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mardi 27 juin 2017

N°80) Eustache le Moine noir ou le premier pirate XIII siècle


Si tout le monde n'est pas d'accord comme moi qu'il fut le premier pirate Français, il est néanmoins le premier à avoir marqué l'histoire de son nom. De bandit il se fait pirate, puis corsaire, voleur tricheur, sans foi ni loi, il possède tous les atouts pour mener une vie digne d'un roman !! Un anonyme écrira même une histoire romancée d'Eustache le noir, peut être le connaissait il, ou vivait il à Boulogne à l'époque ou Eustache y sévissait.







De son nom Uistasse ou Wistasse, est né vers 1170, il est issu d'une famille noble de Boulogne, comme beaucoup de cadets de famille, on le fait entrer chez les moines Bénédictins.

Mais il est loin d'avoir la vocation, il est rétif, il jure, aime le jeu, et dans l'ordre les femmes la bonne table et le vin, son langage imagé au répertoire fort varié, ferait pâlir d'envie n'importe quel charretier du pays.

Une sombre histoire de vengeance entoure sa famille, et son père va être assassiné. De moine rétif il devient furieux et se cabre, il se défroque vers 1190 et quitte les moines avec une seule idée en tête, venger le meurtre de son père.

Il réclame justice à Renaud de Dammartin Comte de Boulogne, il demande le prix du sang, comme dans l'ancien droit Franc, qui reconnaissait le Wergeld comme ultime justice, mais cette justice n'à plus cours. Il va perdre son procès et comble de l'ironie le comte fera saisir les terres de sa famille.









Il part en Espagne ou il vit un temps de côté de Tolède, nul ne sait ce qu'il fit la bas, certains lui prête une conversion à l'Islam, ce qui est fort peu probable au vu des qualités, que nous a montré jusqu'à maintenant le personnage.

D'autres le disent versé dans la magie noire et son nom est désormais associé au Malfé, nom que l'on donne au diable quand on ne veut prononcer son nom.

De retour en France, malgré sa haine de Renaud de Dammartin, il sera un temps Sénéchal du comte de Boulogne, mais discrédité par un vieil ennemi il quittera le service en 1203













Commence alors une vie de brigand de grands chemins, sillonnant tout le boulonnais à la tête d'une bande qui semble lui être fidèle, usant de toutes les ruses il se taille une sombre réputation.

Il vole, pille et tue, engrosse catins et honnêtes dames de gré ou de force, on ne sait s'il disposait d'appuis au niveau de la population de sa région?

Tout ce que l'on sait! c'est qu'à un moment donné il décide de diversifier ses activités, et s'embarque pour devenir pirate.

Il va écumer les mers, puis devient corsaire au service de jean sans terre, il est le plus redoutable écumeurs des mers qui ait jamais navigué sur la manche, envoyant par le fond ou saisissant comme prise un nombre impressionnant de nefs françaises militaires, ou commerciales jusqu'en 1212, pendant sept ans sa fureur s'exprime sur mer.










Puis Renaud de Dammartin s'allie à l'Angleterre! il n'en faut pas plus au moine noir pour changer de camp, rejoindre le roi de France dans l'espoir d'avoir un jour le bonheur de se trouver en face du Renaud et de jouir du plaisir de le massacrer.

Il multiplie les raids sur Albion met à sac Folkestone, mais le roi de France prépare l'invasion de l'île d'Albion et Eustache reçoit pour mission de s'emparer de Douvres afin de protéger les troupes d'invasion.











Il va prendre la mer avec ses navires en faisant force de voiles vers l'Angleterre.

La suite nous est racontée par la chronique Anglaise du moine de Saint Alban qui relate ce fait d'armes Anglais sur mer.

Le jour de l'Apôtre Saint Barthélémy ce 24 août 1217, les nefs d'Eustache le moine, homme couvert de crimes, voguaient vent arrière vers l'Angleterre, mais n'avoient aucune connaissance des embûches qu'on leur avoit dressées, ainsi croisèrent il par le travers les navires corsaires Anglais.









Ceux ci voyant les Français dotés de quatre grandes nefs et de bon nombre de petites barques armées se trouvèrent moins nombreux, ils s'élancèrent néanmoins sur l'arrière de l'ennemi.

Les Français coururent aux armes et résistèrent avec valeur, Philippe d'Aubigny avec ses frondeurs et ses archers firent pleuvoir drus traits et pierres sur les Français, faisant en peu de temps un grand massacre. Les Anglais vont éperonner les nefs ennemies, puis les aveugler en lançant de la poudre de chaux vive et montent à l'abordage, beaucoup seront tués et jetés par dessus bord, Eustache sera pris et décapité séance tenante, sa tête fut portée partout, de ville en ville sur toute l'île. M de V





                            Ainsi s'achève le roman d'Eustache le noir, qui fut si peu moine

                                                             Il eut la tête coupée

                                                          Tantôt dès finie la mêlée

                                                        Nul ne peut vivre longtemps

                                                     Qui toujours à mal faire s'entend




les changeurs précurseurs des banquiers

Ils s'établissent avec l'autorisation du roi s'ils se trouvent sur le domaine royal, ou avec l'accord d'un seigneur suzerain sur le domaine duquel ils s'installent pour ouvrir boutique.

La fonction première du changeur et de recevoir d'un particulier, les monnaies anciennes, ou celles dont le cours n'est plus permis, puis de lui donner en échange des espèces courantes en respectant  la valeur prescrite de reprise.


Tel était du moins la fonction première et l'objet de leur commerce de l'argent





Il est loisible de penser que ce commerce était de petit profit et ne devait dégager que fort peu de marge bénéficiaire, il nous parait donc évident qu'ils ne se bornaient pas uniquement au change des monnaies.






Il pratiquaient en fait le prêt avec usure, ou si vous préférez avec intérêts, particulièrement lucratif, mais totalement prohibé par l'église, et qui pouvait se révéler fort dangereux, pour certaines minorités comme les juifs, ou les lombards!!

Sans vouloir entrer dans le développement des questions multiples qui se rattachent à l'Usure et au prêt d'argent avec intérêt, brossons un rapide tableau !! Premièrement les sonnantes et trébuchantes sont rares!! le troc est donc présent partout, l'homme médiéval qui a besoin de numéraire va se rendre chez un banquier ou un prêteur sur gages!!

Mais comment ne pas taxer un prêt d'usuraire alors même que ces contrats on des taux jusqu'à 50% et ou les intérêts non payés se cumulent tous les six mois !!!!!!!! je précise que je ne fais pas de chasse aux sorcières, car ce genre de pratique avait cours chez les Juifs, les Lombards et aussi les Chrétiens !!!! et prenaient tous entre 40 et 50%

Les prêts les plus vexatoires, sont ceux consentis pour des sommes minimes, aux petits bourgeois, artisans ou paysans. Car la vente de l'objet déposé en gage par l'emprunteur, procure aux usuriers des bénéfices énormes !!!! car ils ne tiennent pas compte de la valeur de l'objet par rapport à la somme prêtée !!!!!








Il était tentant en période de crise d' accuser les juifs de tous les maux de la terre, et les rendre responsables de la misère du peuple, en les massacrants ou en les poussant hors du royaume, cela permettait de ne pas avoir à rembourser des créances et des prêts, voir de faire main basse sur leurs possessions.






Ce qui fut le cas plusieurs fois. dans le XIV siècle, il y aura 3 expulsions, en 1306 par Philippe IV le bel, en 1322 par son dernier fils Charles IV le Bel, et en 1394 par Charles VI le Fou. Pour le juif le monde se divisait en deux!!, le monde chrétien et le monde musulman, mais s'ils s'affrontaient sans cesse, ils s'entendent néanmoins sur un point, la détestation du juif !!!.







Mais fin XIII et début XIV siècle les relations commerciales entre pays d'Europe deviennent fréquentes, ce qui va favoriser la diversification du métier de changeur.

Ces marchands d'Europe ne voyageaient plus avec des espèces sonnantes et trébuchantes, d'une part c'était fort lourd et encombrant, de plus c'était dangereux.

Ils se munissaient donc de lettres de change, bien plus léger et sécurisant pour ces grands voyageurs commerciaux, les changeurs, vont devenir des banquiers, ce qui leurs faisaient avec le prêt deux sources très lucratives de revenus.

Nos changeurs à Paris payent une redevance au Roi pour ouvrir boutique, on peut penser qu'il en était de même pour toutes les autres villes de France.






On ne sait pas vraiment de quand date l'émergence de ce métier, mais au vu des très fréquentes dévaluations des espèces et du rognage des monnaies, procédés fort utilisés par nos rois, et le nombre considérable de variétés de pièces différentes, on peut raisonnablement penser que l'on dut avoir très tôt recours aux changeurs. M de V