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vendredi 16 août 2019

La Prévôté Bourgeoise avant Etienne Marcel

Avant que d'entrer dans la période des troubles qui suivirent l'emprisonnement du Roi Jean II le Bon en Albion, rappelons ce qu'avait été jusqu'alors la Prévôté Bourgeoise, cette administration paisible et subordonnée, ce gouvernement de marchands et de pères de famille, qui désapprouveront l'extension abusive que Marcel va lui donner, et indiquent leur peu de sympathie pour ce magistrat devenu, malgré lui peut être ?, et par la force des choses le grand agitateur de la cité !!!

Il semble a propos de dire ce qu'était avant lui, le vieux et traditionnel régime "de la marchandise de l'eau ", et ce qu'il est devenu après la crise que le Drapier Etienne Marcel lui a fait traverser. Il succédait à de petits Bourgeois, confinés dans les affaires de leurs commerce et de leur échevinage, occupés qu'ils étaient en temps normal, par l'approvisionnement de la cité, le pavage des rues, l'établissement des fontaines, la police des ports, la répartition de la taille, d'assister le roi de leurs deniers dans les moments difficiles, de mettre s'il le faut la ville en état de défense, de gouverner les corporations et gens de métiers tout en maintenant le bon ordre sous l'autorité du Parlement et du Prévôt Royal du Châtelet

Qui sont donc ces bourgeois et marchands qui traitent directement avec l'autorité royale ?. Ce sont les continuateurs des " Nautoe Parisiaci ", les représentants successifs de ces antiques corporations de Bateliers, que l'on trouvait aussi bien sur le Rhône, la Loire ou la Seine









Ces gens qui par les services qu'ils rendent aux villes en les approvisionnant, par le développement de la richesse acquise, et la puissance inhérente à toute collectivité arrivent à constituer le noyau de la bourgeoisie. Ils vont se placer naturellement à la tête des populations urbaines. Marchands et édiles font habituellement le commerce par l'eau, remplissant dans l'intervalle les fonctions municipales, ils sont magistrats la tranquillité de la ville et l'approvisionnement en sont le principal objet !!

Le pavage des rues, en particulier, est une attribution fondamentale des corps municipaux !!, l'entretien des chaussées, des quais, des ponts et des fontaines leur incombaient dès la plus haute antiquité. Cette besogne imposée aux bourgeois au titre de dépense municipale, comme le fut plus tard la construction d'une enceinte défensive, comprenait le pavage de toutes les voies publiques, autres que la croisée Royale !

La croisée royale correspondait à deux grandes voies se croisant en la cité, du nord au sud, l'une menait de la porte Saint Denis à la porte Saint Jacques, et d'est en ouest menait de la porte Baudoyer au château du Louvres, et qui par le fait de leur croisement formait 4 rues principales, dont le pavage et l'entretien restait à la charge du trésor royal, comme chemin du roi

Pour le reste bourgeois et marchands se répartissaient entre eux les frais de premier établissement et d'entretien selon l'importance des voies










Les voies les plus fréquentées étaient à la charge de la communauté, les plus petites bordées ordinairement par les propriétés de deux ou trois habitants étaient entretenues par ces derniers. Cette attribution, ce partage, entre la ville, le roi et ses habitants sont confirmés en 1285 par Philippe IV le Bel lors de son avènement au trône, et cela traversera les siècles en formant longtemps la base de notre droit public !!

Mais revenons à nos marchands de l'eau, que l'on voit en 1200 traiter avec leurs confrères de Rouen, puis solliciter en 1204 de Philippe Auguste, une Charte, pour confirmer l'accord entre les marchands parisiens et les commerçants de France et de Bourgogne. En 1258 ils font rendre au Parlement un arrêt maintenant les privilèges de la marchandise de l'eau

Puis comme magistrats municipaux ils obtiennent du roi des lettres octroyant des droits de navigations allant de deux à six sous afin d'établir à Paris un port de chargement et de déchargement. Si l'on désire parler du sérieux de ces gens ils suffit de dire que le roi Philippe Auguste leur confie son fils en partant pour la croisade !!

Pendant le XII et la première moitié du XIII siècle, nous ne trouvons que des marchands et des bourgeois à ces postes. Mais vers 1260 apparaissent pour la première fois des traces d'une hiérarchie plus municipale que bourgeoise et marchande, une autorité rivale !!!, les corporations de métiers, elles sont de plus en plus puissantes et organisées.  Le XIV siècle verra le début du compagnonnage et de la Franc Maçonnerie









Le Prévôt des marchands le plus anciennement connu est Jehan Augier, c'est du moins le nom que l'on voit apparaître pour la première fois sur un document en 1268 (ce qui ne veux pas dire qu'il n'y eut pas de prévôts avant lui !!!), il siégeait au " Parloir aux Bourgeois " (l'hôtel de ville n'existera qu'après Etienne Marcel), avec Cochin, Martin Poitevin, et de Chastiau Festu.

Dès 1292 ils arrêtent l'état des revenus du parloir aux Bourgeois, c'est à dire qu'ils établissent leur budget, en cens et rentes, sur les particuliers, le Clergé séculier et régulier, les seigneurs et le roi

En 1298, le prévôt, les échevins, les preudomes, vont soumettre à l'arbitrage du Prévôt Royal du Châtelet, la répartition d'un don de cent mille livres fait au roi par les habitants !!!!, mais ils demandent que les Templiers dont tous connaissaient le luxe et la richesse, prennent leur part de cette charge vu qu'ils logeaient en Paris. Ce qui prouve déjà la puissance de l'organisation municipale, comme d'ailleurs le début des conflits avec les Blancs manteaux !!!

Mais on voit aussi la Prévôté Bourgeoise résister et s'opposer aux prétentions des Sergents à cheval du Prévôt Royal du Châtelet, qui voulaient s'arroger des privilèges contraires à ceux du Prévôt des marchands !!!




PS: documentation BNF, sur un texte de L M Tisserand, le prochain article portera vous vous en doutez sur notre Marchand Drapier, qui déclencha la révolution manquée du XIV siècle, Etienne Marcel ....M de V