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dimanche 31 mars 2019

Le Catharisme en Sarladais

Selon Anne Brenon diplômée de l'école des Chartes, la première idée reçue à arracher du champ est bien celle qui étrique le Catharisme, le réduisant à une inexplicable floraison exotique dans le petit jardin Occitan, au milieu de l'océan de l'immobilisme religieux !!

On a souvent tendance à assimiler le catharisme et l'occitanie, alors même que cette religion toucha toute l'Europe des Balkans aux côtes de la Manche, les îles britanniques et même une partie de l'Asie mineure, avec semble t'il une prédilection pour les lieux d'échanges commerciaux, ce qui semble logique pour votre copiste de nain !

Passons maintenant en région Sarladaise, ou la rivière Dordogne marquait la frontière nord du pays cathare, les hérétiques étaient nombreux dans notre région, même si les commentaires  des contemporains mélangent sans distinguer les dualistes cathares et l'hérésie Henricienne.

La situation est assez préoccupante pour que Bernard de Clairvaux, lors de son périple d'évangélisation, fasse une halte à Sarlat en août 1147, de ce passage une légende est née, une prose provenant de l'église catholique, et propre à frapper l'imagination d'un peuple dont la crédulité était accentuée par le fait, que celui ci ne savait ni lire ni écrire, le savoir comme les nouvelles se transmettant oralement !









Ou il est dit dans cette légende, que la peste " châtiment Divin ", régnait en maître sur la cité Périgourdine, saint Bernard (de Clairvaux), aurait bénit des pains, les donnant aux malades, dont bon nombre furent guéris du fléau. Peste et pains bénit ne sont en fait que métaphores, pour désigner l'hérésie et son remède !! C'est en souvenir du miracle des pains, que selon la tradition fut érigé sur les lieux même, la tour Saint Bernard, plus connue ici sous le nom de lanterne des morts. L'aspect Oriental de l'édifice la fit orthographier pendant un temps, comme lanterne des Maures.

Nous arrivons ainsi jusqu'en 1209, date à laquelle les pacifiques débats opposants Saint Bernard aux penseurs Cathares vont prendre fin pour laisser place à la croisade de Simon de Montfort. Ce dernier à la tête de son armée, plus âpres aux gains qu'aux indulgences pontificales, vont se répandre en Occitanie. Lorsque ce dernier vint en Sarladais il trouvera à l'Abbaye de Sarlat 150 victimes mutilées par le sanguinaire cathare Bernard Casnac ou Cazenac, comme entrée en matière pour la région on fait mieux hein !!

On parlera fort longtemps des cathares en Périgord, puisque jusqu'en 1224 le clergé se plaignait encore de la présence d'hérétiques dans les paroisses de la région, mais beaucoup vont migrer vers l'Italie, les Flandres, ou vers le nord de la France Sens, Bourges, Rouen, Tours, essayant d'échapper à l'Inquisition

Mais revenons en Sarladais. L'origine du Château de Domme se perd dans la nuit des temps, perché sur son éperon rocheux au dessus de la rivière, il passait pour imprenable, il semble qu'il ait appartenu à Bernard Casnac, il était abandonné par ses défenseurs lorsque Simon de Montfort arriva avec ses troupes en novembre 1214, les croisés vont s'en emparer et en raser les murs

Lorsque les croisés de Montfort s'attaquent à la région, le conflit semble se résumer à un duel sanglant entre Simon et Bernard Casnac. Car si la cruauté de Simon et de sa troupe n'est plus à démontrer, celle de son adversaire Bernard et de son épouse Alix de Turenne ne l'était pas moins !!! Mais il faut être prudent avec les écrits selon l'écrivain et le camp auquel il était rattaché ????










Pour l' Abbé, Pierre des Vaux de Cernay, auteur  de l'histoire des Albigeois, Bernard Casnac coupait les pieds et les mains, puis crevait les yeux des hommes qu'il capturait, tandis que son épouse coupait les seins et les pouces des femmes. Or donc dès deux côtés on faisait assaut de monstruosité !!!

Après Domme qu'il avait trouvé vide, Montfort remonte la Dordogne pour attaquer le fief principal de son adversaire, le château de Montfort (simple homonymie), il va le trouver vide lui aussi, Simon va le détruire comme le précédent et faire jeter les pierres à la rivière. Selon la légende, Montfort aurait brûlé Blanche, fille d'Alix et de Bernard !!!! Il est difficile de croire que le château étant vide le Simon y ait trouver leur fille, que Bernard et Alix l'aurait oubliée ???. Depuis lors elle Hanterait le fief sous la forme d'une flamme.

Poursuivant sans relâche l'insaisissable couple cathare, notre croisé se dirige vers une autre de leurs possessions, Castelnaud, mais encore une fois la place est vide, changement de stratégie, Simon y place une garnison. Mauvais plan pour ces derniers car en 1215 Bernard de Casnac va reprendre le fief et faire pendre tous les occupants. En octobre de la même année Montfort fera une brève incursion en Périgord, reprendra Castelnaud, il répondra ainsi à Bernard en massacrant tous les occupants !!

Il est donc loisible de croire que dans un camp comme dans l'autre on massacrait joyeusement l'adversaire au nom d'un dieu unique !! Mais ne leurs jetons pas la pierre et pensons à balayer devant notre porte, car nous ne faisons guère mieux actuellement !!









Bernard Casnac ou Cazenac aura sa revanche, puisqu'en 1218 à la tête de 500 cavaliers il se joindra aux Toulousains assiégés, siège au cours duquel Simon de Montfort trouvera la mort. En récompense Raymond VII lui offrira Castelsarrasin, Bernard restera fidèle à sa foi jusqu'au bout, puisque l'on retrouve sa trace auprès des Parfaits du Quercy vers 1230

Et le château de Beynac me direz vous ???. Il n'était peut être pas cathare mais son seigneur jouissait d'une mauvaise réputation, la place fut surnommée " l'arca satana ", comme il avait des doutes le Simon va l'assiéger, s'en emparer puis le démanteler, mais il laisse la vie et le fief au seigneur de Beynac, qui était un protégé du roi de France

Nous finirons ce tour d'horizon du Périgord par le Chateau de Biron qui se trouve tout au sud à la frontière du Quercy, qui fut assiégé pour une toute autre raison !!!. Un routier du nom de Martin d'Algaïs, courageux et cruel était chef d'une forte bande. Il s'était tout d'abord rallié à la croisade et avec une vingtaine de lances, ce qui n'est pas mince, il participa à la bataille de Castelnaudary en 1211, il va les abandonner une fois le combat achevé !!

On sait que les routiers troupes libres pouvaient changer d'allégeance au grès des contrats, mais c'était sans compter avec Simon !! Pour se venger Montfort attaque Biron, ou se trouvait d'Algaïs, il prend le village et met le siège devant le château

Prenant langue avec les défenseurs il va moyennant la promesse de leurs laisser la vie sauve, obtenir que l'on lui livre d'Algaïs, ce dernier va subir le sort réservé aux traîtres, traîné à travers le camp derrière un cheval, pour être ensuite pendu comme un manant



PS: voici un résumé de ce qui se passa chez nous en Périgord, mais je conseille pour ceux qui désirent plus d'informations sur le catharisme en particulier, le livre d'Anne Brenon " le vrai visage du Catharisme " à bientôt M de V

mercredi 27 mars 2019

Le Déshonneur de Jean de Vervins XIV siècle

C'est en l'an 1347, au mois de mars, que Jean de Vervins, Seigneur de Bosmont, s'enfuit brusquement pour se réfugier auprès d'Edouard III d'Angleterre. L'affaire fit grand bruit, car ce seigneur de haut lignage était un grand personnage. C'était lui qui avait été chargé, en 1340, de punir Jean de Hainault pour son alliance avec Albion, au début de la guerre de cent ans !!

Tout commença ainsi. Dans les Flandres, après avoir saccagé les faubourgs de Chimay, les Français étaient revenus sans être inquiétés à Vervin et Aubenton. A quelques temps de la Jean de Hainault brûlant de se venger entra en Tiérarche. Les habitants d'Aubenton sont inquiets, car leur ville n'est entourée que de méchantes palissades, ils vont demander secours au Bailli de Vermandois, qui va envoyer Jean de Vervins, son oncle Thomas de Vervins, le Vidame de Châlons et 300 hommes d'armes

La garde de l'une des portes de cette cité fut dévolue à Jean de Vervins, lors de l'attaque Jean de Hainault reconnaissant le pennon de Vervins se jeta avec vigueur sur cet emplacement, comptant bien laver l'affront subit en 1340 !!!!. Il fit si bien qu'il s'empara de la porte et Jean de Vervins et son oncle sautant à cheval vont se réfugier précipitamment à Vervin, avait il les ongles trop pâles ?? cela expliquerais beaucoup de chose !!!!

Jean de Vervins avait d'excellentes raisons de rester attaché au service de Philippe VI de Valois, il était bien en cours et avait rendus divers services à la couronne de France !! alors pourquoi prit il le parti de trahir et rejoindre l'Anglois ???

Voyons ce qu'en disent ses contemporains !!!, épluchons les chroniques, elles racontent que Jean de Vervins organisa, en 1347, un complot visant à livrer Laon aux Anglois !!. Au premier abord il semble difficile d'admettre ce genre d'hypothèse, car on ne voit pas comment pendant le siège de Calais, les Anglois auraient pu distraire des troupes et s'engager jusqu'à Laon ??, alors que la région était sillonnée de gens d'armes se rendant à la convocation du Ban du roi de France, en vue de dégager Calais ???. Cependant certains faits ne peuvent être niés, alors fouillons plus loin !!










Si l'entreprise n'était pas concevable pour les Anglois dans une région fort peuplée et pourvue de nombreux châteaux, du moins pouvons nous admettre qu'il voulait se la faire livrer pour lui même avec l'aide d'un petit contingent anglois venant épauler ses propres forces ???. Toujours est il que dans ce cas il lui fallait des complices dans cette cité

Il en trouva, et le principal d'entre eux était l'Avocat Gauvin de Belmont, fixé à Metz, mais qui avait une maison dans Laon, celui ci aurait imaginé un plan, paraît il, celui de creuser un souterrain de sa cave et menant dans la campagne, afin de faire pénétrer des hommes d'armes !!. On reconnait bien la l'imagination populaire, laquelle voit des souterrains partout dès qu'il y a complot.

Bref il arriva que ce complot eut des fuites, comme c'est souvent le cas dans ce genre d'entreprise, il y eut un complice indiscret qui dénonça tout. Il se nommait Colin Thommelin, forgeron de son état, originaire de Laon, que la misère avait mis sur les routes le chassant de son pays natal.

L'homme devait servir de courrier et porter une lettre expliquant le complot à Edouard III, mais à peine eut il le document en main qu'il vit le parti qu'il pourrait en tirer pour lui et sa famille, nécessité faisant loi, il l'apporta au roi, oui, mais de France contre récompense !!!!. Sans tant languir ce dernier fait entreprendre des recherches










On finira par trouver le Gauvin Belmont, l'avocat véreux c'était réfugié à Reims, caché sous l'habit du Carmel, l'homme se faisait passer pour un prêtre, allant même jusqu'à entendre les fidèles en confession !!!. Arrêté en avril 1347 puis transféré à Laon pour y être condamné par l'official à la prison à perpétuité !!. Mais la ville était en émoi, les habitant menant grand tapage, huchaient à gueule bec qu'ils voulaient le traître !!. Désirant calmer la foule la municipalité décida de montrer le Gauvin, on le mit donc sur un chariot couvert de chaines

Mais le peuple dans un accès de fureur, qui ne fut peut être pas spontané, l'accabla de moult jets de pierres !!!, l'avocaillon eut le crâne fendu et en mourut dans de vives souffrances !!!. Jean de Vervins trouvant que l'affaire se gâtait, jugea prudent de déguerpir, tout en laissant dans son château de Bosmont, une garnison de 60 archers Anglois, qui ravagèrent le pays à trois lieues à la ronde !!

Le bailli de Vermandois, le Comte de Roucy et des gens de Laon attaquèrent ce repaire de brigands, après un siège très vif, la place se rend, on laisse la vie sauve aux défenseurs, puis on rase le château, à l'emplacement duquel, plus tard on érigera un gibet !!. Voila ce que nous apprennent les chroniques et ce jusqu'à la découverte d'extraits inédits, des écrits de Jean de Noyal, Abbé de Saint Vincent de Laon !!!!! Comme quoi fouiller dans les archives n'est pas dénué d'intérêt !!









On y apprend pourquoi Jean de Vervins est passé à l'ennemi, il avait été vaincu en champ clos lors d'un duel judiciaire en présence du roi de France, par un chevalier nommé Henri du Bos ou du Bois. Voila ce qu'il c'est passé, si nous ne connaissons pas la cause réelle du conflit entre les deux hommes, les menant au champ clos, du moins savons nous que Jean de Vervins accusait Henri du Bois de l'avoir envoûté, ou fait envoûter, puis de s'être vanté qu'aucune femme ne saurait lui résister !!!, toujours est il que l'affaire arriva aux oreilles du roi

Notre Philippe VI de Valois, plus chevalier que roi, les fit traduire devant son parlement, pour une mise en accusation, afin qu'ils puissent y jeter leur gage de bataille! La date du combat singulier fut fixée au 13 avril 1344 et devait avoir lieu à Gisors, et un texte contemporain nous apprend de la façon la plus positive, que nos adversaires se rencontrèrent aux conditions décidées !!

Henri du Bois en sorti vainqueur, le roi qui assistait à ce combat, accorda la vie sauve à Jean de Vervins pour services rendus. Ce dernier ne put en prendre son parti et ravalant sa bile, il rejoignit le camp Anglais, devenant traître par esprit de vengeance, ce qui ne lui porta pas chance car il mourut peu de temps après !!

PS: documentation BNF, livre de l'école des Chartes, et un peu de prose de votre copiste M de V

lundi 25 mars 2019

La Fin d'un chef de Route, Mérigot Marchés

Un des épisode les plus attachant auxquels Jéhan Froissart ait consacré plusieurs pages de son oeuvre est sans conteste, la capture d'un chef pillard, un capitaine de route qui à la fin du XIV siècle opérait " en la Marche d'Auvergne ", glissons nous avec délectation dans son cheminement de pensées et contons avec lui la capture de Mérigot Marchés !!!

Une trêve avoit été conclue avec l'Anglois, et les chefs les plus redoutables de ces bandes avoient été selon Froissart "nommés estroitement et closement en ladite Chartre, afin que se en nul cas, eux et les leurs ne puissent faire choses préjudiciables, et qu'il ne s'en puissent excuser "

Parmi les plus dangereux des ces Routiers brigands,  on y avoit désigné Mérigot Marchés. Mais qui était cet homme, Jehan Froissart ne cite pas son origine et se montre fort sobre des détails sur sa famille. Heureusement la documentation est moins discrète, néanmoins il faut avouer, quand on le connait, que notre Froissard ne cotoyait que la crème de la noblesse, il avait un petit côté pédant et snob notre poète chroniqueur. Oui vous allez dire que le nain est médisant, mais c'est ce que je crois !!

Le Mérigot était en fait écuyer et fils aîné d'Aymeri Marchés, chevalier Limousin et de Marguerite d'Ussel. Ses frères cadets s'appelaient Girart et Huguenin. Il avait également une Tante maternelle, du nom de Maragde d'Ussel, Dame du Boucheron. On lui connaissait également trois Oncles Guyot, Hugues et Géraud d'Ussel

Fort tôt les trois fils du Chevalier Limousin embrassent le parti Anglois, je ne saurais dire si le père épousait aussi la cause Anglaise ou s'il était un partisan du roi Charles VI le fou !!!!!!








Toujours est il que ce roi de France, dans ses moments de lucidité disait volontiers de l'aîné des Marchés " qu'il avoit tenu et tient encore le parti de nostre adversaire d'Angleterre, contre nous et nos subgez, ayant fait damnables faits de guerre envers nous, son souverain et seigneur, il étoit désobeissant et rebelle, commettant crime de lesz majesté "

Toute la famille ne suivi pas le parti d'Albion, car en 1394, sa tante Maragde d'Ussel soutenait " qu'elle avoit été tousjours femme d'onneur et de bien, et qu'elle a tousjours tenu le parti du roi ". Il semble même qu'un de ses frères, on ne saurait dire lequel, était du parti du roi et qu'il n'embrassa le parti Anglois que pour une sombre histoire de vengeance !!

Pour Mérigot l'affaire est entendue !! ses sentiments estoient connus de tous, et la trêve dont il a été question plus haut ne pouvait qu'être fort mal accueillie par lui. Il faut dire qu'il avoit réuni par meurtreries et pilleries en tout genre un magot de cent mille francs or.

Alors quand ses compagnons de routes, las d'êtres au repos forcé, lui proposent de reprendre leur vie de pillards il ne fut pas long à reformer ses bandes !!!. Ben oui quoi chassez le naturel il revient au galop et puis on ne change pas une équipe qui gagne mordious !!!!!









Le Comte d'Armagnac aimait bien le Mérigot, et désirait se l'attacher pour plusieurs raisons, selon Froissart " il le sentoit subtil, expert pour eschellier forteresses, ou pour fournir conseils en toutes manières d'armes que l'on vouloit avoir ", bref !! le Mérigot était un pro !. Comme le Comte d'Armagnac s'était fait remettre, lors des négociations de la fameuse trêve, les places que les Anglois tenaient, et en particulier la forteresse d'Alleuze, notre Mérigot lorgnait dessus !!. Il lui fallait un refuge pour sa bande de routiers et son magot

Il s'en va proposer au Comte d'occuper le château de la Roche Vendeix, de le remettre en état à ses frais et de le fortifier pour lui. Cela fut fait rapidement par notre Renardier compère et sa bande de coupes jarrets, ils firent si bien que la place était quasi imprenable. Une fois le nid prêt pour les périodes hivernales, il vont reprendre leur besogne infernale....ben quoi il faut bien manger hein !!!!

Ils se mirent donc à piller et rançonner, forcer filles et rudoyer le manant parmi les populations des alentours, au grand trouble de leurs voisins nobles, en particulier le sire de la Tour, la Dauphine d'Auvergne et les petits Hobereaux campagnards!!

Les plaintes ne vont pas tarder à remonter et le roi fut par le fait prévenu, ce dernier fulminant charge Robert de Béthune, Vicomte de Meaux, de s'emparer de Vendeix et de détruire la forteresse ...plus facile à dire qu'à faire, car nos beaux chevaliers craignaient les routiers comme la peste, depuis la raclée qu'ils avaient pris contre eux à la bataille de Brignais (voir article)








Il avait aussi été demandé au bon Vicomte de se saisir, s'il était possible, de la personne de Mérigot Marchés, mais pour coincer pareil renard il fallait se lever bon matin !! Malgré la bonne volonté du Vicomte de Meaux, le siège de Vendeix trainoit en longueur, comme escargot sur salade ..Car il y avait un souci, la place fort bien conçue ne pouvait être investie de tous côtés, donc l'occupant gardait possibilités de communication avec l'extérieur, et bien malin qui pourrait déloger le Mérigot !!!!

Notre routier avait essayé d'intéresser à son sort le Duc de Berry, qu'il savait désireux de plaire au roi d'Angleterre et au Duc de Lancastre, mais sans succès. Il décide donc de sortir avec quelques hommes pour réunir des troupes, ceci afin de pouvoir ensuite prendre à revers les troupes du roi de France qui lanternaient devant Vendeix !!

Toutefois avant de quitter le château, il enjoint son oncle Guyot, à qui il laisse le commandement, de ne rien tenter et de ne pas faire de sortie pour essayer de briser le siège !!! mais voila le Guyot a les mérangeoises faiblardes, cela fait pas 12 jours que Mérigot est parti, que l'oncle piaffe d'impatience !!! Selon Froissart " il estoit bon homme d'armes et longs temps en avoit usé, mais il se fourvoya par outrecuidance, car le grand désir qu'il avoit de faire armes lui fist oublier les recommandations de son neveu ". Ce fut sa perte car lors de sa sortie, pour jouer les batteurs d'estrade, 12 hommes placés en embuscade lui coupèrent la retraite et le Guyot, gros jean comme devant fut fait prisonnier !!!








Dès lors le sort de Vendeix était clair, car le Guyot fut menacé d'être raccourci de la tête, s'il ne décidait pas les défenseurs à se rendre. L'oncle de Mérigot n'hésita pas à trahir son neveu, pour garder sa tête à la place ou il trouvait, somme toute, qu'elle allait bien. Or donc le Vicomte, la victoire lui tombant toute rôtie en bouche, pris le château et le fit raser !!!

Le Mérigot apprenant la bourde de son oncle entra dans une ire extrême, il n'avait plus de refuge, plus de magot, sa position était critique !!!. Froissart dit " le fol avoit bien la finance, mais perdit sur un jour chastel et avoir ". Se souvenant, colère passée, d'un sien cousin en Auvergne, le sire Jean de Tournemire, il s'y rend accompagné d'un page, convaincu d'y trouver bon accueil, demander l'hospitalité à ce parent !!

A peine arrivé, que le fourbe de cousin, entrevois le moyen facile de se faire pardonner ses propres méfaits, auprès du Duc de Berry, Lieutenant du roi en Auvergne !!. Franc comme une planche pourrie, sans tant languir, il fait couvrir le cousin Mérigot de chaines.....votre copiste dirait Oncle et Cousin famille de Bren !!!!....oui je m'égare désolé

En juillet 1391 il se retrouve au Châtelet, ou son compte fut vite réglé, exposé au pilori le temps que l'on lise ses méfaits par l'intermédiaire de Messire Guillemme le Bouteiller, on lui tranchera la tête le 12 juillet, et son corps coupé en quartiers ira orner les quatre portes principales de Paris. Comme dit Froissart " ainsi finit Mérigot Marchés, faute d'avoir tourné ses usages et ses argus en bonnes vertus "



PS: documentation BNF, sur un livre issu de l'école des Chartes, et un peu de prose du nain M de V

samedi 23 mars 2019

Participation Navarraise à la Bataille de Cocherel

Ainsi s'expriment divers livres: Cocherel victoire de Bertrand Du Guesclin sur les Anglais et les Navarrais commandés par Jean III de Grailly, Captal de Bush. Si la définition en est exacte encore faut il préciser ce que l'on doit entendre par Anglais et Navarrais ?????

Les Anglois : s'agit il de sujets insulaires du roi d'Angleterre ??, ou aussi de ses sujets Gascons et Aquitains ??. C'est pour moi le second sens qu'il faut retenir, et plus précisément dans la Bataille de Cocherel (voir articles). Car il est une évidence à ne pas négliger, le fait que la France et l'Angleterre étaient en Paix depuis le Traité de Brétigny (voir article)!!!!!

Les Navarrais : cela désigne t'il tous les partisans du roi de Navarre, quelle que soit leur nationalité d'origine ??, c'est d'ailleurs le sens donné dans la définition plus haut !!. Ou bien cela désigne les sujets de Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux, originaires du Royaume de Navarre ??

Si tous les combattants de la troupe du Captal de Bush, ce jour, combattaient sous la Bannière Navarraise, combien étaient originaires de Navarre, et quelle était la composition de cet Ost ??....ou serait ce plus sournois ???, comme de permettre aux Anglais, de se frotter aux français en temps de paix sous couvert de la bannière de Navarre et profiter du conflit existant entre le roi de France et celui de Navarre ????









Avant de répondre à ce boisseau de questions, il est bon de remonter aux origines de cette guerre dont Cocherel constitue l'épisode le plus marquant. Cette guerre, qui chez les Chroniqueurs Français de l'époque, à tendance à se confondre avec les opérations de liquidation des bandes de Routiers poursuivies après le Traité de Bétigny, devrait plutôt être vue sous l'angle Navarrais, comme le conflit de succession du Duché de Bourgogne !!

Ho on en connait les causes !!, quand Philippe de Rouvre, Duc de bourgogne, meurt de la peste en novembre 1361 à l'âge de 15 ans, Jean II le Bon ( que ce terme de le Bon ne saurait réhabiliter !!), suivait tel un vautour l'évolution de la maladie de son proche parent, et comme il avait épousé la mère il administrait déjà le Duché !!

Charles II roi de Navarre, que l'on nommait " le mauvais ", et qui en fait ne l'était pas plus que le roi de France, représentait lui sa grand mère Marguerite, aînée des filles de Robert II Duc de Bourgogne, il avait lui aussi des prétentions solidement fondées sur la couronne Ducale !!

Jean de Grailly (voir article), se trouve associé depuis le début aux revendications de Charles II, car il fait partie de l'ambassade, qu'en janvier 1362, le roi de Navarre envoie au roi de France à ce sujet, c'était sans compter sur la rapacité des Valois !!!Triste lignée que ceux qui occupent désormais le trône du roi de fer !!










Or donc le roi de Navarre ne comptait plus sur le Droit pour faire triompher sa cause, il avait déjà été spolié de la dote de son épouse, fille de Jean II le Bon, puis il n'avait jamais pu récupérer les terres et les châteaux que ces rapaces de Valois avaient volés à sa mère Jeanne de Navarre (voir article), il se préparait donc à une campagne militaire !!

Il semble que de longue date le Captal de Bush avait été désigné pour la diriger. A ce stade il semble nécessaire de rappeler qui était Jean III de Grailly, ce n'était pas un vulgaire aventurier de la guerre de cent ans !, qui avait permis à un Arnaud de Cervoles (l'archiprêtre) de se faire un nom (voir article).

Jean était d'excellente noblesse, cousin germain du fameux Gaston Phébus (voir article), sa famille était depuis plus d'un siècle au service des rois d'Angleterre

Jean va se distinguer à la bataille de Poitiers, plus tard il partira avec son cousin Gaston afin de participer à une croisade en Prusse aux côtés des chevaliers Teutoniques et sera plus tard nommé Connétable d'Aquitaine, à la mort de John Chandos !!

Sa fidélité à la couronne d'Angleterre ne se démentira jamais, et c'est seulement lors des périodes de trêves ou de paix, certainement avec permission d'Edouard III ou du Prince Noir, qu'il se mettra au service de Charles II roi de Navarre. Dès la fin 1363, il est l'homme lige de Charles II et perçoit une rente annuelle de 1000 écus








En conscience le Prince Noir ne pouvait, en raison de la paix de Brétigny, accorder à l'entreprise du roi de Navarre un appui déclaré, mais il semble avoir laissé ses vassaux libres de s'engager pour la cause de Charles II, qu'ils soient Anglais, Gascons ou Aquitains !!!

Or donc le Captal se mit en route avec une assez modeste troupe, mais il savait qu'en chemin il trouverait bon nombre de compagnies isolées qui se désolaient de voir rouiller épées et armures !!!. Ces troupes tenaient garnisons dans le royaume de France, et trop heureux d'accourir à la bataille, la guerre payait bien !!

Y avait il des Navarrais dans l'expédition ??, nous ne le croyons pas !!. Il faut penser à la situation politique dans cette région que l'on appelait pas encore l'Espagne, et aux craintes qu'elle inspirait à Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux. Son royaume était un point stratégique de passage !!, ce qui nous laisse penser que Charles II ne tenait nullement à dégarnir la Navarre de ses hommes d'armes à ce moment la !!!

Ce sera finalement à Evreux, ville comtale en état de défense (voir article), que le Captal assemblera son armée, avec les vassaux Normands de Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux, auquels se joindront les routiers de Jean Jouel, des routiers venus de Bretagne, mais aussi des routiers de Normandie, du perche, du Maine et du Chartrain










La composition de la troupe ne nous est pas connue dans le détail, mais on estime selon Delachenal l'effectif du Captal à un millier d'hommes, sans compter les gens de pieds. En face d'eux la troupe de Du Guesclin et du Comte d'Auxerre était de force équivalente, la grande emprise pouvait commencer !!!

Charles II roi de Navarre avait rejoint son royaume depuis 1361 pour ne plus le quitter et c'est Eustache d'Auberchicourt qui fait office de garde des terres du roi de Navarre en France, Normandie et Bourgogne. Charles II devait plus tard mourir dans des souffrances atroces suite à un accident domestique (voir article)

Je me suis toujours insurgé contre ce terme de Mauvais attaché à ce personnage. Car quand on compare avec les Valois, Le Grand père, Charles de Valois hypothétique roi de Constantinople, et frère du roi de fer, son fils Philippe VI, ce benêt de roi trouvé, puis Jean II le Bon mauvais roi et mauvais politique, revanchard et assassin !!



PS: Pour la bataille par elle même, le nain, vous laisse aller consulter les deux articles qui relatent cette bataille sur mon Blog ...Oui je sais je vous laisse avec plein de questions hein !!!! M de V

jeudi 21 mars 2019

N°300) Quid du Messager XIII et XIV siècles ?

Ce n'est pas une mince affaire que de lire la Thèse de Doctorant de monsieur Thibaut Cotin, afin de vous en livrer la substantifique moelle, pour vous transmettre une partie de ses connaissances. Le Nain c'est attelé à la tâche avec ardeur, après moult chopes de bières, plateaux de cochonnailles et diverses autres agapes, me voila restituant, au mieux je l'espère quelques faits et dates sur le sujet. Cet article complétera, je pense, celui de mon Blog du mois de septembre 2018 " polémique poste et messagers "

Quand le Roi envoyait des lettres à ses officiers, ne fallait il pas des Messagers pour les acheminer ?? Le messager n'était il pas la courroie essentielle de la transmission de l'action politique ?? Des messagers étaient forcement utilisés !, même si les sources demeurent taiseuses à ce sujet. Un tel silence laisse à penser que la transmission se faisait automatiquement et sans entrave !!

Pas un mot sur les éventuels incidents de parcours ou l'état des chemins de l'époque !. Cachait t'on aux autres, le messager aux prises avec les vicissitudes de la route, qui pouvait représenter l'envers du décor de l'administration royale ?? Comment répondre à la question du transport de la correspondance administrative ??

Le nain, lui il dit, nous sommes donc encore dans la position d'émettre un hypothèse plausible à partir de faits et de dates que nous trouvons dans les archives !!!!








Si les Chartes, Privilèges, Instructions, Commissions, Sauvegardes et Sauf conduits pouvaient être directement remis à l'ayant droit ou aux intéressés, il n'en allait pas de même pour les Ordonnances, qui supposaient l'intermédiaire d'un Porteur reliant le lieu d'émission et d'expédition vers les destinataires ?? Bien que leur teneur ne l'a pas toujours explicité, ces ordonnances étaient au surplus des textes à publier, c'est à dire à faire crier, proclamer solennellement, voir déclamer en place publique !!

Pour la question de la transmission des ordres, les documents les plus significatifs, parmi les ordonnances des Rois de France, sont sans conteste les Mandements, ainsi que les documents apparentés, tel que les lettres d'exécution et les Ordonnances d'Injonction. En effet le contenu de ces lettres manifestait l'existence d'une réelle distance entre le donneur d'ordre et les exécutants, impliquant concrètement la présence de transmetteurs de cette action politique !!

En lien avec le processus de territorialisation du pouvoir royal, les lettres publiques ont fait leur apparition sous Philippe Auguste à l'orée du XIII siècle, mais sont restées fort rares jusqu'à Philippe le Hardi. Elles connurent en revanche, sous Philippe IV le Bel, notre Roi de Fer, une explosion grâce à la tendance procédurière de son gouvernement et qui ne devait pas s'épuiser sous les fils de ce monarque.









L'année 1299 fut une année charnière. Sur les 172 mandements émis sous les Rois Capétiens, seulement 19, soit 1/10éme, l'avaient été avant cette année !!!! Cette sorte de frénésie des écrits a inauguré une période sans année morte en la matière. De 1299 à 1313, le Roi de fer a produit 108 de ses 118 Mandements

Puis dans l'an 1315 son fils Louis X le hutin fera sortir de sa Chancellerie 12 Mandements. De 1317 à 1320, son frère Philippe V le Long, en aura expédié 13, ensuite Charles IV le Bel, dernier fils du Roi de Fer, en expédie 16, entre 1322 et 1324

D'une façon générale le nombre des destinataires dépassait très largement le nombre de mandements expédiés par la Chancellerie Royale, voir même pour certains d'entre eux, envoyés à des destinataires multiples extrêmement nombreux !!!. Lorsque ses lettres insistaient sur la rapidité, il s'agissait toujours de l'exécution de l'ordre et non point de la transmission proprement dite

Dans tous les cas le nombre important de destinataires de lettres envoyées par le Roi devait nécessiter un nombre de Messagers, à pied et à cheval, et qui devaient être bien plus élevé, que ceux attachés à son service et que l'on trouve mentionnés dans les comptes et ordonnances de son Hôtel ????










Prenons en exemple le foisonnant règne de Philippe IV le Bel. Ce monarque qui fait entrer dans son gouvernement ces bourgeois Juristes, en lieu et place de ces nobles incontrôlables, Pierre Flote, Guillaume de Nogaret et Plaisians.

Les trois plus importants destinataires des mandements de ce monarque furent le Prévôt de Paris, le Bailli de Vermandois et le Sénéchal de Carcassonne, le premier recevait des ordres concernant la police et la justice du Châtelet, le second se voyait souvent mandé de réguler la violence, tandis que l'essentiel des Mandements expédiés au troisième concernait des affaires religieuses

La grande majorité des mandements du roi de fer partaient de Paris, et la documentation sur les routes utilisées et la manière de transmettre ces lettres, que sur les relations personnelles qu'entretenait Philippe IV avec ses vassaux d'une part, et ses agents d'administration et de justice d'autre part !!

Si l'on compare, la dépense en Messagers dans les comptes du trésor, elle fut de 65655 Deniers à la Toussaint 1296, c'est à dire au début de son règne. Mais elle était de 92804 Deniers à la Saint Jean 1316, soit deux ans après sa mort !!. La différence est tout de même de 27149 Deniers !!












En revanche la dépense atteint des sommes astronomiques lors du tournant de l'année 1299, et pour cause !!!!, puisque celle ci marquait la conjonction de la Guerre des Flandres et les démêlés du monarque avec cet acariâtre Pape Boniface VIII, elle fut au sommet en septembre avec une dépense pharaonique de 1 452 000 Deniers Tournois et 4800 Deniers Parisis !!!!

Ensuite la situation à partir de l'an 1300 se stabilise, les trésoriers de la Chancellerie, n'observent plus que des dépenses modérées dans les années allant de 1301 à 1307, et ce malgré l'affaire des Templiers ????. Curieusement le règne de Philippe IV le Bel s'achevait sur 6 années mortes. Sommes nous en droit de penser que l'immense coup de filet permettant l'arrestation des Blancs Manteaux se soit organisé en correspondance et messagers secrets ?????



PS: Nous sommes encore comme je vous l'ai dit tout à l'heure, une fois de plus dans le domaine d'une Hypothèse plausible. La documentation provient comme il se doit de la BNF, et je tiens à remercier Thibaut Cotin pour cette thèse que j'ai lue avec plaisir M de



mardi 19 mars 2019

Le Livre du Trois, anonyme du XIV siècle

Pour les passionnés de vieux écrits, je ne ferais que recopier l'introduction à ce livre de Marti de Riquer: je cite !

Il est normal qu'un livre commence par une justification des motifs qui ont conduit l'auteur à l'écrire. Et, en effet, le livres du Trois débute avec une introduction en six brefs paragraphes ou l'auteur anonyme expose les profits que l'on pourra retirer de la lecture de ce recueil d'aphorismes. Il nous dit, en premier lieu, que ce livre doit servir à étancher la soif et soulager la phtisie, affirmations qui, de prime abord, pourraient nous amener à croire que nous avons à faire à un régime d'hygiène ou à des conseils de santé ???

Mais grande est notre surprise quand, aussitôt, il nous fait savoir que ce livre sert aussi " à gonfler les seins, souffler le cul et tenir compagnie !!! ", puis qu'il est utile aussi pour ouvrir la bouche, baiser une chopine de vin, oublier les malheurs, se réjouir et ne pas transpirer en hiver

L'incongruité voulue, l'intentionnée énumération chaotique, le mélange de bon sens et de malice, de raffinement et de grossièreté, de logique et d'absurdité, qui constituent les caractéristiques propres du livre du Trois, déjà s'annoncent dans cette brève introduction. Pourtant notre livre ne manque pas de notes correspondant à la foi chrétienne la plus orthodoxe et à sa morale la plus rigide exemple: trois choses damnent l'homme, faire péché, le continuer, et ne pas s'en repentir!!

Cependant l'auteur est réticent quand à la mise en pratique !!! Ainsi affirme t'il qu'il y a trois choses dont on se repent l'une ou l'autre fois: Prendre épouse, entrer dans les ordres et prononcer ses voeux !!








Bien qu'il ne cache aucunement sa foi chrétienne, cela ne l'empêche pas de respecter les deux autres religions, puisqu'il dit: il y a trois grande choses en ce monde, la foi chrétienne, la fête Juive, et la justice des Maures.

Bon nombre d'aphorismes exposent les vices et les vertus des professions, en commençant par ceux de la hiérarchie religieuse, Pape, Cardinaux et évêques, mais aussi Abbés moines et prêtres. Puis suivent les rois, les reines, les chevaliers, mais aussi, Avocats, Greffiers et Notaires, Marchands et Artisans, Juges et Huissiers. Il va opposer ceux qui font le bien et ceux qui font le mal, ou ceux qui sont bons et ceux qui sont mauvais, la critique des dirigeants et des gouvernants est faite avec une intentionnalité moralisante non exempte de chiquenaudes malicieuses

Nombreuses sont les observations sur le comportement dans la vie sociale et nombreux également les conseils sur le contact avec autrui, souvent exprimés sur le mode positif, puis négatif, exemple, je cite: Ainsi si la richesse le lignage est un beau vêtement honorent l'homme, les gros mots, les vêtements en lambeaux et les vents lâchés dans le dos les déshonorent

Beaucoup de choses contribuent à l'allégresse humaine: La santé, la richesse et la plaisante compagnie, et très divers sont les plaisirs qui existent en ce monde: Boire à la taverne, coucher au bordel, et chier dans un pré







Les aphorismes sur les femmes prennent très ample place dans le livre du Trois. Elles sont louées sur leur beauté, leur grâce, leur agrément, leur dévotion et sainteté. Mais sont blâmées les laides, les gourmandes et celles qui sont déplaisantes à cause de leurs " petites pêches " et leurs " hanches étroites "

On trouvera des aphorismes superfétatoires, pour une apparente malice, comme quand il est dit je cite: trois choses sont difficiles à faire, moucher une chandelle, juger une partie de dés et torcher un cul de bébé

Certains aphorismes du livre du trois procèdent de proverbes connus ou de phrases toutes faites qui devaient être fort répandues à l'époque. Ainsi quand il est dit: Que trois choses font sortir l'homme de chez lui " la fumée, la pluie et la mauvaise femme ", il y a la comme un souvenir du proverbe " fumée et mauvais visage chassent les gens du nid "

Comme maintes fois dans les proverbes, les trois termes de nos aphorismes paraissent rimés, comme je cite: un bon Avocat doit " benoîtement ouir, bon droit maintenir et grand payement ne point quérir "

La technique des triades qui donne son nom au livre du trois, fut très fréquente au moyen âge pour l'énonciation d'aphorismes, maximes et proverbes





PS: Le livre du trois nous est parvenu par un manuscrit copié au XV siècle et conservé à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, laquelle le nain a écumé et qui contient d'importantes oeuvres Catalanes du XIV siècle, si vous avez un jour la chance comme moi de tomber sur un exemplaire je vous conseille de sauter dessus, vous passerez un fort bon moment M de V





dimanche 17 mars 2019

Batailles, Bannières, Pennons et Compagnie

Lorsqu'ils entreprennent de raconter les grandes batailles du XIV siècle les Chroniqueurs avaient l'habitude de présenter d'abord un aperçu général des armées qui allaient s'affronter.

Ils en indiquaient " l'Ordonnance ", pour reprendre leur expression, cette évocation était faite avec d'autant plus de soin et de précision, qu'elle était de première importance selon la conception que l'on se faisait de l'histoire à cette époque

Elles sont écrites d'abord pour la noblesse, car ces chroniques et annales devaient signaler la présence et le comportement au combat des principaux seigneurs et porteurs de blasons. Pour composer ce tableau les chroniqueurs se renseignaient auprès des témoins et des acteurs de la bataille, mais surtout auprès de ces personnes que l'on appelait Poursuivants, Hérauts et Rois d'armes, qui bien souvent furent eux même des historiens

Un manuscrit du XV siècle, sorte de manuel à l'usage des Hérauts d'armes, précise par exemple, je cite: Que si l'on vient à combastre, li héraults doivent cognoître les gonfanons des ennemis, afin de les signaler à leurs chefs, chevaliers, ou tel autre noble homme leur en faisant la demande. Ou il est dit aussi, qu'ilz devaient noter également, ceux que l'on faisait chevalier en ce jour de bataille, les mestre en mémoire et en être thesmoings !!









Toujours selon ce manuel, " les hérauts doibvent estre au plus près qu'ilz pevent, pour voir s'assembler et combastre les plus vaillans, tant d'une part que de l'autre, bien prendre garde aux blasons, et quand s'en vient la desconfiture,ilz doibvent regarder lesquels s'enfuient et en avoir mémoire. Puis quand la besoigne est faite, ilz doibvent compter et identifier les morts, du moins ceux de qualité "

Au travers de tout le XIV siècle, et même après, les récits montrent les effectifs de chaque armées répartis en grandes unités de cavalerie, appelées "Batailles ", elles étaient en nombre relativement restreint. Si l'on prend l'exemple de Poitiers en 1356, les Anglo-Gascons du Prince noir en comporte trois, en face, les Français en comptent 3, voir 4 si l'on tient considère que la formation de cavaliers groupés sous le commandement du Connétable et des deux Maréchaux comme une bataille

Ce n'est que vers la fin du XIV que l'on trouve plus fréquemment ajouté au dispositif de nos trois batailles deux ailes composées tantôt de cavaliers, d'archers ou d'arbalétriers. La présence de ces ailes plus complexe, mais aussi plus mobile. Bien sur quand on sait s'en servir !!! ce qui ne fut le cas ni de Philippe VI, ni de son fils ce benêt de Jean II le Bon

Pour ces deux rois une seule technique comptait la charge suivie de la mêlée, ces deux monarques avaient la tête farcie de romans de chevalerie, et comme le dit Froissart " ils étaient durs à ôter d'une idée, et avaient du mal à concevoir !!!!










On peut donc se poser la question, à savoir si ces batailles étaient constituées dès le début de la campagne ??? ou si elles sont l'oeuvre d'une mise en place au moment de la rencontre avec l'ennemi ???. On sait que la tactique de l'époque consistait le plus souvent en une série d'affrontements successifs, et non pas comme au XVI siècle par une charge simultanée !!

Il faut également tenir compte du fait que pour Crécy, comme pour Poitiers, l'ost Français ne poursuivait pas l'armée de Raid de Edouard III, puis du Prince Noir en armure pendant des lieues et des lieues !!!! On s'équipait puis on formait les batailles une fois en face de l'ennemi, ceux qui ont portés une armure me comprendront !!!!

Cependant si nous reprenons l'ost de 1346, pour Crécy, on trouve une dizaine de batailles !!!! du côté Français ayant combattu les unes après les autres en une succession de 15 à 16 charges chaotiques !!!. Vous allez me dire que j'insiste, mais il est fort probable que ce soit le résultat de l'incapacité de Philippe VI, pris par le temps de concevoir le regroupement des imposantes forces dont il disposait en trois grosses unités. En eut il même la volonté ???, car il désirait juste charger et se battre

Il faut porter à son crédit que le roi n'étaient pas le seul à avoir cette vision arthurienne, diront nous, du combat !!. Malheureusement les Anglais eux n'avaient pas du tout la même optique













Revenons bien plutôt à a bataille de Courtrai en 1302, un chroniqueur Flamand, Van Welthem, décrit avec précision la liste des 10 corps de cavalerie française en précisant les effectifs. Or nous savons par ailleurs que la chevalerie de Philippe IV le Bel, sous les ordres du Comte d'Artois, combattirent en trois batailles seulement, il semble donc que le comte ai formé 3 grosses batailles avant le combat

A l'intérieur de chaque bataille les combattants se rassemblaient autour de bannières et Pennons, dont le dénombrement était un moyen pour les chroniqueurs d'évaluer les effectifs. A Poitiers, la bataille du Duc d'Orléans aurait comporté 36 bannières et 200 Pennons.

Pour vous fournir une idée de la mentalité au XIV siècle, lors de la bataille de Cocherel, Arnaud de Cervoles, dit l'Archiprêtre, ne voulant pas se battre contre certains chevaliers de l'armée Anglo-Navarraise de jean III de Grailly, va se retirer mais laissera sa bannière et ses gens combattre dans l'armée de Bertrand Du Guesclin !!. Il est sur qu'à notre époque cette réaction semblerait pour le moins cavalière ??

Par contre il est certain que ce genre de comportement n'avait pas cours dans les armées Anglaises, il n'était pas concevable qu'un Chandos, qu'un Calverley ou un autre chevalier d'Albion qu'il soit routier ou non, utilise ce genre de comportement, qui reste typiquement Français !!!









Bannières et Pennons sont donc les drapeaux que l'on déployaient avant la bataille, et le fait même de les déployer était considéré en " droit d'armes ", comme le symbole de la déclaration de guerre ouverte !!!

En exemple, dans un procès au sujet d'une rançon, qui opposait devant le parlement de Paris, le Français Jean de Melun à l'Anglais Henri Poinffroit, ce dernier argumentera afin de prouver qu'il avait fait prisonnier jean de Melun en tant de guerre et non au cours d'une trêve, le fait que le Français " chevauchoit avec sa compaignie à pennons désployés ce qui estoit vraye signe de guerre entre gens d'armes "

S'il existe des bannières, nous trouvons des Bannerets pour les détenir !! On trouve dans les textes des définitions assez tardives et théoriques de ce qu'il faut entendre pas Chevalier Banneret, votre Nain copiste vous en offre une. Quant ung chevalier a longuement servy et suyvy les guerres, qu'il a terres,et qu'il puisse avoir de ses terres quantité de gentilshommes pour accompagner sa Bannière, il peut licitement lever bannière. Car nul homme ne doit porter bannière en bataille s'il n'a cinquante hommes d'armes avec archers et arbalétriers qui lui appartiennent. S'il les a il doit à la première bataille apporter un Pennon d'armes au Connétable et aux Maréchaux et requérir qu'il soit Banneret. Si ilz lui octroient, il doit appeler les hérauts d'armes pour témoignage, ceux ci doivent couper les queues du pennon, il pourra alors le porter et le lever avecques les autres bannières au dessoubz des Barons





PS: documentation BNF, pour les traductions je me suis appuyé sur un texte de Philippe Contamine ..M de V

jeudi 14 mars 2019

Les Armées Anglaises au XIV siècle

On possède actuellement beaucoup de renseignements sur l'organisation des armées Anglaises au XIV siècle et sur les avantages qu'elles en retiraient. Le professeur A E Prince a fait des recherches approfondies sur le recrutement, l'effectif et le financement des corps expéditionnaires les plus importants du règne de Edouard III, on y trouve quelques récits détaillés

Les professeurs Lewis et Mac Farlane ont établis un rapport entre ces récits et l'organisation de la société Anglaise pendant la même période. Puis de chaque côté de la Manche des historiens ont publiés des détails chiffrés afin de mettre en évidence les grands profits et rançons au bénéfice de soldats Anglais et la façon dont ils étaient partagés

Nous avons ainsi l'image d'armées assez petites mais bien payées, recrutées par des contrats appelés " endentures ", passés par le roi avec les capitaines de ces compagnies et ceux ci avec leurs soldats. Ces contrats garantissaient au roi le service de soldats de métier en groupes structurés et disciplinés, et à leurs capitaines la sûreté de la solde ainsi que la protection de leurs terres et possessions en Albion

En outre ils recevaient une portion équitable des profits de la guerre (chevauchées et raids), leur voyage de retour en Angleterre était assuré, ainsi qu'une indemnité pour les chevaux perdus en service actif. C'est une image impressionnante d'une machine de guerre efficace, considérée comme très en avance sur celle de son adversaire Français, dont on ne trouve sur ce sujet aucun récit satisfaisant

Mais ce n'est pas tout, ces armées étaient fondée sur une courte durée de service, elles consistaient en forces organisées en compagnies, sous le commandement de leurs capitaines et du roi, lequel garantissait un taux de solde et des conditions fixées à l'avance. Ces troupes n'étaient pas tenues de rester en France au delà de la période nécessaire pour terminer la campagne









Quand la campagne était terminée ces compagnies retournaient en Albion et étaient rayées des états de solde du Roi. En théorie !!..car en pratique si le roi avait des problèmes de liquidités, ou que le parlement anglais ne voulait pas fournir les capitaux, ces compagnies restaient en France et se nourrissaient sur le terrain !!

Ces troupes n'étaient donc pas permanentes, sauf dans la mesure ou il était envisageable qu'elles puissent compléter des compagnies futures recrutées en Albion. Les historiens du XIV siècle ont concentré leur attention sur les grandes chevauchées de cette période, tandis que l'image du XV siècle reste pour une grande part celle de la conquête, de l'occupation et de l'administration de la Normandie

Selon le professeur Newhall, la politique militaire était très différente pendant ces deux périodes, je cite: En général l'époque d'Edouard III et du Prince Noir était une époque de Tactique, tandis que celle de Henri V et de Bedford était une époque de Stratégie. Pour lui il est évident que dans la seconde période il y a une extension beaucoup plus forte sur notre territoire. Il nous dit que Crécy et Poitiers ont été des événement décisifs de la guerre au XIV siècle, mais que les résultats auxquels ils ont aboutis n'ont eu que peu ou pas de permanence militaire ??

Newhall continue en disant, je cite: Edouard III a été déçu dans ses tentatives de couvrir de grandes parties de la France, parce que le pays était parsemé de Châteaux, forteresses et villes fortes, que tout progrès était nécessairement très lent et qu'il fallait beaucoup d'hommes pour tenir les provinces vaincues







En conséquence Newhall pense que les campagnes de Edouard III et du Prince Noir sont devenues des raids de ravages parce qu'il a manqué de compréhension, et n'a pas saisi la vraie nature du problème militaire !!!!! il enfonce le clou en disant que son petit fils, Henri V, lui c'était occupé de cette situation

De telles idées résultent sans doute dans l'attention que Newhall a porté sur la phase de la guerre au XV siècle, plus que sur celle du XIV siècle, et bien qu'il y ait quelques réalités dans ce qu'il dit !!!, il y a de graves malentendus sur les objectifs de Edouard III et les moyens militaires et financiers dont il disposait !!!

Si prédominantes que soient les grandes expéditions du XIV siècle, il était nécessaire pour le gouvernement Anglais de maintenir des forces militaires permanentes en France au début de ce conflit qui dura 116 ans. Bien sur c'était évident pour la Guyenne, possession Anglaise depuis déjà 200 ans, mais cela devint nécessaire en Bretagne, puis à Calais, ensuite en Normandie !!!

Sans oublier les Flandres ou les Français menaçaient le commerce de la laine Anglaise. Dans toutes ces régions des garnisons anglaises sont venues s'implanter dans les villes châteaux et forteresses, financièrement l'effort exigé par le gouvernement Anglais était énorme !!!, bien plus important que le financement de forces expéditionnaires envoyées pour les chevauchées et les raids limités dans le temps !!








Bien sur c'est l'avis de professeurs et de doctes historiens, mais perso le nain rejoint l'avis de Kenneth Fowler, je ne pense pas que Edouard III avait l'intention de conquérir la France, ce n'était pas un benêt, loin s'en faut !!!, il savait pertinemment qu'il n'en avait pas les moyens. Car il faut savoir qu'à cette époque l'Angleterre comptait environ 6 millions d'âmes, alors qu'en France, selon les recensements de l'époque et les historiens, les Français étaient 16 millions !!!

De plus pour son pays c'était un gouffre financier et de nombreuses fois le parlement Anglais avait resserrés très fort les cordons de la bourse.

Rien à voir avec le XV siècle ou Henri V a profité de la guerre civile en France, de la folie d'un roi, puis du conflit entre noblesse de bourgogne et les Armagnacs, le roi d'Angleterre va profiter  de la rapacité des oncles du roi fou pour s'installer tel un coucou et revendiquer la couronne de France




PS: selon les actes du colloque International de Cocherel en 1964, soit 600 ans après la bataille qui marque en cet endroit la première victoire française en 1364 de cette guerre de cent ans, ou notre, Bertrand, Breton teigneux, fait prisonnier Jean III de Grailly Captal de Bush....M de V

mercredi 13 mars 2019

La " Faide " Chevaleresque au X siècle

Les grands de cette époque ne cessent de se brouiller et de se réconcilier, de faire pression les uns sur les autres, directement ou indirectement. Il s'agit pour eux de se répartir les Comtés et les Châteaux, et par la on rivalise pour obtenir la meilleure position sociale possible

Les opérations de guerre, lorsqu'il y en a, sont menées par des troupes de combattants (milites) dont les plus efficaces sont à cheval et bien armés. Ils évitent en général les vraies batailles et se rencontrent dans des escarmouches ou guet-apens, faisant marches et contre marches pour aller mettre le siège devant un château, ou pour s'en retourner chez eux, de petites campagnes durant de deux à huit semaines. Les places ne se rendaient guère qu'à la suite de négociations ou de trahison de l'un des défenseurs attitrés. Mais un siège ou une chevauchée étaient surtout l'occasion de se livrer au pillage des paysans de la contrée de l'adversaire à titre de représailles contre celui ci

L'anthropologie emploie ce mot de " Faide ", pour diverses sociétés, aussi bien pour des Vendettas, que pour de véritables guerres de l'intérieur. L'auteur, D Barthélemy, nous propose de prendre le terme de " Faide Chevaleresque ", comme un type de guerre revendicatrice de biens, portant atteinte aux biens d'un autre, avec l'aide d'hommes rétribués en terres et en biens !!, mais également de vengeance, de haine mortelle, qui venge le sang à l'aide de sa Parentelle, donc liés par le sang et faisant couler celui de l'autre








La vengeance de sang n'est pas inconnue au X siècle et précisément à la fin de l'Empire Carolingien ayant permis de grandes " Faides ", fort bien analysées par Régine Le Jan (familles et pouvoirs dans le monde Franc du VII au X siècles). D'autant qu'il n'est pas impossible qu'une revendication de biens dégénère en haine de sang, il en existe un saisissant exemple dans les histoires du moine moraliste Raoul Glaber

Cependant la compétition, que nous nommeront pudiquement " politique", n'était meurtrière qu'occasionnellement, car entre gens de bonnes compagnies, s'affrontant pour des positions et des richesses, on se capture plutôt qu'on ne se tue, et l'on se donne des otages et des promesses en échange de libérations. Il s'agit en revanche de véritables actions de guerre, dans un discours sur la vengeance d'honneur !!, c'est à dire de la revendication par ces nobles de leurs droits, tels qu'ils l'apprécient dans leur entourage

Ces actions nuisent avant tout aux faibles, que sont les petites gens et paysans de l'adversaire, et en un sens cette guerre techniquement chevaleresque ne l'était pas du tout moralement. C'est une vengeance indirecte, mais fort propre à ancrer dans les esprits l'idée d'appartenance de ces hommes à leurs seigneurs. Car chacun de ces derniers en s'en prenant aux paysans de l'autre, en le visant à travers eux, lui rend le service de souligner à quels point ces pauvres bougres sont siens !!

Par le fait, le XII siècle n'aura pas vraiment à inventer la vocation des chevaliers afin de protéger les faibles et la justice, car cet idéal est déjà bien défini depuis le IX siècle !!, mais il va subir dans la pratique toutes sortes de perversions et ce à toutes les époques.









Le chevalier du temps des annales de Flodoard de Reims ( 894-966), est au service du droit, c'est à dire du sien propre !!, et s'il protège les paysans c'est avant tout les siens. Il n'est chevaleresque qu'avec le chevalier ennemi, auquel le lie une connivence à demi consciente, et il va le ménager en vue d'une réconciliation future, celle ci se trouve toujours assez proche puisqu'il s'agit bien moins souvent de querelle de sang, que de lutte pour des avantages matériels ou territoriaux, ceux ci étant plus facilement compensables et négociable qu'un meurtre !!

Mais il le ménage aussi afin de se concilier l'opinion " noble et défendable ", à tout le moins lors d'un plaid judiciaire. Par la, il espère se rallier ceux qui ayant des liens avec les deux parties, auront à choisir leur camp, ou à s'interposer comme négociateurs. Or donc, entre eux, les chevaliers du IX et X siècles auront quelques beaux gestes de clémence et d'estime.

Encore faut il préciser que la ruse, les coups tordus, les actes d'inclémence ne sont pas rares, et nos preux chevaliers du haut moyen âge , dans la réalité des choses ne seront jamais qu'à demi chevaleresque et encore qu'envers ceux de leur caste !!!

Pour autant on peut montrer que dans l'idéologie, un annaliste comme Flodoard de Reims, pour sobre et factuel qu'il soit, participe lui même à cette violence symbolique, tant dans ses petits développements que dans certains mots qu'il emploie !!!. A l'en croire les actes de guerre sont argumentés et ciblés, il épouse donc les raisons des protagonistes et fait paraître toute naturelle la Faide chevaleresque





PS: Les vrais victimes restent donc les paysans et au moment de la paix, les chevaliers se tiennent quittes, par concessions équilibrées des torts faits aux paysans de l'autre !!! Une autre idée du chevalier n'est ce pas ????
Sur un texte de D Barthélemy, ancien élève de G Duby, il est professeur à l'Université de Paris Sorbonne, il a publié deux ouvrages chez Fayard la mutation de l'an mil a t'elle eu lieu..et l'an mil et la paix de Dieu ...M de V


vendredi 8 mars 2019

N°295) Jehan Froissart raconte le bal des Ardents

Or il advint, qu'en l'hôtel du roi allait se faire le mariage d'un jeune chevalier de Normandie et d'une jeune demoiselle de la Reine. Le roi la reine et tout l'hôtel en furent réjouis, le roi voulut faire les noces en l'hôtel Saint Pol à Paris devant grande foison de bonnes gens et seigneurs. On y dansa et mena grande fête tout le jour, puis le soir venant, le roi donna à souper aux dames et la reine y tint sa cour.

Il y avait la un jeune écuyer de Normandie qui avait pour nom Hugonin de Guisay, lequel en son particulier, s'avisa de faire un divertissement afin de complaire au roi et aux dames. Le jour des Noces fut un mardi avant la chandeleur, sur ce soir d'hiver il fit porter et mettre en une chambre six habits de toile, qu'il fit parsemer de fin fils de lin teintés aux couleurs de cheveux !!

Le moment venu, après le repas il en fit revêtir un au roi, puis un autre au Comte de Joigny, le troisième à messire Charles de Poitiers, puis un à messire Yvain de Galles Bâtard de Foix, le cinquième au fils de Monseigneur de Nantouillet, puis se vêtit du sixième. Quand ils furent tous dedans enfermés et cousus, ils semblaient être des hommes sauvages, car ils étaient comme couverts de poils de la tête à la plante des pieds !!

Cette idée plaisait fort au roi de France et il en savait grand grè à l'écuyer qui l'avait imaginé. Ils s'étaient revêtus si secrètement dans cette chambre que nul en l'hôtel ne savait rien de cette affaire !, sauf eux mêmes et les valets qui les avaient habillés.

Messire Yvain de Foix eut en pensée le danger de ces costumes, et de ce qu'il pourrait en advenir, aussi dit il au roi " sire faites commander bien sévèrement que l'on ne nous approche avec des torches !!, car si on le faisait et que l'air du feu entrât dans ces habits dont nous sommes déguisés, le poil prendrait l'air du feu et nous serions brûlés et perdus sans remède je vous le dit ! "









Au nom de Dieu dit le roi, vous parlez bien et sagement, il en sera fait ainsi. Le roi fit donc défense aux valets de les suivre avec des torches, puis fit venir l'huissier d'armes qui se trouvait à l'entrée de la chambre et lui dit " va t'en en salle ou l'on danse et commande de par le roi, que toutes les torches se retirent à part et que nul ne s'approche des six hommes qui vont venir !!

L'huissier fit son commandement, tant et si bien que ceux qui tenaient des torches se retirèrent à part, dans la salle ne demeurait plus que les dames et demoiselles, ainsi que les chevaliers et écuyers qui dansaient.

A quelques temps de la arriva le Duc d'Orléans, accompagné de quatre chevaliers et six porteurs de torches, qui ne savaient rien du commandement du roi, il commença par regarder les danses puis dansa lui même. A ce moment voici venir les hommes sauvages et le roi, il n'y avait ni hommes ni femmes qui pût les reconnaître !. Cinq étaient attachés entre eux et le roi menait le cortège, on ne s'occupa plus que de les regarder et personne ne songea plus aux torches !!

Le roi se sépara de ses compagnons pour aller vers les dames, ce qui fut heureux!!, et s'en vint vers la Duchesse de Berry, sa tante, qui était aussi la plus jeune. La Duchesse par gaieté le prit et voulait à toute force savoir qui il était ?, le roi par jeu ne voulait point se nommer, la Duchesse dit alors " vous ne m'échapperez point sans que je sache votre nom "








En ce désordre survint le grand malheur dont le Duc d'Orléans fut la cause, quoique la jeunesse et peut être l'ignorance en furent causes ??. Il voulu lui aussi à tout prix savoir qui étaient ces sauvages et pendant que les cinq autres dansaient, il abaissa la torche que tenait l'un de ses valets si prêt que la chaleur entra dans le lin d'un habit !!

Vous savez que l'on ne peut éteindre le Lin quand il est enflammé, et la flamme échauffa la poix par laquelle les fils de lin étaient fixés à l'habit de toile, le feu s'en prit aux chemises garnies de Lin et de poix des autres qui se mirent à brûler et ceux qui les portaient commencèrent à pousser des cris horribles

Certains chevaliers s'avancèrent pour les aider, mais la chaleur de la poix brûlait les mains et ils en furent tous blessés. L'un des cinq, Nantouillet, s'avisant que l'office était proche y courut et se jeta dans un cuvier plein d'eau ou l'on rinçait les verres, ce qui le sauva d'être brûlé et tué comme les autres

Dans la salle le désordre, la douleur et les cris étaient tels que l'on ne savait que faire. La Duchesse de Berry sauva le roi en le cachant de sa robe dont elle le couvrit pour qu'il échappe au feu, le roi voulait la quitter à toute force, " ou voulez vous aller dit elle !! vos compagnons brûlent, mais qui êtes vous ??, je suis le roi dit il !....Ah monseigneur allez vite mettre un autre habit afin que la reine vous voie, car elle est dans une grande inquiétude









 Ainsi fit le roi et s'en vint dans sa chambre et se fit déshabiller, puis revêtit un habit et vint ensuite vers la reine, pendant ce temps le bâtard de Foix qui brûlait criait à haute voix sauvez le roi, sauvez le roi. Vraiment il fut sauvé de la manière que je vous dit, lorsqu'il se sépara de ses compagnons pour aller vers les dames, car s'il fut demeuré avec eux il était perdu et mort sans remède

Dans la salle de l'hôtel Saint Pol, vers minuit, le spectacle et l'odeur étaient horribles, que c'était grande pitié à voir et à sentir !!! Des quatre qui brûlaient deux moururent sur place, et le feu s'éteignant, le Bâtard de Foix et le Comte de Joigny furent portés en leurs en leurs hôtels ou ils moururent dans les deux jours à grande peine et martyre !!!





PS: La traduction est de votre copiste le nain, soyez indulgent, la transcription de Froissart n'est pas dès plus simple M de V

jeudi 7 mars 2019

Le Bijou Emblématique à la fin du Moyen âge

Obsession aristocratique par excellence, le souci de paraître s'intensifie au XIV et XV siècles, permettant un essor nouveau " l'Emblématique ", c'est à dire les signes servant à désigner l'identité d'un individu

Au début du XIV siècle, l'emblème est le plus souvent utilisé sous forme d'armoiries, avec pour rôle essentiellement utilitaire, d'affirmer le rang et l'identité de son porteur et notamment lors des conflits armés. Cependant la complexité croissante des armoiries les rend de moins en moins lisibles

Ceci va justifier à partir de ce siècle la diffusion de nouveaux emblèmes comme le Cimier et le Badge, afin de répondre au besoin de cette aristocratie de la fin du moyen âge (dixit le nain, de nos Paons rutilants, mangeurs de charrettes ferrées !!! )

Ce badge, quel que soit la forme qu'il revêt peu être peint, sculpté, brodé ou prendre l'aspect d'un bijou. Il sert avant tout à proclamer l'identité de son émetteur, composé d'une figure ( ou corps ), représentant un animal, un végétal ou un objet, associé parfois, ou accompagné d'une inscription appelée " le mot ", qui au fil du temps va devenir une sorte de publicité de luxe pour l'aristocratie du bas moyen âge









Puis nous avons " l'Enseigne de Livrée ", qui reproduit le badge identitaire de ce Prince sur la tenue de ses fidèles, de ses proches, ainsi que son personnel de maison. Cette reproduction aura au fil du temps une connotation politique, mais s'inscrit également dans l'emblématique. Comme l'affirme M Pastoureau, c'est le signe d'une société qui cherche dans le " paraître " une compensation au déclin de son rôle militaire, politique et économique !!

D'abord réservé à l'usage unique du grand Feudataire et apposé sur ses effets personnels il sera peu à peu diffusé lors des " livrées ". La coutume de la livrée se produisait une à deux fois par an selon les maisons, le prince remettait à son personnel et ses proches des vêtements, des broderies ou des enseignes (insignes), mais aussi sous forme de cadeaux à ses fidèles. Celui ci servait le plus souvent de signe de reconnaissance ou de ralliement lors de luttes entre des maisons rivales !!!

Certains badges de ces princes se présentaient sous forme de colliers, de broches ou d'enseignes ( insignes ). Il étaient Façonnés dans les métaux les plus divers, or, argent, recouverts d'émaux, voir enrichis de pierres précieuses. Il est évident que pour le personnel ces représentations étaient de plomb ou d'étain, reproduisant dans cet alliage et à moindre coût le badge du maître de maison. tout cela était fonction de la richesse personnelle de ce grand personnage du royaume









La popularité du badge s'explique par l'absence de règles précises comme l'héraldique. Le prince pouvait laisser libre court à sa fantaisie, son goût, sa culture, voir même son humour. Le badge semble d'origine Anglaise dès le début du règne de Edouard III, par contre son introduction chez nous est contemporaine du règne de Jean II le bon, mais fort peu répandue !!

Il faut attendre la fin du XIV siècle et Charles VI le Fou pour que le badge devienne un emblème d'usage courant au sein de notre aristocratie. Il semble acquis chez nos historiens que le contexte de la guerre de cent ans ai favorisé l'introduction du badge en France, en raison des contacts fréquents entre les cours de France et d'Angleterre

Prenons l'exemple Anglais de John Talbot, Comte de Shrewsbury, possédait pour badge " un Talbot ", chien dont la race est aujourd'hui éteinte. Dans un poème on parle de John Talbot retenu prisonnier en France entre 1449 et 1453, ou il est désigné comme suit " le garde de notre porte est enchaîné, c'est Talbot notre bon chien "

Dans la maison d'un grand du royaume les enseignes (insignes) dits de livrée sont portés sous formes de petites broches sur les vêtements et apparaissent comme des témoignages d'allégeance par les fidèles et les membres de sa maison et arborées de façon ostentatoire sur la poitrine ou le couvre chef. Ce qui n'allait pas sans orions et coups de pieds de par le cul, quand des personnes de deux maisons rivales se rencontraient !!...Wouais ben on fait pas mieux maintenant hein !!!!!









En France, Jean sans peur, Duc de bourgogne, distribua son badge " au Rabot ", sous forme de broches d'or garnies de saphirs, de diamants et de perles à ses chevaliers et ses fidèles, mais son train de maison et ses serviteurs ne portaient que de simples insignes de plomb ou d'étain. Y a des limites tout de même hein !!!!!!

Dans la guerre emblématique qui précéda la guerre civile au XV siècle il y eut deux badges célèbres, ceux de Louis d'Orléans et de Jean sans Peur, tous deux chefs de factions opposées. Louis avait prit pour badge un bâton noueux, sorte de gourdin chargé de noeuds protubérants, avec la légende (le mot), " je le tiens ", qui bien sur s'adressait à Jean. Ce dernier comme nous l'avons dit plus haut avait lui opté pour le Rabot, afin de dégauchir les inégalités du gourdin menaçant de son ennemi de cousin !!. Ha ils avaient de l'humour hein !!!!!

Albion connut aussi quelques années plus tard une guerre civile " la guerre des deux roses ", lutte pour le pouvoir entre la maison d'York qui avait pour badge une rose blanche et la maison de Lancastre, qui avait pour emblème la rose rouge, elles permettaient de renforcer les liens entre partisans et jouaient le rôle de signe de reconnaissance et de ralliement



PS: la documentation provient de la BNF, sur un texte de D Bruna....M de V