie ( de vita coaeteanea), il décrit le tournant de sa vie comme une sorte de conversion, avec comme but un triple projet: premièrement consacrer sa vie à la conversion des Musulmans, puis ensuite d'écrire " le meilleur livre du monde ", afin de combattre les erreurs des infidèles, et pour finir s'engager auprès des Princes, Rois et Papes dans le but de fonder des Collèges, ou de futurs missionnaires pourraient y acquérir la connaissance des langues des infidèles...rude programme s'il en est !!!!!

Durant neuf ans d'études, essentiellement autodidactes, il apprend l'arabe, par l'entremise d'un esclave musulman, améliore ses connaissances en Latin, puis étudie la philosophie ainsi que les théologies musulmane et chrétienne. A ce stade on peut dire qu'il se trouve en dehors du cursus normal des étudiants et Clercs de son époque !, surtout quand on sait que c'est l'église qui tient la haute main sur les études, que ce soit en France ou dans le reste de l'Europe aux XIII et XIV siècles









Pendant ses années d'études il rédige son (liber contemplationis), d'abord en Arabe puis en Catalan, on peut considérer son manuscrit comme la première tentative de raymond Lulle d'écrire son fameux "meilleur livre du monde " A partir de 1287, avec son voyage à Rome, commence pour lui une longue existence itinérante, il entre en contact avec la scène politiques des Papes, Princes et Monarques. De 1288 à 1290 il séjourne à Paris ou il tente de rallier à sa cause le Roi de Fer Philippe IV le Bel

Il y fera également sa première expérience de l'enseignement au sein de L'Université Parisienne. Il part ensuite pour Montpellier ou il enseignera un temps, puis à nouveau Rome et Gênes ou il embarque pour son premier voyage comme missionnaire vers Tunis, d'ou il sera expulsé rapidement sous la menace de peine capitale le moins que l'on puisse dire c'est que ses méthodes de conversions non pas l'air de plaire !!!! 










Qu'à cela ne tienne !!!, dès son retour il reprend ses démarches avec les Papes Celestin V, puis le terrible Boniface VIII, se rend ensuite à Naples, pour une nouvelle fois revenir à Paris de 1297à 1298, redescend ensuite vers sa région d'origine, d'abord à Barcelonne ou il reçoit de Jacques II d'Aragon la permission de prêcher dans les Mosquées et les Synagogues du pays. Il est certain que c'est moins dangereux pour lui que de l'autre côté de la méditerranée !!

Raymond prend le bâteau pour Chypre en 1301, se rend ensuite en Arménie, reviens à Gênes quelques temps et reprend la route pour Montpellier, Lyon et une nouvelle fois Paris en 1307. 

Le Bonhomme est un mystique et de plus il est têtu !!, il repart comme missionnaire à Bougie en Afrique du Nord ou il sera emprisonné pendant 6 mois, décidément ses méthodes ne plaisent pas. Dès sa libération de prison il entreprend de faire un quatrième séjour à Paris de 1309 à 1311









Il va y obtenir la reconnaissance de ses Pairs, une approbation de son art, sous le titre de " Ars Généralis Ultima ", par quarante membres de l'Université Parisienne. Il est gonflé à bloc le Raymond !! et il entreprend en 1314, son dernier voyage comme missionnaire, encore une fois à Tunis si si !!!!. La légende veut qu'il y fut lapidé ?, mourant ainsi comme Marthyr ?. Plus probablement il meurt en 1316 âgé de 83 ou 84 ans à Tunis ou sur le chemein du retour vers Majorque ou il est enterré.


PS: cet article sera ma dernière contribution pour l'année 2020, année catastrophique !! et je vous engage à faire comme moi, si ce n'est dans les faits du moins en pensées, la compisser et la conchier (comme ils disaient à l'époque), jusqu'au premier janvier. Je vous met en dessous une pensée de Raymond Lulle que j'affectionne particulièremment....M de V





jeudi 26 novembre 2020

N°370) Le Breton l'Armorial et ses Blasons

En l'an de grâce 2003, la direction des archives de France se portait acquéreur, lors d'une vente publique, de l'Armorial Le Breton, l'un des documents héraldiques les plus précieux que le Moyen âge nous ait laissés. Il est désormais consultable aux archives nationales sous la cote AE I 25 N°6..MM684, il s'agit la du plus ancien Armorial figuré conservé en France

Or donc voyons ce que nous en dit Michel Pastoureau dans la présentation de cet ouvrage qui fit l'objet d'une savante publication pour le grand public. Bien sur votre serviteur le nain en posséde un exemplaire !!!!

Les armoiries sont apparues dans plusieurs régions d'Europe occidentale vers le milieu du XII siècle. Cette apparition est d'abord liée à l'évolution de l'équipement militaire: les transformations du casque et du haubert ayant rendu les combattants méconnaisables à la bataille et dans les tournois, ceux ci prennent peu à peu l'habitude de faire peindre sur la grande surface de leur bouclier des figures animales, végétales, ou géométriques, aidant à se reconnaître dans la mêlée. On peut parler d'armoiries à partir du moment ou un Chevalier fait usage pendant une assez longue période de sa vie, des mêmes figures et des mêmes couleurs, avec des principes de composition simples mais rigoureux les mettant en forme 






Toutefois cette cause matérielle n'explique pas tout. L'apparition des armoiries se rattache plus profondement au nouvel ordre social qui touche la société occidentale àl'époque seigneuriale. Comme les noms patronymiques (voir article), ou comme les attributs vestimentaires(voir aricle).D'abord individuelles et réservées au seuls Seigneurs et Chevaliers, les Armoiries deviennent progressivement héréditaires ches tous les hommes appartenant à un même lignage. 

Puis dans le courant du XIII siècle leur emploi s'étend aux femmes et aux ecclésiastiques, aux habitants des villes, aux artisans, et même dans certaines régions à des paysans...( on parle la de propriétaire terrien, comme le père de Jeanne d'Arc par exemple !!!)

Enfin un peu plus tard aux institutions et aux personnes morales: villes, corps de métiers, chapitres et communautés religieuses. L'église d'abord méfiante à cause de l'emploi de la langue vernaculaire en héraldique pour décrire les blasons, en lieu et placz du latin, s'y introduit pleinement au XIV siècle  

Il convient donc de corriger une erreur fort répandue, mais ne reposant sur aucune réalité historique qui limitait le droit aux armoiries à la noblesse !!!!!






A aucun moment quel que soit le pays, le port d'armoiries n'a été l'apanage d'une classe sociale. Chaque famille, chaque groupe ou collectivité à toujours été libre d'adopter les armoiries de son choix et d'en faire l'usage privé qu'il lui plaisait, ceci à la seule condition de ne pas usurper celles d'autrui !!

Cependant si tout le monde peut le faire, tout le monde ne le fait pas. D'ou les déséquilibres entre les différentes couches de la société médiévale, ainsi sur les quelque 70 000 armoiries françaises qui nous sont connues pour le moyen âge les 3/4 sont des armoiries nobles

Avec les livres les Armoiries ont de bone heure entretenu des rapports privilégiés. Dès le XII siècle elles sont présentées dans des manuscrits enluminés, et à la fin de celui ci apparaissent les premières tranches et les premières reliures peintes aux armes d'un possesseur, mais ce ne sera que dans la seconde moitié du XV siècle que les reliures estampées et les ex-libris gravés feront leur véritable apparition

Toutefois dès le milieu du XIII siècle l'héraldique possède ses propres livres, les Armoriaux, ce sont des recueils plus ou moins vastes selon leur utilisation






Certains recensant les armoiries de participants à un tournoi, d'autres à une campagne militaire, puis ceux représentant tous les membres d'un Ordre ou d'un corps constitué. Enfin et surtout à partir des années 1300, les armoiries d'une région ou d'un royaume entier, voir même de toute la chrétienté !!

Pour la période médiévale avec l'Europe prise dans son ensemble, sont conservés et répertoriés 350 Armoriaux différents !!!, beaucoup se recoupent les uns les autres, ajoutant ou retranchant des informations, modifiant l'ordre des écus, identifiant leurs possesseurs. Certains recueils ne recensent que quelques dizaines d'armoiries, d'autres plusieurs milliers !!

Qu'ils soient volumineux ou constitués de seulement quelques feuillets, tous les Armoriaux s'ordonnent autour de la notion héraldique de " Marche d'Armes ", celle ci peuvent être de la taille d'un royaume, ou au contraire réduite à la taille d'un Comté, voire même d'une modeste seigneurie

Dans chaque Marche d'Armes officie un " Roi d'Armes ", aidé de plusieurs " Hérauts d'Armes " si elle est grande, ou bien un seul " Héraut " aidé de " Poursuivants d'Armes ", si la marche d'armes est petite. Ce personnage est au service du Seigneur dont dépend la Marche, il remplitdes fonctions diplomatiques, protocolaires, héraldiques et nobiliaires






Ces Rois et héraut d'Armes voyagent beaucoup, ils vont crier les tournois, annoncer les mariages, les fêtes, les cérémonies et les déclarations de guerre !!. Au cours de leurs déplacements ils rencontrent d'autres personnes occupant les mêmes fonctions, avec lesquels ils échangent informations et notes, documents et livres. le temps d'un prêt ils recopient soigneusement telle ou telle partie d'un Armorial, complètent ou corrige telle autre 

L' Armorial Le Breton est l'un des plus anciens livres d'armoiries peints, que le moyen âge Français nous ai laissé. Il doit son nom à l'un des possesseurs de l'Ancien Régime, Hector Le Breton, Sieur de la Doinneterie, Roi d' Armes sous Henri IV et Louis XIII son fils.

Mais cet armorial est beaucoup plus ancien. Pour sa partie centrale - près de 600 Blasons -  il a été compilé à la fin du XIII siècle par un Héraut d'Armes au service de Philippe IV le Bel, notre Roi de Fer, ou de son frère, Charles de Valois 

Puis le recueil a été enrichi au milieu du XV siècle, de nouveaux feulletset d'un ensemble d'armoiries de grands personnages de l'époque du pape Calixte III (1455-1458), ainsi que des écus aux armes de la famille Picarde de Flavy et de ses alliances


PS: pour ceux qui seraient tentés de se procurer ce magifique ouvrage documenté, Somogy éditions d'art, Paris 2004....M de V

mardi 17 novembre 2020

Le Quatrième Pouvoir au XIV et XV siècles

A
la fin du XIII siècle on trouvait la Noblesse le Clergé et le Tiers Etat, mais on y perçoit aussi l'émergence d'un quatrième état que vont former les " Gens de Savoir ", hommes de loi et d'offices, qui deviennent une réalité sociale au XIV siècle, pour devenir incontournables au XV siècle. Cependant on est en droit de se demander jusqu'à quel point leurs contemporains avaient conscience qu'il s'agissait la de la naissance d'un corps à part, ou que certaines couches de la société pourraient considérer comme malsaine au sein de la société médiévale ??

On sait que dès le XII siècle les " Clercs ", avaient essayé de se démarquer du reste du Clergé. Les termes de " Scolares ", de " Magistri ", voir même de " Philosophi ", ont très tôt servi à qualifier leur statut propre, en attendant que les " Universités " ne viennent donner un cadre institutionnel efficace, quoique réducteur à leur statut !!, puisqu'il impliquait un contrôle direct de l'autorité ecclésiastique qui dirigeait ces universités 

Leur nombre s'en ira croissant, autant que leur rang social, avec ce désir ou ce besoin de marquer leur appartenance aux élites, pour finir par devenir sûrs d'eux mêmes et dominateurs au début de la Renaissance !!!. Il faut dire que la Haute Noblesse leur faisait que peu d'ombre, vu que dans cette caste fort peu de gens avaient suivi un cursus Universitaire, voir même pour certains savaient à peine lire !









La première caractéristique de cet homme de savoir c'est qu'il est avant tout un citadin, résidant même au coeur de sa ville. C'était la qu'il avait étudié et c'est la qu'il exerce sa fonction, lorsqu'il ne hantait pas les écoles notre homme de savoir passe ses journées dans les coulisses des lieux publics, demeures officielles, cathédrales et chapitres, hôtels de villes et halles municipales, et bien sûr hôtels particuliers, palais et châteaux des grands de ce monde

Toutes les études topographiques sociale qui ont été menées sur les villes et cités de quelques importance à la fin du moyen âge nous montrent que les hommes de savoir résidaient de préférence, soit dans le quartier des écoles, exemple la montagne Sainte Geneviéve pour Paris, soit dans le coeur ancien des cités à proximité des lieux de pouvoir, la maison aux Piliers pour le Prévôt des Marchands, ou le Chatelet pour le Prévôt Royal  

Si nous prenons un autre exemple, comme la cité de Lyon, la plupart des Docteurs, Bacheliers, Licenciés, Notaires et Juristes, résidaient dans le quartier du Palais, juste au Nord de la cathédrale Saint Jean, autour de la maison dite " de Roanne ", ou se trouvait implanté le tribunal du Sénéchal

Nos hommes de savoir participaient autant qu'ils le pouvaient à la vie associative dans les limites accordées par les Maîtres des Confréries et des Guildes, et à la politique de leurs cités 









L
a seconde caractéristique de ces gens de savoir c'est bien sur leur professionalisation, notion que l'on retrouve aussi en cette fin de moyen âge chez les Artisans et les Marchands (exemple le Compagnonnage). Mais ce qui nous intéresse ici ce sont les élites sociales et politiques. Or dans ce domaine il est certain qu'il y avait un gouffre entre les anciens Nobles assurant des charges ou des offices précis pour leurs Princes et les gens de savoir.

Les premiers remplissaient leur office sans formation spécifique, nous pourrions dire " comme des amateurs ", par rapport à ceux qui comme nos gens de savoir avaient usés le fond de leurs chausses sur les bancs des écoles

Ces derniers se caractérisaient par un rapport tout différent à leur travail, qu'il s'agisse d'enseignement, de charges publiques ou de pratiques privées, il y avait une liaison entre leur compétence intellectuelle, souvent garantie par un diplôme, et l'exercice de leur fonction sociale 

Ce qui explique la différence existant entre nos Nobles amateurs (indociles et âpres aux gains), avec nos gens de savoir. Ils n'étaient pas rebutés par le côté austère et technique de leur charge puisqu'ils avaient appris à maîtriser celle ci pendant leurs années de formation










Voila ce qui fait que beaucoup de fonctions administratives dès le XIV siècle veront le recul de l'ancienne noblesse au profit de nouveaux officiers plus compétents, acceptant volontiers de se consacrer à plein temps au service des Princes. Un Roi comme Philippe IV le Bel ne s'y est point trompé faisant une large place dans son gouvernement aux gens de savoir 

Les hommes de savoir auront incontestablement preque tous parti lié avec l'état moderne qui nait en Europe aux XIV et XV siècles dans ce Moyen âge finissant, mettant en oeuvre des connaissances socialement utiles à des fins concrètes et le plus souvent politiques 





PS: cet article est tiré de l'étude de J Verger sur les gens de Savoir en Europe, il a publié les universités au moyen âge PUF 1973, puis les universités françaises au moyen âge 1995 et assuré la direction de histoire des universités en France, Toulouse, Privat 1986....M de




lundi 9 novembre 2020

Le personnage de Renart au Moyen âge

Présent dès l'antiquité dans les fables d'Esope, Renart est pourtant l'une des création les plus originales du moyen âge, et l'on en compte pas moins de 25 versions différentes, beaucoup d'auteurs ou de critiques de cette époque se cachant derrière ce personnage

Il est la personnification médiévale d'un grand personnage appartenant aux folklores et aux cultures les plus divers: le Trickster (le fripon, le farceur en Anglois), le trompeur . Ce rusé est le descendant de la Mètis grecque (fille d'Océan et de Téthys), savant mélange de sagesse et de ruse

Il personnifie également les relations établies par le christianisme entre l'homme et les animaux, comme il est dit dans la Genèse, Dieu les a tous créés mais a laissé l'homme leur donner leur nom











Le moyen âge va aussi favoriser l'emergence de Renart pour deux raisons, d'une part parce que l'animal est lié à la réalité géographique de l'époque, vivant à la lisière de la forêt, frontière de la maison rurale et du champ cultivé, mais d'autre part et aussi malheureusement pour lui, parce qu'il est un personnage du monde seigneurial à cause de la chasse domaine réservé aux nobles

Notre goupil est d'autant plus attachant c'est qu'il a un ennemi, et que le duel est au centre du comportement médiéval. Cet ennemi c'est Ysengrin le loup, animal fort craint et décrié de tous temps !

Renart va le bafouer, l'humilier, jusqu'à prendre pour maîtresse la louve (le cocu fait déjà beaucoup rire au moyen âge). Enfin dans ce monde médiéval des animaux, organisé en royaume à l'image des hommes il y a un Roy.

Notre goupil va avoir un comportement ambigu avec son Roy (Léo le Lion), ce roi des animaux dont il est tantôt le vassal et tantôt l'usurpateur au gré de ses frasques et elles furent nombreuses











Le Roman de Renart ou culmine le prestige de ce malicieux personnage, fait suite à une épopée animalière , "Ysangrinus", écrite vers 1150 (milieu du XII siècle), consacrée au loup Ysengrin qui apparaît dans cette histoire comme l'Oncle de Renart !!

Le roman de Renart est une oeuvre unique dans l'histoire de la littérature, car ce roman fut compilé par des "Clercs", puis par des historiens de la littérature à partir de fragments composés par des auteurs multiples et à des époques diverses, entre 1170 et 1250 environ, chaque élément s'appelant " une branche"

Pour notre goupil il s'agit du Vulpes Vulpes, le renard roux, dont la couleur, malheureusement pour lui !!, fut dénoncé depuis la bible comme celle du traître











Assiégé sans succès dans son château souterrain de Maupertuis (la mauvaise ouverture !!), par le Roy Noble le Lion, il commet mille méfaits et tromperies, va jusqu'à séduire la lionne et tenter d'usurper le trône royal. Mortellement blessé il sera magnifiquement enterré, puis va ressusciter

Redouté et admiré Renart devient au moyen âge un personnage caractérisant la sociabilité populaire ainsi que celui de calculateur politique. Après 1250 il inspirera de nouveaux romans (lire article sur Gervais du Bus et son roman du Fauvel), notre pauvre rouquin sera de plus en plus diabolisé 


PS: bien sur il n'existe aucun rapport entre le charisme de ce bel animal et les calculateurs politiques qui nous gouvernent actuellement M de V

vendredi 6 novembre 2020

La représentation de Satan au Moyen âge

 

L'art chrétien des origines ignore Satan !. Dans celui des VI aux X siècles il n'est pas encore représenté comme un monstre repoussant. En revanche aux XI et XII siècles il va se produire une première grande explosion diabolique, J Le Goff dit, je cite : Satan et les créatures infernales apparaissent sur l'apocalypse de Saint Sever, les sculptures de Vézelay, celles d'Autun de Moissac et de Saint Benoît sur Loire

Ils sont aussi présents dans ce catéchisme du début du XII  siècle qu'est " l'Elucidarium ", attribué à Honorius d'Autun, lequel systématise des éléments démonologiques disséminés dans des ouvrages antérieurs

D'autre part deux ouvrages du XII siècle " la vision de Tnugdal " et le " Purgatoire de Saint Patrick ", reprenant l'apocalypse de Pierre (II siècle), détaillent les châtiments des pêcheurs après la mort

Mais c'est surtout à partir du XIV siècle que va déferler l'invasion démoniaque qui va submerger l'occident jusqu'à la fin de la première moitié du XVII siècle, une période de cataclysmes en tout genres, faite d'épidémies, de famines et de guerres qui se trainent de trêves en traités ou les peuples ne semblent jamais voir la fin de leurs tourments !!!? C'est aussi l'arrivée de l'imprimerie qui va permettre de vulgariser beaucoup d'écrits ....ce qui ne fut pas toujours une bonne chose !!!!









Comme l'a montré Alain Boureau, une importante reflexion démonologique se fait au sein de l'église entre 1280 et 1330, la Scolastique (un des courant de la philosophie médiévale) cherche alors à mieux comprendre et définir les possessions, l'invocation des démons, les sabbats de sorciers et sorcières, la magie et les sortilèges !

Cependant tout cela va déborder du simple cercle des Théologiens et atteindre un plus large public !!!, car nous allons passer du parchemin au papier support revenant moins cher, puis du copiste à l'imprimerie, bien plus rapide. 

Mais c'est surtout " l'enfer " dans la Divine comédie de Dante qui va marquer symboliquement le passage d'une époque à une autre, qui enjambant nos divisions arbitraires entre moyen âge et renaissance, concernant les malheurs cumulés qui vont accabler l'Occident

La Peste noire, la Guerre de cent ans, le grand Schisme, puis l'avancée Turque et les Guerres de religions avec la contestation Protestante. Ces catastrophes seront comprises à la fois comme punitions des pêchés des hommes et comme preuve de l'immense pouvoir de Satan sur l'univers qui lui a abandonné le pêché originel !!  

L'art témoigne désormais sous différentes formes, " de la peur du Diable ", et de ses acolytes, saisissant une civilisation entière !!!!. Prenons en exemple le Campo Santo de Pise, ou l'artiste s'est inspiré de la divine comédie de Dante, puis à San Gimignano ou Lucifer broie de ses mains puissantes des humains minuscules. Sans oublier les très riches heures du Duc de Berry, ou Satan rejette de son horrible bouche pleine de feu des légions de damnés 





 

Pires toutefois que les tourments sont les tentations par lesquelles Satan cherche à pièger les humains, ce contre quoi mettent en garde " le jardin des délices ", et les diverses " tentation de Saint Antoine " de Maître Bosch (voir article ), ainsi que la litttérature des XV et XVI siècles dénonçant la folie des hommes et les faux mirages des " mondes à l'envers " 

Deux composantes majeures de l'angoisse démoniaque propre à l'occident de cette période doivent être mises en relief. D'une part la croyance dans une fin du monde proche, annoncée par les malheurs de cette époque, et d'autre part l'abondance de discours théoriques sur la démonologie insistant sur l'immense pouvoir de Satan et de ses innombrables agents...véritable armée de l'ombre !!

Prenons en exemple le sinistre " Malleus Maleficarum " ( le marteau des sorcières), publié par deux inquisiteurs en 1486. Il nous apporte le diagnostic suivant, je cite : Au milieu des calamités d'un siècle qui s'écroule, tandis que le monde sur le soir descend vers son déclin et que la malice des hommes grandit, l'ennemi sait dans sa rage qu'il n'a que peu de temps devant lui ! Aussi a t'il fait pousser dans le champ du Seigneur une perversion hérétique surprenante , celle des sorcières. Il faut savoir que cet ouvrage va connaître une trentaine d'éditions latines différentes entre 1486 et 1669 

PS; il faut dire que le papier ne refusait pas l'encre à cette époque quand il s'agissait de maléfices, de sortilèges, de diables et autres sorcières M de V

mercredi 28 octobre 2020

Alcuin le " Prof " du VIII siècle (730-804)

 

Souvent nommé Albinus en Latin, mais son nom vernaculaire s'écrivait Alwin ou Ahlwin. Notre homme est né en Northumbrie, sans doute de famille Noble, son éducation fut attachée à l'école de la Cathédrale d' York, en l'an 766 il en sera le Bibliothécaire et c'est environ à la même époque qu'il sera nommé Diacre. Alcuin va devenir Maître d'école vers l'an 780

En cette année 780 on voit à Parme la rencontre de deux grands hommes, le Roi Charlemagne et l'Anglo Saxon Alcuin. Les deux personnages vont sympathiser et lorsque le monarque comprend qu'il se trouve en présence d'un érudit il va lui demander de venir à sa cour

A la cour de Carolus Magnus, Alcuin sera le véritable artisan de la première Renaissance Carolingienne, il aide le roi à rétablir l'enseignement dans les écoles Cathédrales et il est très certainement l'un des rédacteurs de l'Admonitio Generalis de 789

En parfait pédagogue il va utiliser la forme du dialogue pour instruire ses disciples. Sa grammaire s'articule comme un dialogue entre un jeune Anglo Saxon et un Jeune Franc. Pour la réthorique et la dialectique, troisième branche du Trivium il imagine un dialogue avec le roi 









Charlemagne lui demande de lutter contre l'adoptianisme, une hérésie apparue en Espagne et qui prétendait que Jésus avait été adopté et non engendré par le père. D'ou les Traités d'Alcuin contre Félix d'Urgel et ses quatre livres adressés à Elipand archevêque de Tolède  

Cette querelle sera l'occasion pour lui de dédier trois livres sur la Trinité à Charlemagne dans lesquels il présente un essai de systématisation de la doctrine catholique alors que ses devanciers s'en tenaient à des compilations. Il annonce ainsi les travaux des scolastiques 

Le Monarque dans son expositio generalis, demande à ce que le texte de la bible soit corrigé et il souhaite que toutes les églises de son royaume poddédent le même texte !!, rude travail quand on sait que de nombreux copistes emportés par leur foi se laissaient aller à des interprétations douteuses des textes sacrés 

Le roi demande donc à Alcuin d'effectuer cette révision, notre redresseur de tords s'attelle à la tâche avec son équipe, imaginez le boulot !!! d'aller dans tous les lieux ou sont recopiés la bible sur le royaume, corriger les copies des copistes et leurs imposer à tous le même texte. Le jour de Noêl 801 il offre à son monarque la nouvelle version des textes sacrés, celle çi sera utilisée dans toutes les églises médiévales








A cette époque Alcuin est déjà Abbé de Saint Martin de Tours et vous vous doutez bien que l'école de son Abbaye est très active !!!. Il écrivait à Charlemagne qu'au sein de son école il apportait aux uns, le miel des saintes écritures, à d'autres qu'il les enivraient du vin vieux des disciplines antiques, puis qu'il en nourrissait certains du fruit de la subtilité grammaticale, sans oublier d'enseigner également la marche des étoiles 

Alcuin meurt à l'âge de soixante cinq ans, le 19 mai 804, il était devenu aveugle les yeux usés par la lecture et l'écriture, comme il l'écrit à l'archevêque de Cantorbery, plus de 300 lettres d'Alcuin sont conservées à ce jour !!!!

A la fin du IX siècle, Nokter de Saint Gall, rappelle que Charlemagne avait eu comme Maître Alcuin " le plus savant des temps modernes ", il ajoute que son enseignement fut si fructueux que les modernes Gaulois et Francs devinrent les égaux des anciens de Rome et d'Athènes. Ce thème sera souvent repris au Moyen âge, et certains parlant de la "translatio studii", verront en Alcuin l'ancêtre lointain de l'Université de Paris qui prendra son essor au cours du XIII siècle

PS: Je dédie ce bref article sous forme d'hommage à un " Prof " d'histoire du XXI siècle il se nommait Samuel Paty ne l'oubliez pas  M de V








vendredi 16 octobre 2020

N°365) La Maison d'Albret au moyen âge en Guyenne

 

Au milieu des grandes Landes, la ou se situaient les territoires délaissés de la Guyenne et Gascogne, terres ingrates composées de marais bourbeux et de lagunes insalubres, vivait une modeste Châtellenie habitée par des Seigneurs pauvres et loqueteux. Cette région se trouvait bien à l'écart des chemins empruntés par les hommes des steppes Nordiques, lors des invasions barbares, ils avaient des destinations d'un meilleur profit, avec des régions plus grasses et des bourgades plus riches pour les razzias qu'ils entreprenaient !

Cependant la région était propice aux malandrins,voleurs, déserteurs et manants en rupture du ban de la société, aussi fallait il un bras protecteur afin de préserver les autochtones, pauvres et miséreux, de leurs farouches atteintes. Le Baron qui prit en main la destinée de cet habitat misérable et éloigné de tout, donna son nom au village, donnant Labrit, Labret, Lebret, puis pour finir Albret. A notre connaissance le premier à entrer dans l'histoire en tant que Sire d'Albret est Amanieu Premier, il est reconnu comme protecteur des Moines de l'Abbaye de Condom

Pourtant notre "Nobliau Rural" possédait déjà une réputation de Routier et de Pillard, prenant dans les Seigneuries des alentours ce que ses terres ne lui apportaient pas. Ces sortes de petites guerres privées courantes pendant le haut Moyen âge et qui entretenaient une certaine émulation entre voisins !






Ses successeurs vont persévérer dans ce sens étant toujours en quête d'argent et d'aventure, louant au plus offrant leur bras et leur épée ainsi que leur courage. En ce temps la le Fief de Labrit se composait d'une Motte Castrale surmontée d'un château de bois posé sur une place nivelée et délimitée par une enceinte réduite entourée d'une levée de terre et d'un fossé

En fait un ensemble défensif sommaire en rapport avec les ressources dérisoires de la région qui dissuadaient les conquérants bien plus que ne l'aurait fait de fortes murailles. Les Sires de Labrit abandonnérent ce domaine castral dès que les succés de leurs entreprises fournirent pécunes en suffisance pour s'installer à Casteljaloux ou ils construisirent une forteresse, ne revenant dans leur ancienne demeure que de façon épisodique (bien sur on y laisse un homme lige et quelques soudoyers)

Amanieu II va participer à la première croisade avec Godefroy de Bouillon en 1099, pas ou peu d'informations sur Amanieu III 1085-1143. Son successeur Amanieu IV va se soumettre à Richard Coeur de Lion fin XII siècle, puis rejoindra ensuite la Banière Papale lors de la Croisade des Albigeois en 1209, il laisse en donation à Amanieu V le château de Bazas vers 1250. Amanieu VI quand à lui meurt la même année que Saint Louis en 1270






Son descendant Amanieu VII va céder, de force forcée, sa chatellenie de Millau au futur Edouard Premier d'Angleterre, en 1272, ceci afin de respecter les accords royaux entre la France et Albion, mais en 1308 il va acheter les Vicomtés de Dax et de Tartas

Ses titres il va les fractionner à sa descendance et seront portés par son héritier qui va les adjoindre à ses domaines, mais si le père avait rendu hommage au Duc d'Aquitaine et par le fait à l'Angleterre, il n'en va pas de même pour le fils héritier qui lui se soumet au Roi de France Philippe V le Long

Nous entrons dans les prémices de la guerre de cent ans (en fait 116 ans !!), et les seigneurs Gascons louvoyaient entre les deux allégeances pour en tirer de meilleurs profits. Or donc au court de ce très long conflit les Sires d'Albret poursuivront leur destin au grè des avantages et des événements, étant bien entendu que les grands féodaux faisaient passer le profit avant toutes chose, le concept de nation et de patriotisme n'émerge qu'à la toute fin du moyen âge










Arnaud Amanieu VIII
va prêter l'hommage lige au souverain Anglais en 1363, mais cinq ans plus tard il va refuser à son fils le Prince Noir le paiement de la taxe de Fouage. Il fut fait prisonnier à la bataille de launac par Gaston III de Foix Béarn dit Phébus, puis libéré après paiement d'une rançon de 100 000 Florins ( ça fait mal à l'escarcelle !!), plus tard son mariage avec Marguerite de Bourbon le fera rallier définitivement Charles V le Sage et sera même nommé Grand Chambellan de France 

Charles I d'Albret ne va se rallier aux Français qu'après la mort d'Edouard III en 1377, devient Connétable de France, mais il fut tué à la bataille d'Azincourt, ce qui tenterait à prouver qu'en tant que Connétable il n'était pas suffisant !!!

Charles II d'Albret s'illustre à la délivrance d'Orléans par la Pucelle de Domrémy, alors que son frère Guillaume y laisse ses bottes, c'est lui qui portera l'épée de justice lors du sacre de Charles VII à Reims











A l'issue, en 1453, de ce très long conflit, entrecoupé de trêves et de traités, la Maison d'Albret retrouvait toutes les terres subtilisées par les Anglois, ce qui formait le plus puissant ensemble de fiefs et de terres d'Aquitaine, car la maison d'Albret hérite en 1462 du Captalat de Buch, puis en 1470 du Périgord et de la Vicomté de Limoges

Alain dit le Grand qui dirige à partir de 1471 la Maison d'Albret fut le plus puissant féodal de la région Sud Ouest, son fils Jean d'Albret devient par mariage avec l'héritière du Comté de Foix Béarn, Roi de Navarre 

A la renaissance, en 1550, la puissante Maison d'Albret fut élevée au rang de Duché Pairie, puis Jeanne d'Albret deviendra Reine de Navarre et le fils qu'elle aura avec Antoine de Bourbon deviendra Roi de Navarre et ensuite Roi de France sous le nom de Henri IV


PS: Oui on sait !!!!....la poule au pot tout ça !!!....mais bon le gars Henri IV c'est pas lui qui faisait la bouffe mordious M de V

jeudi 8 octobre 2020

Les Caravelles du Portugal

C'est le vaisseau des grandes découvertes, son lieu de naissance se trouve au Portugal, ce petit pays qui tourne le dos à la mer de l'Europe du Moyen âge c'est à dire la mer latine, la Méditerranée. Une fois mis à l'eau ce type de navire déversera dans tous les ports de l'Europe ses parfums d'épices, son nom reste pour nous synonyme de voyages, d'aventures et de dangers inconnus, son nom " la Caravelle "

Un homme est à la base de cette découverte c'est l'Infant Henri (1394-1460), il sera d'ailleurs nommé Henri le Navigateur, sans avoir jamais navigué lui même. Ce Prince veut découvrir de nouvelles voies et routes maritimes, faire la nique à Venise et à la ligue Hanséatique.

Pour ce faire il fait construire au sud de son pays, à Sagres, une sorte de centre de recherche maritime. Il va faire venir en ce lieu les meilleurs géographes, des pilotes, des maîtres de Hache (charpentiers de marine), ainsi que des capitaines, des savants, des érudits et des artisans, bref la crème des gens de marine !!!!

Le bonhomme est d'un abord glacial et austère, voir même fanatique, mais le monde connu l'ennuie, ras le bol du cabotage de cap en cap, il désire faire voguer ses navires sur des mers sans phare ni balise!






Dans ce centre sera intallé un chantier de construction dans lequel sera pensé puis réalisé et multiplié le bateau le plus apte à naviguer vers l'inconnu notre fameuse Caravelle. Les navires du Moyen âge, cogghes et nefs, étaient adaptées à la mer étroite qu'était la Méditerranée ainsi qu'au cabotage le long des côtes, ils ne savaient qu'aller droit devant, on va créer dans ce centre un navire capable de remonter au vent 

Sa construction est initiée vers 1446, le milieu du XV siècle, une époque ou Venise et la ligue Hanséatique possède la maitrise des routes maritimes. Ils vont construire un navire d'exploration à faible tirant d'eau, capable de pénétrer à l'intérieur des fleuves de terres inconnues 

Son coût est réduit car le navire est petit, 22 mètres de long pour 7 mètres de large il nécessite par le fait moins de bois, il  embarque également un plus petit équipage, 26 marins, donc peu de vivres. Si par exemple on compare les particularités des deux caravelles, la Ninia et la Pinta, de C Colomb, avec son navire amiral la Santa Maria qui était une Nef médiévale, cette dernière fait 13 mètres de plus et embarque 40 hommes d'équipage !!






Henri le Navigateur est un chef exigeant il va expédier ses marins dans le trou du cul du monde, dans des lieux que nul ne vit jamais. Ce nouveau navire à trois mats combine de différentes façons les voiles triangulaires latines et les voiles carrées traditionnelles, assurant au bateau une grande vélocité

Grâce à cette combinaison de voiles la Caravelle peut " boulinar ", c'est à dire avancer en zigzagant contre les vents dominants, ces nouveaux vaisseaux peuvent désormais naviguer vent debout et revenir en arrière

Les Caravelles exploreront les côtes africaines et ouvriront de nouvelles voies maritimes pendant 50 ans avant que Christophe Colomb n'entreprenne le premier de ses 5 voyages vers les amériques, tout en croyant au départ aller en Chine, AHaa !!! le gros boulet ....(humour)


PS: voir les articles du blog concernant Venise, la Ligue Hanséatique, les voies maritimes et C Colomb M de V

vendredi 25 septembre 2020

La Médecine dans l'Islam Médiéval

Au X siècle le chirurgien Albucasis (931-1013), mit au point l'anesthésie générale, afin de maintenir ses patients dans un état d'inconscience tout au long d'une opération. Ce grand pratitien de Cordoue inventa l'anesthésie à l'éponge !!!! 

Cette pratique permettait de plonger le malade dans un état proche de l'anesthésie générale que nous connaissons actuellement, et ce sans les dangers que faisait courir l'ingestion de drogues dans les méthodes utilisées par la médecine des Grecs

Pour ce faire, on saturait d'abord les éponges d'Opium, mélangé d'extraits de Mandragore et de Canabis, ensuite on les faisait sécher. Au moment de l'intervention nos éponges étaient humidifiées d'eau bouillante, afin de soumettre le patient à leurs vapeurs tout au long de l'opération

Dans son Traité " La Pratique ", Albucasis expose avec précision ses techniques d'amputation, de réduction des fractures, ses méthodes d'intervention sur les calculs de la vessie, la pratique des césariennes, de la trachéotomie et ses opérations de la cataracte

Je vous laisse imaginer le fossé existant entre la médecine Arabe médiévale et nos praticiens Européens du XVI siècle, et même de toute la Renaissance, qui comme des Perroquets, ne savaient  que débiter de longues tirades en Latin ou en Grec, de Galien, Hypocrate, Vésale etc...!!!





Notre praticien va dans son oeuvre décrire ses méthodes d'incisions, de sutures, de cautérisation, ainsi que sa technique pour ligaturer et désinfecter. Afin d'optimiser son art il va pratiquer de nombreuses dissections, seul moyen fiable, d'approfondir sa connaissance de l'anatomie des corps, inutile de préciser que cette pratique était interdite aussi bien chez les Grecs que chez les Chrétiens

Ce chirurgien va jusqu'à instaurer, grâce à ses connaissances, un mode opératoire rigoureux afin d'édifier ses successeurs, il ira jusqu'à concevoir près de 200 instruments divers et variés de chirurgie tels que: Cathéters, ciseaux spécifiques, forceps, bistouris, scalpels, stylets, pinces, loupes et otoscopes etc....

Ces instruments il les dessinera avec précision en les accompagnant de légendes et de notes spécifiques pour la compréhension de leurs usages, afin de défricher le terrain pour de futurs étudiants en médecine. Avec Avenzour (1073-1126), ainsi que l'élève de ce dernier, Averroes (1126-1198), ce praticien qu'était Abulcasis a assuré la renommée de la médecine d'Al Andalous (l'Andalousie Arabe). L'invasion de l'Hispanie par les armées Arabes au VIII siècle va créer une présence musulmane qui s'y établit pour sept siècles formant la civilisation Hispano-musulmane d'Al Andalous

Passons maintenant de l'autre côté du bassin Mediterraneen histoire de voir comment se portait la médecine à partir des côtes de l'afrique






En Egypte, au Caire fut édifié le premier hôpital en l'an 872, celui construit en Irak à Bagdad sous l'impulsion d'Haroun al Rachid (766-809), était un asile pour les pauvres et les invalides, mais sans disposer de soins véritables

Parlons un peu de l'hôpital égyptien Ahmad ibn Tulun qui soignait les patients gratuitement, équipé de bains pour chaque sexe, d'une bibliothèque, d'un pavillon réservé aux malades mentaux, d'une cuisine et de personnel soignant. Le financement de l'établissement arrivait grâce au " Waqf ", un fond alimenté par la générosité des croyants

En Iran à Théhéran, à la fin du IX siècle, un médecin et philosophe du nom de Rhazès met au point les visites à domicile ainsi que l'organisation hospitalière, pratique essentielle pour la formation des futurs médecins, les étudiants examinaient les malades, prescrivant ensuite la médication et la nourriture appropriée

En 982 à bagdad en Irak,l'hôpital comptait 24 médecins dans le personnel (je parle de l'hôpital et non de l'asile que j'ai cité plus haut), et dans le croissant fertile d'égypte on recensait une trentaine d'établissements dotés d'écoles de médecine






En Syrie à Damas, au coeur de la vieille ville se trouve le " Maristan ", hôpital du prince Zangaride Nur al Din (1146-1174), qui fut financé par la rançon d'un noble Franc capturé lors de la deuxième croisade, on y traitait aussi les maladies mentales

Bref !!!...en Occident nos lacunes en matière de médecine étaient abyssales par rapport à l'Islam, et pour enfoncer le clou ou cela fait mal, je vous donnerais un dernier exemple en parlant du système cardiaque

Il fallut attendre 1924 !!!!!, pour que l'on rende à Ibn Nafis (1210-1288), ce qui lui revenait de droit: La mise en lumière du rôle du coeur dans le mécanisme de la circulation sangine. La découverte était jusque la attribuée à W Harvey, médecin Anglais du XVI siècle !!!....il faut savoir que jusqu'à ce moment en Occident on pensait que c'était le foie qui fournissait le sang pour le coeur !!!!!

Dans son " Canon des lois Médicales ", largement consacré à l'anatomie humaine, Ibn Nafis décrit la circulation sanguine partant du coeur vers les poumons !!






Il y expose le système des valves cardiaques, des oreillettes et des ventricules, mettant ainsi en évidencele rôle des bronches dans l'oxygénation du sang, ce que réfutera durant des siècles la médecine Occidentale, Ibn Nafis fut aussi le premier à mettre l'accent sur l'importance des régimes alimentaires dans le traitement de diverses pathologies


PS: il faut bien avouer qu'au XVI siècle en France, nos Médecins traitaient de "Mécanique" un chirurgien tel que Ambroise Paré et ne lui reconnaissait que le titre de maître sur le simple fait qu'il ne savait ni lire ni écrire le Latin....Ah les gros bouffons !!!!....M de V


mercredi 23 septembre 2020

La Naissance du Carreau des Halles 1139

On doit d'abord la situer dans le temps, en cette période de paix relative qui commençait à la fin des invasions Barbares, qu'elles viennent du Nord, de l'Est ou du Sud, pour se terminer au début de la guerre de cent ans. C'est le temps des vaches grasses, le pays est prospère !!!. Ce marché va se situer au croisement de trois voies importantes, la rue Saint Denis, la rue Montmartre et la rue Saint Honoré

C'est en l'an 1139, par Ordonnance royale que Louis VI le Gros va transformer le terrain des Champeaux (petit champ), en un marché neuf ou allaient pouvoir se tenir des Marchands et une partie des Changeurs (banquiers de l'époque), ceci étant fait pour remplacer le marché Palu de l'île de la cité, et celui de la place de Grève. Ce marché sera au début un lieu de commerce à ciel ouvert

En 1181 son petit fils, Philippe Auguste y fait transférer la foire Saint Lazare, et en 1183 il va faire bâtir deux grands bâtiments couverts destinés à protéger les marchandises qui y sont échangées. Le premier sera nommé " la Halle du Commun ", ou se vendait des draps et marchandises de toutes sortes, autres que de l'alimentaire !!. Puis le deuxième " la Halle au Blés ", cet endroit deviendra le Quartier des Halles, il sera pendant 8 siècles le Ventre de Paris !






Car contrairement aux petites villes médiévales du pays, qui s'efforçaient à vivre en quasi-autarcie, en consommant le surplus des paysans des environs, Paris par sa démesure doit faire venir de loin son approvisionnement. Le Blé de Beauce vient en charrettes, celui de Brie sur des barges en descendant la Marne 

Ces matières premières seront transformées en farine sur les moulins à eau qui se trouvent sur le pont reliant l'île de la cité à la rive gauche. Le Sel lui remonte la Seine depuis les marais salants du littoral l'Atlantique, tandis qu'ils croiseront des navires chargés de vins de bourgogne qui la descendent  

Les Bovins sont conduits sur pieds vers la capitale, en provenance du Maine, de l'Anjou et de Bretagne. Le circuit le plus performant de ces approvisionnements reste sans contestation celui des Chasses Marées (voir article), qui acheminent dans des carrioles à cheval le poisson depuis les ports Picards et Normands en moins de 24 heures !!!!! .......Très jolie performance quand on connait l'état des routes et chemins à l'époque médiévale 











Le bon fonctionnement des réseaux d'acheminement de nourriture vers Paris est une préoccupation constante des Rois de France lors de cette période de paix, A plusieurs reprises ils vont interdire voir sanctionner des seigneurs locaux qui arrêtaient les chargements convergeants vers la capitale pour en prélever des denrées ou les imposer fortement

Ces interventions royales seront efficaces jusqu'au début de la guerre de cent ans, et les marchands traversant le royaume, que ce soit sur les chemins ou sur l'eau le feront en toute sécurité. Comme le disait le chroniqueur Jean Renart, ils le faisaient aussi surement que s'ils s'abritaient dans une église

Les Halles ne sont pas le seul marché de denrées importées, on trouve aussi un Marché au Lard sur le parvis de Notre Dame, et un Marché au Blé sur le port de Grève (côté rive droite), il faut aussi tenir compte de nombreuses Boucheries, ainsi que des Regrattiers, ces vendeurs ambulants de pain, d'oeufs et de fromage qui parcouraient les rues, comme les Harengères vendant leur poisson à l'unité, ainsi que les vendeurs d'eau et de lait











Cependant les Halles concentraient l'essentiel du commerce parisien de gros, comme de détail, elles ne vont cesser de s'étendre. Sous Saint Louis (louis IX), de nouveaux entrepots couverts seront construits vers 1269. 

Les marchands s'y groupent soit par corporation, peaussiers, cordonniers, drapiers, merciers etc..., soit pr origine geographique, par exemple: ceux de Beauvais, de Douai et de Chaumont disposent de leur propre magasins, mais qu'ils ne peuvent cependant exploiter qu'en association avec un Bourgeois Parisien (voir article sur les corporations)

De tous les produits que consomme la capitale Française elle ne produit que la viande de volaille et de porc. Ces animaux déambulent bien souvent dans les rues, ce qui contrevenait aux nombreuses ordonnances royales interdisant la libre circulation de ces denrées sur pattes !!. Ce qui faisait rager le Guet du Prévôt des marchands, comme les Sergents du Prévôt Royal du Chatelet !!





PS: ils buvaient aussi un peu du vin de la colline Montmartre ou aujourd'hui encore des vendanges ont lieu chaque Automne M de V

lundi 21 septembre 2020

Robin Wood mythes et légendes

 

La littérature et le cinéma ont fait de Robin des Bois l'un des personnages de fiction les plus populaire, et les aventures de ce rebelle, prises dans les différentes variantes de sa légende, nous le montre à la tête d'une bande de joyeux lurons "merry men" qui l'aident à détrousser les riches et puissants, ainsi qu'à se venger des autorités !!

Robin et sa bande de joyeux drilles vivent donc au moyen âge dans cette réserve de chasse royale qu'est la forêt de Nothingham, elle occupait un très vaste espace au centre d'Albion entre les villes d'York et de Nothingham.

S'efforçant de faire la part de réalité dans cette fiction tant de fois revisitée, de nombreux historiens vont tenter d'identifier le mystérieux Archer, et bandit notoire, avec un personnage historique réel

Si l'on se réfère aux spécialistes, cette légende porterait sur plusieurs personnages ayant évolués dans les XIII, XIV et XV siècles. Je vais essayer, dans la mesure de mes moyens, de vous transmettre ce que j'en ai lu !!







Au XIX siècle un archiviste du nom de Joseph Hunter a signalé avoir trouvé un Robyn Hode, qui en 1324 était valet de chambre du roi Edouard II, il avait ensuite quitté sa charge comme dans la ballade " la geste de Robin des Bois ", ou fatigué de la vie à la cour il retourne dans sa forêt, rien n'atteste cependant que ce Hode fut un Hors-la-loi ??

Plus proche de nous, Graham Phillips et Martin Keatman, ont croisé une grande quantité de données historiques avec les légendes de Robin, pour conclure que notre Archer des Bois serait en fait un mélange de trois individus distincts: le premier est un paysan proscrit de la forêt de Barnsdale vers 1225, du nom de Robert Hood de Wakefield, celui ci offre des similitudes avec le Robyn Hode de notre archiviste Joseph Hunter

En second vient un Fulk Fitz Warine, il fut l'un des Barons qui se sont dressés contre le roi Jean sans Terre entre 1200 et 1225, celui ci deviendra le personnage principal d'un roman composé un siècle plus tard (vers 1325), or donc si le premier était un paysan il semble que celui ci soit issu de la noblesse







En l'an 1262 on trouve mention d'un certain William Robehod, dans le sud du pays, plus exactement dans le Berkshire, il semble être membre d'une bande de Hors la Loi. Enfin en 1354, cette fois dans le Northamptonshire, est établi l'existence d'un homme nommé Robin Hood, ce dernier est emprisonné dans l'attente de son jugement pour des délits commis autour de la forêt de Rockingham

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Au delà de l'existence historique d'un Robin des Bois, nous savons que les Trouvères (Nord), et Troubadours (Sud), dès le début du XIII siècle feront récits et chansons des aventures de notre personnage. Même si la plus grande partie de la littérature était orale 

Les premiers textes écrits et conservés datent du milieu du XIV siècle, et l'on peut considérer que ceux qui sont parvenus jusqu'à nous ne constituent qu'une très faible partie du répertoire écrit ou chanté de la légende de Robin des Bois







Avant le XV siècle les textes sur Robin des Bois sont fragmentaires et se limitent à des évocations éparses, leur nombre et leur diversité nous laisse croire à une popularité croissante de sa légende. Dès le XV siècle, par contre, les récits de notre Archer Hors la Loi se coulent dans une composition littéraire particulière que l'on nomme Ballade

Les plus anciennes ballades connues sur Robin des Bois "Robyn et Gandeleyn" et "Robyn Hood et le moine", datent du milieu du XV siècle, cependant notre personnage est aussi devenu célébre grâce au théâtre populaire des XV et XVI siècles. Profitant de la célébrité du personnage, de véritables Hors la loi se déguiseront en Robin des Bois pour terroriser les voyageurs traversant les forêts

Il se produira même des émeutes en son nom, telle la révolte des artisans d'Edimbourg en 1561, quelques années plus tard on interdira les pièces de théatre concernant Robin en Ecosse 












Le succès de la légende de Robin est en rapport avec la façon dont les gens s'identifiaient à ce personnage d'archer Hors la Loi, et d'une manière générale avec la classe moyenne c'est à dire les manants, roturiers et paysans pris entre le déclin du féodalisme et le capitalisme émergent de la haute Bourgeoisie du Bas Moyen âge

Il convient de signaler que dans les ballades Anglaises médiévales ils utilisent un terme spécifique, mais ambivalent, pour désigner Robin et ses joyeux compagnons: "Yeomen", à l'origine ce terme signifiait jeune serviteur (yong men), et s'appliquait aux serviteurs d'une certaine importance dans les maisons nobles. Dans la geste de Robin des Bois le proscrit est appelé "Yeoman du Roi "

Or au XIV siècle en Albion les Yeomen étaient également des propriétaires terriens autonomes, placés socialement bien au dessus des paysans louant un terrain du domaine rural !!!!

Oui je sais le Nain vous laisse avec tout plein de questions sur le bout de la langue....mais que voulez vous !!!, celà fait aussi partie de la légende de Robin et ce au même titre que celle du Roi Arthur. Or donc le nain vous salue bien bas 





PS: pour en savoir plus le nain vous conseille un bouquin, Robin Hood, The man behind the Myth, par M Keatman et G Phillips (first édition 1995) M de V






mercredi 2 septembre 2020

N°360) J-Fournier La fin de l'épopée (dite) Cathare

C'est au moment ou prit fin la vaine tentative de Peire Authié (Pierre Autier),pour assurer la survie du catharisme et ou dans le même temps s'achevait la triste épopée de Bélibaste (dernier bon homme ou "Parfait", cathare occitan connu), brûlé vif en 1321 à Villerouge Termenès, que la machine inquisitoriale allait se mettre en place

Ce fut à l'initiative d'une personnalité d'exception de l'époque médiévale, le nouvel évêque de Pamiers Jacques Fournier. Ce dernier est né d'une famille modeste à Saverdun vers 1280, son oncle maternel, Amaud Novelli, un Bénédictin, le fit entrer dans son ordre et lui fit suivre des études de Théologie à Paris

Cet oncle s'était fait remarquer pour ses qualités intellectuelles et morales, il fut élu Abbé de l'Abbaye de Fontfroide en 1297. Mais lorsque Bertrand de Goth, en 1305, fut élu Pape, par l'entremise de Philippe IV le Bel, sous le nom de Clément V, notre nouveau Pape s'empresse de donner une majorité Française au Sacré Collège et va s'installer en Avignon, en 1309

Amaud Novelli quitte Fontfroide pour Avignon ou le Pape le nomme vice Chancelier de la Curie et Cardinal de Saint Prisque en 1310. Il va faire en sorte que son neveu lui succéde à l'Abbatiat de Fontfroide, Jacques Fournier assumera cette charge pendant six ans. 

Notre Abbé, Maître en Théologie sera nommé évêque de Pamiers en mars 1317, quelques mois avant la mort de son oncle, il était bien loin de se douter qu'il serait élu Pape 17 ans plus tard en lieu et place de Jean XXII (Jacques Duèze), remarquable théologien et canoniste

Notre évêque considérait qu'il devait avant tout porter ses efforts à l'ntérieur de son diocèse, sur l'éradication de l'hérésie, homme de décision il mit rapidement en place un tribunal qui siègera 370 journées sur une période de six ans allant de 1318 à 1325, installé à Pamiers mais parcourant aussi les villages du diocèse et entendant de nombreux témoins

Il instruisit ainsi pas moins de 98 procès. Notre évêque était assisté de Gaillard de Pomiès délégué par l'inquisition de Carcassonne, avec une dizaine d'assesseurs, de notaires et de scribes, qui rédigèrent les comptes rendus d'audience, un énorme rouleau compresseur judiciaire de l'époque qui fulminait l'excommunication à tout va !!!!







Cet ecclésiastique de haute stature au visage rougeaud, à la voie sonore, était un fouineur implacable (voir article sur Montaillou), Jacques Fournier fera preuve d'un incroyable zèle, 418 prévenus et 160 témoins comparurent à Pamiers et dans d'autres localités de son diocèse. 

C'était en majorité de petites gens, convoqués par l'intermédiaire des curés de paroisses, arrêtés et convoyés par les Bayles des châteaux environnants en général à la suite de dénonciations

Les intéressés étaient interrogés et traqués jusqu'au tréfonds de leurs souvenirs et des secrets de leurs consciences. La détention préventive se faisait dans des conditions très rudes. la menace de l'excommunication finissait par avoir raison de ces malheureux acculés à relater des faits remontant à plusieurs années en arrière

En exemple: une certaine Béatrice de Planissoles fut conduite à évoquer un fait survenu dans le courant d'un mois d'août ...26 ans avant sa mise en détention !!!. Nous sommes à la toute fin de l'épopée Cathare ou il est pratiquement acquis qu'il n'y avait plus recours à la torture avant les procès, l'inquisition était parfaitement rôdée. 

Un moine inquisiteur comme Bernardo Gui (Guidoni), avait écrit le manuel de l'inquisition "le livre des sentences" , il constitue la mémoire de ces événements

Les fautes de moindre importance se traduisaient par l'obligation d'effectuer un ou plusieurs pélerinages vers différents lieux de culte tel que Rome, saint Jaques de Compostelle, Canterbury ou Cologne. Le passage d'outre mer vers la terre sainte était réservé aux puissants, seuls capables de dépenser autant de pécunes pour un tel voyage !!!!

Il faut bien avouer que ceux la s'en tiraient à bon compte, et à tout prendre il valait mieux partir et se faire oublier le temps d'un pélerinage, plutôt que de rester à portée des griffes de la sainte inquisition !!!. Pour les fautes plus graves les punitions étaient privatives de liberté voir mortelles







Les autres sanctions se divisaient comme suit: d'abord "le murus largus", grande cellule ou l'on enfermait plusieurs prisonniers qui bénéficiaient de possibilités de promenades périodiques intra muros, puis "le murus strictissimus", une cellule pour deux ou l'on était enchainé au mur, il va sans dire que dans les deux cas le confort était précaire !!!

Puis on trouvait le port de signes d'infamie (voir article), plus particulièrement réservé à ceux qui bénéficiaient d'une remise de peine du "murus largus", ou du "murus strictissimus", le plus souvent des croix cousues sur les vêtements devant et derrière, mais qui devaient être réparées lorsqu'elles étaient usées !!!

En cette fin d'épopée cathare se pratiquait toujours la confiscation de biens, il n'y a pas de petits profits !!!, ainsi que la destruction des maisons ou avaient vécu des hérétiques. Il y eut aussi en cette fin d'époque, mais en moins grand nombre, des gens livrés au bras séculier avec peine de mort par les flammes, bûcher que l'église laissait à la justice civile le soin d'allumer

Dans les années 1320 il y eut encore 5 condamnations à la crémation, nous allions vers les derniers bûchers cathares, ces victimes avaient soit refusé d'abjurer, ou de demander le pardon, ces derniers croyants portaient sans doute en eux une foi aussi inébranlable que celle de leurs prédécesseurs 




PS: Jacques Fournier s'éteint en avril 1342 après avoir passé 7 ans sur le trône de Saint Pierre. Bien qu'il fut considéré par beaucoup comme moins virulent que les autres inquisiteurs, il ne semble pas que ceux qui ont échappé aux mailles de ses filets puissent être plein de mansuétude à son sujet ?? .....M de V