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lundi 7 février 2022

Le Formariage

Notre Manant privé de tout droit civil, mort pour lui même, ne vivant que pour autrui, ne pouvait naître, travailler et mourir qu'au profit du Seigneur Laîc ou Ecclésiastique. Tout ce qu'il gagnait par son travail appartenait au Baron, Abbé, Evêque ou même curé de lieu ou il logeait !

Il ne pouvait vendre, aliéner ou transmettre à un homme libre, ni même à Noble sans l'accord du Sire dont il dépendait. Ce dernier pouvant reprendre la terre la faire cultiver par un autre, car si le Seigneur se doit de servir au mieux le fief donné par son suzerain. Le Serf vivant dessus doit en quelque sorte " servir sa servitude !! "

Le mariage et le célibat des gens de Main morte étaient à l'entière discrétion des gentilhommes, chevaliers Fiefés ou Barons. Le coeur ne comptait pour rien et il ne pouvait battre au delà des limites du Châtel ou de l'Abbaye dont ils dépendaient 

Alors imaginez l'injustice qu'ils pouvaient ressentir quand ils voyaient les gens des cités qui peu à peu s'allégeaient de ces carcans et de ces chaines, car elles pèseront encore bien longtemps encore sur le pauvre Paysan, le Vilain du plat pays !!










Le père ne peut marier sa fille à son gré, la veuve sera contrainte de prendre un nouveau mari, du moins tant qu'elle aura la possibilité de procréer !, et ne peuvent se marier qu'avec une personne de même condition et appartenant au même Maître !

S'ils désiraient le faire hors du domaine du Seigneur, ce ne sera qu'à la condition de laisser à ce dernier le quart ou la moitié de ses maigres biens, vache, charrue, boeuf, mouton et seulement après avoir obtenu la permission du Maître, sous peine dans le cas contraire d'avoir une lourde amende. Nous dirons que la devise de ces seigneurs se résumait à ceci " Prendre au manant tout est bon même le croûton ! "

Si un homme libre décidait d'épouser une femme serve il subissait d'office la condition de celle ci, sans pouvoir espérer recouvrer sa franchise perdue !, même par le veuvage ou par remariage avec une femme libre. Comme disent les coutumes du Formariage " le pire emporte le bon "

Bref le manant de main libre, amoureux, se trouve entrainé par la main de celle qui ne l'est point. Le seigneur du cru lui fait comprendre que s'il monte une de ses poules...bin il devient son coq mordious !!










Si l'on admet un accord entre deux Seigneurs voisins, afin qu'une femme serve aille épouser un Vilain sur les terres de celui d'en face. Ce Sire sera tenu de rembourser par une autre Vilaine, en échange, encore faudra t'il qu'elle soit d'âge et de condition identique

Avec Vilains et manants on ne tenait aucun compte ni de la famille, ni de la moralité ils étaient juste un instrument pour repeupler les domaines un point c'est tout. Les Seigneurs étaient de vulgaires maquignons !

Il va sans dire quand nous parlons de seigneurs et de Fiefs qu'il nous faut donc englober les Ecclésistiques hein !!!..Ils ne faisaient ni mieux ni pire. Car bien souvent Evêques ou Abbés Mitrés étaient issus de la Noblesse...c'était bien souvent un second fils de Baron ne pouvant hériter de la terre qui entrait dans les ordres ! 

De plus ce juteux bénéfice en tant qu'Evêque ou Abbé restait ensuite dans la famille comme un bien héréditaire, rien ne devait échapper à un haut Baron ou à ses enfants leurs doigts étaient griffus et leurs escarcelles sans fond










L'auteur " des essais sur Paris " nous rapporte les termes d'une Charte de 1242, ou il est dit : Qu'il soit notoire que tous ceux que cette présente liront, que nous Guillaume, indigne Evêque en Paris consentons à ce que Odeline, fille de Rodolphe Gaudin du village de Vuissons, femme de corps de notre église, épouse Bertrand, fils du défunt Hugon, du village de Verrière, homme de corps de l'Abbaye de Saint Germain des Près !! Que si ladite Odeline vient à mourir sans enfants, tous les biens mobiliers ou immobiliers dudit Bertrand retourneront à l'Abbaye. 

Or donc quel que soit le Seigneur on se disputait joyeusement la moitié d'une Vilaine, le quart d'un Manant voir le tiers d'un ou deux enfants !!!!

Prenons un exemple: La seigneurie de Châtillon sur Seine avait trois Suzerains en puissance, le Duc, l'Evêque et l'Abbé. parmi les hommes et les femmes de ce vaste domaine les uns avaient un seul maître, certains en avaient deux et d'autres étaient communaux aux trois Sires du lieu. 

Mais les enfants de ces manants du plat pays, il faut savoir que nos trois tristes Sires se les partageaient entre eux !!!!!










Ainsi le manant ne pouvait vraiment être époux, ni la femme vraiment mère !. Le Duc, l'Evêque et l'Abbé avaient oblitérés les forces vives de ce domaine à trois têtes, aucun espoir, du Manant au Vilain, comme s'ils étaient de vulgaires mécréants

Passe encore pour le Duc, un Noble, qui devait tout juste ânonner son livre de corne, il n'en allait pas de même pour ces Ecclésiastiques sachant lire et écrire le Latin qui bafouaient allégrement les principes de la religion !. Mordious cela ne semblait pas les déranger dans la rédaction de leurs sermons, desquels ils fustigeaient leurs pauvres ouailles pendant la messe



PS: je rappelle que ceci est la vision du nain et comme tout bon copiste du Moyen âge et je vous la présente sans façon à la sauce Naine morbleu !!!...M de V