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mardi 20 juin 2023

l'Emprise de la Joyeuse Garde en l'an 1447

En cet an de grâce 1447 le Roy René d'Anjou (le Bon Roy René), redescendait sur ses Fiefs en Anjou afin d'organiser un nouveau " Pas d'Armes " dont il avait le secret. Celui ci devait surpasser en durée et en magnificence, tout ce que l'on avait pu admirer jusqu'alors !!

La situation du château d'Angers, au centre de cette capitale de l'Anjou, ne lui offrait pas, semble t'il, un local tel qu'il le désirait. le bon Roy René va choisir la ville de Saumur (la gentille et la bien assise), pour être le théâtre de cette Emprise hors normes !!

Le château de Saumur bâti sur une élévation était d'une architecture simple mais élégante, orné de tours et de tourelles avec une vue plongeante sur un paysage agréablement varié et la Loire enlaçant la cité

Ce fut dans une vaste plaine à peu de distance du château qu'il fit construire un genre de palais spacieux tout en bois, mais peint à l'intérieur comme à l'extérieur. Meublé de riches tapisseries et d'une quantité prodigieuse de coussins de velours et de soies, destinés à couvrir les estrades ou siègeraient les Dames









Au jour dit, le bon Roy René s'y rendit accompagné d'un concours infini de Princes, Hauts barons, Chevaliers, dames et Damoiselles. Pendant six semaines entières les plaisirs en tout genre vont se succéder, sans interruption, dans ce pavillon royal qu'on avait appelé " Châtel de la Joyeuse Garde

René y tint une espèce de cour plénière, inventant chaque jour de nouvelles fêtes, cavalcades, banquets et danses pour ses hôtes, ceci afin d'attendre l'arrivée complète de tous les champions conviés à participer à cette Emprise !

Ils accouraient de toute part avec en tête Poton de Xaintrailles, parmi eux on remarquait le Duc Jean V d'Alençon (surnommé le beau prince), puis Charles de Bourbon et le Comte d'Evreux Pair de France, et Charles d'Artois Comte d'Eu. Parmi les Gentilshommes qui devaient jouter dans cette emprise on distinguait entr'autres le Sire de Montmorency, mais aussi Antoine de Sancerre fils du célébre Amiral Jean V de Bueil  " le Fléau des Anglois ". Notre Antoine de Bueil-Sancerre portait sur son cimier une tête de roi à grands cheveux et grande barbe, son cri de ralliement estoit " Passavant ", et toute une foule d'autres Barons non moins recommandables par leur renommée que par leur rang !










Le jour indiqué pour l'ouverture du pas d'armes, chacun avoit assisté dévotement à la messe de l'aube, puis enfin Cors, Buccines et Clairons firent entendre de joyeuses fanfares aux Dames et Damoiselles siègeant sur leurs coussins. Onc ne vit plus nombreux cortège rangés derrière deux Estaffiers vêtus à l'orientale, tenant en laisse aux anneaux d'argent deux énormes lions bien vivants !!

Suivaient deux par deux, à cheval et richement vêtus de Damas incarnat, Fifres, Tambours et Trompettes, derrière eux estoient les Rois d'Armes en tuniques écarlate et or tenant en leurs mains les registres d'honneur ou allaient s'inscrire les faits mémorables de la joute

Puis venaient, à pas lents, quatre Juges de Camp. Ce sont eux qui se prononçaient sur le mérite des assaillants, immédiatement après on vit paraître, portant l'écu de son maître, le nain du Roy René entouré de pages et d'escuyers. Le cortège ayant passé sous les yeux de toute la cour, le nain s'assit sur un coussin, les juges de camp prirent place auprès des Hérauts d'armes. L'écu du Roy René fut suspendu à une colonne de marbre, à laquelle on attacha les deux lions et le son mélodieux des hauts-bois, des flutes et clairons retentirent de nouveau dans la plaine !









On vit alors paraître en face de la barrière des tenants, les champions qui devaient toucher " l'écu des pensées ". Puis dès que l'un d'eux eut ainsi annoncé le défi porté à l'un des défendeurs, les barrières s'ouvrent avec fracas, les chevaliers se précipitent l'un contre l'autre, les lances volent en éclats se brisant contre les boucliers polis d'ou jaillissent mille étincelles, en même temps que les chevaux bondissent se cabrent couvrant leur frein d'écume !

D'autres lances sont présentées par les poursuivants d'armes, puis d'autres assaillants volent à la rencontre des tenants, eux mêmes remplacés à leur tour, à mesure que l'un d'eux est renversé. les cri des Dames trahissent à la fois leur agitation, leurs craintes, leurs voeux, chacun enfin est absorbé par ce spectacle guerrier du plus vif intérêt !

Ensuite quand le calme et le silence se rétablissent, les noms des vainqueurs sont proclamés et enregistrés sur le livre d'honneur. Il n'en va pas de même pour les chevaliers désarmés ou renversés de leurs palefrois, ils viennent humblement présenter aux dames désignées par les heureux vainqueurs un collier, une bague, un rubis ou tout autre joyau de prix.....comme dirait l'autre " c'est l'jeu ma pôv lucette "...Pffff j'plaisante ! 


Nota : une polémique peu naître de l'original de ce manuscrit d'un auteur anonyme ???, document d'ailleurs disparu de la bibliothèque royale. Le problème viendrait qu'il cite Antoine de Bueil présent à cette emprise en 1447 il semble que le fils de Jean V soit né en 1440 ??????


PS : On compta plus de cinquante quatre diamants, trente six rubis et autres bijoux montés, qui furent déposés aux pieds des dames à l'occasion de l'Emprise de la joyeuse garde...M de V