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lundi 22 juillet 2019

Ustensils et bonnes manières de table au XV siècle

Pour réunir les convives on sonnait du cor ou autrement dit " on cornait l'eau ", c'était bien sur privilège de gentilshommes comme le dit Jehan Froissart, ce que faisait donc notre hôte le Seigneur de Craon. Cette sonnerie indiquait aux convives qu'ils devaient se laver les mains, la chose était indispensable !!!

Chez les gentilshommes un page ou un serviteur voir un écuyer selon le rang, ou la maison, présentait la serviette, l'aiguière et le bassin. On se servait d'eau aromatisée à la sauge, la camomille, le romarin, l'écorce d'orange, mais les eaux de roses et d'iris étaient en grande faveur.

Mains lavées on se présentait à table, on faisait siéger les hôtes selon leurs rangs plus ou moins prêt du chef de table, lieu ou se trouve le seigneur du lieu.

Puis un Chapelain ou un enfant récitait le " benidicité ", ensuite seront placées les salières, les cousteaux, cuillers sur la table, viendra en second le pain qui sera suivi par les viandes préparées de diverses manières. A l'entre mets arriveront les menestrieux avec leurs instruments et leurs tours afin d'esbaudir l'assistance

Ensuite on renouvelle vins et viandes, puis à la fin on apporte le dessert ou le fruit, ce qui n'était pas d'usage partout (comme nous l'avons vu dans l'article précédent). Quand le dîner est accompli on se lave à nouveau les mains et l'on rend grâce à Dieu et à son hôte !!

On remarque que les assiettes étaient peu connues au XV siècle et que pour les mets solides l'on servait toujours sur des tranchoirs. Ces épais morceaux de pain bis, qui imprégnés de sauces, finissaient selon le rang des maisons, dans les estomacs des convives, des serviteurs, voir des animaux de compagnie. Pour les mets liquides on les buvaient dans des écuelles, ou même à plusieurs dans le même récipient à l'aide du cuiller !!









La fourche à manger reste un objet de luxe en or ou en argent avec un manche, par exemple Charles V le Sage en possédait neuf, son fils Charles VI le fou trois, nous n'en trouvons pas trace dans l'inventaire du seigneur de Craon, elle est inconnue aussi de la riche bourgeoisie. Du reste bien souvent celle ci ne servait qu'à manger les fruits !

Or donc au XV siècle du Roi au manant tous mettaient la main au plat, tous mangeaient avec leurs doigts, après que les viandes furent tranchées sommairement, soit par un écuyer ou un serviteur selon le rang auquel vous apparteniez. Les gens raffinés ne devaient prendre les morceaux qu'avec trois doigts. Il était interdit par l'usage de prendre ses viandes à deux mains et de ronger les os avec les dents, ou de déscharner avec les ongles, mais on pouvait proprement les racler et amasser la chair avec le couteau.

Nous ne devons pas pour autant en conclure qu'il y avait abondance de cousteaux sur la table de votre hôte, selon G de Calviac on se servait de trois ou quatre couteaux en fontion du nombre d'invités, et sans faire de difficulté de le prendre, de le demander ou le passer à quiconque en avait besoin

Il n'était pas convenable de lécher ses doigts ou de les essuyer sur son pourpoint, on utilisait pour ce faire la nappe ou les serviettes qu'un serviteur passait aux convives. On en changeait fort souvent pendant le repas et l'on était soumis à l'impérieuse nécessité de se laver les mains avant et après la moindre collation









Nous avons parlé des assiettes ou écuelles, des cuillers, cousteaux et fourches à manger, traitons maintenant la question des verres. Nos aïeux avaient également réduit le service de table à sa plus simple expression, et si l'on se rapporte aux seuls inventaires, sources de précieux renseignements , nous serions en droit de croire que les vases à boire étaient innombrables !!

En 1309 la maison du roi achète en une seule fois à Thiébaut, orfèvre de son état, 34 hanaps, puis en 1316 en fait faire 61. Charles V le Sage, selon un inventaire fait après sa mort possédait 14 hanaps d'or et 177 d'argent, mais ces récipeients servaient ils vraiment à boire ????? rien n'est moins sur.

Sur trois gravures sur bois du XV siècle représentant divers festins, servis à des rois, ou des grands seigneurs (puisque les plats étaient couverts), on constate au mieux, et ce dans les trois cas, que le hanap est partagé par deux ou trois convives. Vous pouvez d'ailleurs le constater vous même lors de vos recherche sur les enluminures

Quand aux Pots, brocs, flacons et bouteilles de cuir ou d'argent, ils se trouvaient sur les buffets que des serviteurs allaient prendre pour servir à boire, et ils y allaient souvent car si nos pères avaient de robustes appétits, c'étaient également de rudes buveurs, même si le vin de cette époque était moins fort à leur époque !!!! Les récipients en verre étaient fort rares et particulièrement onéreux









Un certain cérémonial était d'usage pour ce qui concerne la boisson et l'utilisation du hanap, car lorsque l'on boit à plusieurs dans un verre commun, le savoir vivre exige quelques recommandations: d'abord de vider sa bouche avant de boire, de l'essuyer, ainsi que le bord du hanap avant de s'abreuver, si ce dernier n'est pas trop lourd le tenir à trois doigts comme pour les victuailles, Puis il faut le vider entièrement afin qu'il puisse ensuite servir à son plus proche voisin de table.

Quand on buvait à la santé de quelqu'un on utilisait le terme " pléger " et l'on plégeait fort souvent dans la joie comme dans la peine ou la douleur !! je ne voudrait pas me répéter mais nos aïeux étaient de rudes buveurs et buveuses, car n'oublions pas nos nobles Dames !!!!!









PS: en trois article votre nain copiste a essayé d'exposer la vie les us et coutumes d'un grand seigneur du XV siècle, ce en vous fournissant des renseignements sur divers points de son existence, mais comme l'auteur j'ai laissé de côté tout ce qui se rapporte à la vie publique du seigneur de Craon. Les documents utilisés sont consultable sur la BNF


Pour information veillez à votre ligne pour ne pas finir comme le personnage de cette enluminure à caractère humoristique que je vous baille à titre d'exemple en bas de page de cet article et le nain vous plége tous en levant son hanap M de