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mardi 20 mars 2018

La Hire et Xaintrailles, Capitaines de Charles VII

Inséparables !! telle est l'image que La Hire connu sous le nom d'Etienne de Vignoles et Jean dit Poton de Xaintrailles, véhiculent à la postérité jusque dans nos livres d'histoire les plus récents.

Ils sont présentés par les médiévistes, comme de rudes Capitaines de Compagnies Gasconnes, fidèles au Dauphin, puis au roi Charles VII, Ils seront compagnons de Jeanne d'Arc (voir article), au même titre que Dunois Bâtard d'Orléans, Jean V de Bueil, ou Gilles de Laval, Baron de Rais (voir article), Jean V de Bueil fut même sous les ordres de la Hire dans sa compagnie, il en parle avec admiration dans son " Jouvencel " et note que l'on voit nos deux compères agissant et opérant de concert.

La période la plus connue de la carrière de nos deux capitaines étant selon Boris Bove, l'épopée Johannique et plus particulièrement le siège d'Orléans ! Pourtant les historiens se sont peu intéressés à ces deux capitaines de routes. En effet si Jean V de bueil est plus étudié des médiévistes c'est grâce à son livre le Jouvencel, car nos deux rustiques compagnons Gascons, n'ont eux rien écrit.

La dernière publication sur La Hire date de 1968 et celle de Xaintrailles de 1902 !!, et je ne vous parle pas de l'histoire du brave La Hire, racontée par Armand de Salignac en 1863, ou notre capitaine tout bébé, abandonné sous un pont avec une épée, fut apporté sur le lit de mort du Connétable Du Guesclin moribond, qui reconnait l'enfant comme étant le fils d'un de ses compagnons d'armes "Vignoles " ( référence Gallica BNF)








Je me propose donc d'exposer le point de vue de Christophe Furon, en octobre 2016, pour retracer brièvement les carrières respectives de nos deux capitaines, comprendre le rôle du roi dans leur ascension et de se poser la question sur la réalité de leur compagnonnage.

Nés vers la fin du XIV siècle, issus tous deux de la petite noblesse Gasconne, La Hire et Poton apparaissent pour la première fois au service du Dauphin en 1418, parmi les capitaines se ralliant à lui, après sa fuite de paris vers Melun. Ce ralliement est logique vu l'appartenance à la mouvance Armagnaque des Vignoles et des Xaintrailles, liés par des relations vassaliques aux Albret et aux Comtes d'Armagnac, ils figurent d'ailleurs tous les deux dans l'armée de Bernard VII d'Armagnac, lors de sa campagne contre le Comte de Foix en 1415

A partir de 1418, les contemporains, comme le Héraut Berry, ou la chronique Martiniane, considèrent que leur rôle dans la lutte contre les Anglo Bourguignons fut essentiel !, ou il est dit: " qu'ils ont fait au royaume de France, plusieurs grands et louables services "

A cette époque nos deux compagnons n'étaient que de petits capitaines, mais si l'on considère leur affrontement contre le seigneur de Longueval en 1419, ou ils engagent à eux deux quarante Lances!....cela fait réfléchir, car si l'on considère qu'une lance se compose de dix à douze hommes en général, ce n'est pas peu, représentant donc une troupe, au pire de quatre cent hommes, au mieux de cinq cent, même s'il faut être prudent à propos des effectifs militaires fournis par les chroniqueurs de l'époque!!!!!









Les deux capitaines commandaient la même compagnie, si le fait était assez rare au XV siècle, il était néanmoins courant au siècle précédent. Dans les années 1420, ils opéraient à la frontières des territoires bourguignons, menant une guerre d'escarmouches et de coups de mains, tant pour Charles VII  que pour eux même.


Les effectifs dont ils disposaient étaient modestes, ils ne pouvaient donc prétendre jouer un rôle plus important que celui de routiers vivant sur le pays, mais leurs actions communes ou distinctes divisaient les forces adverses, se livrant à un harcèlement psychologique permanent. Ils étaient des spécialistes du combat sous forme de raids et maîtrisaient à fond l'art de l'utilisation du terrain

C'est cette guerre d'usure qui faisait la réputation des routiers et de nos deux compères en particulier!! Ils étaient: "permettez moi l'expression " comme deux furoncles plantés dans le fessier Bourguignon !!. Même Armand de Salignac dans son livre ne les qualifie pas d'autres termes que: " routiers, tard-venus, tondeurs, écorcheurs, ils étaient les dignes descendants des grandes compagnies du XIV siècle !!









C'est à la suite de la désastreuse bataille de Verneuil, lorsque au soir de ce 17 Août 1424, le roi se retrouve sans armée !, que nos deux capitaines vont par la force des choses acquérir une position importante au sein du commandement de l'armée royale.


Le roi est dans l'obligation de mettre en avant des personnages qui n'avaient joués jusqu'alors que des rôles secondaires, tel un Jean de Dunois, Bâtard d'Orléans.

Un fait révélateur, c'est que La Hire semble avoir connu un accroissement des effectifs de sa compagnie suite à la défaite de Verneuil, car les hommes dont le chef meurt, recherchent un capitaine capable de leur assurer subsistance et renommée: Un Antoine de Chabannes et un Jean V de Bueil, respectivement pages du Comte de Ventadour et du Vicomte de Narbonne, morts lors de cette bataille, vont entrer à son service à ce moment la !!

A partir de ce moment, même s'ils ont des carrières distinctes, nos deux capitaines agiront souvent conjointement, que ce soit pour des opérations militaires ou pour de simpes courses. Nous savons selon la Chronique de Monstrelet, que Jean V de Bueil fut au service de La Hire de 1424 à 1428, ce qui nous permet de croire qu'ils connaissait fort bien La Hire et Xaintrailles et de ce qu'il en dit dans son Jouvencel !!!








Au fil des siècles, mythe et histoire s'interpénètrent pour faire évoluer La Hire et Xaintrailles dans le grand roman national, et furent utilisés par les auteurs du XVI, XVII et XIX siècles comme héros du royaume ou de la nation !!

Mais cela ne doit pas nous faire oublier la réalité des choses, au delà de la prose et de l'enluminure de notre riche histoire, qu'ils étaient avant tout, des capitaines pour qui la guerre était un mode de vie et un moyen de subsitance !!!

N'oublions pas surtout qu'au delà de leurs gloires personnelles se cachent deux compagnies d'hommes d'armes sans lesquelles rien ne pu s'accomplir !!!

Mais avouons que Jean V de Bueil fut à bonne école pour parfaire ses connaissances guerrières avec de tel hommes de guerre, peut être doit il une part de son titre, mérité au demeurant, de Fléau des Anglais à ces deux hommes.

PS: Je laisse au Groupe le Jouvencel et la famille de Bueil dans l'histoire de France le soin de mettre le mot de la fin M de V