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mercredi 31 mai 2017

Albion la sécurité des routes suite 4

Ces routes et chemins, parcourus en tous sens, par nos autochtones anglais, se rendant de manoirs en auberges, de foires en marchés, faisant pèlerinage ou portant courrier, ou tout bonnement se rendant d'une université à une autre, sont elles sures?

L'examen de leurs lois et la façon dont la police des Comtés et la garde des villes étaient organisées pourraient faire penser que tout était fait pour empêcher que des méfaits se produisent, et que les voyages en Albion ne présentaient pas de réels danger.

Si l'on ajoute qu'il y avait des transports en communs, sorte de Service Régulier de Transports par Chariots, entre Londres, Oxford, Newcastle, Winchester etc....une RATP avant l'heure ! possédant des tarifs tout à fait abordables, il semblerait que les routes étaient sures, et l'on aurait tort de le croire.

Car bien sur tout système a ses failles, et l'humain qu'il soit Anglais ou Français savaient les utiliser à son avantage et au détriment du bourgeois de l'artisan et du paysan !!!!








L'histoire nous le montre, les lois et l'organisation d'une police en fonction de celles ci ne restent que de la théorie, mais l'application est une tout autre affaire.

Il ne faut pas non plus tomber dans l'obscurantisme, avec un assassin à chaque portes cochères, des tires laines dans chaque rues, les fourrés surchargés de brigands, des seigneurs pillards à chaque ponts et bien sur finir dans le glauque, avec des pendus à toutes les fourches des arbres, cherchons un plus juste milieu !!.

Il nous faut donc trouver dans les archives de la divine Albion des textes juridiques d'époque. Les Anglais ne sont pas comme nous, si ils ont aussi subit des révolutions, du moins n'ont ils pas détruit leurs archives....si vous voyez ce que le nain veut dire !!!!!!










Pour vous donner une idée précise, je ne vais vous conter qu'un seul fait divers, mais il est de taille !!!, et dont les documents juridiques existent encore!! l'affaire se passe dans le Staffordshire en l'an de grâce 1342.

Des Marchands de la bonne ville de Lichfield, viennent après mésaventure, exposer à leur seigneur, " le Comte d'Arundel ", leurs griefs!!, nous rappelons qu'en Albion ce Comte n'a aucun pouvoir de justice, il n'est ni juge, ni coroner, ni shériff, ni bailli, nous l'avons vu dans les articles précédents

Ils content donc par le menu leur mésaventure. Or donc, c'est qu'un vendredi ils envoyèrent deux domestiques de leur guilde, avec deux chevaux de bat chargés d'espiceries et de merceries le tout valant au bas mot 40 livres, en direction de la ville de Stafford pour le marché prévu le jour suivant.            








Quand leurs gens furent sous le bois de " Canoke
ils furent attaqués par sire Robert de Rideware, chevalier, avec deux des hommes d'armes de sa suite, se saisissent des domestiques, des chevaux et des marchandises! et les emmènent vers le prieuré de " Lappeley ", pendant le trajet un des domestique parvient à leur fausser compagnie.

Au prieuré Robert retrouve sir Johan de Oddyngesles et son parent Esmon de Oddyngesles chevaliers eux aussi, et quelques autres hommes d'armes à leur solde. Ils se répartissent sans attendre le butin selon le rang de chacun, puis quittent l'endroit pour chevaucher jusqu'au prieuré des Nonnes de Blythebury.






Robert déclare à la soeur tourière qu'ils sont gens du roi et que moult harassés ils demandent l'hospitalité, chose tout à fait courante de cette époque. Mais il semblerait que la troupe avait mauvaise apparence, et l'Abbesse refuse l'entrant.

Voyant ce fâcheux accueil ils enfoncent la porte de la grange sise à côté et donnent foin et avoine à leurs chevaux, puis s'installent pour passer la nuit. Non loin de là le domestique échappé les avaient suivi, et quand il vit qu'ils s'installaient, il retourna en toute hâte à Lichfield avertir le Bailli. Ce dernier ne tarda pas à réunir ses hommes et courir sus aux voleurs.






Ceux ci étant gens d'épées, lorsqu'il se surent découvert se mirent en défense et un réel combat s'engagea, ils prirent de suite l'avantage et navrèrent plusieurs hommes du Bailly, puis ils perdirent pied, on suppose qu'ils étaient moins nombreux que la troupe du représentant de l'ordre de Lichfield, et prennent la fuite.

On récupère les marchandises volées en on décapite sur le champ quatre des hommes du chevalier voleur qui étaient encore là.

Robert avait fui avec le reste de ses compagnons, mais il avait une idée en tête, il s'en va trouver son parent Gautier de Rideware, qui avec ses gens vont lui apporter un prompt renfort!! La nouvelle chevauchée se lance à la poursuite du Bailli bien décidée à lui tailler des croupières!!

Nouveau combat ou étincelles les armes !, cette fois c'est le Bailli qui a le dessous et qui doit prendre la fuite pour sauver sa vie. Robert récupère le butin et une nouvelle répartitions des bénéfices se fait.










Quelle ressource reste t'il à nos malheureux marchands, auteurs de la pétition? s'adresser à la justice ? C'est ce qu'ils vont tenter de faire.

Mais comme ils se rendaient à Stafford, Capitale du Comté, pour déposer plainte, ils trouvèrent sur leur chemin des hommes de mains de leur persécuteur bien décidés à leurs faire rebrousser chemin!!

Ils vont leurs distribuer tant d'horions qu'ils eurent peines à s'échapper sans grandes navrures, ils rentrèrent dépités à Lichfield n'osant désormais plus sortir de leur cité.

On peut juger de l'audace de cette bande, voler des marchands, détruire et voler des biens de l'église, affronter le Bailli et récidiver pour se venger et récupérer leur butin, puis terroriser leurs victimes, faisant ainsi obstacle à la justice.

Au  XIV siècle ces petits seigneurs et leurs aides, souvent d'anciens soldats en rupture de ban, devenus brigands, qui s'allient pour former des bandes redoutables et bien organisées, armés en guerre et ne manquant pas d'audace.


                                                                                                   M de V

mardi 30 mai 2017

N°60) Albion la vie nomade suite 3

Le soir venu tous ces voyageurs quel que soient leurs condition, cherchaient un abri pour la nuit et qui tant que faire se peut offrait le gite et le couvert.

Fort souvent ils logent à l'abbaye ou au couvent le plus proche, l'hospitalité est un devoir chez les religieux. Pour s'en persuader il suffit de relire Froissart pour constater la fréquence de cet usage, tant pour les nobles, les marchands, les messagers et les pauvres.

On offrait aussi l'hospitalité dans les châteaux et les manoirs, les seigneurs avaient entre eux des liens de fraternités plus étroits que ceux qui existent de nos jours entre gens d'une même classe, au moyen âge on accueillait ses égaux non  par charité mais par politesse.

Or donc, connu ou pas le chevalier voyageant et surpris par la tombée du jours aux abords d'une demeure seigneuriale avait fort peu de chance de se voir refuser l'entrée. C'était en même temps pour ce seigneur en milieu rural, une heureuse diversion à la monotonie des jours.






Pour un marchand  ou un pauvre, il sera hébergé dans la salle commune, une fois les tables du repas retirées sur des paillasses posées sur la jonchée du sol il dormira, le chevalier logera à l'étage chez le seigneur. mais quel que soit la condition le gite et le couvert étaient offerts.

Les Auberges communes que l'on trouvaient sur les routes les plus fréquentées, ou aux carrefour de plusieurs chemins étaient faites pour la classe moyenne. Marchands, colporteurs, vendeurs d'indulgences, petits propriétaires ou soldats de passage.





On y trouvait des lits placés en une même pièce, en certain nombre selon la taille de l'auberge. Les provisions de bouches étaient vendues à part du prix de la nuit, on pouvait avant tout avoir du pain, des soupes roboratives, un peu de viande en poulets et chapons.

Au vu des documents de l'époque les lits pour la nuit n'étaient pas chers de 1 penny la nuit ou 1 penny pour deux nuits, selon la classe de l'auberge, mais il faut penser à sa chandelle l'aubergiste n'en fourni pas.






Il arrivait que des voyageurs amènent avec qu'eux leur nourriture, mais peu fréquent car c'était un supplément de charge, surtout pour ceux qui allaient à pied.

On peut se demander quel était le niveau d'hygiène dans ces auberges et ce devait être un souci pour le voyageur aussi, car il fallait partager sa couche. Il est fréquent que le client potentiel demande à l'aubergiste s'il y avait puces, poils ou vermines dans son auberge,

Et notre aubergiste de répondre invariablement, pour ne pas perdre sa pratique, qu'il se faisait fort de le bien loger !! Lui assurant bon souper, lit de paille fraîche et bonne Godale (bière) parfumée au genièvre, avec piment et clous de girofle. Cela devait donner des dialogues savoureux à entendre!!.





Il était fréquent en Albion que l'on boive sa bière en route, mais pas seulement dans les auberges que l'on croisait sur le chemin. Sur les routes fréquentées, le plus souvent aux carrefours, il y avait des maisons basses ou l'on vendait à boire, ce que l'on appellerait chez nous des gargotes !

En Albion c'est " Ale house ", visible de loin car la coutume voulait qu'elles soient reconnaissables à la longue perche qui fixée sur le mur partait à l'horizontale au dessus du chemin étendant à son bout sa touffe de feuillage, signalant le débit de boisson.






Ce qui posait polémique, car la mode voulait que ce soit a qui aurait la plus grosse (je parle de la perche bien sur), qui trop lourde arrachait la façade et pouvait tomber sur le voyageur malchanceux!! ou qui avait la plus longue, et alors ce pouvait être le pauvre cavalier qui par manque d'attention pouvait fort bien se retrouver cul par dessus tête sur le chemin.

Vous me direz que pour le coup, il avait besoin d'une bonne bière pour se remettre. Il existe des décrets royaux essayant de réglementer ce problème de perche des débits de boissons.

On pouvait y assister à des discussions sans fin, de larges rasades englouties, maintenaient un niveau hautement philosophique, qui se  terminait invariablement par des arguments frappants du genre bourres pifs et coups de pieds de par le cul !! Dans ces Tavernes on y voyait aussi le paysan, qui buvait et qui l'ivresse aidant se mettait à jouer, perdant le soir plus qu'il n'avait gagné dans sa journée !!






D'autres maisons isolées au bord des routes avaient des rapports constants avec les voyageurs. c'étaient celles des Ermites . En ce siècle ils ne cherchaient guère la solitude

Les vrais jeûnant, se mortifiant, et consumés par l'amour du divin étaient forts rares!! il nous reste donc à parler des autres ils étaient légion. Habitants des cottages construits aux endroits les plus fréquentés des grands chemins, mais suffisamment délabrés pour donner une crédibilité, ou au coin d'un pont  en piteux état qu'ils étaient sensés réparer en faisant oeuvre pieuse.

Ils vivaient de la charité des passants et des voyageurs qui donnaient volontiers un quart de penny, ils abritaient sous un habit respectable une vie qui ne l'était pas. Au fond de son cottage cet être malfaisant pouvait mener une vie assez douce comparée à celle des autres qui était si dure!!! La charité des passants était suffisante pour le faire vivre sans travail et sans contraintes.






Sous les yeux de l'ermite établi au bord des routes d'Angleterre qui se préparait par une vie sans trouble à l'éternité bienheureuse, coulait le flot des voyageurs,

Tous ces errants, ces nomades d'Albion, rongés par le soleil, rongés par les soucis, lui ne les voyait pas !!!







PS: combien de ces faux ermites, de ces faux prophètes entretenons nous dans notre siècle, voila une question qui devrait nous ramener à une certaine humilité je pense.  à bientôt pour la suite M de V

Albion la vie nomade suite 2

Les Princes et la noblesse: ils voyageaient à cheval, mais aussi en voitures, selon l'âge et la condition, certaines dames étaient à cheval, comme d'autres préféraient la voiture. Les plus belles " je parle des voitures, bien sur! "à quatre roues sur deux essieux, étaient sculptées vers le moyeu, tirées par trois ou quatre chevaux, on trouve, sur l'un d'eux un postillon monté et armé d'un fouet à plusieurs lanières.

De solides poutres peintes reposaient sur les essieux, soutenant le cadre,sur lequel s'élevait une voûte en forme de tunnel, l'ensemble comme les essieux était peint sculpté et cloué a souhait. L'ensemble était rustique, mais l'élégance des détails était du plus bel effet ( voir exemple article I )

Les bancs garnis de coussins brodés, ou le voyageur pouvait languir en position demi couché, avec de plus gros disposés aux quatre coins, on suppose pour amortir les cahots de la route. L'intérieur tendu d'éblouissantes tapisseries finissaient cette décoration ostentatoire. C'est dans ce genre de véhicules que languissaient les dames de la cour, adulée par les chevaliers en côte hardie, chevauchant à leurs côtés.




 Posséder une voiture pareille était un luxe!, que dans les grandes familles on se léguait par testament. Quand on sait pour vous donner un ordre de valeur, qu'un boeuf coûtait treize shillings et cinq pences de l'époque, ce type de véhicule représentait un troupeau de 1600 boeufs.

Il n'y avait pas d'endroit en Albion ou l'aspect du cortège royal ne fut connu, les voyages de la cour étant incessants, ils ne passaient pas plus d'un mois au même endroit.

Imaginez la taille du convoi sur ces chemins défoncés!!! d'autant que pour vous dérouter, j'ajoute, que la ou se rend le roi, tout l'appareil de justice le suit, mais également tout une faune d'individus peu recommandables, des gens de sacs et de cordes, qui suivent les princes et la cour afin de glaner ce qu'ils peuvent.




Volant  et assassinant au besoin!, cette engeance gravite autour du pouvoir depuis que le monde existe, ils ne contribuaient pas, loin s'en faut à rendre populaire  dans le pays le prochain passage du cortège royal.

Juges Shériffs et Baillis: En Angleterre la Justice est nomade, les magistrats de Londres se rendaient dans les Comtés, comme les shériffs et les baillis dans les bourgs de leurs districts, ils parcouraient en tout sens le pays pour redresser les tors.

Les tournées des shériffs et des baillis devaient avoir lieu deux fois l'an, à leur passage on convoquait les jurés, pour traiter les cas de vol, d'assassinat, d'incendie, de rapt, de sorcellerie, d'apostasie, vagabondage et bien sur les destruction de ponts et de chaussées.

De leurs côtés les juges errants passaient en revue dans les Comtés, les articles de la couronne. La fréquence de leur passage était de 4 fois l'an, et c'est en pleine cour comtale qu'ils siégeaient, car ils en avaient la présidence, pour les crimes et délits et surtout les infractions aux statuts de la couronne. En exemple: tel grand seigneur qui aurait emprisonné arbitrairement des voyageurs passant sur ses terres (ben voyons,.... comme ils sont taquins ces nobles!!!!!).




Moines, abbés et autres ecclésiastiques: lorsqu'ils sortaient de leur Abbaye, Monastère, ou même Cathédrale, ces gens d'église modifiaient volontiers leur apparence, il devenait difficile dès lors de les distinguer des gens de la noblesse. Bien sur, pas tous évidement, mais ceux qui occupaient des fonctions importantes au sein de leur ordre, ou du chapitre de leur cathédrale le pouvaient.

Chaucer donne une description amusante des habits du moine mondain, mais les conciles sont plus virulents et vont beaucoup plus loin que la satyre du poète. Celui de Londres en 1342 les fustigent leur reprochant de porter des vêtements dignes de chevaliers, à revers de fourrure ou de soie, portant ceintures de prix et bourses dorées.

Reprochant encore à ces ecclésiastiques, " ces fashion victimes ",d'avoir barbes longues et bagues aux doigts, portant au côté des couteaux semblables à des épées. En un mot commençant, tout le luxe des grands de ce monde, les défenses les plus sévères leurs sont faites pour l'avenir.




Mais les évêques n'étaient pas mieux, quelle large vie  menaient ces prélats..!!!, entretenant bon an  mal an une quarantaine de personne autour d'eux, tranchant fort de la noblesse dont ils étaient tous issus.

Ecuyers et fauconniers, pages et valets, clercs de sa chapelle, charretiers et gens d'écuries, cuisiniers et gâtes sauces, et bien sur des messagers.

Il faut dire qu'ils étaient forts riches, possédant beaux manoirs, entourés de grasses terres, et possédant de lucratifs moulins à grains, l'ensemble appartenant à l'évêché. Ce riche prélat quand il voyage se déplace comme le roi avec sa cour, ses chariots de bagages, des écuyers et les fauconniers, et ses gardes.

Il tenait son rang comme seigneur de l'église, propriétaire de vastes domaines, entouré de serviteurs et bien sur de ses familiers.




Tous ces personnages que nous avons cités plus haut, sont gens de condition, on peut dire la partie aristocratique dirigeante d'Albion, et cette partie de la société anglaise et pratiquement la seule à savoir lire et écrire, exception faite de la grande bourgeoisie dont était issu Chaucer.

Il faut donc à cette société dirigeante, des messagers et des courriers, familiers des routes d'Albion et grands connaisseurs des chemins de traverse.





Si les pauvres attendaient l'occasion d'un voyage, la visite d'un ami ou le passage d'un membre de la famille pour pratiquer l'échange oral d'informations, il n'en va pas de même pour les riches et les puissants.

Ces courriers ou messagers, qui avaient pour mission de porter partout en Albion et voir même dans toute l'Europe les lettres et missives, n'étaient pas gens ordinaires. Ils devaient être capables de faire face à toutes situations, avoir l'esprit d'initiative, savoir se défendre, et avoir une connaissance approfondie des chemins et de la géographie des lieux de destination.

Prenons le Roi Edouard III, il entretenait à titre fixe douze messagers ( fort bien payés au demeurant) qui le suivait partout, ils étaient prêts au départ à tout instant, de jour comme de nuit, afin de porter en tous lieux la correspondance royale.

Mais de ces missions il s'en trouvait de fort peu ragoûtantes, voir même répugnantes!!! Quand il chargeait quelqu'un de porter dans ses bonnes villes d'Angleterre, des quartiers de cadavres appartenant à un supplicié pour trahison. Dans ce cas ce n'était plus en tant que simple messager que se faisait cette livraison (passez moi l'expression !! ), il représentait la justice royale! il était accompagné d'une escorte portant bannière royale.





De tous les voyageurs le messager est le plus rapide, c'était avant tout un excellent cavalier, habile aux armes, et sachant se tirer d'embarras dans les auberge et sur les chemins.

De plus ils avaient le privilège de passer à travers champs, même parmi les blés!!, sans qu'on eut le droit de les arrêter et de leur prendre argent de leur bourse en guise d'amende ou de dédommagement.

Malheur à quiconque s'avisait de les arrêter, car pour peu que l'expéditeur fut puissant, les amendes pour retards causés à leurs messagers pouvaient atteindre des sommes colossales. Citons pour exemple ce benêt de Constable, qui eut l'idée saugrenue d'emprisonner le messager de la reine !!!!, l'amende pour mépris envers sa souveraine se montera à 10 000 livres Sterlings, mais il lui fallut donner 2000 de plus au messager à titre de dédommagement.

Petite prime: Edouard III, donne quarante Marcs de rente à vie, au Messager de Philippa de Hainaut, sa Reine, quand il vint lui annoncer officiellement, la naissance du Prince de Galles (le prince Noir)


PS: comme quoi rien ne change quand on s'attaque aux puissants!!!, suite bientôt M de V

lundi 29 mai 2017

Albion la vie nomade et les routes au XIV siècle par J J Jusserand 1884

Dans cette période historique ou pour la majorité des hommes, les idées et les nouvelles se transmettaient oralement,et voyageaient par l'entremise de ces personnes errants sur les chemins, les nomades servaient de liens, entre les masses populaires immobiles des différentes régions d'Albion.

Quelle vie menait ces nomades détenteurs de la pensée populaire, quelle vie menaient ils sur les chemins ? quelle influence et quelle moeurs ils avaient au XIV siècle ?

.Mais commençons par le sujet qui fâche!!!, c'est à dire l'état des chemins et des ponts en Angleterre à cette époque. Je vous rassure pas mieux qu'en France!, ou nous avions exactement les mêmes inconvénients.


Alors me direz vous, pourquoi ne pas parler de la France!, parce qu'en Albion ils n'ont pas eu de révolutionnaires moisis qui détruisent toutes les archives !!!, mais restons calmes.....et revenons aux chemins d'Angleterre.





Dans ce pays routes et ponts sont une charge qui pesait sur l'ensemble de la nation et ce au même titre que leur service militaire, " qui soit dit en passant leurs permettaient de nous mettre une trempe même à deux contre cinq ", mais bref !!! la n'est pas le sujet du jour.

Tout propriétaire foncier qu'il soit de noblesse, ou riche fermier est tenu de veiller au bon état des chemins, leurs tenanciers exécutant pour eux ces réparations, même les religieux, Abbayes et monastères, propriétaires de biens et de donations, qui pourtant d'ordinaire sont dispensés de tout service (a part le fait de dire des prières et de faire l'aumône aux pauvres) devaient entretenir leurs ponts et leurs routes.

Dans les cités, les Guildes, ces confréries laïques animées par l'esprit de religion, prenaient à leur charge la réparation de routes et de ponts, des dépenses que bien souvent les villes n'étaient pas financièrement en mesure d'assurer.

Il nous semble pourtant évident que tout le monde avait un intérêt immédiat et journalier à ce que ces chemins soient en bon état. Du Clergé en passant par la Noblesse, les Paysans propriétaires et les Bourgeois des Guildes, non ???





Détaillons: les nobles, toujours en déplacement de manoirs en châteaux avec leurs chariots à bagages, puis les moines grands cultivateurs transportant leurs récoltes dans de lourds tombereaux et les guildes avec leurs pesants transports de marchandises de ports en villes.

Et bien non !! ces chemins étaient dans un état déplorable, et fort peu praticables. Pour peu qu'une personne possède quelques biens, elle a tout intérêt de voyager à cheval ou à dos de mulet pour les courtes distances. Quand aux autres accoutumés aux pires conditions ils allaient à pied


.





Dans la troisième année du règne du roi Edouard III il a été constaté que toutes les routes des environs immédiats de Londres étaient en si piteux état, que charretiers et marchands, risquaient fort de perdre tout leur chargement avant même de passer l'une ou l'autre des portes de la Capitale !!!!. Pour palier à ce problème et subvenir à ces réparations, un droit fut perçu sur tout véhicule ou bête chargée qui entrait dans la cité.

Nous parlions de la capitale !!, je vous laisse imaginer l'état des chemins dans les campagnes, et aux abords des bourgades et villages de cette riante Albion. Sans parler bien sur de la période hivernale, quand la saison entravait le voyageur, qu'il soit pèlerin, colporteur, marchand, noble ou moine il se réfugiait dans quelque confortable Auberge, aux fenêtres barrées de panneaux de bois.





Se cramant les jambes à la cheminée, tout en ayant la raie culière gelée par les courants d'air de l'entrée. Le voyageur, fataliste, attendait le retrait des eaux de ces abyssales ornières des chemins d'Albion.

De plus vous aviez de fortes chances, (si l'attente était longue), de vous transformer en jambon de Bayonne, dans ces salles enfumées.

Néanmoins (comme il pleut souvent en Albion), l'aubergiste avait à coeur de garder ses pratiques en les nourrissant de tourtes chaudes et de soupes composées, de lard et de fèves, avec un ajout de choux ou de poireaux, le tout était accompagné d'une bonne bière épaisse, ou de vin pour les voyageur plus fortunés.

La toile étant posée sur le chevalet et le décor de ce XIV siècle peint par mes soins, il nous reste à faire comme Geoffroy Chaucer (sans prétention aucune ), décrire les personnages de la vie de tous les jours qui traverseront ce décor. Je tiens à prévenir mes lecteurs, je ne suis pas poète moi !!!!





Commençons selon mon humeur , c'est à dire par un Fléau!!, les Pourvoyeurs royaux, quand le roi se déplaçait, il était suivi par une armée de chariots d'emprunt.

Ces chariots, les gens des villages les faisaient eux mêmes, à charge pour eux d'aller chez le forgeron local acheter de gros clous à têtes proéminentes pour protéger les roues. Ces simples boites massives étaient indispensables à l'agriculture, les pourvoyeurs officiels se les appropriaient librement, jusqu'à dix lieues à la ronde des points de passage que traversait le convoi royal.

Malheur à celui qui habitant à vingt lieues de la était de passage en ces lieux, s'il croisait leur chemin!!, car il se retrouvait à pied, gros-jean comme devant, son char réquisitionné, avec le vague espoir d'être payé pour cet emprunt!!!!

Il y avait bien des statuts qui stipulaient qu'il n'y aurait pas d'emprunt forcé et qu'ils seraient payés honnêtement, sur la base de " dix pence par jour pour une charrette à deux chevaux " mais tout le monde savait très bien qu'ils ne seraient jamais payés.





Ceci n'était qu'un moindre mal, car nos pourvoyeurs étaient comme des sauterelles s'abattant sur un champ!!! réquisitionnant, blé avoine, bière et viande pour nourrir le cortège royal. Ils se disaient officiers du roi " ce qu'ils n'étaient point " . Mais à mon avis et sans l'ombre d'un doute, ils étaient surement recrutés parmi les meilleurs fourrageurs des compagnies franches des raids anglais en temps de guerre " en France nous avons largement donnés "

                                                                                             M de V






PS: cette petite balade en Albion sera longue, donc je vais faire plusieurs articles, que je vous distillerai au fur et à mesure de ma progression, ne sortez pas, masses, épées, arcs, flèches et lances, pour taper sur le pauvre bougre de scribe qui tente de vous complaire !!!!!!!!

Pour les puristes je ne transcris pas Jusserand au mot à mot, j'emprunte les faits historiques, et j'y mélange mes impressions et mon idée du monde médiéval, je ne sais si la sauce sera du goût de tout le monde et je m'en excuse par avance.




dimanche 28 mai 2017

Geoffroy Chaucer 1338-1400


C'est sur les bords de la Tamise que naquit G Chaucer, vers l'an 1338. Son père est un Bourgeois fort étoffé de la ville de Londres, il est négociant en vins, possédant de solides relations tant à la ville qu'à la Cour du Roi Edouard III. Il fait donner à son fils une éducation qui se prolongea jusqu'à ses 17 ans.





De même que pour Shakespeare il est impossible de citer l'ordre et le niveau de ses études, ni même de citer les professeurs et les écoles qu'il fréquenta. Sans doute comme une bonne part des étudiants aisés de son époque il se frotte à toutes les sciences enseignées au moyen âge.

Il sait le Français, le Latin et l'Italien, mais quoi de plus normal, il fut élevé dans le quartier du négoce du vin ou cohabitent anglais, français, italiens et flamands, donc dès son enfance il eut sa curiosité aiguisée par les influences continentales, quand au Latin c'est encore plus simple, car c'est la langue du savoir et de l'enseignement.

Il lui fut enseigné la Philosophie, les mathématiques et la médecine, mais il possède aussi des connaissances solides en Alchimie et en Astrologie, cela ressort nettement dans différents passages de ses oeuvres, notamment dans " le conte du valet du chanoine " des Contes de Cantorbéry









Les relations familiales avec la cour d'Angleterre vont permettre à ce jeune étudiant de quitter les écoles pour voler de ses propres ailes, il entre à 17 ans comme page au service de l'épouse du Prince Lionel Duc de Clarence, le fils cadet du Roi Edouard III, poste enviable s'il en est!, qui le place au beau milieu de la classe aristocratique du royaume d'Angleterre.

Baignant dans cette opulence ponctuée de plaisirs ou alternent promenades, banquets, fêtes et tournois, notre Geoffroy continue néanmoins de s'instruire. Ne désirant pas laisser son esprit se rouiller il se perfectionne dans l'étude de la langue française. Ces travaux ont un but, Geoffroy désire voir du pays!.









Lorsqu'il se trouva posséder en suffisance la langue française, il demanda à faire partie d'une expédition qui s'embarquait pour le continent. On se trouvait alors en pleine guerre de cent ans, ou le roi d'Angleterre était obligé d'envoyer de fréquents renforts à ses troupes en France.

Il débarque à Calais et prend part à plusieurs engagements militaires, il commença même la campagne qui devait déboucher sur le Traité de Bretigny, lors de ces engagements il fut fait prisonnier.

Cela lui permit d'apprendre sur le tas la diversité de la langue française et de se familiariser avec les grands auteurs du moment. Toujours est il que Geoffroy ne se plaignit jamais de sa captivité, qui fut d'ailleurs fort brève.








Il visita la France, faisant la connaissance de savants et d'érudits, et s'imprégnant de notre culture. A son retour en Albion, il trouva un nouvel emploi à la cour comme valet de la maison du roi, avec des appointements qui selon M Walter Skeat se montaient à 13 livres, 6 shillings et 8 pence par an.

Lors de sa captivité il avait traduit le roman de la rose qui l'avait enthousiasmé, il entreprend à Londres une oeuvre intitulée "Compleynt to pity", remarquable par la délicatesse de ses sentiments.







En 1368 meurt son protecteur, le prince Lionel, le poète entre alors au service de Jean de Gand, Duc de Lancastre, , auquel il semble très attaché, quand la mort emporte Blanche, l'épouse du Duc, Geoffroy écrira " le livre de la Duchesse " charmante élégie empreinte de la plus profonde reconnaissance.

L'année de ses 30 ans, il prend part à plusieurs missions diplomatiques, en Flandres, en France et en Italie, ces voyages furent très profitable, son sens de l'observation va lui permettre de recueillir une foule de détails précis sur les moeurs, les coutumes et la littérature des pays qu'il parcourt.

Ces missions diplomatiques lui permettaient de rencontrer l'aristocratie de ces pays que ce soit de noblesse, d'église, de la bourgeoisie, mais également tous ceux qui gravitent autour, savants, érudits, auteurs, philosophes et humanistes.








Son excellente mémoire sut conserver dans toute sa fraîcheur les particularités et les détails de tout ces échanges et de toutes ces opportunités. L'Italie et la France exerceront une influence considérable sur le poète Anglais, il composa même quelques ouvrages en italiens qui ne parviendront jamais jusqu'à nous.

Il fit cependant dans la péninsule la connaissance d'un bon nombre de célébrités, il est presque évident qu'en tant que membre d'une délégation diplomatique il se soit entretenu avec des personnages comme Boccace et Pétrarque.

En 1374 à l'âge de 35 ans, il est nommé Contrôleur des Douanes de Londres et reçoit une pension de 10 livres sterlings, il logeait à Aldgate et y fut jusqu'en 1386, l'année ou il se maria avec une jeune femme, fille d'un chevalier du Hainaut,dont nous ne connaissons que le prénom Philippa.








Il mène désormais une vie somme toute calme et familiale, en composant à ses heures" la vie de Sainte Cécile ", qui devait former plus tard le " conte de la seconde nonne " dans ses Contes de Cantorbery.

Mais la charge de contrôleur des douanes contraignait Chaucer à un labeur qui lui demandait des heures de présences dans sa tour d'une des portes de Londres, couvrant sans relâche de son écriture une quantité astronomique d'in-folio reliés de parchemins.

Mais voila les joies familiales ne font pas tout, que de jours entiers il dut passer dans sa tour penché sur cet écritoire à labourer de sa plume et à soupirer en alignant des chiffres insipides, alors que son âme de poète le portait vers des travaux bien plus dignes de sa muse et de son génie .








Ce n'est que dix ans plus tard en 1384 qu'il lui fut permis par décision royale de quitter son écritoire pour se faire remplacer par un Clerc. Geoffroy à 45 ans, il peut désormais tout le jour se consacrer aux cultes des muses, de cette année date " la maison de la renommée " et puis après " la légende des bonnes femmes "

Mais les joies terrestres peuvent être de courte durée,en 1386 Jean de Gand part envahir la Castille, son protecteur est remplacé par Thomas de Glucester, perdant sa pension et son office et réduit à vivre au jour le jour,Geoffroy connut une noire détresse, il fut rendu à vivre d'expédients. Comble de malheur, son épouse décède l'année suivante, les maux pleuvaient sur lui.

Il demeurait impassible, se plaisant à penser que c'est parfois le rôle du poète d'être le martyre de la société.








Chaucer expiait sa gloire à venir, Jean de Gand revint en Angleterre et avec lui l'aisance et le bonheur pour Geoffroy, il est nommé Clerc des bâtiments du roi à Westminster, puis clerc de la chapelle Saint Georges à Winsdsor en 1398.

C'est de cette époque que datent les Contes de Cantorbery, qui furent indubitablement le chef d'oeuvre de ce poète. Il est certain qu'il avait conçu la trame de cet immense poème bien avant qu'il ne puise le réaliser.

A sa mort, un an après son protecteur, il était encore loin d'écrire le mot fin, cette oeuvre devait comprendre 120 contes, mais il n'en écrivit que 24.

Dans cette oeuvre et d'après la "convention de l'hôtelier", chaque pèlerin devait devait en effet! dire quatre contes, deux en allant et deux au retour de ce pèlerinage.







                                         Chacun de vous pour abréger le chemin
                                          dans ce voyage, racontera deux contes
                                         En allant à Cantorbery, je l'entend ainsi,
                                         Et en revenant, il en racontera deux autres.




Or vingt trois des voyageurs sur trente, si l'on compte bien!, nous disent chacun une histoire. Et Chaucer lui même!, sur la prière de l'Aubergiste, interrompt le conte de sire Topaze que ce dernier avait commencé, et dit celui de Mellibée. Nous avons donc 24 contes et le début tronqué d'un 25 eme, il devient donc évident que cet ouvrage est juste ébauché.








Seul le prologue et quelques contes sont entièrement achevés, c'est dans ces lignes que Chaucer nous montre l'étendue de son talent de Poète.

Je vous prie d'excuser ce petit montage photographique, que je n'ai put m'empêcher de placer à la fin de ce petit rappel de la vie de ce grand poète Anglais.








Mais je l'ai trouvé si sympathique ce personnage de Geoffroy dans le film chevalier .Et je me prend à penser que lors de ses différents voyages, (je rêve !!!), il aurait surement aimé jouer le rôle, si bien interprété par Paul Betany. M de V



                                                                    Marcus de Valbrun




vendredi 26 mai 2017

Le Mestier d'Apothicaire au Moyen âge

Les connaissances pharmaceutiques du moyen âge viennent en partie de la Grèce Antique et de Rome, mais aussi des Arabes qui furent du IXeme au XIIeme siècle les premiers Pharmaciens et médecins du monde.

Au XIII siècle toutes les connaissances des arabes se répandent en Europe. Au retour de sa première croisade Saint Louis (Louis IX) avait nommé Etienne Boileau comme Prévôt du Châtelet, ce magistrat royal donne aux corporations une constitution régulière, ces règlements vont discipliner les confréries, comme l'attestera le livre des Mestiers.

Les apothicaires étaient compris dans la nomenclature des personnes et métiers jouissant de l'exemption du Guet. C'est à peu près de cette époque que date l'organisation des apothicaires.


Ce règlement que nous venons de citer devait être funeste aux progrès de la pharmacie, qui devint pour les apothicaires une profession plus mercantile que scientifique.

Etienne Boileau avait commis l'erreur d'assimiler les Pevriers et les Ciriers ( les épiciers et les apothicaires ), a tel point que plus tard une ordonnance royale fut promulguée afin de préciser: que l'apothicaire pouvait être aussi épicier, mais qu'en aucune façon l'épicier pouvait être apothicaire !


Durant tout le moyen âge à côté des apothicaires respectables, il y en eut d'autres qui faisaient boutiques de produits, drogues et potions suspectes, tenant plus du sorcier, ou du malfaisant dont on retrouve la main dans bien des crimes, et qui sans exagérations aucune mérite le qualificatif d'empoisonneur.

A cette époque les boutiques pharmaceutiques demeuraient ouvertes sur toute la largeur de l'ogive encadrant la devanture, afin que les passants puissent juger de la qualité et de la fraîcheur des produits.

Un ou plusieurs réchauds posés au sol opéraient la Coction des préparations officinales surveillées par des apprentis ou des commis.


Tandis qu'à côté se réduisaient en poudre des substances, ou subissaient des mélanges finement pesés, dans d'énormes mortiers en fonte, qui se trouvaient placés aux angles extérieurs de l'officine.

Les drogues se trouvaient placées sur des planches étagées, dans des sortes d'amphores en terre cuite, hermétiquement fermée ou pas selon les ingrédients qu'elles renfermaient, ou dans de petites caisses de bois blanc.

Toutes étaient étiquetées d'après le formulaire de Galien ou de Mesuè , dont bien souvent l'image peinte décorait les panneaux extérieurs de la devanture.


Une niche d'honneur pratiquée au fond de l'officine dans laquelle trônait la statue du rédempteur, voir celle de Saint Christophe ou de saint Come, selon les goûts du maître des lieux.

Voila dépeinte l'officine type d'un Maître Apothicaire Juré et qui exerçait sa profession au grand jour, recevant clients et médecins et préparant les ordonnances de ces derniers.






PS: pour l'exemple citons un remède nommé le Bézoard, insolite médication ! capable d'accomplir des miracles. C'est une pierre de fiel condensée en petites boules que l'on retrouve dans l'estomac de certains animaux, il est très recherché. On le prépare seul, râpé, ou mélangé à du vin, mais aussi enchâssé comme un bijou précieux et porté autour du cou. Il soigne la mélancolie, guérit de la peste, mais aussi de l'épilepsie, soigne la petite vérole, la dysenterie et protège des serpents et des ensorcellements M de V

N°55) La Médecine et la Chirurgie au XIV siècle

En Europe occidentale sous le contrôle sévère des ecclésiastiques, la médecine reste l'apanage des Clercs jusqu'au XIIeme siècle.

Une orientation nouvelle se dessine sous l'apport Oriental grâce aux croisades et sous l'impulsion des premières Universités Laïques, comme Padoue, Bologne est Montpellier.

La médecine médiévale est une partie de la Phisica, qui est la science du monde, visant à une explication globale de l'homme. La médecine est étroitement dépendante de la Philosophie et de la Religion. Aussi beaucoup de questions que nous considérons aujourd'hui comme non médicales, Cosmologie, mathématiques, sciences naturelles, alchimie, astrologie et magie intéressent ces médecins.








Ceci est renforcé par l'idée héritée des théories d'Hyppocrate et de Galien qui veut que l'homme soit un microcosme au sein d'un macrocosme, il importe donc de découvrir les lois de ce macrocosme et les concordances existant entre l'homme et lui afin de progresser dans le savoir, cette idée ou ce courant de pensée reste ancré fortement jusqu'au XVI siècle.

La faculté de médecine de Paris se montrera dès son origine hostile à toute innovation et reste résolument soumise à l'orthodoxie religieuse. Les Maîtres issus de cette école étaient prisonniers des règles religieuse, d'une théologie rigoureuse et du dogmatisme d'un enseignement purement livresque, sous la surveillance de l'église.

Le savoir médical au Moyen âge s'articule autour de trois données essentielles et étroitement intriquées:

 D'abord l'explication religieuse du Monde assortie à une théologie on ne peut plus rigoureuse. Puis un savoir scientifique hérité du monde Antique, lequel savoir est retranscrit du Grec par les arabes qui le complète et l'enrichissent.








Et un ensemble de prescriptions pratiques que la vie quotidienne oblige à sauvegarder, ou superstitions, folklore et magie voisinent avec de réelles connaissances empiriques.

Au XIII siècle la redécouverte de l'oeuvre d'Aristote renouvelait la Physique, l'Astronomie et la Physiologie, mais se trouvait en parfaite contradiction avec la vérité révélée de l'église !!

Le dilemme Raison et Foi va atteindre dans ce siècle son point culminant. Car pour la théologie la vérité ne peut être contradictoire, donc la foi et la raison doivent marcher de pair!!

Il devient donc de ce fait difficile pour la Philosophie de rester la servante de la Théologie !!









C'est ce que va tenter la Scolastique, qui ne nie pas la valeur de l'expérience et la connaissance du réel accessible à nos sens " celui qui ne sent pas, ne connait pas et ne comprend rien ".

Elle accentue la place donnée au raisonnement déductif à partir d'une base expérimentale. Mais si cette base est trop petite!, ou si elle reste sans être contrôlée périodiquement par l'expérience!, si le raisonnement est considéré comme supérieur à la vérification!, on glisse pas à pas dans l'erreur. La Scolastique fut utilisée dans l'enseignement médical dès la fin du XIII Siècle.

Prenons en exemple la dissection anatomique, qui à la faculté de médecine de Paris, fut pratiquée avec la plus grande parcimonie et sous la surveillance hostile de l'église, était pratiquée plus souvent à Bologne, Padoue et Montpellier.









 Au moyen âge la dissection du corps humain sans être proscrite par l'église était néanmoins entourée d'interdits, les violations de sépultures et les vols de cadavres étaient sévèrement sanctionnés par la loi.

Ainsi un procès fut intenté à Bologne en 1319 contre quatre étudiants en médecine de la Faculté, qui avaient subtilisés un corps fraîchement inhumé pour l'ouvrir au domicile de leur professeur. Il est loisible de penser qu'il en allait de même à Padoue et Montpellier.









Il est vrai cependant que Boniface VIII s'est élevé contre certaines pratiques en 1299, comme celle de démembrer un cadavre et faire bouillir les morceaux afin de détacher la chair des os, était punie d'excommunication.

En fait les anatomistes du moyen âge disséquaient principalement des animaux, le porc était souvent choisi du fait de la ressemblance  de sa texture avec celle de l'homme. L'anathomia de Mondino Liuzzi constitue surement le premier témoignage de l'existence de cette pratique à Bologne toute fin du XIII siècle.

Pour la Chirurgie (1) il est difficile d'évaluer les progrès techniques fait lors de cette période, les chirurgiens avaient compris que dans une société qui attribuait tant d'importance au savoir, ils ne pouvaient sans connaître le Latin accéder à une position enviable dans monde médical médiéval.









Considérés par les médecins comme des gens mécaniques et ravalés au rang de Barbier, ils devaient pratiquer sous les ordres de ces derniers qui bien souvent en savaient moins qu'eux.

On découvre cependant que des chirurgiens pratiquaient déjà le traitement de la cataracte ou de la fistule anale, et un traité allemand décrit même une opération de reconstruction du nez.

Ils furent contraints de se grouper en organisme corporatif tant ils étaient méprisés par nos pédants crottés de médecins, qui disposant du savoir d'hippocrate, de Vésale et de Galien ne l'utilisait que dans des querelles empiriques et dogmatiques afin de faire étalage de leurs connaissances devant des gens qui ne risquaient pas de les contredire.








Car pour l'homme du moyen âge profondément croyant la maladie est une épreuve dont seul dieu et satan sont les maîtres. Il use pour se soigner de drogues et de simples reposant sur de solides connaissances botaniques.

Il s'en remet également au saints guérisseurs, le moyen âge est imprégné de légendes que colportent les Bestiaires, les lapidaires, et autres ouvrages qui recopient sans discrimination le vrai et le faux, la thérapeutique est fortement influencée par la magie et la nécromancie.









Sous le nom de magie était désigné des activités fort différentes, les unes étaient magiques au sens actuel du mot, c'est à dire, incantations, appel au démon, prestidigitation et médecine sauvage.

Pour les autres on parlait de magie dès qu'un phénomène extraordinaire se produisait, essayez par exemple de demander au premier venu le phénomène de l'attraction de l'aimant, qui fut longtemps considéré comme un objet magique.









Paradoxalement cette confusion conceptuelle avait l'avantage de faire de la magie un domaine privilégié, se trouvant au centre de toutes discussions concernant les savoirs techniques.

De ce fait le magicien était perçu comme un expérimentateur, dans ce monde de plus en plus dominé par les gens de savoirs l'aspect magique retenait l'attention et forçait à un certain respect envers le praticien. Surtout par les médecins qui n'étaient eux même sur de rien hormis le fait qu'ils connaissaient le latin!!!!

On ne peut terminer ce bref aperçu de la médecine au moyen âge sans parler Astrologie, elle occupe une place prépondérante au sein des différents savoirs durant le XIV siècle, de la médecine en passant par les arts mécaniques et l'agriculture, elle jouit d'une place centrale par le biais de l'Astronomie dans le monde des savants et du savoir.

A titre d'exemple il nous faut citer ce moine théologien et philosophe qu'était Roger Bacon, qui recommandait d'expérimenter toutes les pistes possibles dans tous les domaines de la science. Surnommé le Docteur Admirable il recommande aux médecins d'étudier l'Astrologie afin de connaitre les rapports existants entre les différentes parties du corps et les signes du Zodiaque.

Bacon grand chercheur devant l'éternel sera aussi comme son surnom, d'une crédulité admirable, mais son idée au sujet de la médecine va malheureusement perdurer jusqu'au XVIII siècle.




PS: pour enfoncer le clou, prenons la description que fait Geoffroy Chaucer d'un médecin de son époque, c'est assez édifiant!! je cite: Avec nous se trouvait un grand médecin, personne au monde n'aurait pu comme lui traiter de médecine !!

" Car il connaissait la science des Astres, il s'attachait à soigner son malade aux heures bénéfiques par magie naturelle, il savait choisir le bon ascendant pour les figurines ( signes du zodiaque ) concernant son patient. Il connaissait la cause des maladies : le chaud, le froid, l'humide et le sec, l'organe affecté et l'humeur responsable, c'était un parfait praticien. " M de V










1)LES CHIRURGIENS: furent trop longtemps unis aux Barbiers pour qu'il soit possible de séparer les deux professions. Ils constituaient au XIII siècle l'aristocratie du métier de Barberie, si l'on en croit d'anciennes théories, non vérifiées!! ou peut être trop facilement acceptées ? Les chirurgiens auraient formé dès le règne de Saint Louis un Collège distinct.






Ce collège de Saint Côme et Saint Damien, aurait regroupé les chirurgiens Parisiens, les statuts de ce collège furent écrits par Jean Pitard, chirurgien du roi, et approuvés en 1268.

Aucune trace écrite ne peut vérifier cette théorie, la seule charte authentique et indiscutable ou nos chirurgiens sont mentionnés est une ordonnance sans date qui parait être fin XIII siècle.

Celle ci fait injonction aux chirurgiens de déclarer au Prévôt de Paris, les noms des individus qui venaient pour faire soigner leurs blessures. Ces blessés pouvant être des meurtriers ou des larrons en fuite que la police prévôtale recherche








Cette charte pourrait être écrite d'Etienne Boileau lui même et faire partie de son livre des métiers, lequel livre fut brûlé en 1737. Mais la table des matières du manuscrit fut sauvé et stipule que notre charte en faisait partie.

L'ordonnance constate aussi qu'il y avait en paris, bon nombre de gens qui pratiquaient la chirurgie sans être capable de pratiquer cet art efficacement. Il est stipulé que six maîtres jurés dresseront une liste de noms de ceux qui seront dignes d'officier en tant que chirurgien.

En 1301 sera édicté une nouvelle ordonnance pour réglementer la profession, par suite d'un accord survenu entre tous les Barbiers de Paris ( ils sont au nombre de 26 ). Il fut décidé que ne pourrait porter le titre de Chirurgien Barbier que ceux qui auraient été examinés par les maîtres de Chirurgie et trouvés suffisants. M de V