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jeudi 26 septembre 2019

Etienne Marcel et la défense de Paris

Quoiqu'en ait dit fort longtemps l'historien, il ne semble pas que les Bourgeois avaient dans l'idée d'usurper le pouvoir, et le Prévôt des Marchands avec ses amis ne pensaient pas, à ce moment, profiter du fait que le roi fut prisonnier pour secouer le joug et se chercher une autre sorte de dirigeant. Néanmoins ils avaient présent à l'esprit, l'exemple de ces grandes villes des Flandres ou d'Italie (voir articles), qui se gouvernaient elles mêmes !!!

Ils voulaient savoir, légitimement je pense, comment serait ordonné et gouverné le royaume de France, jusqu'à ce que Jean II le Bon (voir articles), leur Sire, serait délivré. Mais ils voulaient également avoir connaissance de ce qu'il était advenu de ce grand trésor levé sur le royaume lors des états (voir article), en dixièmes, maletoltes, subsides, et forgeages de monnaies, ainsi que toutes les autres extorsions dont les gens avaient été fort malmenés, les soudoyés mal payés, le royaume mal gardé et encore plus mal défendu !!!!!!

Seuls les Bourgeois de quelques grandes villes avaient suffisamment confiance en la force et les valeurs qu'ils représentaient pour poser ce genre de questions, et Paris se croyait prête à s'engager dans cette voie nouvelle, ou le Bourgeois qui possédait l'argent demandait des comptes !!.

Etienne Marcel n'en continuait pas moins d'exercer sa charge avec une compétence et une prudence, qui lui conciliaient biens des esprits parisiens. Nos citadins de la bourgeoisie, des artisans, des ouvriers de ces corporations de métiers et de guildes comptaient sur lui dans les graves circonstances ou ils se trouvaient

Car il était un de ces trois surintendants qui avaient été désignés lors des états (voir article), pour empêcher que l'on fit un mauvais usage des taxes levées, ce qui était une des habitudes de ce néfaste roi Jean II le Bon.

Quand notre Prévôt vit le roi prisonnier, les princes fugitifs, la noblesse vaincue et déshonorée, on est en droit de penser qu'il cru que c'était à eux désormais de défendre leurs possessions !!, mais ne pouvant donner des ordres hors de la cité Capitale, dont il était le premier magistrat, du moins fit il voir par son exemple ce qu'il fallait faire !!








Depuis le jour ou il s'était imposé aux états, il s'était placé au premier rang et n'avait cessé de défendre les intérêts de la bourgeoisie et du peuple parisien. Un mois ne s'était écoulé depuis la catastrophique défaite de Poitiers, qu'il mettait Paris en état de défense !!

Envisageant dans son particulier, que cette entreprise nécessiterait des travaux considérables il décida de se procurer les ressources nécessaires en frappant d'un droit d'octroi toutes les boissons. Le Prévôt va mettre à l'oeuvre trois ou quatre cent terrassiers, maçons et gens de métier, ainsi que toutes personnes de bonne volonté pour refaire la commune clôture de la cité

Il faut bien avouer que les murs d'enceinte de la ville datant de Philippe Auguste était par endroit en mauvais état, et d'un autre côté cette ceinture était trop étroite, car une partie de la population s'était installée hors les murs

La ville pour lors se composait de la cité et deux autres quartiers, l'un au nord dit " d'Outre Grand Pont " sur la rive droite de la Seine, l'autre sur la rive Gauche nommé " d'Outre Petit Pont ". De ce côté la la progression de la population étant moindre il n'y eut qu"à réparer les murailles et à certains endroits de la reculer de deux ou trois cent pas

Mais pour la rive Droite ce fut une autre paire de manches !!!, cette partie de la capitale se trouvait être le lieu de résidence préféré des parisiens, or donc plus étendu et plus peuplé. Marcel dut ordonner que l'on construisit une muraille neuve flanquée de tours

Cette muraille rive Droite partait de la porte Barbette, sur le quai des Ormes, passait par l'Arsenal, puis les rues Saint Antoine, celle du Temple, de Saint Martin, Saint Denis, Montmartre et Montmartre des Fossés, afin d'arriver jusqu'à la porte Saint Honoré et jusqu'au bord de Seine

Cependant sur les deux rives il fit construire des bastilles afin de protéger les portes, puis on fortifia d'un fossé l'île Saint Louis que l'on nommait à l'époque l'île Notre Dame, dans le but final de l'utiliser comme lieu de refuge pour les habitants de Paris









Sur les murs de Paris furent établis sept cent cinquante guérites en bois, solidement accrochées comme les hourds, aux crénaux, par de forts crochets fer,

Puis des chaines furent forgées pour fermer la Seine en amont et en aval, mais aussi pour barrer certains grands axes de la cité pendant la nuit. Ces importants travaux, poussés par Etienne Marcel, furent achevés en quatre ans !!!!!, alors qu'il en avait fallu trente à Philippe Auguste pour construire, sans fossés, une enceinte bien moins étendue. Je vous laisse imaginer la vision de loin de Paris dans ses défenses, ce devait être impressionnant !!

Ce grand chantier de la capitale réalisé en quatre ans, coûta la somme pharaonique  de 182520 Livres Parisis !!!, somme colossale pour l'époque, je vous laisse faire la conversion en Euros, car cela me donnerait mal à la tête !!!!

Même Jéhan Froissart, dont on connait la coutumière partialité envers le petit peuple, reconnait dans ses chroniques le service que rendit Etienne Marcel à la ville de Paris, mettant ainsi à l'abri cette cité si souvent menacée et lui donnant les moyens de s'étendre derrière ses remparts





PS: Après la mort d'Etienne Marcel, tué par ses congénères (voir article), c'est Hugues Aubryot qui en tant que Prévôt des Marchands, présida à l'exécution des travaux mineurs restants à effectuer, sous la régence du Duc de Normandie et futur Charles V le Sage. La documentation provient comme il se doit de la BNF.... votre copiste M de

jeudi 12 septembre 2019

Le mécontentement général après Poitiers en 1356

Après cette fameuse raclée que nous avons prise en 1356, il nous faut montrer l'influence qu'elle eut sur l'esprit public Français et sur les destinées de notre pays pendant les deux années qui suivirent.

Rappelons que l'immense armée de Jean II le Bon était composée dans sa grande majorité par des cavaliers revêtus d'armures de fer, et que l'inégalité des forces en présence était flagrante, les Anglois n'étaient qu'une poignée !!!

Mais les troupes du Prince Noir ne donnaient pas ce spectacle navrant d'une noblesse hautaine Française, qui ne voulant déroger se refusait au concours d'hommes d'armes à pied, de cette piétaille prise parmi les humbles du royaume de France !!.

Notre noblesse vaincue quand elle était seule, comme à Courtrai et à Crécy par exemple, mais vainqueurs quand ils se voyaient contraints de subir le contact de villains armés comme à Cassel, préféraient combattre entre gens de même condition, êtres vaincus, plutôt que de subir la honte d'un secours de troupes à pieds, qu'ils nommaient eux même du doux nom de merdaille !!

Il faut bien avouer que la classe dirigeante de cette époque était puante, typiquement Français, mais ne leurs jetons pas la pierre, nos républicains actuels se sont empressés d'habiter leurs demeures, de chausser leurs poulaines et d'utiliser les mêmes méthodes









Bien plus sensés étaient les Anglois qui empruntaient la plus grande partie de leurs forces à cette piétaille qui n'avait pas une goutte de sang noble dans les veines, et la chevalerie Anglaise n'avait pas le sentiment de déroger à combattre à leurs côtés, voir même à pied !!, mais ces troupes armés à la légère combattaient avec avantage à un contre quatre nos mangeurs de charrettes ferrées !!

A la nouvelle de ce désastre l'émotion fut profonde en France, ce n'était pas tant la perte de dix à douze mille hommes que l'on déplorait, car on s'était habitués aux calamités de la guerre, d'autant que sur ce nombre deux ou trois mille Barons étaient morts !!, ce qui permettait à leurs misérables vassaux de respirer. Mais un patriotisme naissant rendait le peuple, du Bourgeois au manant sensibles à ce cruel échec !!

Ne pouvant s'en prendre au roi prisonnier, la bourgeoisie, serfs et vilains vont s'en prendre à la noblesse. En voyant revenir de la bataille leurs maîtres plus avides d'argent que jamais, du fait du paiement de leurs rançons qu'il fallait bien payer à l'Anglois, ils savaient bien que c'étaient eux qui supporteraient cette nouvelle charge

Les vaincus de Poitiers n'espéraient trouver de l'argent que chez leurs vassaux, plus ruinés qu'eux mêmes, mais encore soumis à leurs moindre volontés. Cependant à la haine que nourrissait ces gens depuis longtemps, vint s'ajouter un sentiment plus redoutable, le mépris, car lorsqu'ils apprirent qu'une puissante armée avait fui devant une poignée d'Anglais, alors ils commencèrent à ne plus craindre ceux qui les faisaient trembler naguère !! 

Pour que le joug de la noblesse soit durable il faut que la supériorité de celui qui l'impose soit reconnue !!. Alors pour nos manants de Français, du paysan au bourgeois et du boutiquier à l'artisan, quoi de plus honteux comme spectacle que de voir nos hobereaux vaincus rentrant de nuit dans leurs domaines et chargeaient ensuite le personnel du château de rapiner leur rançon sur le dos de leurs vassaux, qu'ils ne savaient même pas protéger !!!

Car pendant ce temps la les routiers qu'ils soient français ou Anglais mettaient en coupe réglée bourgs et campagnes, la France est devenue le paradis des bandes armées









Bien sur on payera encore, mais déjà on murmurait contre ces exactions nouvelles et contre les violences dont elles étaient accompagnées. On allait jusqu'à dire que les seigneurs dépensaient pour leurs plaisirs l'argent qu'ils amassaient sous prétexte de payer rançon à l'Anglois. Les chevaliers et écuyers qui étaient revenus de la bataille étaient haïs et blâmés dans les villes bourgs et villages !!

La captivité même de ce roi incapable (voir article), et qui avait créé tant de maux à son royaume parut une calamité. La population se sentait réduite à pourvoir à son propre salut sans rien attendre de personne, nous en étions la !!!

Le peuple ne sachant qu'obéir ils se cherchèrent quelqu'un qui sut les commander. De plus ils n'avaient guère confiance dans les fils du roi dont deux étaient prisonniers avec leur père, et pas plus dans le Dauphin Charles qu'ils accusaient d'avoir fui lâchement !!

La Bourgeoisie dans la capitale, ne trouvant plus devant elle personne qui lui semblait capable de gouverner, un grand nombre de personnes commencèrent à se tourner vers ce prévôt des marchands qu'était Etienne Marcel !!( voir article). Voila comment se profile à l'horizon  la fameuse révolution manquée du XIV siècle (voir article)

PS: documentation BNF, et commentaires du nain copiste M de V


jeudi 5 septembre 2019

N°330) La Haine de deux Rois au sein de la famille de France

Les défauts qui faisaient de Jean II dit le Bon un roi bien inférieur à sa tâche, n'étaient pas moins visible dans sa vie privée, que dans ses actes de monarque !!. Par ses incessants changements d'opinions, son manque de confiance en lui (comme son père), son humeur pour le moins vindicative, il tournait contre lui même ses plus proches parents, il apportait jusque dans son privé cette imprudence et cette passion aveugle qui compromirent si gravement son royaume !!

Sur le trône un roi doit savoir que les plus petites choses peuvent avoir de grandes conséquences, et la puissance souveraine n'a pas à l'intérieur d'un palais, cette liberté de conduite, qui est l'heureux privilège d'une personne d'humble condition comme un Bourgeois ou un Artisan par exemple. Philippe IV le Bel, nommé également le Roi de Fer l'avait bien compris (voir article), ce monarque était impénétrable tant dans sa vie privée que dans sa vie publique !!

Les querelles de famille ne furent pas moins funestes à Jean II, que ses démêlés avec Edouard III d'Angleterre, et il va apprendre ce qu'il en coûte à un roi d'oublier que la politique est intéressée à la moindre de ses paroles ou de ses actions !!!. Or donc il y avait à la cour de France un jeune Prince de sang royal, qui portait le titre de Roi de Navarre, c'était Charles II Comte d'Evreux, fils de Philippe d'Evreux, précédent roi de Navarre (voir article), et de Jeanne de France, fille de Louis X le Hutin (voir article)

Aucune comparaison n'était possible entre les deux monarques, tant par les actes que dans leurs comportements respectifs, autant comparer un paon et un aigle !!!!










Par son père Charles II était arrière petit fils de Philippe III le Hardi, et par sa mère petit fils de Philippe IV le Bel. Il était donc cousin de Jean II dit le Bon, mais qui bien que roi de France n'était pas un descendant direct des Capétiens !!!, ce n'était finalement qu'un Valois. Les luttes que Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux eut à soutenir contre ce fourbe de Jean II le Bon, pour qui l'existence seule de Charles troublait le repos furent on ne peu plus nombreuses, qu'elles soient sourdes ou déclarées. Bref Jean II avait en face de lui, et fort souvent, ce qu'il ne deviendrait jamais !!!

Ce sobriquet de "le mauvais" il le doit à ses sujets de Navarre pour avoir puni avec sévérité une conspiration qui avait éclaté contre lui alors qu'il se trouvait à Pampelune  pour son couronnement, le surnom lui est resté. Il faut bien comprendre que les chroniqueurs de l'époque ne vivaient et mangeaient que par la grâce de protecteurs. Si l'on prend un Jehan Froissart il va réécrire son livre I cinq fois, je vous laisse juge de ses orientations politiques (voir article)

Or donc Jean II était le Bon et Charles II devenait pour la postérité le mauvais !!!. Charles II était un homme tirant vers le petit, mais plein de feu et d'esprit, soucieux et réfléchi. Il était vif, la taille bien prise et possédait une éloquence persuasive. Sa figure était agréable et ses manières attrayantes, bref tout le contraire de Jean II dit le Bon. Il possédait l'art de se faire aimer et chacun dans la famille royale le préférait au roi, il jouissait en France d'une véritable popularité, aucun chroniqueur ne dira le contraire même ses détracteurs. A la lecture de ce que je viens de vous dire, vous aurez compris que cela ne pouvait que mal se terminer !!










Ce prince va endurer à la cour de France de criantes injustices et de cruels outrages (voir article), qui vont éveiller dans son coeur le désir de vengeance. Il faut rappeler que sa mère déjà !!!, fut spoliée de ses possession de Champagne par le père de jean II, puis que les terres qui furent données en échange, furent subtilisées par Jean II au nez et à la barbe de Charles II, afin de les donner à ce gros bouffon de Charles la Cerda, son favori dont il avait fait un Connétable. Enfin Jean II avait marié sa fille à Charles II roi de Navarre, afin de se l'attacher, mais ce dernier ne toucha jamais la dote de son épouse !!!

Il ne faut pas oublier que ces Valois, en partant de Charles de Valois, frère du roi de fer, étaient dénués de scrupules en ce qui concerne la fortune des autres !!!. Son fils Philippe VI de Valois suivi l'exemple de son père et Jean II fit de même (voir article). Aucun de ces trois personnages ne valait tripette !!!

Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux devra subir les outrages de ce déplorable sire que fut La Cerda et de son ami le Maréchal Arnould d'Audrehem, triste maréchal qui ayant les ongles si pâles montrait plus souvent son cul que son poitrail dans les batailles (voir article). Il faut préciser que c'est ce déplorable Connétable La Cerda qui fit de notre Arnould un Maréchal de France !!!

On en rirait presque si avec l'histoire nous pouvions faire de l'humour, mais il faut dire que Jean II dit le Bon savait s'entourer, à son image, de personnes dépourvues de qualités, et pour enfoncer le clou pourquoi ne pas parler de son ami Arnaud de Cervolles, l'Archiprêtre, routier notoire qui changeait d'allégeance aussi souvent que l'on changeait de chemise (voir article). On peu dire qu'il savait choisir ses plus proches collaborateurs notre Jean II le Bon, et que ce sobriquet de le Bon ne saurait le réhabiliter en aucune manière !

Pourquoi lui en voudrait on d'avoir voulu se venger de cet insipide La Cerda ???, il voulait le faire prisonnier, mais à L'Aigle rue de la Truie qui file ou résidait notre fumeux Connétable, ceux qui furent envoyés par Charles II vont l'envoyer ad patres !!! (voir article). Mais que dire de ce fourbe de Jean II dit le Bon qui par vengeance fera assassiner les amis de Charles II à Rouen (voir article) !!!!. Car le roi de Navarre ne voulant s'attaquer au roi de France, et désirant se venger, s'était attaqué à l'odieux favori qui s'enrichissait des terres qui lui étaient dues !!










Il faut aussi rappeler que la noblesse, pour une grande part, était du côté de Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux, car il était l'exemple parfait des injustices de ce Valois envers le peuple, la bourgeoisie et la noblesse, ne reculant devant aucun stratagème pour dépouiller son prochain, tout lui était bon même le croûton !!!!

Par le fait les moeurs de l'époque toléraient les vengeances privées, et pour tout un chacun la disparition du Connétable n'était point une grande perte !!!, mais celle ci frappait Jean II dans ce qu'il avait de plus précieux, l'affection de son favori qui lui ressemblait tant !!. Bon soyons sérieux, car même à la cour de France personne ne pouvait supporter La Cerda, il était odieux envers tout le monde, bref un courtisan qui savait si bien, comme son ami Arnould d'Audrehem, flatter ce monarque !!

Alors le Nain pense que de nos deux souverains, Jean II dit le Bon, et Charles II dit le Mauvais, aucun ne méritait le sobriquet attaché à son nom, mais je laisse le soin à mes lecteurs d'inverser les sobriquets, vous faites comme bon vous semble !!



PS: documentation BNF comme il se doit, pour la prose le nain confesse qu'elle est de sa main, et il assume son manque de compassion pour la bande à Jean II dit le Bon M de V