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lundi 29 avril 2019

N°310) Formation du Médecin au Bas Moyen âge

Dès le début du XIII siècle les études médicales deviennent plus complexes, les étudiants qui désirent entreprendre des études de médecine devront d'abord être "Maîtres es art", c'est à dire avoir acquis de solides connaissances en latin, Grec, Français et en Philosophie.

Ensuite les études proprement dites vont durer entre trois ou quatre ans suivant les différentes Facultés de médecine. Les cours se présentent sous la forme de lecture des différents auteurs reconnus, que les professeurs commentent. Ces enseignements se complétaient par des visites à domiciles de malades, ce qui permettait aux étudiants d'avoir un enseignement clinique somme toute assez moderne pour l'époque.

A l'issue des trois premières années d'études, l'estudiant effectue un stage pratique chez un médecin, pour une durée allant de six mois à deux ans suivant les différents écoles. Ensuite notre estudiant passe son premier diplôme le menant au titre de Bachelier, puis ce dernier devait passer une Licence, qui jusqu'à une certaine époque terminait son cycle d'études !!

Mais très vite la faculté de Paris va exiger un grade supplémentaire: la Maîtrise, et c'est également à la fin du XIII siècle que sera créé le dernier grade: le Doctorat









Ce doctorat permettait l'enseignement de la médecine avec le titre de Docteur Régent. C'est au XIV siècle que vont se fixer définitivement, avec quelques nuances selon les facultés, les règles d'organisation des études et des examens en médecine. Les études dureront au minimum trois ans avec un stage pratique obligatoire, les examens étant regroupés à la fin de ces trois années, le Baccalauréat, la maîtrise et le doctorat.

A Montpellier seule la licence sera exigée pour pouvoir pratiquer la médecine et la maîtrise pour enseigner et ce jusqu'au XVI siècle. A la différence de Paris ou la faculté préfère ne donner l'autorisation d'exercer qu'avec la maîtrise. Pour les villes éloignées d'un centre universitaire, le bachelier pouvait y pratiquer la médecine !!

Ainsi en s"appuyant sur les recherches de Danièle Jacquart, plus de la moitié des étudiants en médecine connus entre le XII et le XV siècle atteindront le diplôme de maîtrise et 38% d'entre eux deviendront Docteurs Régents. Par contre 34% des étudiants ne parviendront pas à la licence, soit en raison du coût élevé des études, soit pour un changement d'orientation

Ses recherches lui font conclure que 48% des médecins connus pour exercer la médecine durant la période pré-citée, seront passés par une formation universitaire qu'elle que soit la faculté considérée










 Or donc à partir du XIII siècle les universités vont peu à peu acquérir le droit exclusif de former les praticiens en médecine. Il faut se souvenir qu'au début du moyen âge la plus grande partie des étudiants en médecine étaient des Clercs ou des futurs Clercs !!, sauf en Montpellier ou la population estudiantine est d'ores et déjà, très mêlée et ou se côtoient Clercs et Laïcs, Français comme étrangers, exception faite des Juifs, qui en France n'ont pas accès à l'enseignement universitaire.

Les étudiants comme les professeurs forment un groupe corporatif, les gens d'origine noble peuvent s'inscrire car, contrairement à la Chirurgie et la Barberie, la pratique de la médecine n'entraînait pas de dérogeance. Par contre l'obtention d'un diplôme obtenu dans une faculté de renom comme Paris ou Montpellier donnait ipso facto la noblesse personnelle !!, ce qui attire bien évidemment les étudiants

De même que les titulaires de chaires en médecine pouvaient obtenir la noblesse héréditaire après vingt ans d'enseignement, l'entrée dans les ordres ou dans la noblesse était l'ascenseur social par excellence !!!

C'est au Moyen âge que va progresser grâce à l'université, la médecine Arabo Galénique fondée sur la pathologie humorale, et qui va créer par le fait une demande croissante de Saigneurs !!, et par voie de conséquence développer l'enseignement de la chirurgie du moins au départ !!!!









Mais comme nous l'avons vu nos universitaires sont à cette époque en majorité des Clercs, or dès le XII siècle des décisions conciliaires successives, en particulier celle du Latran de 1215, vont émettre des réglementations qui tendent à limiter l'exercice de l'art de guérir par les Clercs !!, en proclamant l'interdiction de verser ou de toucher le sang.

Cette interdiction ne touchera au départ que les Clercs munis des ordres majeurs, mais elle va s'étendre peu à peu à tous les Clercs universitaires. De ce fait, en raison de l'impossibilité pour eux d'accéder à la cléricature, tous ceux qui se destinaient à la chirurgie vont abandonner cette spécialité aux Laïcs, pour ne se consacrer qu'à la médecine. C'est ainsi que tout un pan des études va se laïciser et quitter l'université











Considéré désormais comme un art mécanique le discrédit de la chirurgie ne va cesser d'augmenter, excepté à Montpellier, mais il sera de plus en plus difficile pour les étudiants en chirurgie de suivre des cours de médecine, notamment à Paris !!

L'enseignement de la chirurgie finira par être dispensé selon la relation Maître-apprenti comme n'importe quel autre corps de métier du moyen âge !!


PS: documentation du CRMH, regards sur la profession médicale en France médiévale du XII au XV siècle, pour offrir un autre regard par rapport aux articles que j'ai déjà fait sur le sujet M de V