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mercredi 19 janvier 2022

Le Pèlerin et les Reliques du Haut Moyen âge 1/3

Le pèlerinage est l'acte volontaire et désintéressé par lequel un homme abandonne ses lieux coutumiers, ses habitudes et même son entourage pour se rendre, dans un esprit religieux, jusqu'au sanctuaire qu'il s'est délibérément choisi, ou qui lui a été imposé par pénitence 

Ce croyant de fait, à besoin de signes sensibles pour entretenir et accroître sa foi. L'originalité, si l'on ose dire, du Christianisme est de multiplier ces supports. Son levain historique sera le sang, les os, les dents, voir les cheveux des Martyrs. 

Ces témoins de la foi sont l'objet, au moyen âge, d'une vénération dont les catacombes fournissent d'innombrables exemples, appuyés par des textes et des traditions, et l'on va en grand nombre prier à leurs tombeaux !

Aussi longtemps qu'à vécu l'Empire Romain, les souvenirs de l'évangélisation, les exemples de paix et de charité transmis par les premiers chrétiens demeurent vivaces. Après la rupture de l'unité romaine, chacun ressent en ce début de moyen âge une nostalgie attisée par les désastres et les invasions. Les chrétiens vont puiser leur réconfort dans l'apostolicité !






Dans cette insécurité engendrée par la dissolution de l'Empire Romain et le déferlement des invasions des hordes de l'Est, des Vikings venant du Nord, ou des Arabes venant du sud, en ce début de Moyen âge, rares seront les cités qui ne possédent pas " son Martyr ", ou sa Vierge privilégiée dont on vénère le corps

Le culte des reliques charnelles en est le trait le plus frappant, os, cheveux, dents ou sang. Mais également les objets, anneau, morceau de bois, pierre, vêtements tout ce qui touchait de près le martyr !!!

A tout prix, églises, monastères et cités cherchent à se procurer ces trésors pour en enrichir leurs lieux de culte. Certains audacieux n'hésiterons pas à les dérober pour embellir l'église d'une cité ou d'un monastère, mais aussi, il faut bien l'avouer, dans un but lucratif puisque cela faisait venir les pèlerins !

Ce genre de coup de main audacieux rapporté complaisamment dans certaines chroniques peuvent paraîtres cocasses à nôtre époque !, mais elles étaient pour le moins scandaleuses au Moyen âge et engendraient des contestations et des chicanes de clochers interminables

Je sais, que pour nous désormais, cela peut prêter a rire, le fait que dans cet élan de ferveur religieuse ils séparaient comme d'un jeu Légo les os d'un martyr de la foi chrétienne mordious !!!






Au vrai l'écartèlement et le dépeçage, qu'il soit amiable ou frauduleux des dépouilles de nos Saints ne tourmentait aucunement la conscience de nos pèlerins. Ils n'étaient pas étonnés de rencontrer les reliques d'un même Saint dans deux ou trois lieux de culte différents, ici un doigt, la un pied et trois jours de cheminement plus tard, et à des lieues de la, trouver une main. Ils vénéraient tout bonnement et simplement le même Saint dans plusieurs sanctuaires, sans s'inquiéter davantage du pourquoi ou du comment de la chose 

Pour ce qui est des objets il nous faut raison garder !, car si l'on s'amuse à comptabiliser les morceaux de la vraie croix qui transitaient à cette époque, on aurait facilement pu construire dans sa totalité la flotte de navires de la Ligue Hanséatique mordious !!

Il faut comprendre que beaucoup de ces vendeurs d'indulgences ou de reliques étaient de tristes charlatans, capables de vous vendre un brin de paille ayant appartenu à la litière du berceau de Jésus !!!, voir même un poil de l'âne ou du boeuf qui se trouvait dans l'étable de Bethléem...de vrais mécréants c'est l'nain qui vous le dit 

Que ce soit le citadin, le chapitre d'une église ou même un monastère, beaucoup se feront rouler dans la farine par excès de confiance ou une trop grande crédulité !! 






Or donc partout ou le permet une sécurité relative les précieux restes ou les objets sont enfouis dans des chasses ouvragées décorées d'or et d'argent, que l'on expose à la vue des pèlerins. Dès le XI siècle sera entrepris la construction d'églises monuments, apparemment copiés ou imités les uns sur les autres, possédant de longues nefs, comme des vaisseaux inversés, capables de contenir la foule des fidèles et des pèlerins venant en masse ! 

L'esprit de pèlerinage n'a cessé de se développer tout au long du XI siècle jusqu'à aboutir à l'explosion, cet engouement que fut la croisade. L'étude du pèlerinage comme fait social, à la fois mentalité intime et comportement extérieur, collectifs ou individuels est des plus ardues !!!

Car les premiers pèlerins connus d'Occident ne sont guère que des noms !!. Leurs équipées aventureuses ( c'est le moins que l'on puisse dire ), s'embrument de légendes et nos braves copistes de l'époque, laissant voguer leurs imaginations ajouterons quelques épisodes aux aventures du cheminement de nos premiers pèlerins ! 


PS: j'ai puisé dans le livre de R Oursel, Docteur ès lettres et diplômé de l'école des Chartes en y mettant mon grain d'sel M de V