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lundi 29 avril 2019

N°310) Formation du Médecin au Bas Moyen âge

Dès le début du XIII siècle les études médicales deviennent plus complexes, les étudiants qui désirent entreprendre des études de médecine devront d'abord être "Maîtres es art", c'est à dire avoir acquis de solides connaissances en latin, Grec, Français et en Philosophie.

Ensuite les études proprement dites vont durer entre trois ou quatre ans suivant les différentes Facultés de médecine. Les cours se présentent sous la forme de lecture des différents auteurs reconnus, que les professeurs commentent. Ces enseignements se complétaient par des visites à domiciles de malades, ce qui permettait aux étudiants d'avoir un enseignement clinique somme toute assez moderne pour l'époque.

A l'issue des trois premières années d'études, l'estudiant effectue un stage pratique chez un médecin, pour une durée allant de six mois à deux ans suivant les différents écoles. Ensuite notre estudiant passe son premier diplôme le menant au titre de Bachelier, puis ce dernier devait passer une Licence, qui jusqu'à une certaine époque terminait son cycle d'études !!

Mais très vite la faculté de Paris va exiger un grade supplémentaire: la Maîtrise, et c'est également à la fin du XIII siècle que sera créé le dernier grade: le Doctorat









Ce doctorat permettait l'enseignement de la médecine avec le titre de Docteur Régent. C'est au XIV siècle que vont se fixer définitivement, avec quelques nuances selon les facultés, les règles d'organisation des études et des examens en médecine. Les études dureront au minimum trois ans avec un stage pratique obligatoire, les examens étant regroupés à la fin de ces trois années, le Baccalauréat, la maîtrise et le doctorat.

A Montpellier seule la licence sera exigée pour pouvoir pratiquer la médecine et la maîtrise pour enseigner et ce jusqu'au XVI siècle. A la différence de Paris ou la faculté préfère ne donner l'autorisation d'exercer qu'avec la maîtrise. Pour les villes éloignées d'un centre universitaire, le bachelier pouvait y pratiquer la médecine !!

Ainsi en s"appuyant sur les recherches de Danièle Jacquart, plus de la moitié des étudiants en médecine connus entre le XII et le XV siècle atteindront le diplôme de maîtrise et 38% d'entre eux deviendront Docteurs Régents. Par contre 34% des étudiants ne parviendront pas à la licence, soit en raison du coût élevé des études, soit pour un changement d'orientation

Ses recherches lui font conclure que 48% des médecins connus pour exercer la médecine durant la période pré-citée, seront passés par une formation universitaire qu'elle que soit la faculté considérée










 Or donc à partir du XIII siècle les universités vont peu à peu acquérir le droit exclusif de former les praticiens en médecine. Il faut se souvenir qu'au début du moyen âge la plus grande partie des étudiants en médecine étaient des Clercs ou des futurs Clercs !!, sauf en Montpellier ou la population estudiantine est d'ores et déjà, très mêlée et ou se côtoient Clercs et Laïcs, Français comme étrangers, exception faite des Juifs, qui en France n'ont pas accès à l'enseignement universitaire.

Les étudiants comme les professeurs forment un groupe corporatif, les gens d'origine noble peuvent s'inscrire car, contrairement à la Chirurgie et la Barberie, la pratique de la médecine n'entraînait pas de dérogeance. Par contre l'obtention d'un diplôme obtenu dans une faculté de renom comme Paris ou Montpellier donnait ipso facto la noblesse personnelle !!, ce qui attire bien évidemment les étudiants

De même que les titulaires de chaires en médecine pouvaient obtenir la noblesse héréditaire après vingt ans d'enseignement, l'entrée dans les ordres ou dans la noblesse était l'ascenseur social par excellence !!!

C'est au Moyen âge que va progresser grâce à l'université, la médecine Arabo Galénique fondée sur la pathologie humorale, et qui va créer par le fait une demande croissante de Saigneurs !!, et par voie de conséquence développer l'enseignement de la chirurgie du moins au départ !!!!









Mais comme nous l'avons vu nos universitaires sont à cette époque en majorité des Clercs, or dès le XII siècle des décisions conciliaires successives, en particulier celle du Latran de 1215, vont émettre des réglementations qui tendent à limiter l'exercice de l'art de guérir par les Clercs !!, en proclamant l'interdiction de verser ou de toucher le sang.

Cette interdiction ne touchera au départ que les Clercs munis des ordres majeurs, mais elle va s'étendre peu à peu à tous les Clercs universitaires. De ce fait, en raison de l'impossibilité pour eux d'accéder à la cléricature, tous ceux qui se destinaient à la chirurgie vont abandonner cette spécialité aux Laïcs, pour ne se consacrer qu'à la médecine. C'est ainsi que tout un pan des études va se laïciser et quitter l'université











Considéré désormais comme un art mécanique le discrédit de la chirurgie ne va cesser d'augmenter, excepté à Montpellier, mais il sera de plus en plus difficile pour les étudiants en chirurgie de suivre des cours de médecine, notamment à Paris !!

L'enseignement de la chirurgie finira par être dispensé selon la relation Maître-apprenti comme n'importe quel autre corps de métier du moyen âge !!


PS: documentation du CRMH, regards sur la profession médicale en France médiévale du XII au XV siècle, pour offrir un autre regard par rapport aux articles que j'ai déjà fait sur le sujet M de V

samedi 27 avril 2019

Le sentiment national lors de la guerre de cent ans

Le XIV siècle et la première moitié du XV forment une époque de transition, de crise et de révolution. Dans ce moyen âge finissant les institutions, les idées, les aspirations et les moeurs qui le caractérisent évoluent, pour se transformer ou disparaître et faire place à un nouvel ordre des choses.

La grande Théocratie qui avait été établie par Grégoire VII va succomber sous les coups que vont lui porter les Légistes du Roi de Fer (voir article), elle ne s'en relèvera pas et Boniface VIII en fera les frais !!, puis va suivre le long séjour de la Papauté en Avignon, que les Italiens nomment "la captivité de Babylone". Cette église sera ensuite déchirée par le Schisme ( voir article) et compromise aussi par l'inconduite d'un trop grand nombre de ses dignitaires, attaquée de toutes parts avec sévérité, tant en France qu'en Albion elle n'exerce plus qu'une influence singulièrement restreinte sur les événements.

La Chevalerie échappant de ce fait aux ecclésiastiques sera frappée elle même d'une irrémédiable décadence (voir article), elle inflige par ses faits et gestes un perpétuel démenti aux efforts de nos rutilants fers vêtus, qui cherchaient à ressusciter les temps fabuleux d'Arthur et de la table ronde, mais ne vivaient que sur l'acquis de leurs ancêtres

Froissart ne l'avait surement pas prévue, mais il n'en a pas moins été frappé, à la fin de sa vie, par le déclin des sentiments chevaleresques, ce Clerc Poète et Chroniqueur qui avait été longtemps le héraut d'armes de cette chevalerie, ( voir article)










Les nations en général et la France en particulier, ont pendant le XIV siècle pris une conscience plus nette d'elles mêmes, leurs aspirations, leurs tendances et leurs passions se sont accentuées. L'idée nationale s'est dégagée dans la mesure ou l'idéal chevaleresque disparaissait ( voir article).

Les progrès de cette idée marquent pour la France le commencement de la vie moderne, enfantée dans la douleur des problèmes politiques et sociaux et dans les désastres de la guerre de cent ans ( voir article). Du même coup ils ont donnés à la nation le sentiment de son unité et aux différentes classes qui la composaient, celui de leur solidarité respective !!

De la, dans le coeur des gens et dans la conscience du pays on trouve deux tendances opposées, contraires et ennemies, l'une qui poussait les gens à s'unir contre l'étranger envahisseur, et l'autre qui mettait aux prises avec lui même, ce peuple, provoquant  ainsi agitations et haines dont l'explosion coïncide dans notre pays avec les premières manifestations de ce sentiment national

Le XIV siècle verra naître et grandir ce sentiment, on y voit Philippe IV le Bel faire chuter un Pape (voir article), un prévôt des marchands faire sa révolution (voir article), puis la grande emprise de jacques Bonhomme (voir article), mais on y voit également un peuple rassemblé derrière Charles V le Sage et luttant ensemble contre l'Anglois (voir article)










C'est l'image de cette France du XIV et et du XV siècles, qui moins accablée par ses défaites guerrières qu'épuisée par ses divisions intestines, voir même sa guerre civile du XV siècle (voir article), mais petit à petit elle va trouver son essor dans ce sentiment national

Brossons un tableau de la France à l'aube de la guerre de cent ans. notre pays était puissant et peuplé d'environ 16 millions d'âmes, doté d'une prospérité matérielle indéniable. Les paysans croissaient et multipliaient à la faveur de cette longue période de paix, et les terres produisaient au delà des besoins de la consommation.

Jehan Froissart nous dépeint les celliers remplis de vin, les greniers chargés de blé et les étables ou l'on élevait les bestiaux les plus gras et les mieux nourris du monde !!!. Si les campagnes étaient prospères, les villes et cités étaient riches, et l'industrie française se portait à merveille, les toiles de Reims (voir article), les draps de Louviers, de Saint Lô, de Caen et les velours de Limoux en Languedoc étaient célèbres

Le commerce l'était plus encore sur le littoral Normand, de la Saintonge et les côtes de la Méditerranée. Les foires de Champagne (voir article), et celles du Lendit (voir article) en étaient les grandes assises !!!











Cette abondance et le progrès des arts avaient développé dans la nation le goût du luxe et des jouissances matérielles. Dans la noblesse, nos Seigneurs recherchaient des vêtements plus courts et plus collants, faits d'étoffes onéreuses, ornés de pierres et de perles précieuses. Les Dames serraient leurs tailles afin de marquer la silhouette, chargeaient leurs têtes de faux cheveux, se rendant à l'église avec des tenues plus somptueuses que décentes.

Cette noblesse donnait aux classes inférieures qu'elles ne suivaient que trop !!. Les bourgeois se servaient de leurs grosses fortunes afin de satisfaire aux exigences de leur table, de leur mise et de leur train de maison. Le peuple, du nanti au manant, du boutiquier à l'apprenti, nul ne voulait rester en arrière, et l'on voyait bien des gens portant sur eux en étoffes, bijoux et affiquets la plus grande partie de leur avoir (voir article)

Mais Bourgeois et vilains avaient perdu l'habitude des exercices guerriers et l'instinct des vertus militaires. Quand à la noblesse, ou  lances rimait avec danse, ne pratiquant le plus souvent que le champ clos (voir article), dans des joutes et des tournois à thèmes. Cependant nos rutilants fers vêtus s'irritaient, lorsqu'ils voyaient la royauté essayer d'organiser sérieusement les milices Bourgeoises (voir article), ou bien tenter de former une armée nationale (voir article) !!!

Les romans de chevalerie faisaient à cette époque pleuvoir moult sarcasmes, sur ces soldats tirés de l'officine, du comptoir ou de l'atelier











 Il faut dire que bien souvent les rois de France eux mêmes, aimaient mieux puiser dans leurs bourses, disant que par l'impôt ils se tiendraient hors du péril de leur corps, et qu'il pourraient de ce fait continuer leur commerce, administrer leurs biens, leurs marchandises et leurs terres

A l'aube de cette guerre qui devait durer 116 ans, le bourgeois, l'artisan et le propriétaire terrien y trouvaient leur compte et trouvaient somme toute que ce royal langage était raisonnable !!

C'est dans ces dispositions que le peuple de France regardait les malheurs qui s'amassaient et qui pointaient leur nez à l'horizon, et ce sera dans ces épreuves qu'ils allaient trouver cette force nouvelle, le sentiment national 






PS: les infos proviennent de la BNF, et de l'école des Chartes, pour le reste c'est mon sentiment que je vous transmet, mon idée de cette fin du moyen âge !!!

Cet article est le trois cent huitième du blog, et il fait également une petite synthèse de la fin de ces mille ans d'histoire médiévale

Le but de votre copiste de nain reste avant tout le partage avec des passionnés, de ces "hypothèses probables", car je reste ce nain juché sur les épaules de géants, c'est à dire de ceux qui ont fait l'histoire M de V 

dimanche 21 avril 2019

Boris Bove: le goût médiéval !

Le fort goût épicé est le premier trait caractéristique de la cuisine médiévale. Les mets sont d'autant plus épicés, et les épices d'autant plus variées, que l'on s'élève dans la hiérarchie sociale, car les gens modestes n'ont guère accès qu'au " Poivre rond " et probablement dans des proportions restreintes.

Pour s'en distinguer les Princes et les Hauts nobles font usage du " Poivre long ", dont le piquant est comparable à celui du piment, leur cuisine est donc très relevée (voir article sur les épices). Les cuisiniers de la fin du moyen âge conjuguent presque toujours la saveur forte des épices à la saveur acide des liquides auxquels ils les mélangent.

Le principe consiste à " Réchauffer " des morceaux de viande ou de poisson dans une sauce épicée à base de vinaigre, de verjus ou de vin. La sauce la plus courante, nommée " Calmeline ", est composée de vinaigre et/ou de vin rouge, plus quatre ou cinq épices parmi lesquels la Canelle domine, donnant ainsi sa couleur et son nom à la préparation, on va y associer du Gingembre, des graines de Paradis, des clous de girofle voir même du poivre long. On apprécie beaucoup à cette époque l'acidité, que l'on trouve dans les vins blancs d'île de France, mais aussi dans les coings, les câpres et, en méditerranée dans les jus d'agrumes. La combinaison entre liquides acides et épices piquantes semble caractéristique de la cuisine Française de la fin du moyen âge









C'est ainsi du moins que l'on peut l'appréhender à partir des livres de cuisine et des comptes des hôtels princiers (voir article). Cette cuisine est aussi très légère, puisque les viandes sont souvent bouillies ou rôties, quand aux sauces elles sont liées à la mie de pain et ne comportent donc ni farine, ni graisse en dehors de celle du bouillon.

Le goût dominant à la cour du roi de France va donc se distinguer des saveurs " douces et sucrées " de la cuisine Anglaise, Italienne et Catalane à la même époque. Cependant ces saveurs douces et sucrées vont arriver en France petit à petit à partir de Charles VII.

La saveur douce est tirée du miel, des fruits secs ( pruneaux, raisins figues et dattes), et du sucre de canne importé de Sicile, ce dernier passe alors du statut de médicament à celui de condiment. Les recettes associent alors volontiers des mets sucrés et salés. La nouvelle cuisine de la seconde moitié du XV siècle sera beaucoup plus riche, car elle est marquée par les progrès du sucre, du beurre et de la crème dans le goût des élites.

Le deuxième trait de la cuisine médiévale est donc de suivre des modes et des influences indépendantes de toutes contrainte particulière d'approvisionnement ou de diététique, en bref de révéler l'existence d'un goût particulier à une époque et une région

Le dernier trait de la cuisine des élites à la fin du moyen âge est leur penchant pour les mets colorés. Un plat destiné à un prince doit être aussi beau à voir qu'à manger !!, et sa beauté tient autant à sa capacité à conserver une belle apparence, et ce malgré les ponctions qu'on y opère, qu'aux couleurs vives dont il est paré

Les couleurs les plus appréciées sont celles qui s'éloignent du brun dominant la plupart des préparations culinaires de l'époque. On rougit donc les plats avec de la purée de fraise, ou de cerise, on blanchit avec des amandes, du riz du poulet et du gingembre blanc, on verdit à l'aide du persil et de l'oseille et on jaunit avec du safran

L'abondance des sources à la fin du moyen âge nous permet d'appréhender, avec une relative finesse, l'alimentation des hommes de cette époque. Celle ci apparaît plus abondante, plus diversifiée et moins carencée que celle de leurs aînés du XIII siècle.








Les derniers siècles du moyen âge sont donc un âge d'or culinaire, quand les aléas du climat ou de la guerre ne provoquaient pas la disette !!!

La cuisine médiévale est un terrain nouveau pour les historiens qui l'explorent depuis quelques dizaines d'années seulement. La tendance actuelle est plutôt à l'étude des discours savants sur la cuisine, puis du goût et des identités culinaires régionales.

Cette histoire de la culture et des sensibilités s'intéresse peu à la crise et donne une vision plutôt paisible de la fin du moyen âge, débarrassé de l'image sombre qui lui est associée depuis la renaissance 





PS: votre copiste le nain vous conseille le livre de Boris Bove, actuellement maître de conférence à l'université de Paris VIII Vincennes Saint Denis: 1325-1453, le temps de la guerre de cent ans, aux éditions Belin ....M de V

jeudi 18 avril 2019

Anne de Beaujeu, une femme d'état

A la mort de Louis XI, le Dauphin Charles n'était âgé que de 13 ans, et si l'ordonnance de Charles V le Sage, toujours en vigueur, fixait la majorité de nos rois à 14 ans , il était cependant évident que la faiblesse d'esprit de cet enfant le mettait pour longtemps dans l'incapacité de régner !!!!

Ce n'est un secret pour personne, que Louis XI avait négligé l'éducation de son fils, héritier de la couronne (voir article), il avait cependant laissé une fille, Anne, qui était en habileté la digne émule de son père !!. Elle avait 23 ans, c'était l'aînée de la famille. On s'autorise à penser que l'universelle araigne, avait pourvu à sa façon à la garde du royaume, en la positionnant comme Tutrice du Dauphin avant sa mort !!!

Anne sans avoir la perfidie de son père en avait la finesse, Louis était fourbe et dissimulé, Anne était adroite et discrète. Si ce monarque était prodigue de serments qu'il violait ensuite sans scrupules, Anne savait promettre et donner avec discernement. Louis se faisait craindre et Anne ne s'attachait qu'à se faire respecter. Or donc voila un benêt de Dauphin, proche du trône, qui ne pouvait tomber en de meilleures mains !!!

Anne, en septembre 1473, avait été mariée à l'âge de 12 ans à Pierre seigneur de Beaujeu, et fils cadet du Duc de Bourbon. Elle deviens donc la Dame de Beaujeu, ce jusqu'à la mort de son Beau père Duc de Bourbon, qui lui permettra de devenir Duchesse de Bourbon. Au début des années 1480, Louis XI avait subit plusieurs attaques cardiaques, prudent il confie la tutelle de son fils au couple afin qu'ils exercent le pouvoir au cas ou il mourrait !!!

Le cas est unique dans l'histoire de France !!, généralement ce sont les mères des enfants royaux mineurs qui sont investies de cette responsabilité. Le couple se retrouva donc en première ligne à la mort du monarque en 1483. Le mari de Anne n'était encore que le seigneur de Beaujeu c'est à dire peu de chose par rapport aux Princes du royaume !!. Plusieurs de ces princes Français vont réclamer la régence, ce benêt de Dauphin Charles eut été un proie facile pour ces grands carnassiers !!

Bien sur !!!, pourquoi ne pas recommencer comme du temps de Charles VI le Fou ou ses oncles dilapidaient à pleines poignées le trésor du royaume hein !!!, et retomber ainsi dans les erreurs du passé









Anne inaugure alors une stratégie qui va se révéler payante. Louis d'Orléans réclamait que la régence soit tranchée par les états généraux, Anne et Pierre vont oeuvrer pour obtenir cette légitimité auprès de leurs membres !!. Cette assemblée des états peut être considérée comme une première historique, car c'est la première fois, en l'an de grâce 1484, qu'ils siègent au complet et en un même lieu !!

Anne avait bien essayé de tenir les princes dans leurs devoirs, mais les largesses du pouvoir ne satisfont jamais leurs ennemis, ils se sentent humiliés de recevoir ce qu'ils comptaient conquérir. La prudence de Anne de Beaujeu ne put désarmer les machinations des rebelles !!

Dès que le parlement des états fût rassemblé, le Duc d'Orléans se mit à promettre beaucoup à ceux qui siégeaient, Anne fit mieux: elle agit, elle diminue les impôts en licenciant des troupes inutiles, puis confirme les privilèges de quelques bonnes villes, et livre à la justice plusieurs favoris de son père devenus l'objet de la haine publique !!

En premier Olivier le Daim (voir article), il fut pendu à Montfaucon, puis c'est le tour de Doyat il fut mis au pilori et torturé, pour finir par Coctier, condamné à restituer les dons exorbitants qu'il avait extorqués au vieux roi malade et affaibli. Enfin arriva le jour de l'ouverture des états, la ville de Tours était en effervescence, la foule se pressait autour du palais épiscopal pour voir les membres qui y siégeaient









Du 5 janvier date d'ouverture, jusqu'au 14 mars 1484, ils se réuniront 9 fois, pendant tout ce temps un groupe de fidèles de la régente travaillait habilement les membres de cette assemblée. Ils vont confirmer la régence d'Anne, mais aussi déclarer le Dauphin majeur, tout en sachant bien qu'il était fort peu capable de gouverner par lui même

Honteux de son échec et rougissant d'obéir à une femme, le Duc d'Orléans et les opposants fomentèrent une coalition Européenne, engageant ainsi la France dans l'épisode connu sous le nom de la " guerre folle ". Elle se terminera en 1488, par l'emprisonnement de Louis d'Orléans et l'abandon des autres conjurés !

Durant cette folle période  Anne de Beaujeu  suivra fréquemment les armées en accompagnant son frère devenu Charles VIII, pendant que son mari Pierre restait à Paris pour gérer les affaires courantes. Notons l'efficacité de ce couple, Anne fut la seule Régente à pouvoir s'appuyer sur un époux, les autres régentes étaient veuves bien sur !!

La défaite des coalisés ouvrit la voie à d'autres tractations, en vue du mariage du roi, avec la jeune Duchesse Anne de Bretagne, avec pour objectif de rattacher ce Duché à la France. En 1491 le roi étant adulte et marié, Anne de Beaujeu se retire de la scène pour laisser le pouvoir à son frère, d'autant qu'entre temps suite au décès des deux frères de son mari, lui devenait Duc, et elle devenait Duchesse de Bourbon.





PS: Mais l'on sait que Charles VIII, qui n'avait rien d'un politique, séjournait souvent et pendant de longues périodes chez sa soeur à Moulins ????, il est donc peu probable que l'ancienne régente se soit totalement éloignée des affaires nationales ...M de

lundi 15 avril 2019

Jean V de Bueil, fléau des Anglois

Nous savons par le roman du " Jouvencel ", ainsi que par le commentaire qu'en fit Tringant, que l'enfance de Jean de Bueil fut loin d'être heureuse, et qu'elle ne fut pas exempte des misères provoquées par la guerre contre l'Anglois, mais aussi par les effets résultants de la folie de Charles VI de Valois.

Seigneurs et Vassaux vivaient alors dans une commune détresse. Plus que tout autre la noblesse des confins de la Touraine, du Maine et de l'Anjou souffrait de la guerre de cent ans. La ligne du Loir, fut prise et reprise, et les biens de la famille de Bueil situés dans ces contrées subirent le sort des régions environnantes.

Cet état de fait nous est décrit dans les premiers chapitres du Jouvencel. Nous y trouvons relaté les aventures d'un jeune enfant noble réduit à la misère et obligé de se créer une position, un avenir dans cette funeste période de l'histoire de France.

La couleur qui servit à peindre ce sombre tableau des horreurs de la guerre, et les détails, évidemment historiques, nous montrent, que ce sont la les impressions d'un témoin oculaire !!










Guillaume Tringant, l'un des serviteurs de la Maison de Bueil, dans un appendice au Jouvencel, s'attache à commenter cet ouvrage et à restituer également aux personnages et aux scènes de ce roman leurs noms et leurs significations historiques, il nous apprend que ce roman n'est pas une pure fiction. Les impressions et les faits de l'enfance de Jean de Bueil se trouvent retracés au début de ce livre, et le nom du jouvencel n'est plus dès lors qu'un pseudonyme transparent, sous lequel se cache l'auteur en racontant ses propres tribulations !!

Un document nous indique l'état de gêne dans lequel se trouve la mère de Jean de Bueil. Au lendemain d'Azincourt, ignorant encore quel avait été le sort de son mari, elle voulut pourvoir à la liquidation des biens de ses enfants mineurs et les décharger ainsi des redevances dont ils étaient grevés. la précipitation avec laquelle elle procéda, dans cette situation embarrassée, et la preuve que la mort de Jean IV de Bueil à cette funeste bataille laissait ses affaires en fort piteux état !!

Son fils, Jean, va entrer dans la Maison du Vicomte de Narbonne, auquel il servit de page quelques temps et qui le suivra à la bataille de Verneuil. C'est à cette désastreuse journée que Jean de Bueil, âgé de 18 ans, fit ses premières armes, en compagnie du jeune Duc d'Alençon, qui lui aussi avait perdu son père à Azincourt !!

Nous avions la, outre les Français, des contingents Espagnols et Ecossais. Au centre du dispositif se trouvait la bataille du Vicomte de Narbonne, elle va subir le plus gros de l'effort adverse et fut la première à être rompue, son chef sera tué et le Duc d'Alençon prisonnier









Si à Azincourt Jean de Bueil avait perdu sa famille, à Verneuil il perdait ses amis !!, la mort du Vicomte de Narbonne interrompait son éducation féodale et par le fait son instruction militaire, celle que recevait tout jeune noble au service de son suzerain. Etienne de Vignolles, dit La Hire, le prend dans sa compagnie et se charge d'achever sa formation

Nul plus que lui n'était capable de l'initier aux finesses de l'art de la guerre !!, mais de la guerre tel que lui la pratiquait, coups de main, effet de surprise, stratagèmes et utilisation du terrain. La Hire n'est pas un adepte des romans de Chevalerie, il répétait sans cesse à son disciple Jean, cet axiome " il faut frapper les premiers coups pour n'avoir point peur "

La résistance s'organisait sur le Loir, La Hire était alors un des capitaine de Vendôme il faisait une guerre acharnée aux Anglois, Jean de Bueil se trouvait à Courcillon, tantôt à la Marchères ou bien à Vaujours. Etienne de Vignolles le faisait mander lorsqu'il avait besoin de lui pour quelque opération guerrière. Selon Tringant, Jean de Bueil s'y rendait volontiers avec les hommes dont il disposait, car il avait ce goût passionné pour les armes !!, ce qui devait pendant un demi siècle mêler Bueil à tous les combats, et lui mériter ce surnom fameux de Fléau des Anglais, cela deviendra le trait distinctif de notre personnage

Il semble logique de croire qu'ayant subi l'Anglois dans son enfance, perdu son père contre eux à Azincourt et ses amis à Verneuil, il avait plus qu'une dent contre eux ....disons plutôt toute une machoire !!!!!








Notre brave La Hire ne ménageait pas sa peine, or donc, son disciple, Jean V de Bueil non plus !!!, Etienne étendait son terrain d'action en direction de l'Orléanais, des entreprises militaires dont Tringant et le Jouvencel nous donnent un exemple caractéristique. Citons pour le plaisir cette audacieuse manoeuvre, qui il faut bien le dire, sent quelque peu le fumier !!!!!

Il y avait alors en septembre 1427, une forte garnison de Bourguignon à Marchenoir. Le Etienne fin comme l'ambre, avait remarqué que ceux ci se gardaient mal et qu'ils étaient fort imprudent en journée, cela lui chatouilla les mérangeoises et il va établir un stratagème !!

Il va de nuit cacher dans les tas de fumiers voisins de la porte d'entrée de la cité une partie de sa troupe, puis fait scier à la lime sourde la barrière qui flanquait un fossé un peu en avant de ses odorantes troupes dissimulées. Ensuite il divise le reste de ses hommes en deux détachements, l'un devant aller appâter le Bourguignon, tandis que l'autre devait rester en réserve et hors de vue

Une fois le dispositif mis en place, le jour pointait déjà son nez, peu de temps après les portes de la ville s'ouvrent, en saillirent femmes pages et chiens allant musarder vers les haies et buissons de devant la place, puis ce furent les chevaux que l'on mena sans défiance à l'abreuvoir !!!









Alors le Capitaine Guillaume de Brézé commanda à Jean de Bueil de faire monter ses fantassins en croupe de ses cavaliers et de courir sus à cette foule, la troupe vint fondre au milieu des badauds épars dans la prairie !!. On vit alors varlets, pages et chiens fuir, ainsi que les femmes en criant, s'il n'en eut rien coûté, on en eut volontiers ri !!

Aussitôt la garde sonne l'alarme et les Bourguignons sortent, qui à pied, qui à cheval entre barrière et place. Les Bourguignons voyant leurs adversaires fuir se mettent à la poursuite bien sûr, le stratagème avait fonctionné !!

Mais les français se trouvent soudain renforcés par la troupe de réserve cachée, tournent brides et reviennent à francs étriers sur nos Bourguignons !!, ceux ci cherchent à se protéger derrière la fameuse barrière préalablement sciée.

Les Fantassins qui étaient montés en croupe sautent à terre et entrent dans la danse en lançant leurs traits. C'est à ce moment que vont surgir nos odorants guerriers, qui sortant des tas de fumiers vont couper la retraite à nos trop confiants Bourguignons !!

Les assaillants vont dans la mêlée entrer dans la ville en même temps que leurs défenseurs, ainsi la cité fut bien vite prise, il est certain que ce genre de stratégie n'avait pas cours chez nos rutilants fers vêtus, mangeurs de charrettes ferrées !!!





PS: Le nain pleure sur sa copie en finissant cet article, Notre Dame de Paris brûle et une profonde tristesse me serre le coeur, 900 ans d'histoire qui part en fumée, je suis effondré ....M de V  

dimanche 7 avril 2019

N°305) la guerre civile Française et nos voisins Anglois

Cette guerre civile va aiguiser l'appétit des Anglois. Les provocations militaires des différents partis en France n'avaient d'abord suscité que des réponses sporadiques en 1403 et 1410. Mais faute de moyens les protagonistes en étaient venus à chercher une alliance extérieur, afin d'obtenir un soutien décisif contre leurs ennemis de l'intérieur.

Jean sans Peur fut le premier à faire appel aux Anglois, en 1411, pour obtenir un contingent militaire susceptible de débloquer Paris que son cousin Charles d'Orléans tentait de prendre !! Puis en 1412, Charles d'Orléans et le parti Armagnac, tentent à leur tour une négociation, par le Traité d'Etham, l'envoi de 1000 hommes d'armes et 3000 archers Anglois, en échange de la cession de la grande Aquitaine en pleine souveraineté.

Il va y avoir un petit souci, en août de cette année la paix d'Auxerre fut signée entre les belligérants des différents partis Français, rendant cette alliance avec l'Anglois caduque !! Mais voila le contingent Anglois avait débarqué dans le Cotentin lui !!, et se moquait de la paix d'Auxerre comme de leurs premières chausses !! Ils vont donc entreprendre une chevauchée à leur compte, renouant ainsi avec leur vieille tradition abandonnée depuis 1380. Or donc Charles d'Orléans fut obligé d'acheter leur départ de France pour la somme de 300 000 écus, dont il n'avait pas le premier Sol vaillant !!!

Typique du Français qui signant une paix entre eux pensent innocemment, que les troupes étrangères engagées vont faire de même. Ils n'avaient toujours rien compris !!!










En 1413 le parti Bourguignon de Jean sans Peur, négocie une convention avec l'Anglois, dans le cas ou il parviendrait à conquérir son héritage Français. Toutes ces négociations alternées auront surtout pour effet de faire germer dans la tête du monarque Anglais la conviction que la guerre civile avait fait du royaume de France une proie facile !!

Le roi d'Albion ne pensa pas de suite à une offensive sur le territoire de France, l'idée mis du temps à faire son chemin, et Henri IV qui avait déposé puis fait assassiné Richard II (fils du Prince Noir), avait pour le moment trop à faire pour affermir son divin postérieur sur le trône d'Angleterre, et donc pour avoir des rêves de conquête !!

Cependant plus tard, son fils Henri V, sera un roi qui se sentait tout à fait prêt à relancer la guerre sur le continent !!, il rêvait de fédérer la noblesse de son pays, sur le dos des français, en se lançant dans une grande aventure guerrière. Il va donc reprendre à son compte les revendications d'Edouard III, et en 1414 il réclame toutes les possessions des Plantagenêts, le solde de la rançon de Jean II le Bon et la main de Catherine, fille du roi fou Charles VI de Valois, rien que ça !!!!!!

Bien sur pendant ce temps en France Armagnacs, Bourguignons et autres belligérants, continuaient joyeusement à se mettre sur le grouin tout en essayant de grignoter miettes après miettes le gâteau royal de Charles VI le fou










Cette fois la stratégie du roi d'Albion était différente, il désirait conquérir les terres qu'il traversait, et non pas faire des raids ou une chevauchée !!! Il débarque à Harfleur en 1415, avec des engins de siège, dans le but évident d'établir une tête de pont à partir de cette ville, qui ouvrirait pour lui la route de la Normandie et de l'île de France !! La ville fut prise en septembre, mais c'était trop tard dans la saison et l'offensive se mua en chevauchée classique, afin de rejoindre Calais, embarquer pour Albion et y passer l'hiver

La retraite de Henri V fut arrêtée à Azincourt le 25 octobre 1415, pour notre plus grand malheur !!. L'armée de France, sous le commandement du Connétable Charles I d'Albret, un Armagnac, qui avait jugé bon de ne pas convoquer Jean sans Peur et ses Bourguignons, il se mit en place avec environ 15 000 hommes, sous une pluie battante et dans une boue qui montait aux chevilles de la piétaille !!. Tout le monde est d'accord sur le fait qu'ils occuperont en plus une position stratégique plus que douteuse (voir article). Ils vont se faire laminer par 7000 Anglois épuisés et atteints de Dysenterie !!

Henri V rentre en Albion hiverner, mais le mal était fait, cette bataille va légitimer les prétentions Angloises, disqualifiant du même coup les Armagnacs qui avaient menés l'offensive, ces derniers sont saignés à blanc, tant par le nombre de morts que par les prisonniers que les hommes d'Albion firent. Une hécatombe 3000 morts et 1500  prisonniers, alors que du côté Anglais ils ne déploraient que 500 morts. Il nous faut détailler un peu les pertes parmi les chefs du parti Armagnac










Sont morts, le Connétable Charles I d'Albret, Jean d'Alençon et les 15 Baillis qui menaient au combat les contingents des provinces du Nord. Puis Charles d'Orléans et jean de Bourbon étaient prisonniers !! Mais surtout l'ampleur de la défaite poussa les Ducs de Bourgogne, de Bretagne et d'Anjou à conclure des paix séparées pour protéger leurs principauté, la voie était libre pour commencer la conquête, celle ci allait débuter en 1417

Henri V débarque à Touques, avec 11 000 hommes, du matériel de siège et une forte artillerie, procédant avec méthode Caen, Cherbourg, Evreux, Rouen, Pontoise, Mantes et Château Gaillard tombent entre août 1417 et décembre 1419, ce roi va veiller à ne pas s'aliéner les populations civiles en interdisant les pillages, son avancée suscita néanmoins l'exode d'une partie des normands !!

Les terres abandonnées furent redistribuées à des partisans Français ou à des Anglais. Désormais la défense de la Normandie allait devenir la priorité de ce roi et des capitaines Anglais qui avaient été dotés. A Paris, le gouvernement Armagnac du roi de France fut incapable d'enrayer la progression Angloise. Cette incapacité était militaire, politique, mais aussi financière, ils vont altérer les monnaies pour poursuivre la guerre, poussant la population au comble de la colère. Le Duc, Jean sans Peur, en profite pour se faire ouvrir les portes de la capitale, provocant la fuite des Armagnac. Le prévôt, Tanguy du Châtel eut la présence d'esprit d'emporter dans ses bras le Dauphin Charles pour le soustraire, de nuit, aux Bourguignons !!!!!










Maître de la ville le Duc de Bourgogne hésite entre faire la paix avec l'Anglois et s'allier avec ses ennemis de l'intérieur pour chasser Henri V. Mais voila, trop tard, ce dernier ayant pris Pontoise était aux portes de la ville avec ses troupes !!!

Puis le Dauphin mal conseillé fera assassiné, par ses partisans, Jean sans Peur à la rencontre de Monterau ce qui aura pour effet d'interdire toute entente entre les partis. la reine de France traitera avec l'Anglais et capitula au nom de Charles VI. Le succès des Anglois paraissait total et ils s'installèrent durablement dans le pays !!




PS: Il y aura plus tard un juste retour des choses, la guerre civile frappera aussi l'Angleterre, chacun son tour hein !!!!. La Guerre des deux Roses fera rage chez eux, mais celle ci aidera la France à sortir de ce conflit qui dura 116 ans M de V