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lundi 27 janvier 2020

N°340) Le siège de Metz, ville république de l'Empire 1444-1445

Le roi Charles VII avait activé des opérations militaires dans le pays des trois évêchés, Metz, Toul et Verdun, cette contrée ayant fait partie du royaume il comptait bien les faire revenir dans le giron de la France !!!, c'est suite à la dissolution féodale de l'Europe occidentale qui suivi le démembrement des possessions de Charlemagne, qu'avait été distrait de leurs adhérences naturelles ces régions, pour se retrouver soumises aux Empereurs Allemands. Le dessin du roi était de faire triompher son droit sur ces contrées !!!

On évalue les forces pour cette entreprise, à environ 30 000 hommes. Le monarque avait envoyé le 4 septembre 1444 un héraut sommer les gens d'Epinal d'avoir à reconnaître son autorité, la ville à cette époque relevait de l'évêque de Metz, les habitants vont accueillir sans aucune résistance l'injonction du roi, et quelques jours plus tard remettent les clefs de la ville à Pierre de Brezé

Le 10 du même mois, 10 000 français, alliés et écorcheurs, entrèrent en armes sur le territoire Messin, s'emparant à la chaude, de divers postes et maisons fortes que l'état de Metz entretenait sur ses terres. Le 22, un héraut parut aux portes de la cité et somma l'autorité de la ville d'envoyer des plénipotentiaires à Nancy, afin de recevoir les ordres et l'ultimatum de Charles VII.

Pas plaisant à entendre quand cela fait des décennies que l'on est autonome et que l'on gère sa cité pratiquement sans aucune ingérence, le message ne passe pas bien, c'est le moins que l'on puisse dire !!!







Il faut dire que Toul la Sainte, Verdun la Noble et Metz la Riche, formaient autant de petits états indépendants, avec en plus le titre de villes libres Impériales !!!. Metz la plus puissante des trois était fort jalouse de ses immunités et va seule opposer une sérieuse résistance aux troupes de Charles VII

La direction politique de cette cité, désignée sous le nom de République était confiée à un conseil dont les membres étaient pris dans les trois ordres, Noblesse, Clergé et Tiers état. Le Maître échevin élu par ses pairs y exerçait le pouvoir exécutif, assisté de membres de différents conseils collectifs, qui délibéraient

L'un de ces conseils dit: " les sept de la guerre ", était préposé à la défense et aux opérations militaires, aux premières rumeurs d'invasion, les sept, vont déployer une intense activité. La ville entretenait dans son enceinte et les Maisons fortes aux alentours, une garnison composée de Soudoyers, de Chevaliers à gages et de compagnons d'armes aguerris, la cité elle même était protégée par de fortes murailles 

Ils vont augmenter leurs effectifs et se pourvoir en abondance de provisions de bouche et de munitions d'artillerie, ce qui fait que lorsque les troupes du roi arrivèrent ils étaient prêt à les recevoir !!








Le siège de Metz devait durer environ sept mois, car malgré la disproportion apparente des forces, les conditions de la guerre à cette époque, et la défense des places rendaient la situation de Metz inexpugnable

Les troupes d'écorcheurs se livrèrent contre la ville et le pays environnant à leurs exactions et débordements habituels !!. Mais les Messins ne furent pas en reste, et n'épargneront rien à leurs adversaires ni les représailles, ni même les actes de barbaries, les prisonniers français étaient le plus souvent sommairement noyés, seul un tout petit nombre fut conservé pour être mis à rançon. Il faut bien avouer que cela allait à l'encontre de toutes les lois de la guerre et de l'honneur de faire subir ce genre de traitement aux prisonniers !!

Les Messins, toutefois, se voyaient de jours en jours incommodés dans leur commerce, ainsi que dans leurs possessions vont finir par négocier et entrer dans une phase de pourparler. Ils vont députer des fondés de pouvoir auprès de Charles VII, le 28 février 1445, un traité fut signé, la ville devait payer 20 000 écus au roi pour frais de guerre, mais leur état conservait ses privilèges

De part et d'autre les prisonniers devaient être rendus sans rançon, mais sur les 700 prisonniers fait par la ville de Metz, seulement une petite soixantaine avait survécu !!!




PS: les infos proviennent de la BNF, sur de la documentation de l'école des Chartes M de V

dimanche 26 janvier 2020

La Bataille de la Birse, ou bataille de Saint Jacques 1444

Le 26 août 1444, sous les murs de Bâle, entre le village de Saint Jacques et Grundolingen, les Suisses exaltés par leurs succès de la veille, à Prattelen et Muttens, vinrent se heurter au gros de l'armée du Dauphin Louis, qui possédait force artillerie et des troupes bien supérieures en nombre aux confédérés Suisses, les Français les attendaient donc dans une position stratégique avantageuse !!

C'est Jean V de Bueil (lire article 306, Jean V de Bueil, le Fléau des Anglois), qui commandait les troupes du Dauphin ce jour. Jean avait été formé fort jeune au métier des armes par La Hire et Xaintrailles (lire article 136, La Hire et Xaintrailles Capitaines de Charles VII), le moins que l'on puisse dire c'est qu'il était à son affaire le Jean !! Les Suisses ayant passé la Birse, engagèrent le combat dans la plaine. Ces confédérés étaient armés de longue lances et combattaient à pied, et jamais dans leurs luttes précédentes sur le sol de France les soldats du Roi Charles VII n'avaient eut à affronter une aussi redoutable infanterie

Les Suisses inférieurs en nombre vont combattre avec une rare intrépidité, repoussés d'abord sur l'île de la Birse. Une partie des confédérés vont s'adosser contre la muraille d'un cimetière attenant à la maladrerie du couvent de Saint Jacques et défendirent chèrement leurs vies, pratiquement jusqu'au dernier. L'ensemble des troupes Suisses furent écrasés sous le nombre, les deux tiers restant morts sur le terrain







Le Dauphin Louis n'assista pas à cette chaude journée de Saint Jacques, ce qui semble normal pour l'époque considérée, car on n'expose pas au danger l'héritier du trône, dans un conflit hors de France !!

Le Dauphin alla ensuite s'installer à Ensisheim, ou il passera, en date du 28 octobre 1444, un Traité avantageux avec les Suisses et les Bâlois. Au terme de cet accord, non seulement la paix générale était faite entre la France et les Allemands, mais les Suisses contractèrent des lors, avec la monarchie Française, des liens d'alliance et d'amitié qui donnèrent lieu, de la part des Suisses envers la France, à des services durables

Louis restera marqué par la qualité manoeuvrière de l'infanterie Suisse, à tel point que plus tard, quand il fut Roi, il fera venir un fort contingent de ces lances Suisses, afin de servir d'instructeurs et de former l'infanterie Française (lire article 111 Louis XI et ses Suisses instructeurs de l'infanterie de France)



PS: BNF, documentation de l'école des Chartes M de V

vendredi 24 janvier 2020

Charles VII, Marie d'Anjou, Yolande d'Aragon et Agnès Sorel

Charles VII en prenant de l'âge va se modifier , avec des progrès significatifs dans l'exercice de sa fonction de monarque. Ils furent à une période, si rapides et complets, qu'ils avaient été jusque-la lents et tardifs, et c'est le moins que l'on puisse dire !!!!. Mais comment expliquer cette magnifique et soudaine transformation ????

Ce changement dans son caractère, si subit, si radical, semble dénoter une influence extérieure. Bien sur nous remarquerons la présence d'Agnès Sorel et l'histoire prête à cette femme, par la séduction et des facultés supérieures cette transformation du roi Charles VII. Par contre des érudits et des moralistes austères ont opposé à cette hypothèse une fin de non recevoir préjudiciable, et se sont attachés à nier la réalité historique en la réfutant par moult arguments.

D'aucuns ont voulu que cette influence vienne de la Reine Marie d'Anjou, tandis que d'autres voulaient l'attribuer à la mère du roi, Yolande d'Aragon !??!. Essayons de remettre les choses à leur place mordious !!

En ce qui concerne Marie D'Anjou cette attribution ne subsiste pas devant une étude approfondie, des caractères et des facultés de cette modeste reine, Marie était l'exemple même des plus pures vertus domestiques, dévouée à son époux, la pieuse Marie n'aspira jamais à la direction morale du roi Charles VII. Dans sa naïve et chrétienne abnégation, les actes de sa vie nous la font voir, comme admirant son époux, ou subissant, pour le moins !!, sa volonté souveraine

Quand à sa mère, Yolande d'Aragon, si elle avait pris la tutelle morale de son fils, lorsque ce dernier était adolescent et qu'il naissait à la vie publique, son influence et ses conseils ne permettent pas de l'imputer personnellement dans le changement soudain du Monarque après la paix d'Arras. Car Yolande atteinte par l'âge du repos et de la retraite, semble avoir pris dès lors une part peu active aux affaires du royaume, et entretenait avec son fils des relations personnelles épisodiques

Cela s'applique également à ses conseillers, qui bien que lui inspirant d'heureuses ou de malheureuses suggestions, ne pouvaient changer ce monarque à ce point !!!. Force est donc de constater qu'il nous reste qu'une seule hypothèse tenant debout, et c'est celle se rapportant à Agnès Sorel !!








Charles VII en accordant à cette femme célèbre une faveur intime, absolue et incontestée, viola sans doute (pour cette époque), la sainteté du lien conjugal, car l'idéal qui dominait les moeurs au moyen âge, ce que nous nommons aujourd'hui "l'Amour" s'est transformé de siècle en siècle. Mais sous le règne de Charles VII le principe prépondérant dans les lois était la doctrine de l'église

L'amour y était signalé flétrissure, comme un des périls de la chair, comme un piège ou la vertu ne peut que succomber. L'église n'en permettait les plaisirs que dans les limites du mariage !!!

Agnès Sorel, dit on, naquit vers 1410 à Fromenteau en Touraine, mais le lieu de sa naissance, aussi bien que la date ne nous est certifié par aucun document authentique, contemporain et irrécusable. Elle était fille de Jean Soreau (ou Sorel), et de Catherine de Maignelais, son père était écuyer seigneur de Coudun

Jean était conseiller et serviteur de Charles Comte de Clermont en l'an 1425, mais selon les sources il était mort avant 1446. Sa mère Catherine était châtelaine de Verneuil en bourbonnais et mourut après 1459. Les Magnelais et les Sorel étaient deux familles de chevalerie ancienne bien connues en Picardie

D'après l'affirmation du Pape Pie II, témoin et acteur du traité d'Arras, Agnès passa à la cour de France en septembre-octobre 1435, elle accompagnait, dit il, Isabelle de Lorraine, lorsque cette princesse, épouse de René d'Anjou, se disposait à partir pour Naples. Il ajoute qu'Agnés resta dès lors parmi les femmes de la suite de Marie d'Anjou

Un contemporain Jacques du Clercq, s'exprime sur cette liaison en ces termes: Le Roy Charles, avant qu'il eut paix avec le Duc Philippe de Bourgoigne, menoit moult sainte vie, et disoit ses heures canoniaulx. Mais depuis la paix faite au dit Duc, encore qu'il continuast au service de Dieu, il s'accointa d'une jeune femme, laquelle fut depuis appelée la belle Agnès !!!










Charles VII eut d'Agnès quatre filles, dont la dernière ne survécu seulement que quelques mois à sa mère. Le Père Anselme qui suit ordinairement l'ordre de primogéniture énumère ainsi les trois autres enfants: Charlotte, Marie, et Jeanne

Charlotte naquit en 1434, et Marie naquit peu de jours après le mariage du Dauphin Louis et de Marguerite d'Ecosse célébré en 1436. Quand à Jeanne la troisième, elle fut mariée le 23 décembre 1461 à Antoine de Bueil, mineur d'ans, et fils aîné de l'amiral Jean de Bueil. M Delort affirme que Jeanne avait vu le jour au château de la Beauté sur Marne en 1445

D'après ces dates la liaison de Charles VII et d'Agnès Sorel (ou Sorelle), remonterait au moins à l'an 1434, et que si l'on transpose l'ordre de primogéniture du Père Anselme, on arrive fatalement à l'époque du Traité d'Arras, septembre-octobre 1435 !!!

Ces mêmes dates que l'on retrouve dans les écrits de Pie II et de Jacques du Clercq. Or donc cette période correspond d'une manière remarquablement troublante avec la phase historique à laquelle nous avons cru bon de donner le nom de métamorphose de Charles VII ????

Pour le nain cela ne fait pas un pli !!!...Agnès fut bien à l'origine de cette transformation du monarque mordious !!!.....mais je ne suis qu'un Nain, alors à vous de vous faire votre propre opinion ???



Nota: a sa mort Agnès Sorel légue à l'Abbaye de Jumièges 800 Saluts d'Or, monnaie frappée sous Charles VI et Charles VII. Le Salut valait 25 sous Tournois de l'époque. Ceci afin que tous les jours et à perpétuité les moines disent une messe basse pour le salut de son âme. Avec le convertisseur dont je dispose cela représente 160 000 euros quand même !



PS : la documentation de cet article provient comme d'habitude de la BNF et de l'école des Chartes... M de V