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dimanche 29 octobre 2017

La Bataille de Nicopolis ou la dernière croisade 1396


Plantons le décor !, nous sommes en 1395, sous Charles VI le fou, dont le conseil est présidé par son Oncle Philippe le Hardi Duc de Bourgogne.

Philippe le hardi est le digne fils de son père Jean II le bon, lui aussi ne rêve que de chevalerie et des exploits guerriers de ses ancêtres !!!!

Arrive à la cour une ambassade du Roi Sigismond de Hongrie, qui vient informer le royaume de France des intentions belliqueuses du Sultan Bajazet (Bayesid), qui semble vouloir anéantir la chrétienté !!!!

C'est à cette période que Philippe le Hardi cherche à s'affirmer lui et son Duché comme indépendant du Royaume de France, il va saisir cette opportunité pour augmenter le prestige de sa maison et faire étalage de sa puissance.

Il nomme son fils Jean Comte de Nevers (futur jean sans peur), comme chef de cette expédition !!! qui doit se composer de chevaliers de plusieurs nationalités du monde chrétien . Pour le Duc cette expédition est l'affaire de la Bourgogne, une espèce de guerre privée contre l'infidèle !!!








Rien à voir avec une expédition pour défendre la chrétienté !!! c'est la croisade d'une certaine aristocratie, et avant tout une opération médiatique et politique de ce grand personnage du royaume de France épris de pouvoir !!!!

Pour lui si l'opération est une réussite, son fils sera un héros avant même de devenir Duc de bourgogne à sa mort !, si c'est une défaite, on ne pourra attribué la faute à ce jeune homme de 24 ans.

De plus, en cette fin de Moyen âge l'engouement pour les prouesses chevaleresques et les croisades de leurs ancêtres sont plus importantes que la victoire elle même.

Puis si par malheur son fils est tué lors de cette bataille, la maison de Bourgogne ajoutera à la gloire de son blason un martyr de la foi.....cela fait toujours bien dans le curriculum vitae de cette glorieuse maison de Bourgogne !!!!!, bon même si j'exagère un petit peu il me semble que côté magouilles politiques nous n'aurions rien eu à lui apprendre !!!!

Je sais j'ai toujours tendance à faire du mauvais esprit dans mes articles, ...c'est surement que j'ai eu de mauvaise lectures, mais bon c'est mon blog hein !!!! je dis ce que je pense.








En 1396 le Duc organise son expédition, ce coup médiatique, sa démonstration de puissance et peut étaler à loisir la richesse de son Duché !!

Il arme et équipe selon Jéhan Froissart, mille chevaliers, alors que selon des sources turques le contingent Français se composait de 10 000 hommes, ce qui ne me semble pas contradictoire, par le fait qu'en France une lance se compose de 8 à 12 hommes en fonction des moyens du chevalier.

On trouve le chevalier son écuyer et ses soudoyers, donc l'énoncé de 10 000 me semble plausible !

L'armée Franco Bourguignonne va rejoindre l'armée de Sigismond de Hongrie à Buda au mois de juillet de cette même année et vont ce faisant escarmoucher quelques avant postes Turques obtenant ainsi quelques victoires, au détriment des populations civiles, mais nous y reviendront plus tard par l'intermédiaire de Froissart.








Mais l'armée des croisés, si tant est que l'on puisse la nommer ainsi !!! convoite Nicopolis, grosse ville fortifiée et véritable verrou de la défense turque. En septembre ils commencent le siège de cette place, sans vraiment chercher à savoir ce que devient le Sultan Turc et son armée.

Bajazeth (ou Bayesid), que ses hommes surnomment Yldirim (la foudre ou l'éclair ) est déjà en route, avec la ferme intention d'en découdre !!!! il arrive le 24 septembre, la bataille sera pour le lendemain.

Les Français, brouillons et bouillonnants, égaux à eux même, chargent en premier laissant sur place les hongrois de Sigismont !!!

Mais la défense turque avait placé des pieux ou viennent s'empaler leurs chevaux, ivres de rage ils vont a pied enfoncer toute l'infanterie turque qui se met en fuite !!


Ils vont faire l'erreur de se mettre à leur poursuite sur quelques centaines de mètres,....et en haut de la colline ils tombent sur le reste de l'armée du Sultan et de ses renforts Serbes !!!! ils sont isolés, les ailes de l'infanterie vont se refermer sur eux, trop tard pour que Sigismont puisse intervenir, les Français vont être mis en pièces ou capturés.










Très peu vont échapper à la mort, hormis quelques chevaliers de haute naissance !!! qui auront la vie sauve contre rançon, tous les autres seront exécutés le lendemain, Bajaseth ne fait pas dans le détail et de l'armée de bourgogne il ne reste rien, que quelques aristocrates en armures qui voulurent jouer à la croisade.

Voila ce qu'il résulte de cette mauvaise croisade, toute faite de politique et de suffisance, et de la mauvaise tenue de nos chrétiens qui rêvant de chevalerie se sont comportés en soudarts !!!, comme dans la ville de Comète, une cité prise de force peu avant Nicopolis, rien ne leur fut épargné, la furent occis hommes, femmes et enfants, et Froissart lui même dans ses chroniques va s'appesantir sur leurs exactions

PS: Ainsi se termine ce que l'on peut appeler la neuvième et dernière croisade !!! Eustache Deschamps dans sa complainte pour les Français qui se rendirent la bas dira ces vers qui sonnent comme une épitaph !!!! ...M de V




                                                  Las ! ou sont les haults instrumens
                                                  les draps d'or, les robes de soye,
                                                  les grans destriers et les paremens,
                                                  les jousteurs que véoir souloie

                                                  Las ! ou est d'orgueil le séjour
                                                  dieux la mis en partie à fin;
                                                  je ne voy que tristesse et plour
                                                  et obseques soir et matin 

samedi 28 octobre 2017

N°105) La chronique du Mont Saint Michel 1343-1468

La chronique du mont Saint Michel commence en l'an 1348, pour finir en l'an 1468, embrassant ainsi la seconde moitié du XIV siècle et la première moitié du XV siècle. Elle se décline en deux volumes, tomes I et II


L'auteur de cette chronique ne c'est pas fait connaître !, mais il y a lieu de croire, que nous avons ici des notes historiques prises par plusieurs religieux de l'Abbaye du Mont Sait Michel.


Mille indices trahissent la main des moines avec une évidence certaine, car touts les événements relatifs à cette Abbaye et aux terres l'entourant, sont relevés avec beaucoup de soins et une extrême concision et un soucis du détail particulier.






Les principaux faits de guerre se produisant aux alentours de la célèbre Abbaye qui fut le théâtre de l'occupation Normande par les Anglais de 1417 à 1450, y sont relatés avec une précision chronologique et topographique, que l'on ne retrouve dans aucune autre chronique du XV siècle.

Prenons en exemple la date du jeudi 31 juillet 1438, ou il est mentionné la capture, faite par les Anglais, de cent Soudoyers de la garnison du Mont Saint michel !!....écrit en ces termes " En cel an 1438, le derrain jour de juillet, les Anglois, prindrent à Ardevon, viron cent gens de piè de cette place "

Il faut noter qu'à partir de 1462, l'écriture du manuscrit change, il est visible qu'elle est écrite d'une autre main ! Ce changement est notable, mais les chroniqueurs au Moyen âge dictaient souvent leurs œuvres à un secrétaire, et l'on ne peut donc dire avec raison que l'auteur change, chaque fois que l'écriture change !!






Cette chronique se termine par la guerre du bien public, l'auteur s'attache à raconter les faits dont la Normandie fut le théâtre, il nous donne à ce sujet, certains renseignements que l'on ne trouve dans aucun autre document !!

Je pense surtout à l'esprit qui anime les gens à cette époque en Normandie. On voit clairement, que  la plupart des grands Seigneurs et des hauts membres du Clergé de cette région, se laissent entraîner dans cette ligue du Bien Public.









Mais d'un autre côté le menu peuple et une partie notable de la Bourgeoisie, prennent ouvertement parti pour Louis XI contre ses adversaires.





PS: je me permet de conseiller la lecture de cette chronique aux amateurs éclairés, la lecture peut sembler rébarbative, voir soporifique !!!! mais bon nombre de pépites de l'histoire, délectables à souhait sont à découvrir dans les deux tomes des Chroniques du Mont Saint Michel     M de V










mercredi 25 octobre 2017

Les Plantagenêts

S'il est un nom qui a modelé l'histoire d'Albion, c'est sans contestation possible celui des " Plantagenêts ", je me propose après avoir lu le remarquable livre de Dan Jones, sur le sujet, de faire un bref résumé de cette grande famille d'Angleterre.

Le premier de cette longue liste de Plantagenêts se nomme Geoffroy, Comte d'Anjou, ce grand gaillard possédait une abondante chevelure couleur de feu, sous laquelle on trouvait un cerveau bien trempé au caractère batailleur !!

Né vers l'an de grâce 1133, il avait pour habitude, ou par coquetterie, de placer sur sa coiffe un brin de genêt, que l'on nomme à cette époque "Planta Genista ", et le nom latin de cette plante va s'attacher définitivement à cette famille.

Ironie de l'histoire, son blason, s'ornait de six léopards d'or, ils vont devenir le symbole héraldique de l'Angleterre, alors que Geoffroy lui même n'avait qu'une idée fort vague de ce pays et qu'il ne posera jamais les pieds sur cette île.

Il meurt en 1151, trois ans avant que son fils aîné ne monte sur le trône d'Albion, sous le nom de Henri II, à partir de ce moment le nom de Plantagenêt, ainsi que les descendants de Geoffroy vont fournir une longue lignée de souverains, qui présideront aux destinées de l'Angleterre, et cela pendant plus de deux siècles. Depuis Henri II, qui reçoit la couronne en 1154, jusqu'à Richard II, fils du prince Noir, qui en fut dépossédé par son cousin, Henri Bolingbroke, ce sera la plus longue dynastie régnante d'Angleterre.





Cette île qu'avait envahie Guillaume le conquérant en 1066 après la bataille d'Hastings, va devenir le pays le plus raffiné de cette Europe du XIV siècle, reposant sur le prestige de cette famille royale des Plantagenêts.

Durant ces deux siècles d'histoire de l'Angleterre, l'île va définir ses frontières immédiates avec l'Ecosse, le pays de Galles et l'Irlande, mais aussi sa politique extérieure avec les pays Bas, la France et les petits états Ibériques, qui deviendront l'Espagne moderne.

D'un dialecte local rustique et quelque peu grossier, va émerger le beau parlé Anglais, qui deviendra la langue des débats parlementaires et de la composition poétique, c'est le pays de Geoffroy Chaucer, mais aussi des Troubadours et des Trouvères.

C'est de ce pays qu' émergera un chroniqueur et poète comme Jehan Froissart, continuateur des chroniques de Jean le Bel, ce Clerc des Pays Bas, protégé de Philippa de Hainaut, Reine d'Angleterre et épouse D'Edouard III

Leurs idées novatrices vont révolutionner les tactiques militaires et semer la terreur dans toute l'Europe, c'est le pays de John Chandos et de Hugues Calverley, ces grandes figures militaires de la guerre de cent ans, c'est le pays des archers et de leurs terribles longbows, dérivé de l'arc Gallois, mesurant près de deux mètres et d'une puissance de tir formidable. Les Anglais sont les seuls en Europe à avoir instauré un service militaire dès l'âge de seize ans.





C'est le pays d'Edouard de Woodstock, prince de Galles, prince d'Aquitaine ( dit le prince Noir ) et de son épouse la belle Joan de Kent.

De ce jeune prince fait chevalier dans la petite église de Saint Vaast la Hougue, qui commandait à 16 ans avec Chandos une des ailes de son père à la bataille de Crècy !!

C'est le pays d'allégeance de Jean III de Grailly Captal de Bush, le cousin de Gaston Phébus, mais surtout l'ami du prince noir. Il sera aux côtés du prince noir lorsqu'il amena Jean II le bon prisonnier à Londres, après sa grande victoire à Poitiers.




PS: je ne saurais trop vous recommander la lecture de ce livre " Les Plantagenêt " de Dan Jones, on évolue dans son livre comme dans un roman


mardi 3 octobre 2017

Eustache Deschamps 1346-1407 poète

Eustache Morel dit Deschamps, du nom de sa maison de campagne, il naquit à Vertus, dans la Marne, aux alentours de l'an 1346, il semble qu'il soit issu d'une famille aisée, mais pas de noblesse.

Il étudie le Trivium à Reims, ou il va se lier avec Guillaume de Machaut (voir article) , dont une fable du XV siècle fait de ce dernier son Oncle, sans aucun moyen de vérifier ce lien de parentée.

Ce que l'on sait par contre, c'est qu'Eustache Deschamps le considérera tout au long de sa vie comme son Maître. Puis il se déplace vers Orléans pour faire ses études de droit romain.








En 1367 sans avoir terminé son cursus universitaire il entre comme messager au service du Roi Charles V le Sage.

Dés la naissance de Louis d'Orléans en 1372 il est attaché à sa maison, il assurera pendant une trentaine d'années diverses charges administratives, dont celle de Bailly du Valois.

Poète avant tout il fréquente dans sa jeunesse les éléments les plus frivoles de la cour, marié en 1373, veuf trois ans plus tard, père de deux fils et d'une fille.

On peut dire qu'il mène une vie particulièrement dispersée surtout depuis l'avènement de Charles VI le fou en 1380.

Tandis que sa santé chancelle il accompagne le roi à deux reprises dans ses campagnes de Flandres (voir article Olivier de Clisson)

Après une mésentente s'installe entre lui vieux !!! et Louis Duc D'orléans, son protecteur mais aussi un des Oncles rapaces de Charles VI le fou, dont il critique la politique sans ménagement









Mais bientôt il démissionne de son Baillage et va peu à peu se replier dans une profonde morosité.

Il meurt en 1406 ou 1407 avant l'assassinat du protecteur qu'il désavouait, Louis D'Orléans le 23 novembre 1407

A la différence d'un Guillaume de Machaut (article), ou d'un Jean Froissart (article), il négligea de rassembler son oeuvre, celle ci était immense 82 000 vers dispersées en de courtes poèsies;

Le seul volume des œuvres complètes d'Eustache Deschamps contient 1032 balades

142 chants royaux

170 rondeaux

84 virelais

14 lais



Mais nous comptons également 10 pièces en strophes diverses, 34 pièces à rimes plates, 30 ouvrages en prose et 12 pièces Latines. Il est un point important de ce personnage c'est qu'il eut une correspondance suivie avec Geoffrey Chaucer (voir article) ils échangèrent même des balades entre 1370 et 1380...M de V




lundi 2 octobre 2017

Guillaume de Machaut 1300-1377 Poète et Musicien


Né ver l'an 1300 d'une famille roturière, il prend probablement son surnom du Bourg Champenois de Machault, dans les Ardennes, ce Fief au XIV siècle appartenait à la famille d'Enghien et son église dépendait du Diocèse de Reims

Selon le cursus de l'époque il semble que Guillaume pousse loin ses études comme le signale son titre de Maître ès Arts; il va mener une vie de lettré, mais on ne sait s'il a termine ses études de Théologie, lorsqu'on le trouve attaché à un grand seigneur.

Il est au service de Jean de Luxembourg, Roi de Bohème, dont il devient l'aumônier dans un premier temps, puis son secrétaire et son notaire.

Il va rester 15 ans auprès de ce Prince, l'accompagnant dans ses voyages, Allemagne, Autriche, mais aussi lors d'une expédition en Lituanie, ou Jean de Luxembourg assiste les Chevaliers Teutoniques dans leurs conquêtes.







En 1337 il entre en possession du Canonicat de la Cathédrale de Reims, alors commence la partie la plus féconde de son œuvre poétique et musicale.

Retenu par les devoirs de sa charge à la cathédrale il ne peut accompagner Jean de Luxembourg dans une nouvelle campagne en Lituanie, ou Jean contractera une maladie incurable des yeux qui va le rendre aveugle.

Il n'évoquera même pas la mort héroïque à Crècy en 1346, de Jean l'aveugle qui lié entre deux de ses chevaliers ira chercher la mort au plus fort de la bataille.

C'est sur la fille de Jean que Guillaume reporte sa fidélité, Bonne de Luxembourg avait épousé en 1332 le Duc Jean de Normandie, qui en 1350 monte sur le trône de France en tant que Jean II le Bon.







A la mort de Bonne de Luxembourg, en 1349, Guillaume se tourne vers Charles II Roi de Navarre et Comte d'Evreux, lorsque ce dernier fut emprisonné sur ordre de Jean II le Bon après l'affaire du Château de Rouen (voir article), d'avril 1356 à novembre 1357, Guillaume lui composa "le confort d'un ami " .

Mais comme Nicole Oresme (voir article), lorsque Charles II déçoit les espoirs réformateurs d'une partie de la noblesse et des universitaires, Guillaume lui aussi se tourne vers la cours de France.

Machaut va accompagner Jean Duc de Berry, en 1360, à Calais, ou ce fils de Jean II le Bon s'embarque comme otage, afin de permettre le retour de son père prisonnier depuis la défaite de Poitiers, Guillaume lui dédie en 1361 le dit de " la fontaine amoureuse "

Guillaume hébergera même plus tard à Reims, Charles Duc de Normandie et Régent du royaume, il contera aussi dans son " voir dit " le séjour qu'il fait à Crècy auprès de se même Charles dont il se dit  " la droite créature "

Guillaume de Machaut meurt en avril 1377, il fut enterré avec son frère Jean dans la Cathédrale de Reims. Son œuvre poétique et musicale fut immense, pour Guillaume, la poésie et la musique sont sœurs et sources de joies, musiques et mots sont présentés comme indissociables . Son grand disciple que fut Eustache Deschamps les détachera dans son " art de dictier "



Nota: Le "confort d'un ami", écrit en 1357 est une consolation, il ne s'agit pas la, de mettre du baume sur quelques peines amoureuses et le consolateur n'est pas une allégorie, mais l'auteur en personne !! Guillaume de Machaut, s'adresse en personne à Charles II Roi de Navarre et Comte d'Evreux, prisonnier du Roi de France Jean II le Bon.

Il lui apporte dans ce texte le secours d'exemples Bibliques, puis lui donne des conseils qui s'appuient sur l'histoire antique, puisées pour la plupart dans l'Ovide moralisé...M de V