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vendredi 8 décembre 2023

Du Prêt gracieux à l'Usure au Moyen âge

Prêter n'était pas toujours usure !!, bien au contraire. Les gens victimes d'un mauvais sort, ou d'une récolte médiocre, trop maigre pour ensemencer leurs champs de la saison suivante, ou à court d'argent pour payer du matériel à acheter, voir même posséder des fonds pour un repas de noce pour leurs filles, n'étaient pas tous réduit à la triste condition de mettre en gage, sa terre, sa vaisselle ou ses bijoux chez un Usurier impitoyable. Aider son prochain, prêter gracieusement pour permettre de survivre quelques mois était oeuvre pie aux yeux de Dieu. Une bonne action qui, dans la communauté, fortifiait les liens sociaux, plaçait l'homme prêteur, en bonne estime parmi ses parents et ses voisins.

Le prêt en échange de services, ou à charge de revanche, voir même sans rien attendre en retour était courant, on accordait des prêts pour garder bonne renommée et bon crédit auprès des gens pour les affaires futures !

Nous négligeons actuellement d'autres solidarités, bien réelles et partout présentes au moyen age. L'homme n'était pas seul il pouvait compter, largement sur le soutien d'un groupe, rassemblant hommes et femmes d'un même rang social, guildes, corporations de métiers, associations à caractère religieux, d'activités et de richesses variés





Puis les familles n'étaient pas celles d'aujourd'hui qui, conjugale, recomposée ou monoparentale ne compte qu'un nombre restreint de personnes, mais un " Clan ", une sorte de tribu, formée de plusieurs couples, jusqu'à quelques dizaines portant tous le même nom, vivant proches les uns des autres dans bourgs et cités

Sans compter que pratiquer l'entraide entre voisins pour vivre en paix et faire sereinement ses affaires était un devoir. L'ont souvent appris à leurs dépens les pères et les aînés qui, dans leurs testaments se font un devoir de faire leçon aux plus jeunes, faisant adjoindre par un copiste sur le parchemin cette phrase " si tu ne peux avoir nombre d'amis tout autour de toi, si on fait visage de ne point t'aimer, prends tes meubles, déménage et va vivre ailleurs "

Les journaux domestiques, que l'on nommait " livres de raison " autrefois n'ont pas été aussi bien conservés que nous l'aimerions. le soin de conserver ce qui pourrait servir à l'histoire de la lignée ne s'est imposé que tardivement. Il en va de même des archives des actes notariés, qui furent elles aussi détruites dans plusieurs cités de France. Ce ne fut qu'au XIV siècle que l'on obligea les notaires à les conserver chez eux. On interdisait aux valets d'allumer le feu avec, ou aux ménagères d'en faire des couvercles pour conserves et confitures !!!





Marchands et Artisans agissent de même. Un jean Blazin, originaire de Montpellier, tient commerce d'huile et de savon à Marseille. Cet homme n'est pas un gagne petit !! Il posséde quatre domaines agraires qu'il loue à des Tenanciers lui versant un " Cens " chaque année, une maison à Peyrotere, non loin d'Aubagne, et plus loin dans le pays de Forcalquier, en haute Provence, une vigne à l'Hospitalet

En feuilletant son livre de comptes on le suit au printemps 1334, achetant de l'huile à Aigues Mortes et participant pour la somme de 530 Livres ( soit 63 629,08 euros de notre époque ), dans un chargement maritime vers Manfredonia dans les Pouilles !

Notre Marchand est riche, mais on remarque qu'il fait toujours crédit à ses pratiques et prête volontiers de l'argent à ses voisins et amis, qu'ils remboursent en une dizaine de versements sans qu'il soit question ni d'intérêts, ni de pénalités

Ces prêts il les consentaient même pour de petites sommes, comme pour une certaine Johaneta Castrelègues qui lui doit la somme de 10 Sols ( équivalent à une centaine d'euros de nos jours ), prêté un 5 février parce que son mari était malade nécessitant soins et médications, le Médicastre et l'Apothicaire ne connaisant ni la Sécu, ni la Mutuelle !






Notre Johaneta n'avait laissé en gage qu'un simple justaucorps vert !!!. C'est l'image d'une société ou les pauvres trouvent de l'aide sans voir leurs terres ou leurs maisons passer aux mains d'un " Usurier ", homme d'argent appliqué à se construire une fortune sur le dos des pauvres gens dans le besoin...Je sais pas vous ? mais moi cela me fait penser à une engeance très présente de notre siècle non ????

Il est à noter que plus on s'approche de la fin du Moyen Age, plus les Changeurs et les Prêteurs, dont le métier était l'Argent, deviendront prêteurs à intérets...autrement dit des Usuriers !



PS: Malheur à ceux dont le pays est dirigé par un financier ! une personne qui, sans vergogne va vous tondre la laine du dos....mais jusqu'à faire saigner le cuir j'fais pas dans la délation et j'donne point de nom !!!   M de V