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lundi 25 mars 2019

La Fin d'un chef de Route, Mérigot Marchés

Un des épisode les plus attachant auxquels Jéhan Froissart ait consacré plusieurs pages de son oeuvre est sans conteste, la capture d'un chef pillard, un capitaine de route qui à la fin du XIV siècle opérait " en la Marche d'Auvergne ", glissons nous avec délectation dans son cheminement de pensées et contons avec lui la capture de Mérigot Marchés !!!

Une trêve avoit été conclue avec l'Anglois, et les chefs les plus redoutables de ces bandes avoient été selon Froissart "nommés estroitement et closement en ladite Chartre, afin que se en nul cas, eux et les leurs ne puissent faire choses préjudiciables, et qu'il ne s'en puissent excuser "

Parmi les plus dangereux des ces Routiers brigands,  on y avoit désigné Mérigot Marchés. Mais qui était cet homme, Jehan Froissart ne cite pas son origine et se montre fort sobre des détails sur sa famille. Heureusement la documentation est moins discrète, néanmoins il faut avouer, quand on le connait, que notre Froissard ne cotoyait que la crème de la noblesse, il avait un petit côté pédant et snob notre poète chroniqueur. Oui vous allez dire que le nain est médisant, mais c'est ce que je crois !!

Le Mérigot était en fait écuyer et fils aîné d'Aymeri Marchés, chevalier Limousin et de Marguerite d'Ussel. Ses frères cadets s'appelaient Girart et Huguenin. Il avait également une Tante maternelle, du nom de Maragde d'Ussel, Dame du Boucheron. On lui connaissait également trois Oncles Guyot, Hugues et Géraud d'Ussel

Fort tôt les trois fils du Chevalier Limousin embrassent le parti Anglois, je ne saurais dire si le père épousait aussi la cause Anglaise ou s'il était un partisan du roi Charles VI le fou !!!!!!








Toujours est il que ce roi de France, dans ses moments de lucidité disait volontiers de l'aîné des Marchés " qu'il avoit tenu et tient encore le parti de nostre adversaire d'Angleterre, contre nous et nos subgez, ayant fait damnables faits de guerre envers nous, son souverain et seigneur, il étoit désobeissant et rebelle, commettant crime de lesz majesté "

Toute la famille ne suivi pas le parti d'Albion, car en 1394, sa tante Maragde d'Ussel soutenait " qu'elle avoit été tousjours femme d'onneur et de bien, et qu'elle a tousjours tenu le parti du roi ". Il semble même qu'un de ses frères, on ne saurait dire lequel, était du parti du roi et qu'il n'embrassa le parti Anglois que pour une sombre histoire de vengeance !!

Pour Mérigot l'affaire est entendue !! ses sentiments estoient connus de tous, et la trêve dont il a été question plus haut ne pouvait qu'être fort mal accueillie par lui. Il faut dire qu'il avoit réuni par meurtreries et pilleries en tout genre un magot de cent mille francs or.

Alors quand ses compagnons de routes, las d'êtres au repos forcé, lui proposent de reprendre leur vie de pillards il ne fut pas long à reformer ses bandes !!!. Ben oui quoi chassez le naturel il revient au galop et puis on ne change pas une équipe qui gagne mordious !!!!!









Le Comte d'Armagnac aimait bien le Mérigot, et désirait se l'attacher pour plusieurs raisons, selon Froissart " il le sentoit subtil, expert pour eschellier forteresses, ou pour fournir conseils en toutes manières d'armes que l'on vouloit avoir ", bref !! le Mérigot était un pro !. Comme le Comte d'Armagnac s'était fait remettre, lors des négociations de la fameuse trêve, les places que les Anglois tenaient, et en particulier la forteresse d'Alleuze, notre Mérigot lorgnait dessus !!. Il lui fallait un refuge pour sa bande de routiers et son magot

Il s'en va proposer au Comte d'occuper le château de la Roche Vendeix, de le remettre en état à ses frais et de le fortifier pour lui. Cela fut fait rapidement par notre Renardier compère et sa bande de coupes jarrets, ils firent si bien que la place était quasi imprenable. Une fois le nid prêt pour les périodes hivernales, il vont reprendre leur besogne infernale....ben quoi il faut bien manger hein !!!!

Ils se mirent donc à piller et rançonner, forcer filles et rudoyer le manant parmi les populations des alentours, au grand trouble de leurs voisins nobles, en particulier le sire de la Tour, la Dauphine d'Auvergne et les petits Hobereaux campagnards!!

Les plaintes ne vont pas tarder à remonter et le roi fut par le fait prévenu, ce dernier fulminant charge Robert de Béthune, Vicomte de Meaux, de s'emparer de Vendeix et de détruire la forteresse ...plus facile à dire qu'à faire, car nos beaux chevaliers craignaient les routiers comme la peste, depuis la raclée qu'ils avaient pris contre eux à la bataille de Brignais (voir article)








Il avait aussi été demandé au bon Vicomte de se saisir, s'il était possible, de la personne de Mérigot Marchés, mais pour coincer pareil renard il fallait se lever bon matin !! Malgré la bonne volonté du Vicomte de Meaux, le siège de Vendeix trainoit en longueur, comme escargot sur salade ..Car il y avait un souci, la place fort bien conçue ne pouvait être investie de tous côtés, donc l'occupant gardait possibilités de communication avec l'extérieur, et bien malin qui pourrait déloger le Mérigot !!!!

Notre routier avait essayé d'intéresser à son sort le Duc de Berry, qu'il savait désireux de plaire au roi d'Angleterre et au Duc de Lancastre, mais sans succès. Il décide donc de sortir avec quelques hommes pour réunir des troupes, ceci afin de pouvoir ensuite prendre à revers les troupes du roi de France qui lanternaient devant Vendeix !!

Toutefois avant de quitter le château, il enjoint son oncle Guyot, à qui il laisse le commandement, de ne rien tenter et de ne pas faire de sortie pour essayer de briser le siège !!! mais voila le Guyot a les mérangeoises faiblardes, cela fait pas 12 jours que Mérigot est parti, que l'oncle piaffe d'impatience !!! Selon Froissart " il estoit bon homme d'armes et longs temps en avoit usé, mais il se fourvoya par outrecuidance, car le grand désir qu'il avoit de faire armes lui fist oublier les recommandations de son neveu ". Ce fut sa perte car lors de sa sortie, pour jouer les batteurs d'estrade, 12 hommes placés en embuscade lui coupèrent la retraite et le Guyot, gros jean comme devant fut fait prisonnier !!!








Dès lors le sort de Vendeix était clair, car le Guyot fut menacé d'être raccourci de la tête, s'il ne décidait pas les défenseurs à se rendre. L'oncle de Mérigot n'hésita pas à trahir son neveu, pour garder sa tête à la place ou il trouvait, somme toute, qu'elle allait bien. Or donc le Vicomte, la victoire lui tombant toute rôtie en bouche, pris le château et le fit raser !!!

Le Mérigot apprenant la bourde de son oncle entra dans une ire extrême, il n'avait plus de refuge, plus de magot, sa position était critique !!!. Froissart dit " le fol avoit bien la finance, mais perdit sur un jour chastel et avoir ". Se souvenant, colère passée, d'un sien cousin en Auvergne, le sire Jean de Tournemire, il s'y rend accompagné d'un page, convaincu d'y trouver bon accueil, demander l'hospitalité à ce parent !!

A peine arrivé, que le fourbe de cousin, entrevois le moyen facile de se faire pardonner ses propres méfaits, auprès du Duc de Berry, Lieutenant du roi en Auvergne !!. Franc comme une planche pourrie, sans tant languir, il fait couvrir le cousin Mérigot de chaines.....votre copiste dirait Oncle et Cousin famille de Bren !!!!....oui je m'égare désolé

En juillet 1391 il se retrouve au Châtelet, ou son compte fut vite réglé, exposé au pilori le temps que l'on lise ses méfaits par l'intermédiaire de Messire Guillemme le Bouteiller, on lui tranchera la tête le 12 juillet, et son corps coupé en quartiers ira orner les quatre portes principales de Paris. Comme dit Froissart " ainsi finit Mérigot Marchés, faute d'avoir tourné ses usages et ses argus en bonnes vertus "



PS: documentation BNF, sur un livre issu de l'école des Chartes, et un peu de prose du nain M de V