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samedi 24 mars 2018

Les Tavernes et Auberges Médiévales

Selon le livre d'or des métiers, l'histoire des Hostels, Auberges et Tavernes du moyen âge nous dresse un bien triste tableau de ces lieux qui nous font rêver !!! Ce document  ne fut édité qu'en 1851

Ce ne sont que "Bouges" enfumés ou l'on ne sert qu'une misérable piquette frelatée, telle que vin trempé d'eau, les mets qu'on y apprête sont tout aussi misérables, des légumes mal cuits, de la viande de porc ladre et de la vache maigre, voila l'ordinaire!! Jamais de plats choisis ni surtout jamais de volailles, car c'est un met " d'élite " ou de " roi " que l'on juge comme tel par sa cherté. Ce que l'on peut se faire servir de mieux dans ces endroits, ce sont poissons de rivières, cuisant dans les marmites de ces tavernes enfumées, empuantissant l'air de leurs vapeurs fétides !!






On y trouvait le plus souvent les gens des campagnes, qui las de se griser avec la mauvaise cervoise qu'ils brassaient eux même, s'en viennent le dimanche en taverne, boire et chanter à plein gosier et y manger les rouges boudins au serpolet, que l'on voyait pendre en longues guirlandes aux solives des tavernes.

Ils y côtoyaient, moines et prêtres, gens de passages et tous ceux qui faisaient profession de profiter ou de plumer les clients, l'aubergiste ou le tavernier n'étant pas des moindre !!!!

Parmi les hôtes les plus assidus des tavernes on trouvait truands et ribaudes, ainsi que des bandes criardes de menestriers et menestrelles, qui venaient s'y louer pour faire danser le chaland, après avoir chanté quelques vers ou couplets et récité quelque gai fabliau.

Au XIV siècle un Trouvère qui mettait en scène le roman de Bauduin de Seboure, dit franchement au chant XII, à ceux qui l'écoutent " et si j'ai vostre argent, aussi ne le plaignez point, car si tôt que je l'ai, c'est le tavernier qui l'aura ! " car trouvères et menestriers se vantent d'y aller et de dépenser tout ce qu'ils gagnent.

Autres engeances fréquentant ces lieux se trouvaient les charlatans de toutes sortes, Marchands d'onguents, Pardonneurs vendant des indulgences, Vendeurs de reliques, ces trafics furent toujours à l'honneur dans les tavernes et auberges de tous les pays.






S'il n'y eut qu'eux ce fut un moindre mal !, mais de pires figures y venaient, pour y dresser embûches aux clients. Tous les joueurs de Merelle et de Dés, sachant tous les tours et les mauvaises tricheries du métier!, se servant bien sur de dès pipés,.....mais l'hiver, jouer et boire étaient les seuls délices du coin du feu !!

Bien sur on pouvait se donner ces joies dans sa maison, mais de préférence on allait les chercher à la taverne, le credo de la ribaudaille c'est de mettre sa foi dans les joies de la taverne, plutôt que dans les béatitudes du ciel, buvant à pleins verres le vin d'Orléans et d'Auxerre, pour finir étalés sur la paille de la jonchée pas toujours fraîche qui couvre le sol de la taverne, ou longuement étendu sur les grands escabeaux de bois. Les ordonnances royales n'y changeaient rien, il y était pourtant spécifié que les taverniers ne devaient recevoir chez eux aucun joueur de dès et autres gens diffamés!








Mais on avait toujours mille moyens d'éluder l'ordonnance, aussi le plus souvent ne jouait on pas de l'argent, mais pour des oublies, des échaudés, des roinsolles et autres petites tourtes et friands à la viande chaude et juteuse, que de petits marchands venaient vendre dans les auberges, ou encore son cheval, ses armes et ce jusqu'aux aiguillettes fermant le haut de chausse!

En Cherchant bien et en commentant les divers articles des ordonnances portées sur les taverniers, on s'aperçoit que chez eux tout est infraction et désobéissance,

Ils ne devaient normalement donner à leurs vins que le nom de l'endroit ou il avait été poussé en cru, alors qu'ils servaient aux buveurs la piquette manipulée à bas droits dans leurs propres celliers.

Ils faisaient provende de tout, même d'un croûton et si tant est que la chose soit possible ils auraient réussi à tondre un oeuf !!







Plus mauvais, hargneux et récalcitrants étaient les clients écoliers, galoches, Compains, Coquillars et Goliars, pour ne citer que les noms dont ils s'affublaient eux mêmes. Personne dans les cités n'étaient plus assidus qu'eux en taverne, et personne qui ne fit plus grand tapage qu'eux pour de si maigre dépens!

Buvant et jouant jusqu'à perdre les aiguillettes de leurs chausses, il me semble entendre d'ici, le tapage que font ces drôles, leurs éclats et jurons, ou querelles et rixes commençaient avec les bancs que l'on brise et les brocs et chopes que l'on se jette à la tête.

Dans une catégorie supérieure, nous trouvons les voleurs et les assassins, qui étaient eux aussi des hôtes privilégiés des tavernes, souvent acoquiné avec l'aubergiste qui était lui aussi un hardi coquin, ne laissant jamais sortir de chez lui un voyageur sans l'avoir savamment rançonné et tondu !

Bienheureux le voyageur qui ne trouvait pas la mort dans ces endroits, de la main du tavernier ou sous le coup des assassins et voleurs auxquels il ouvrait son auberge. Les morts violentes dans les hostelleries et le détroussement des cadavres, furent choses si communes au XIV siècle, qu'une ordonnance de 1315 décida que l'hostellier qui retient chez lui les effets d'un étranger mort devait rendre le triple de ce qu'il avait retenu!!!







Il ne faut pas croire qu'il en était ainsi seulement dans les tavernes et auberges des grands chemins, et que celles des cités fussent en comparaison des lieux de sûreté, car c'étaient eux même de vrais coupe gorges, aussi bien en Paris

Les faux monnayeurs et faussaires de tout poil cachaient souvent leur frauduleuse industrie dans les tavernes, ne vous étonnez pas ! On sait qu'en plusieurs grandes villes dont Paris, les ouvriers travaillant aux gros ouvrages dans les hostels des monnaies étaient aussi débitants de vins.

A Orléans par exemple, les ouvriers qui travaillaient la monnaie étaient tous vignerons et nos cabaretiers ou taverniers ne mettaient pas plus de scrupules à fabriquer de la fausse monnaie qu'à trafiquer de mauvais vins !






Ce n'est qu'en l'an de grâce 1407, que fut rendue l'ordonnance enjoignant les aubergistes et autres taverniers de tenir un registre ou ils inscrivaient les noms des gens qu'ils logeaient, les longs voyages à petites journées avec étape à l'auberge était monnaie courante, ainsi que les pèlerinages, ne laissant  de ce fait jamais les auberges désertes;

Mais parlons de l'ambiance de ces endroits en temps de guerres, quand toutes ces hostelleries sur les chemins se remplissaient d'hommes d'armes de toutes sortes, archers, argoulets, francs taupins, routiers et écorcheurs de tout poils.

La présence de ces hôtes ne rendait l'endroit que plus dangereux, il n'étaient de bandes plus à craindre que ces troupes de guerre, ardents à la maraude et à la picorée !!

Il leur fallait toujours quelqu'un à dépouiller, que ce soit le bourgeois voyageur, le pèlerin ou l'aubergiste, et quand ceux ci manquaient ils allaient tondre le paysan, mais comme ils étaient rarement payés ou alors troupe licenciés d'une armée en fin de campagne, comment s'étonner qu'ils se payent sur le pays ????






PS: Par bonheur il venait parfois dans les hostelleries des personnages d'un commerce moins dangereux, soit qu'il préférassent l'hospitalité de ces gîtes publics, soit qu'ils n'aient  dans les environs ni parent ni ami pour les loger ??? et venaient en simples passants demander à l'aubergiste le vivre et le coucher. Le tableau est sombre! mais si en grande majorité ces lieux étaient mal famés, il devait bien se trouver quelques bonnes auberges ou gîter et trouver bonne compagnie et ce n'est pas Geoffroy Chaucer qui me contredira M de

mardi 20 mars 2018

La Hire et Xaintrailles, Capitaines de Charles VII

Inséparables !! telle est l'image que La Hire connu sous le nom d'Etienne de Vignoles et Jean dit Poton de Xaintrailles, véhiculent à la postérité jusque dans nos livres d'histoire les plus récents.

Ils sont présentés par les médiévistes, comme de rudes Capitaines de Compagnies Gasconnes, fidèles au Dauphin, puis au roi Charles VII, Ils seront compagnons de Jeanne d'Arc (voir article), au même titre que Dunois Bâtard d'Orléans, Jean V de Bueil, ou Gilles de Laval, Baron de Rais (voir article), Jean V de Bueil fut même sous les ordres de la Hire dans sa compagnie, il en parle avec admiration dans son " Jouvencel " et note que l'on voit nos deux compères agissant et opérant de concert.

La période la plus connue de la carrière de nos deux capitaines étant selon Boris Bove, l'épopée Johannique et plus particulièrement le siège d'Orléans ! Pourtant les historiens se sont peu intéressés à ces deux capitaines de routes. En effet si Jean V de bueil est plus étudié des médiévistes c'est grâce à son livre le Jouvencel, car nos deux rustiques compagnons Gascons, n'ont eux rien écrit.

La dernière publication sur La Hire date de 1968 et celle de Xaintrailles de 1902 !!, et je ne vous parle pas de l'histoire du brave La Hire, racontée par Armand de Salignac en 1863, ou notre capitaine tout bébé, abandonné sous un pont avec une épée, fut apporté sur le lit de mort du Connétable Du Guesclin moribond, qui reconnait l'enfant comme étant le fils d'un de ses compagnons d'armes "Vignoles " ( référence Gallica BNF)








Je me propose donc d'exposer le point de vue de Christophe Furon, en octobre 2016, pour retracer brièvement les carrières respectives de nos deux capitaines, comprendre le rôle du roi dans leur ascension et de se poser la question sur la réalité de leur compagnonnage.

Nés vers la fin du XIV siècle, issus tous deux de la petite noblesse Gasconne, La Hire et Poton apparaissent pour la première fois au service du Dauphin en 1418, parmi les capitaines se ralliant à lui, après sa fuite de paris vers Melun. Ce ralliement est logique vu l'appartenance à la mouvance Armagnaque des Vignoles et des Xaintrailles, liés par des relations vassaliques aux Albret et aux Comtes d'Armagnac, ils figurent d'ailleurs tous les deux dans l'armée de Bernard VII d'Armagnac, lors de sa campagne contre le Comte de Foix en 1415

A partir de 1418, les contemporains, comme le Héraut Berry, ou la chronique Martiniane, considèrent que leur rôle dans la lutte contre les Anglo Bourguignons fut essentiel !, ou il est dit: " qu'ils ont fait au royaume de France, plusieurs grands et louables services "

A cette époque nos deux compagnons n'étaient que de petits capitaines, mais si l'on considère leur affrontement contre le seigneur de Longueval en 1419, ou ils engagent à eux deux quarante Lances!....cela fait réfléchir, car si l'on considère qu'une lance se compose de dix à douze hommes en général, ce n'est pas peu, représentant donc une troupe, au pire de quatre cent hommes, au mieux de cinq cent, même s'il faut être prudent à propos des effectifs militaires fournis par les chroniqueurs de l'époque!!!!!









Les deux capitaines commandaient la même compagnie, si le fait était assez rare au XV siècle, il était néanmoins courant au siècle précédent. Dans les années 1420, ils opéraient à la frontières des territoires bourguignons, menant une guerre d'escarmouches et de coups de mains, tant pour Charles VII  que pour eux même.


Les effectifs dont ils disposaient étaient modestes, ils ne pouvaient donc prétendre jouer un rôle plus important que celui de routiers vivant sur le pays, mais leurs actions communes ou distinctes divisaient les forces adverses, se livrant à un harcèlement psychologique permanent. Ils étaient des spécialistes du combat sous forme de raids et maîtrisaient à fond l'art de l'utilisation du terrain

C'est cette guerre d'usure qui faisait la réputation des routiers et de nos deux compères en particulier!! Ils étaient: "permettez moi l'expression " comme deux furoncles plantés dans le fessier Bourguignon !!. Même Armand de Salignac dans son livre ne les qualifie pas d'autres termes que: " routiers, tard-venus, tondeurs, écorcheurs, ils étaient les dignes descendants des grandes compagnies du XIV siècle !!









C'est à la suite de la désastreuse bataille de Verneuil, lorsque au soir de ce 17 Août 1424, le roi se retrouve sans armée !, que nos deux capitaines vont par la force des choses acquérir une position importante au sein du commandement de l'armée royale.


Le roi est dans l'obligation de mettre en avant des personnages qui n'avaient joués jusqu'alors que des rôles secondaires, tel un Jean de Dunois, Bâtard d'Orléans.

Un fait révélateur, c'est que La Hire semble avoir connu un accroissement des effectifs de sa compagnie suite à la défaite de Verneuil, car les hommes dont le chef meurt, recherchent un capitaine capable de leur assurer subsistance et renommée: Un Antoine de Chabannes et un Jean V de Bueil, respectivement pages du Comte de Ventadour et du Vicomte de Narbonne, morts lors de cette bataille, vont entrer à son service à ce moment la !!

A partir de ce moment, même s'ils ont des carrières distinctes, nos deux capitaines agiront souvent conjointement, que ce soit pour des opérations militaires ou pour de simpes courses. Nous savons selon la Chronique de Monstrelet, que Jean V de Bueil fut au service de La Hire de 1424 à 1428, ce qui nous permet de croire qu'ils connaissait fort bien La Hire et Xaintrailles et de ce qu'il en dit dans son Jouvencel !!!








Au fil des siècles, mythe et histoire s'interpénètrent pour faire évoluer La Hire et Xaintrailles dans le grand roman national, et furent utilisés par les auteurs du XVI, XVII et XIX siècles comme héros du royaume ou de la nation !!

Mais cela ne doit pas nous faire oublier la réalité des choses, au delà de la prose et de l'enluminure de notre riche histoire, qu'ils étaient avant tout, des capitaines pour qui la guerre était un mode de vie et un moyen de subsitance !!!

N'oublions pas surtout qu'au delà de leurs gloires personnelles se cachent deux compagnies d'hommes d'armes sans lesquelles rien ne pu s'accomplir !!!

Mais avouons que Jean V de Bueil fut à bonne école pour parfaire ses connaissances guerrières avec de tel hommes de guerre, peut être doit il une part de son titre, mérité au demeurant, de Fléau des Anglais à ces deux hommes.

PS: Je laisse au Groupe le Jouvencel et la famille de Bueil dans l'histoire de France le soin de mettre le mot de la fin M de V



jeudi 15 mars 2018

N°135) Jéhan de Joinville ou la vie de Saint Louis

Pour les récits historiques, au XV siècle nous avons eut Philippe de Commines, au XIV Jéhan Froissart et au XIII siècle Jéhan de Joinville avec son récit de la vie de Saint Louis.

Ce Sénéchal de Champagne n'est pas un écrivain, il relate des faits et n'a aucun don particulier pour l'écriture, si ce n'est la précision de son récit et sa grande sincérité !.

La famille de Joinville était dans le XIII siècle l'une des plus distinguée de Champagne. Vers le milieu du siècle précédent, nous avons Etienne, surnommé Devaux.

C'est l'un des aïeux de notre auteur, qui devint très puissant, en épousant la Comtesse de Joigny qui lui apportait par mariage ce fief et plusieurs autres seigneuries et ce fut Etienne qui fit bâtir le château de Joinville.







L'oncle et le père du sire de Joinville s'étaient couverts de gloire, le premier sous Philippe Auguste, suivant pour ce faire, le Comte de Flandres à la conquête de Constantinople, et le second pendant la difficile période de la minorité de Saint Louis (Louis IX), en défendant la ville de Troyes, contre les efforts conjugués de pratiquement tous  les seigneurs de France !!!

Jean sire de Joinville, dont nous nous occupons, naquit selon Du Cange, vers l'an de grâce 1224, son enfance se passe au château de famille et quand l'âge fut venu d'entrer en apprentissage de chevalerie, il sera tout naturellement attaché, conformément aux usages de ce temps à la Maison du Comte Thibaut IV de Champagne.

Par le côté jovial de son humeur et l'aimable franchise de son caractère il va très vite se concilier la bienveillance du Comte. Il va perdre son père de bonne heure et épouser peu de temps après en 1239, à l'âge de seize ans, Alix de Granpré, ils étaient du même âge et Jean était très épris de sa femme Alix.

La faveur dont il jouissait près de Thibaut IV, et le fait que jeune marié il devait s'établir, lui fit obtenir la charge de Sénéchal de Champagne qu'avait occupée son père de son vivant. Il fut en outre plus tard nommé Grand Maître de la Maison des Comtes de Champagne.

Lorsqu'en 1245, la croisade fut publiée, il apparaît qu'il ne connaissait qu'à peine le roi de France, dont il devait par la suite acquérir l'amitié et la confiance. Louis IX était devenu l'objet de l'amour de ses peuples, les Français de toutes conditions, qu'ils fassent partis du royaume de France ou des autres domaines de la France actuelle, brûlaient de partager les dangers de cette croisade avec lui !!!








Joinville qui n'avait encore que vingt deux ans, ne fut pas le dernier à prendre la croix ! pour faire apprentissage de la guerre sous un tel monarque, mais il y avait une pierre d'achoppement !!!

En effet, la mère de Jean de Joinville, Béatrix,  vivait toujours, et jouissait donc en douaire de la majorité des terres de la famille; il fut donc obligé d'engager tous ses biens et ceux de son épouse, ceci afin de subvenir à la levée et à l'entretien d'une troupe de soldats !!

Il le dit lui même, à peine leur restait il douze cent livres de rentes! de plus ils avaient deux enfants en bas âge, mais il considérait faire plus pour eux en rendant son nom illustre, qu'en ménageant le patrimoine qu'il devait leur laisser.... (pour ma part c'est une question de point de vue et dépend de quel côté de la bourse sont placés les intéressés ???)

Avec cette libéralité imprévoyante qui caractérise la jeunesse, mais aussi la mentalité du croisé, il prend à sa solde dix chevaliers, dont trois sont Bannerets (ceux ci disposent de plus de soldats).

On peut estimer la troupe de gens d'armes de Joinville à environ 150 hommes, une petite armée !!! ....dépense bien supérieure à ses moyens, mais après avoir fait ripaille pour fêter l'événement et reçu bénédiction de la curie locale, il part avec sa troupe pour s'embarquer dans des Cogghes à Marseille.








Il rejoignit le roi dans l'île de Chypre, lieu de rendez vous pour le regroupement des croisés. A partir de ce moment Joinville se trouve dans une gêne financière à ses ongles ronger !!! il est désormais dans l'impossibilité de faire face aux dépenses pour l'entretien de ses troupes.

Nécessité faisant loi, il fait demande au roi Louis IX de prendre à sa charge l'entretien de sa troupe, pratique courante pour l'Ost en France !!!!, mais pas lors d'une croisade regroupant des guerriers de l'Europe entière.

Néanmoins ses propositions furent acceptées, il entre donc au service du roi, dont il gagnera bien vite les bonnes grâces, par son côté enjoué, sa franchise et son courage . Il va s'établir tout au long de cette croisade entre le monarque et Joinville une familiarité, voir même une amitié dont ce dernier n'abusera jamais !!

Dans son ouvrage, Jean, n'omet aucune circonstance de ses aventures personnelles, lors de cette croisade malheureuse, sa fidélité est sans bornes, après avoir partager la captivité de son maître en Egypte, il le suivra en Syrie, ou ses conseils contribueront à sauver les débris d'une armée découragée, mais il restera profondément marqué par cette campagne (pour mon analyse perso je pense qu'il a déjà cerné l'inutilité de ces croisades). De retour en France il devient le principal dépositaire de la confiance du roi et pendant la longue paix qui suivit cette croisade, Joinville se partage entre deux cours, celle de France en Paris et celle de Champagne.









Lorsqu'en 1268, à l'étonnement de tous le pays, le roi convoque les barons à Paris pour une nouvelle croisade, Jean de Joinville, quoique malade répondra à l'appel. Il n'est pas un vassal direct du roi de France, mais sa fidélité le pousse à s'y rendre.

Il exposera son point de vue et fera remarquer que ses vassaux ont beaucoup trop souffert lors de la première expédition et que sa première épouse étant morte il vient juste de se remarier, il ne partira pas pour cette nouvelle croisade, il semble même que le roi ne lui tienne pas rigueur de cette défection.

Mais ses regrets furent bien vifs, lorsqu'il apprit la mort de son prince près de Tunis !! Il conservera chèrement sa mémoire. Philippe le Hardi, successeur de Saint Louis lui témoignera la même confiance.

Ce roi avait la tutelle et la garde de Jeanne de Navarre et Comtesse de Champagne et l'allégeance de jean de Joinville allait directement à cette personne, en tant que Sénéchal de Champagne, quand cette dernière épousera Philippe IV le Bel, il continuera d'administrer la Champagne sous les ordres de Jeanne et bien qu'il n'ait aucun atome crochu avec le roi de fer son époux.

PS: il existe des éditions de son livre en français courant, la lecture en est agréable, mais vous pouvez aussi dans une approche plus perso le tenter en vieux Français M de V


mercredi 14 mars 2018

Le Parfum au Moyen Age

Le goût d'une hygiène parfumée que les Européens découvrirent en Orient, répondait à un souci de propreté très répandu au moyen âge ou bains, étuves et autres ablutions étaient pratique courante.

Mais tandis que les épices, cannelle, gingembre, girofle, poivre etc... intervenaient en cuisine à fortes doses, soit pour aider à la conservation des aliments, ou pour masquer un goût de faisandé trop marqué, voir donner de la saveur aux viandes bouillies et aux pâtés,

Le parfum lui s'emparait des hommes et des femmes. C'est la vogue des chapelets odorants, des cols de fourrures parfumés aux essences rares, des coussines à la rose que l'on dissimule dans les plis de la robe, des pommes de senteurs en sautoir ou en bracelets souvent nommées "pommardes".








Les techniques de fabrication héritées de l'antiquité vont bénéficier largement des recherches alchimiques et des apports arabes comme l'alambic qui permet  avec l'éthanol de créer des essences rares, celui ci n'était produit jusqu'alors que par le procédé de fermentation, comme pour le vin.

En France, Philippe Auguste reconnu les parfumeurs en 1190, en leur octroyant une Charte, reconduite par Jean II le Bon. L'art difficile de la parfumerie réclamait des années de formation, avec apprentissage et compagnonnage avant de pouvoir prétendre au titre de Maître parfumeur.

L'étude des plantes, de leurs composants et des substances que l'on peut en tirer devint une des spécialités de l'école de médecine de Montpellier, mais c'est un Normand Henri de Mondeville, qui d'ailleurs étudia dans cette ville, à qui l'on doit d'avoir instauré par ses écrits, une distinction entre le traitement des maladies de la peau et l'emploi des cosmétiques à des fins esthétiques. il fut le chirurgien de Philippe IV le Bel et de son fils Louis X le Hutin.








Parallèlement le rôle thérapeutique et désinfectant des parfums demeurait très présent pour lutter contre les épidémies, la peste et les maladies de toutes sortes, grâces aux fumigations, herbes aromatiques et boites de senteurs que l'on remplissait d'épices de poudres odorantes, voir de musc ou d'ambre.

On utilisait aussi les rubans de Bruges, que préparaient les Apothicaires, qu'on laissait se consumer dans des coupelles ou suspendues à des poutres, enfin si l'on était aisé ou riche on se servait d'un "parfumoir" spécial, petit coffre de bois muni d'une grille sur le devant, dans lequel on glissait une chaufferette de métal pleine de braises, afin de brûler des pastilles odorantes d'un grand prix.

Pour les moins nantis, les vinaigres aromatisés que l'on versait sur une pelle rougie au feu de la cheminée du foyer faisaient également merveille, nécessité faisant loi, car les rues et ruelles des cités sentaient fort mauvais !!! Il  est bien évident que le commerce de ces produits étaient fort lucratifs et des fortunes immenses vont se constituer !










C'est Venise, qui très vite monopolisa pour plusieurs siècles le commerce des produits du levant, assurant un approvisionnement de plus en plus fourni et régulier de baumes, gommes, fruits exotiques, camphre et muscade, poivre et cannelle.

Les marchands feront courir d'étranges légendes sur l'Ambre, qui s'écoulerait de sources au fond des mers comme le naphte! Le livre de Marco Polo (voir article), parle de choses bien plus étranges qui avaient cours en Chine, pays du grand Khan, les légendes ont toujours un fond de vérité, il n'en demeure pas moins que la république de Venise était fort riche !!! provoquant la convoitise d'autres cités marchandes comme Gênes et Naples et bien sur avec la ligue Hanséatique du nord de l'Europe.











Plus modestement, Charles V le Sage, fit planter de la Lavande et du Romarin dans son jardin de l'hôtel Saint Paul à Paris pour y faire distiller des eaux de senteurs.

L'essor du commerce et de l'industrie du parfum provoque la naissance d'un véritable foyer culturel à la cour de France et le goût bien implanté de se parfumer encouragèrent vivement la fabrication et la diffusion d'une grande variété de parfums.

La fameuse Eau de Hongrie, apparue vers 1370, était selon la rumeur l'invention d'un ermite destinée spécialement à la toilette de la reine Elisabeth de Hongrie, qui selon la légende aurait eut recours à soixante dix ans, à sa fragrance pour séduire le roi de Pologne et l'épouser!! ..désolé il était seulement son fils ! la bévue vient du fait que lors de son accession au trône il nomma sa mère Régente du royaume.

Néanmoins le parfum existait bien, il était composé à sa base de fleurs d'oranger, d'esprit de rose, d'extraits de menthe, de mélisse, de citron et de romarin, cette création va dominer le marché des parfums durant plusieurs siècles, sa formule était encore utilisée au XIX siècle !!!








Un chroniqueur comme Jéhan Froissart (voir article), ouvre par ses oeuvres, la poésie aux accords conjugués des parfums et des sentiments.

Désormais poésie et parfums se mêlent, il y a accord des sentiments et des sens, rêves et séduction, odeurs des corps et des flacons vont tisser une trame aux mille nuances.

Outre Venise, c'est l'Espagne qui va constituer l'une des grandes voies d'approvisionnement pour les produits de parfumerie au XIV et au XV siècle.




PS: je vous laisse à vos parfums.....sachez seulement que point trop n'en faut !!! M de V




lundi 12 mars 2018

La prise de Calais selon Jéhan Froissart 1346-1347

Après la bataille de Crécy, Edouard III va faire le siège de Calais, pendant onze mois !, tenant fortement la position et affamant la population. Le roi de France, Philippe VI de Valois, benêt notoire (selon les chroniqueurs de l'époque), ne fera rien de bon, se contentant de se rendre avec son armée jusqu'à Sangatte, pour repartir quelques jours plus tard la queue basse sans combattre.


Je me propose pour complaire à mes lecteurs, de vous relater la prise de la cité selon Jéhan Froissart (voir article), Jéhan n'a que dix ans lors de ces événements, mais à partir de 1362, alors qu'il est le secrétaire de Philippa de Hainaut, Reine d'Angleterre, il utilisera les chroniques de Jean le Bel, puis interrogera les acteurs de cette scène historique.

Précisons que ce chroniqueur vie parmi les grands des royaumes  d'Angleterre ou de France, il est poète, aime tournois et récits d'amour courtois, idéalise la chevalerie et le cycle Arthurien dont se gargarisent toute cette catégorie de la société médiévale du XIV siècle, il réécrira ses chroniques en fonction des demandes de ses différents protecteurs tout au long de sa carrière de chroniqueur, relatant la geste des grands de cette Europe de fin du moyen âge.








Or donc, ainsi s'approchait le roi Philippe avec toute sa grande puissance et vint jusqu'au mont de Sangatte, entre Calais et Wissant, les français chevauchaient brillamment armés, comme s'ils étaient prêts à combattre, bannières déployées !!C'était belle chose à voir et quand les défenseurs de Calais appuyés sur leurs murailles, les virent poindre bannières et pennons au vent ils en eurent grande joie! se croyant déjà débarrassés et délivrés de leur siège.

Quand le roi de France ce fut logé sur le mont de Sangatte il envoya ses maréchaux, le seigneur de Beaujeu et le seigneur de Saint Venant, pour regarder et aviser par ou son armée pourrait le plus aisément passer, pour approcher les Anglais et les combattre (nota: ils avaient trop attendu, les Anglais avaient eut largement le temps de pourvoir à leurs défenses)

Ores il n'y avait que deux chemins, l'un par les dunes que le roi  Anglais avait bloqué par ses vaisseaux, chargés de bombardes, arbalétriers et archers, l'autre était garni de fossés, fondrières et marécages, il n'y avait qu'un seul pont permettant l'accès qu'on appelait le pont de Nieulay, tenu par le Comte de Derby avec grande foison de gens d'armes et d'archers. Les deux seigneurs après avoir considéré les passages et détroits s'en retournèrent auprès du roi et lui dirent en brèves paroles qu'ils ne voyaient aucun moyen pour lui d'approcher les anglais.









Le lendemain après messe le roi Philippe envoya un grand message au roi d'Angleterre, les messagers passèrent le pont de Nieulay avec la permission du Comte de Derby, les quatre chevaliers purent aviser et bien considérer le rude passage et comme le pont était bien gardé, ils vinrent jusqu'au roi d'Angleterre entouré d'un grand nombre de ses barons. Il me faut la faire un commentaire! car la demande du roi de France faites au roi d'Angleterre, prouve deux choses, sa bêtise et son aveuglement provoqué par son idéal chevaleresque des légendes Arthuriennes, jugez plutôt !!!!

Ainsi s'exprime le roi de France par la bouche d'Eustache de Ribaumont, Sire le roi de France nous envoie vers vous et vous signifie qu'il est arrêté sur le mont de Sangatte pour vous combattre, mais il ne peut trouver chemin pour arriver jusqu'à vous c'est chose impossible! Il verrait volontiers que vous réunissiez quelques personnes de votre conseil et des siens, afin que de l'avis de tous soit choisi un lieu pour combattre !!!

La réponse sera cinglante!! Edouard III est tout sauf un rêveur : J'ai bien entendu ce que vous requérez de moi, dites lui donc, de par moi, que je suis en cet endroit et que j'y ai demeuré depuis près d'un an, il l'a bien su et il serait venu plus tôt s'il avait voulu. Je ne puis donc faire à son gré et à son plaisir, ni abandonné ce que j'ai conquis, dites lui que si ses gens ne peuvent passer par la !! qu'ils cherchent à l'entour pour trouver une voie!!!









Or sachez que de tous ces parlements et délais ennuyaient cruellement ceux de Calais qui loin de la délivrance continuaient à jeûner! et pendant qu'on parlementait le roi d'Angleterre faisait faire de grands fossés sur les dunes afin que les Français ne pussent venir les surprendre.Quand le roi Philippe vit que Calais était perdu pour lui, il en fut durement courroucé et se retira sans rien faire, on leva donc les tentes en grande hâte et le roi pris le chemin d'Amiens, donnant congé à toutes sortes de gens d'armes dont il n'avait plus besoin, quand ceux de la ville virent le délogement de l'ost ils en furent tout déconfits et désolés !

Ils étaient en si grande détresse de famine, que les plus forts et les plus robustes se soutenaient à grand peine, ils tinrent donc conseil et il leur sembla qu'il valait mieux se soumettre à la volonté du roi d'Angleterre, s'ils pouvaient en obtenir plus grand merci que de se laisser mourir de famine!

Si prièrent ils messire Jean de Vienne, Capitaine de la garnison de monter aux créneaux de la ville et de prendre langue avec les Anglais, ce sera le sire Gauthier de Mauny et le sire de Basset, qui reçurent la demande et en firent part au roi d'Angleterre !








La colère d'Edouard III était grande car il haïssait fort les habitants de Calais, à cause des grands maux et dommages que du temps passé ils avaient fait sur mer aux Anglais !! Il faut bien avouer que les raids des marins Français en mer et sur les côtes d'Albion furent féroces, brûlants villes et bourgs, massacrant la population, pillant et forçant femmes et filles.

Il fut décidé après que le roi fut calmé, que la ville serait vidée totalement de ses habitants, hormis six Bourgeois, nu-tête, nu pieds, en chemise avec la corde au col, dont il ferait son bon plaisir. Quand ils furent à genoux devant lui, le monarque les regarda avec si grande colère qu'il ne pouvait mie parler, mais commanda qu'ils eussent tantôt la tête tranchée ! l'entourage du roi le priait de bien vouloir avoir pitié!

Taisez vous répondit il, en grinçant des dents ceux de Calais on fait mourir tant de mes gens qu'il me faut faire mourir ceux ci, alors la Reine qui était grosse de son fruit, se jeta à genoux et implora que lui fussent donné les six bourgeois. Le roi tarda à parler, mais il eut peine à la courroucer au point ou elle en était de sa grossesse et n'osa lui refuser, tenez dit il, je vous les donne ; faites en votre bon plaisir!! Ainsi fut prise la ville de Calais dont le siège avait commencé en l'an de grâce 1346 au mois d'août et conquise l'an de grâce 1347 du même mois





Ensuite il ordonna à monseigneur Gauthier de Mauny et à ses deux maréchaux le comte de Warwick et le Baron de Stafford de prendre saisie et possession de la ville, de prendre tous les chevaliers Français les mettre en prison, ou de leurs faire jurer foi et rançon, puis de faire quitter la ville à tous les autres soldats qui n'étaient la que pour gagner leur argent, ainsi que toute la population de cette ville, car je désire la repeupler de purs Anglais !!! Tout fut fait ainsi que le roi le commanda. Le roi Edouard resta à Calais au château de la ville, jusqu'à ce que la reine fut relevée, après la naissance d'une fille qui eut nom Marguerite.


PS: j'ai pris quelques libertés au niveau de la longueur des textes du Chroniqueur Jéhan Froissart, mon but étant de faire un article et non une chronique, Calais restera Anglaise 211 ans, jusqu'en 1558  M de V



samedi 10 mars 2018

La Bataille de Castillon 1453

Pour les Français, le contentieux était lourd, car ce qui s'achève à Castillon avait commencé trois cents ans plus tôt, grâce aux frasques de la très ravissante Aliénor, Duchesse d'Aquitaine, le tout aggravé par son mariage Anglais !!

Ils s'agissait de laver également les affronts afin d'oublier les défaites de Crècy, Poitiers et Azincourt lors de cette guerre qui durait ma fois, depuis 116 ans  !!

Sans oublier bien sur Calais !!!
qui plantée comme un furoncle dans le fessier Français restait Anglaise ce qui peut être gênant pour l'assise du royal postérieur de la France !!!, bon d'accord j'arrête de taquiner les Lys du royaume ! Ok !! mais un peu d'humour cela détend l'atmosphère de cette page d'histoire de notre pays non ???





La confrontation au son du canon fut grandiose et ce rendez vous de l'histoire fut fatal aux léopards ! Plantons le décor, quelques jours avant la rencontre, le chef Anglais John Tablot, menait ses troupes à la reconquête de la Guyenne.

Il faut dire que l'hégémonie Anglaise sur les côtes atlantiques étaient mise à mal, car depuis peu la Normandie était revenue dans le giron de la France, et Charles VII concentrait désormais ses efforts sur la Guyenne que l'Angleterre avait de nouveau fait sienne !

Tout ne se passait pas au mieux pour le roi de France, les Aquitains menés par leurs seigneurs et les bourgeois, édiles ou jurats, renâclaient à l'idée de se soumettre!! Les exigences du roi de France allaient au rebours de leurs estomacs et faisaient regretter la tutelle Anglaise !

Les nouveaux impératifs commerciaux et l'annulation des privilèges, firent beaucoup, et en 1452 Bordeaux retombait une nouvelle fois dans l'escarcelle de l'Angleterre.








Or donc en 1453, les Français constituent une armée et se dirigent sur la ville rebelle, ils vont prendre la petite cité de Gensac, qui fort peu défendue tomba pratiquement sans coup férir! les troupes poursuivent vers Castillon, mais ne vont pas battre remparts, car les défenses de la ville sont imposantes !!

Ils vont établir à l'est et à moins d'une lieue, un camp fortifié, sur la rive droite de la Dordogne. nous y trouvons une armée composée d'une dizaine de millier de soldats, francs archers, arbalétriers et gens d'armes des compagnies de l'ordonnance (voir article), fort bien organisés et disciplinés l'armée de France avait retenue la leçon, elle avait évolué dans le bon sens ! Une armée royale voyait le jour, de Charles V à Charles VII elle avait beaucoup appris de ses erreurs !!! aucune comparaison possible avec l'ost désordonné de Crècy, Poitiers ou Azincourt !







La guerre avait évolué, il y avait surtout 300 canons sur roues très mobiles, manoeuvrés par six ou sept cent servants dirigés par les frères Bureau, Jean et Gaspard étaient des stratèges dans leur domaine !!!, nous ajouterons  à cela mille recrues fraîchement arrivées de Bretagne.

Côté Anglais, les forces se composaient de six à sept mille hommes, renforcés par fort contingent de combattant Gascon de trois mille hommes

Les officiers, Connétable et maréchaux de Charles VII, vont décider de battre une fois pour toute l'armée anglaise d'Henri VI, ils vont au préalable placer un verrou de 700 hommes d'armes au prieuré de Saint Florent au nord ouest de leur position afin de protéger le dispositif de l'armée royale.








Au matin du 17 juillet, Talbot ordonnait d'emporter la position française de ce petit retranchement, ce qui fut fait tambour battant, la garnison submergée s'enfuit après quelques corps à corps féroces, les anglais vont mettre en perce quelques futailles abandonnées par les français et permettant de fêter cette brève victoire.

L'affaire s'engageait au mieux pour le parti Anglais, qui après leurs agapes décident d'entendre la messe, passant allègrement du ciboire aux prières !!

C'est alors que des guetteurs les informent d'un mouvement de repli des troupes françaises, de forts nuages de poussières étaient effectivement visibles et s'élevaient de leurs lignes de front !!








Sinistre méprise ! on sut plus tard, la poussière provenait du fait que les français continuaient avec entrain leurs installations défensives, faisant évacuer chariots et matériel qui n'était pas indispensable au dispositif de combat ! Talbot voulu poursuivre son avantage, ce chef de guerre vieillissant, âgé de 69 ans est en dehors de la réalité guerrière de ce milieu du XV siècle, il lui semblait loisible de croire qu'il pouvait mettre en déroute ces impudents français !!

Depuis des décennies la réussite militaire d'envergure était du côté des léopards, il venait de commettre une erreur fatale, identique à celle qu'avaient commis les français à Crècy, Poitiers et Azincourt, il avait omis la reconnaissance du terrain !! 









Les godons vont se trouver face à un parc d'artillerie inconnu à ce jour !! et fort loin de ces piètres bombardes et couleuvrines sans effet qu'étaient les premières bouches à feu du XIV siècle !!!

Les défenses françaises avaient été installées en trois jours seulement, savamment disposées et diablement efficaces et protégées par un talus sinueux aux ouvertures permettant les tirs croisés.

L'ensemble dominait la plaine jusqu'à la Dordogne, le dispositif était infranchissable, hormis par un seul et unique guet, le pas de Rozan, véritable piège pour la cavalerie et  un bourbier infâme pour l'infanterie !!

Les trois cent bouches à feu ouvraient leurs gueules noires et béantes, prêtes à vomir, feu, acier et mitraille sur les anglais, à l'ouest des bosquets et une forêt  empêchait tout déploiement de troupes, au nord la Lidoire grossie par un barrage représentait un obstacle impossible à franchir !

Nos anglais pressés par leur trop vieillissant chef, ne vont pas attendre leur propre artillerie ni leurs renforts et vont se jeter à l'assaut du camp fortifié ou attendaient les français !! offerts en sacrifice par un vieux fou qui pensait que le courage était un rempart contre la mitraille !!!







Le carnage fut effrayant, les troupes à pied, empêtrées dans leurs équipements étaient embourbés par les pièges du terrain, ne pouvant ni se protéger ni se dissimuler et les décharges d'artillerie les abattaient comme blé mur, ils se regroupaient cependant, pauvres chairs envahies de peur, mais de nouvelles salves les fauchaient !!!

Une heure après le début des hostilités, la cavalerie bretonne intervenait pour les mettre en déroute. Puis les piétons vont entrer dans la danse pour terminer le grand massacre.

Talbot ira jusqu'au bout ! fidèle à sa parole il ira au combat sans armure, son cheval abattu et lui même déjà blessé il sera achevé d'un coup de hache, la débandade va devenir générale !, beaucoup vont se noyer en tentant de traverser la Dordogne

Il sera fait quelque sept cent prisonniers, les fuyards vont se réfugier sur Saint Emilion ou sur Castilllon






La guerre de cent ans se stoppa ainsi et par la même le conflit opposant la France et l'Angleterre.

Le fait troublant de l'histoire, reste qu'aucun traité de paix ne fut signé ! et ce n'est que 22 ans plus tard, en 1475, que le document du traité de Picquigny, qui n'était qu'une simple trêve, représentera le seul acte officiel marquant la fin de cette guerre de cent ans !!!

Ce traité permettait à Louis XI de monnayer le départ de troupes Anglaises venues en France à l'appel du Duc de bourgogne, Charles le téméraire . Les anglais ne sont pas mécontents de ce traité, car la guerre des deux roses (voir article) fait rage chez eux, opposant les York aux Lancastre, une rose blanche contre une rose rouge !!!!!

PS: voir articles Warwick, Marguerite d'Anjou et la guerre des deux roses M de V










mardi 6 mars 2018

Sarlat et le traité de Brétigny

Mettant à profit la défaite de Poitiers et la captivité du roi, des bandes armées ravageaient le Sarladais !! et Gilbert de Domme conçu le projet  de livrer la cité aux Anglais.


C'est avec la complicité de deux marchands de la ville, Bernard et Sicard Donadeï, qu'il monta cette entreprise, mais ils furent découverts, Bernard mourut en prison et Sicard cousu dans un sac fut noyé dans la Cuze.


En représailles Gilbert de Domme ravagea les faubourgs de la ville et dévasta les environs, les Sarladais n'obtinrent la paix  qu'en lui versant cinq cent Florins.


Le jour vint, ou aux calamités que les Sarladais avaient supportés, s'ajouta la souffrance morale de la domination Anglaise.

Le Périgord comptait au nombre des régions de France que le roi Jean II le Bon cédait aux Anglois, par le traité de brétigny. Il y eut indignation et sourdes révoltes, mais la soumission était le lot des perdants! ce pathétique roi de France délia ses sujets de leur serment de fidélité et les habitants de Sarlat durent en prêter un autre au roi Edouard III d'Angleterre.

Ce piètre roi, pétris d'idéal chevaleresque, sans aucun sens de ses devoirs de roi, digne fils de son père Philippe VI premier des Valois, et de son grand père cette baudruche de Charles de Valois, frère de Philippe IV le Bel et hypothétique roi de Constantinople !!!!!!







En 1360 l'illustre Capitaine John Chandos, vint à Sarlat pour recevoir au nom de son suzerain Edouard III d'Angleterre, le serment de fidélité de la population de cette ville, des terres, tenures et populations qui en dépendaient.

Il y retrouve Jean I le Meingre (dit Boucicaut), Maréchal de France, qui se trouvait sur place pour préparer tant que faire se peut les esprits du cru à cette sinistre tâche !

Mais plusieurs causes vont contribuer à adoucir le joug de la domination Anglaise, premièrement Albion n'est pas stupide ! elle ne changera rien dans la situation et l'administration  de la cité, que ce soit sur le plan judiciaire ou religieux.

Le 2 janvier 1361, John Chandos va confirmer tous les anciens privilèges de cette ville au nom du roi d'Angleterre










En septembre 1361, Elie de Salignac évêque de Sarlat sera nommé Archevêque de bordeaux et remplacé dans la cité périgourdine par Austence de Sainte Colombe, c'était un prélat fort dévoué au parti anglais !!!

Le nouvel évêque jouissait d'une grande faveur, tant auprès d'Edouard III, qu'à Bordeaux auprès d'Edouard de Woodstock, Prince de Galles, Duc d'Aquitaine, surnommé plus tard le Prince noir.

Pour son fils, en 1363 le roi d'Angleterre, va ériger le Duché en Principauté et ce fut cet évêque de Sarlat qui recevra le privilège de se rendre en délégation auprès du Pape pour lui notifier la décision du roi d'Angleterre.








Ce prélat fit tout son possible pour faire aimer aux sarladais leurs nouveaux maîtres ! faisant accorder des privilèges permettant de les rattacher étroitement aux rois Anglais.


Les circonstances vont l'aider, les souvenirs des malheurs passés vont s'estomper et grâce à l'état de calme et de prospérité renaissante qui suit le traité de Brétigny, aideront le prélat dans sa propagande antifrançaise !!

Les sarladais jouiront de cette paix, ils la croiront même durable ! Dans cette époque ou l'esprit de clocher domine, ou le peuple ne connaissait comme patriotisme, que le patriotisme local, ils vont accepter leur sort comme des gens pratiques ce qu'ils étaient au demeurant.

Ne généralisons pas pour autant et aller jusqu'à croire que l'on aima l'Anglois dans la région, il restait même détesté dans les traditions locales !!

Mais en 1360 et dans les quelques années de paix qui suivront ce fameux traité, aucune révolte ne fut à déplorer, les sarladais ne songèrent qu'à profiter de cette paix , embellir et fortifier leur ville !








A Bordeaux ou il avait établi sa résidence, Edouard le prince noir, vivait au milieu des délices et du faste d'une des plus brillante cours d'Europe !

Dépensant follement les revenus de ses provinces en fêtes et tournois sans cesse renouvelés, il faut dire que le prince était aussi dépensier qu'il était donnant envers ses amis et les fidèles serviteurs de sa principauté !

Mais ses provinces dévastées par les guerres continuelles étaient pauvres et souffraient de la dilapidation de leurs maigres ressources.

Tout fut consommé lorsqu'en 1368 le prince convoqua les états généraux pour obtenir des subsides plus élevés, ses besoins financiers étaient dus au fait que la campagne Hispanique pour la Castille qui l'avait opposé au parti Français avait épuisé sa trésorerie !

De plus les Castillans n'avaient pas remboursé la dette financière contractée envers le prince noir et celui ci avait contracté une maladie lors de cette campagne qui le laissait amoindri physiquement, le roi Charles V de France va sauter sur cette opportunité et relancer la guerre de cent ans, en 1369, il n'y aura pas moins de 921 villes, bourgs et châteaux qui auront rejoint le mouvement insurrectionnel !




PS: Les Sarladais  partagent au Moyen âge toutes les idées, toutes les passions et tous les préjugés de l'époque. Or donc écrire l'histoire de leur vie sociale, dans cette période, reviendrait à écrire celle de tous leurs compatriotes Français !

Il y avait à Sarlat comme partout, des corporations d'ouvriers, d'artisans de chaque métiers, unis entre eux et obligés d'observer les règles communes de travail et de vente, leur liberté était donc restreinte et l'initiative personnelle limitée. Car comme dans toute corporation de métier, seul le fils du maître pouvait espérer devenir maître à son tour (voir article sur les métiers).

Ces inconvénients étaient rachetés par des avantages précieux, pas de pression au niveau du rendement, pas de concurrence dans les métiers et pas de jalousie entre marchands et artisans car les maîtres des guildes y veillaient. Il existait entre les membres des corporations un lien de confraternité, ils s'entraidaient et ils s'aimaient ! le pauvre était sur de trouver des ressources et le malheureux du secours auprès de ses compagnons plus aisés.

Sarlat était un centre administratif, religieux et commercial qui avait acquis une importance remarquable au moyen âge car tout le favorisait, d'abord de part sa situation au milieu d'une verte région boisée ou tous les groupes sociaux étaient faibles, et la sécurité que la cité procurait par ses fortes murailles au fond de son vallon qui la rendait pratiquement imprenable, alors que les campagnes environnantes étaient désolées par les guerres. C'est à partir de 1368 que Charles V et Du Guesclin vont entamer la reconquête du pays M de V