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lundi 26 février 2018

N°130) Philippe de Commynes l'autre chroniqueur

Sans contestation possible, Jéhan Froissart fut le chroniqueur incontournable du XIV siècle (voir article), Philippe de Commynes sera celui du XV siècle, nous pouvons affirmer que le seul point commun entre les deux hommes, fut qu'ils étaient tous les deux Flamands !


Si Froissart était un Clerc, Commynes lui était Laïc, né vers 1445, d'une riche famille de la bourgeoisie, on peut avancer l'hypothèse que son éducation fut bâclée, car il ne savait pas le latin, langue des doctes et des savants de l'époque.

Il est attaché un temps à la Maison du Comte de Charolais, possession du vaste empire Bourguignon, le Comte n'est autre que le jeune Charles, futur Duc de Bourgogne, qui sera bientôt nommé le téméraire !!!!


Puis il changera d'allégeance, pour servir le Roi Louis XI, la constante amitié des deux hommes et les grands services qu'il va rendre au monarque, lui assurent une haute situation et d'immenses richesses. A la mort du roi il sera disgracié et suivant son expression " tâta des fameuses cages de fer ", comme on dit: Arx tarpeia capitoli proxima !!!!!! ou des honneurs à la déchéance.








Mais comme Jean Bourré, autre fidèle serviteur de l'universelle araigne ( voir article ), il continuera de servir les rois qui vont suivre !

Charles VIII ne pouvait se passer d'un conseiller et d'un diplomate comme Commynes! qui s'il ne connaissait pas le latin, maîtrisait à fond l'italien, l'espagnol, le flamand et l'allemand, il servira aussi sous Louis XII et restera en faveur jusqu'au dernier moment (1511)

Il ne faut demander à Commynes aucune des qualités de Froissart, son prédécesseur ! Chez lui toute la partie descriptive est faible, il ne se met pas lui même en scène.

Son oeuvre est impersonnelle, il décrit et commente les actions politiques, il a vu Louis XI donner le coup de grâce à cette chevalerie obsolète, représentée par un personnage comme Charles le téméraire.








La diplomatie commence son règne en Europe, dans cette toute fin du Moyen âge ! Philippe de Commynes a senti passer le souffle des temps nouveaux.


Ainsi dans ses mémoires comprenant, les chroniques de Louis XI et de Charles VIII il nous fait assister à la fin des luttes féodales ! et à l'avènement de la guerre moderne ( voir article Louis XI et ses instructeurs militaires Suisses)

A l'inverse de Froissart, il méprise les grands coups d'épées, les prouesses héroïques prisées par les grands du royaume !  Ce qui l'intéresse ce n'est pas le détail pittoresque d'un événement, mais la suite et l'enchaînement logique!


Commynes sait analyser et juger avec une clairvoyance impitoyable, chacun des acteurs qu'il met en scène ! Cet historien Philosophe cherche à comprendre les événements à en découvrir les causes, il mesure leurs portées et prévois les conséquences, mais c'est aussi un homme qui possède une haute idée des devoirs de la royauté.

Commynes reste un grand esprit, mais ce n'est pas un artiste, il ne fait nul poésie comme Froissart, son style n'a ni éclat ni relief, mais il est clair, précis et solidement conçu !!!









Voici une partie du portrait qu'il nous trace de Louis XI dont il admire le génie politique.

Entre tous ceux que j'ai jamais connu, le plus sage pour se tirer d'un mauvais pas dans les moments d'adversité, était le roi Louis XI, notre maître et le plus humble en paroles comme en habits.

Il travaillait sans relâche à gagner un homme à sa cause, qui le pouvait servir ou qui pouvait lui nuire! Nullement rebuté par les refus d'un homme qu'il essayait de gagner à sa cause, il continuait sans relâche promettant largement, donnant argent et charges.

Quand à ceux qu'il avait chassé en temps de paix et de prospérité, ils les rachetaient bien cher quand il en avait besoin, s'en servant et ne les tenant en nulle haine pour les choses passées.

Il était naturellement l'ami des gens de moyen état, et l'ennemi des grands qui pouvaient se passer de lui ! Nul roi ne prêta tant l'oreille aux gens, ni ne s'enquit de tant de choses pour les connaître, cette façon de pratiquer lui sauva sa couronne !

Vu les ennemis qu'il s'était lui même acquis lors de son avènement en royauté!, bien lui servit sa grande largesse. Mais si tant est qu'il se conduisait sagement dans l'adversité, à l'opposé dès qu'il se sentait en sécurité ou lors de trêves, il se mettait à mécontenter les individus, car il était léger en paroles, parlant des gens même en leurs présence, sauf de ceux qu'il craignait et qui étaient nombreux, car il était craintif de nature !!!








PS: j'ai évité de mettre les images d'un Louis XI retors et démoniaque sur cet article cela fait trop cliché, et ne représente pas la réalité historique du personnage M de V

jeudi 22 février 2018

Deux Rois pour l'Aquitaine

Le Léopard et le Lys se combattirent tels des titans d'un autre temps. Dans chaque camp nul ne recula d'un pouce, on préférait s'estropier que de céder.

Dans la marmite du diable le ragoût mijotait à gros bouillons, comme des bulles, les vies venaient y crever en surface, car était advenu le temps des règlements de compte, et personne ne s'en priva.

Par la vanité des familles, la suffisance des seigneurs, l'égotisme des individus, l'outrecuidance des suzerains, la prétention des vassaux, la province d'Aquitaine ne pouvait échapper au cataclysme attendu !!

Comme plume au vent la guerre se répand c'est tout le pays qui sera  meurtri, terres pillées et gens pantelants !!!



Alors il y eut grand fracas d'armes, formidable vacarme,se répercutant de plaines en collines et de combes en cimes. Aux cliquetis des armes et aux froissements des armures, succédaient les ânonnements des adversaires, les cris de rages et de douleurs des hommes et des chevaux emplissaient l'atmosphère.




Les terres dégueulèrent de gens d'armes efflanqués, de routiers faméliques, s'engraissant sans scrupules sur les sols foulés par leurs destriers.

Comment se défendre ? contre un adversaire implacable et lutter contre cet invincible ennemi.

Sur ces territoires stigmatisés par maintes tueries, exactions sans nombre et massacres sauvages, vont se dresser les survivants à leurs mâchoires pousseront les crocs de la vengeance !!! 










Les deux héros ne fléchissaient toujours pas, les horions stimulants les plaies vives, ainsi perdurait cette guerre qui par le jeu de trêves et de traités, les forces reconstituées et d'un coeur vaillant se précipitaient à nouveau sur l'antagoniste créature, lui portant sans compter force coups violents....la lutte sans fin se poursuivait !!!!

Albion se fit impérieuse, la France lui opposant son mépris ! Les deux se faisaient face en se toisant qui triompherait ???

On se gaussa au début que l'agresseur fut le plus insignifiant des deux, se disant qu'il faudrait un beau jour que la loi revînt au nombre et à la force !!!






Albion redoubla d'efforts, maints vaisseaux alimentaient les ports de débarquement, les pontons se couvraient de troupes, les forges tournaient à plein rendement, façonnant les minerais nécessaires aux équipements.

Cela ne faisait aucun doute, pour ces soldats sans fortune !! on allait conquérir un territoire revendiqué de droit, sur lequel on ferait fortune !

La France se relevait dolente des premiers échanges et lorsque flamboyèrent à l'horizon les pennons des envahisseurs, on ne voulut pas croire au danger qui se manifestait !






La France se disait : tout juste de quoi se divertir et tenir les hommes en forme ! Aux premières confrontations on comprit tout, plus de ronds de jambes ni de belles manières, plus de tergiversations ni d'arguties hors saison !!

Ils étaient férus de tournois, de légendes Arthuriennes et d'amour courtois ! dans la bataille ils épargnaient l'ennemi pour toucher rançon, il en allait tout autrement de la stratégie d'Albion !!

L'Anglais était venu pour tuer, non pour jouer, pour eux champs clos et joutes ne correspondaient qu'aux temps de paix !

Lorsqu'un chevalier Français mettait bas les armes, il se trouvait un piéton d'Albion pour l'égorger, les volées de flèches telle des nuées de frelons piquaient les armures à 300 pieds !

Les Anglais à un contre quatre vont étriller d'importance les français, infanterie et cavaliers vont se faire étriper ! Albion vainquit, le pré ensanglanté prouvait vers qui la fortune des armes s'était tournée  !






L'outrage de cette deuxième rencontre engendra des représailles, plus de beaux gestes, de majestueuses actions ou de grands comportements, on s'accepta désormais comme routier de basse engeance quel que fut le camp !

Les combats gagnèrent en intensité ce qu'ils perdirent en bravoure, les adversaires n'en avaient cure ! peu importait les moyens pourvu qu'on l'emportât, l'un comme l'autre s'arc-boutant sur leurs positions du moment !

Les positions d'un jour et perdues le lendemain, au repli de la veille succédait l'avancée du matin, l'après midi passait à dénombrer les défunts et les veillées funèbres se substituaient aux chants guerriers !






Mais tant pis on poursuivait, on achevait la veuve, on massacrait l'orphelin ! puis on profanait le reste quel que soit le camp, les fourrageurs s'en chargeaient il fallait bien manger !

Le monarque d'Albion en décousait avec le souverain de la francisque !! Deux rois pour un seul territoire, deux rois avec les mêmes prétentions, tout deux légitimes, revendiquant sans concession la province tant aimée d'Aquitaine !



PS : sur un texte de légendes et chimères de l'Aquitaine médiévale de Serge Pacaud, livre que je me félicite de vous recommander M de V



lundi 19 février 2018

Les Estuves au Moyen âge

Métier à part entière, qu'est celui de la gestion d'un établissement d'estuves. Soumis à des règles et ordonnances précises dans les cités et notamment en Paris sous le contrôle du prévôt de la Capitale.

Dans son livre des métiers, Etienne Boileau (voir article), composé à partir de 1268, dédie un chapitre exclusif, rien qu'au métier d'estuveur !!

Quiconque veut être estuveur en la ville de Paris peut l'être, tant qu'il oeuvre selon les us et coutumes du métier, selon l'accord commun suivant:

On ne peut faire annonce publique, par crieur, pour telle ou telle maison, tant que le jour n'est point levé.

La maison d'estuve ne peut être ouverte le dimanche jour du seigneur, ni aucun autre jour de fête.

Le prix est fixé par ordonnance, le client doit s'acquitter à l'entrée d'un paiement de deux deniers, pour les bains chauds, le tarif sera plus élevé du fait de la quantité de charbon de bois nécessaire à chauffer l'eau.Tous ceux qui ne respectent pas les ordonnances sont passibles de sanctions et doivent payer une amende de dix sous Parisis









Dans les estuves on ne fait pas que se laver, transpirer ou se relaxer au chaud, les estuveurs donnent aussi à manger et à boire sur des plateaux de bois permettant de consommer tout en étant dans l'eau, ces estuves comme dans les tavernes sont des lieux de grande sociabilité.

Bien sur il existe le bain privé, chez soi pour peu que l'on en ai les moyens, modeste ou luxueux, généralement installé dans la chambre du maître de maison entre le lit et la cheminée.

La cuve à baigner peut être ronde, ovale ou rectangulaire, faite de bois ou de métal, voir même d'argent ou d'or pour les plus fortunés.

Froissart fait état d'une baignoire en argent chez le comte de Flandres et les registres du bon Roi René d'Anjou (qui d'ailleurs ne fut jamais roi!), font état d'au moins cinq baignoires dans son château d'Angers.

Mais pour le commun des mortels ce sont les étuves ou l'on se baigne et lave le corps à plusieurs, avec de l'eau chauffée dans de gros poêlons, déversés ensuite dans les cuves à baigner.









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Les bains communs restent appréciés tout au long du moyen âge, il suffit pour préserver la morale que la séparation des sexes soit assurée !

Personne ne s'offusque de la nudité commune, pourvu qu'elle ne rassemble que des hommes ou des femmes.

Dans les statuts des estuveurs donnés par le Prévôt, il est noté le prix à payer pour la location d'un drap couvrant sa nudité pendant le bain, ce qui nous amène à penser qu'il était permis de ne pas en vouloir ?


Les étuves étaient nommées aussi maison de tolérance, car partout ou l'on peut découvrir le fonctionnement de ces établissements, il est évident que c'était des maisons prostibulaires servant à deux fins : honnête et déshonnête.

Car malgré les innombrables ordonnances interdisant d'y recevoir des prostituées, il fut très vite trouvé une parade à ces lois, le maître du lieu se pourvoyait en de jeunes et fortes accortes chambrières, qui ne se trouvaient point la uniquement pour verser l'eau chaude dans les cuves à baigner.









On y dénombre force chambres et lits imposants, que ces maisons soient à Rouen, Paris, Lyon, Avignon le scénario était identique pour toutes les cités.

Il est certain que les propriétaires des murs hébergeant des maisons d'étuves, n'ignoraient rien des activités de leurs locataires.

Bien souvent ces notables, hauts personnages s'il en est !! Laïcs ou Clercs, quelques gras et riches chanoines voir évêques !! n'ont jamais renâcler à empocher de gros bénéfices !

Le flux de personnes dans ces établissements, cette clientèle aussi abondante que variée, faisait des bains le centre d'une prostitution notoire et permanente ! Mais qui ne doit pas faire oublier ou masquer, comme un arbre cachant la forêt les Bordelages, Bordels ou Bordeaux, tant publics que privés, qui fleurissaient dans toutes grandes cités, tenus par de fortes maquerelles qui bien souvent étaient protégées par des notables des villes .


PS: jetons un voile pudique en la circonstance !!! la vie était courte au moyen âge, entre les guerres les maladies, la peste je pense qu'ils vivaient avec plus d'intensité que nous, ne leurs jetons pas la pierre M de


vendredi 16 février 2018

Avènement de Jean III de Grailly, Captal de Buch

Outre Duchés et Comtés, baronnies, Seigneuries et autres Châtellenies, l'Aquitaine comprenait une désignation supplémentaire des domaines nobiliaires. Le " Captalat ", synonyme de seigneurie, que l'on pourrait associer à la Capitainerie !, ce qui indique bien à l'origine, une puissance dominatrice régionale.

Le titre de Captal de Buch d'après les chroniques d'Aquitaine de " Serge Pacaud " désignait un Seigneur qui dirigeait domaines et fiefs appartenant à la fière cité de Bordeaux qui fut au centre du conflit de la guerre de 116 ans entre Anglois et Français !






Une famille de Noblesse aisée de cette cité détenait les droits de ces terres, issues des Comtes de Bordeaux, dans la seconde moitié du XIII siècle leurs possessions furent érigées en Captalat, afin de les différencier des autres seigneuries.

Le premier chef de cette Maison noble fut Pierre Amanieu qui en portera le titre aux alentours de 1274, mourant sans enfant, la charge passe à son neveu vers 1300.

Mais ce Pierre de Bordeaux meurt également sans enfant ! le titre passe à sa soeur, Assalide, qui épousera Pierre II de Grailly Vicomte de Benauges, à la mort d'Assalide en 1328, les Grailly vont revendiquer la qualité et la fonction du Captalat de Bush.







Le fils de Pierre II de Grailly, va devenir véritablement sur parchemin, le premier Captal de Bush de la famille des Grailly, sous le nom de Jean II, il épousera Blanche de Foix, une fille cadette de Gaston premier de Foix Béarn, le voila par les liens du sang allié à la puissante maison des Comtes de Foix.

Leur Fils aîné Jean III fut le plus illustre personnage de cette famille, né en 1330, a la mort de son père il endossait à l'âge de 13 ans la charge de Captal de Bush.

Jean III de Grailly Captal de Bush élevé dans la maison de Foix et également lié par le sang à cette maison, son cousin germain avec lequel il n'a qu'un an de différence n'est autre que le très puissant Comte Gaston III de Foix Béarn dit " Phèbus "



                                                         
Jean III de Grailly porte d'argent à la croix de sable , chargée de cinq coquilles d'argent de même




                                 Décoré de l'ordre de la Jarretière par Edouard III d'Angleterre,



PS: voir article du 22 04 2017 sur Jean III de Grailly l'ami du Prince Noir M de V

jeudi 15 février 2018

Société Domestique des Grandes Demeures

Dans ces grandes famille les relations de société étaient semi privées, semi publique, puisque les lieux domestiques (comme le dit un vers du Roman de Renart), étaient hantés par " privés ou estranges ou amis "

Donc trois catégories de commensaux ! Les Estranges étaient ceux qu'aucun rapport affectif particulier n'attachait au Maître de Maison.

De ses Amis, qu'il faut différencier de ses Privés, ceux ci étant liés par le sang ! Par amitié dit le roman, le loup et le goupil se nomment volontiers Oncle et neveu...!! La différence tenait plutôt au fait que le " Privé ", y avait son logis attitré, alors que " l'Ami ", s'il avait libre accès à la demeure et au chef de maison n'y faisait pas résidence.







 Les " Privés " formaient ce que nomme l'homme médiéval, le Ménage ou encore plus souvent la " Maisnie ". On peut trouver cette définition dans des Olim, datant de (1282), fin XIII siècle, je cite:

Sa propre Maisnie demorant en son Ostel, ce est à entendre de ceus qui font ses propres besognes et à ses dépens. 

Donc pour cette sorte de commensaux, logement commun, nourriture commune, en fait une équipe, dirigée par un chef et dont les membres oeuvrent ensemble à une tâche commune !! Assez semblable ou équivalent de la fraternité  monastique d'une Abbaye.


La population de cet Ostel pouvait être fort nombreuse ! dans l'Angleterre du XIII siècle, la Maison de Thomas Berkeley réunissait plus de deux cent personnes. Ou pour autre exemple, l'évêque de Bristol, qui pour transporter sa maisnie n'utilisait pas moins de cent chevaux, pour aller d'un de ses domaines vers un autre !!

La cohésion de groupes aussi vastes tenait au fait qu'ils étaient dirigés par une seule main, entretenus et nourris par un seul maître !






Cependant, cette maisnie, était franchement divisée en deux, d'un côté, et mangeant un pain moins noble si ce n'est plus noir ! ceux qui servaient, et qui logeaient dans des dépendances accolées à la demeure seigneuriale.

De l'autre, les maîtres, divisés en deux catégories distinctes, fonction de leurs charges, celles de la prière et celles du combat.


En premier lieu les " Clercs " formant quand la maison était de quelque importance un collège de Chanoines, ou le maître de maison, bien que laïc, siégeait en haute place !

Puis les " Chevaliers ", serviteurs de premier rang, car si les prières des chanoines profitaient à toute la seigneurie, la demeure n'en était pas moins une forteresse d'ou la paix et la justice rayonnait au travers de ces guerriers, de ces chevaliers, sur les terres du domaine et les territoires avoisinants.

Par conséquent, aux guerriers proprement dit qui appartenaient à la maisnie, venaient se joindre tous les hommes résidant alentour, dans leurs propres demeures, et qui avaient vocation de combattre pour ce seigneur .







Ils entraient par ce fait dans le privé du maître de ce château, recevant de lui pitance et harnachement, devenant pour un temps ses privés.

Lorsqu'ils regagnaient leurs demeures, après avoir fait campagnes et opérations militaires, ils restaient ses "amis ", liés par l'hommage lige, qui faisaient d'eux des parents supplémentaires.

Il nous faut d'ailleurs constater, que la vraie parenté de filiation ou d'alliance, attachait au chef de famille la plupart des Clercs et des Cavaliers qui l'assistaient.

Tous étaient, fils, neveux, cousins, légitimes ou bâtards, quand aux autres, il avait été donné pour épouse des filles de son sang.

Les établissant sur des terres loin de sa demeure, mais unis à celle ci par le puissant lien du sang, se fondant ainsi dans la maisnie !

La demeure assurait aussi une fonction d'accueil, s'ouvrant aux pauvres admis à recueillir " ce qui tombait de la table seigneuriale ", considéré comme une bénédiction, par le maître et sa maisonnée, ce parasitisme était un mal nécessaire et rituel.

La maison noble accueillait des jeunes pour les former, une école pour former et enseigner aux garçons bien nés les usages de la courtoisie et de la vaillance, ou les fils de ses vassaux venaient chez le suzerain faire leur apprentissage en chevalerie.

Enfin elle accueillait aussi les " estranges " ou passant voyageurs, pourvu qu'ils fussent de bon rang, conviés à la table pour s'y repaître, et même y boire jusqu'à l'ivresse !! puis de s'y étendre pour la nuit une fois planches et tréteaux de tables retirées !!

PS: et après bien sur que Menestrels ou Troubadours aient terminés danses chants et cabriole



                                                                 oeuvre de José luis Cabréra Pena




jeudi 8 février 2018

N° 125) Du Guesclin et les grandes Compagnies en Aquitaine

Pour sur il est né disgracieux et sans patrimoine !! nous ne reviendront pas sur le sujet ( voir article ), le " Claquin " ne dut qu'à la fortune des armes son extraordinaire renommée !!

Ce Noble, mais de petite extraction, va atteindre la plus haute dignité du Royaume, comme Connétable de France !! Sa carrière le mène de sa Bretagne natale ou il conduisait une bande dépenaillée de paysans, (voir article) jusqu'à s'enrôler sous la Bannière du Roi de France en 1357.

A la bataille de Cocherel (voir article), il battait l'armée Anglo-Navarraise de Charles II Roi de Navarre et Comte d'Evreux, faisant du même coup prisonnier Jean III de Grailly, l'ami du Prince Noir !!! (voir article )

A cette époque sévissaient les Grandes Compagnies ! nuées orageuses de soldats sans emploi, ces troupes licenciées des armées tant Anglaises que Françaises, a qui l'on avait promis force pillages et gras butins se trouvaient gros jean comme devant. Car les promesses vaines et creuses des grands Feudataires n'engagent que ceux qui les écoutent !! Ils vont donc se constituer en bandes et se servir eux même sur les terres de France ( voir article )





Ces troupes terrifiantes se grossissaient de larrons, vagabonds et meurtriers de tous poils !! Des malfaisants nommés, Malandrins ou Cotteraux, qui formeront des troupes redoutables et exterminatrices.

Tel une nuée de sauterelles ils se répandaient dans les campagnes de France ! Les grandes compagnies formaient un certain nombre de bandes armées, l'ensemble se montait à environ 30 000 hommes ( voir article Seguin de Badefol ).

Ces bandes étaient commandées par de petits nobliaux, bâtards désargentés, âpres aux gains et au forcement de femmes !! Mais ils sont experts dans la guerre de raids et dans l'utilisation du terrain, on peut bien sur critiquer leurs actions ? évidemment !! mais ils essayaient eux aussi de survivre et de la seule manière qu'ils connaissaient .

Charles V eut la brillante idée de les rassembler, de leur fournir un chef qui les comprenaient !! en la personne de Bertrand, de leurs donner mission sur les terres Hispaniques ( le royaume de Castille ), afin d'éloigner ces bandes qui ravageaient la France.

C'est ainsi que notre Bertrand Du Guesclin parti avec les grandes compagnies vers l'Espagne, non sans avoir au passage rançonné le Pape en Avignon (voir article ), c'est même cette grosse baudruche d'Arnould d'Audrehem qui fut chargé de la négociation, ce personnage savait flairer les pécunes comme un chien de chasse ( voir article )






Cette campagne permet à notre capitaine Breton de vaincre Pierre le Cruel, allié des Anglois, mais sera fait prisonnier à Najéra, par Jean III de Grailly captal de Bush, celui la même que le Bertrand avait fait prisonnier à Cocherel !!!!!

Les grandes compagnie vont se dissoudre au fur et à mesure des affrontements, après les morts aux combats et les épidémies, les survivants s'engageront dans les armées régulières (jusqu'en Italie).

Entre temps le Bertrand sera libéré, Charles V payera rançon pour récupérer son chef de guerre, mais pour le Prince Noir les choses se corsent, il rentre malade d'Espagne, il va mourir à petit feu et en souffrant énormément, devenant difforme, a tel point que son épouse la belle Dame de Kent se détourne peu à peu de lui, la douleur et la déconvenue que lui apporte cette épouse qu'il aime tendrement vont le rendre méchant.....!!! (voir article ) .





Puis les Comtes d'Armagnac, de Périgord, de Comminges, ainsi que le sire d'Albret, vont en appeler à leur suzerain véritable, le roi de France, afin de mettre à la raison Edouard de Woodstock, dit " le Prince Noir ", qui exigeait des sommes astronomiques en taxes de Fouage !!

Ce dernier tentait de renflouer ses coffres, afin de combler le gouffre financier de cette dispendieuse campagne Hispanique, car le roi de Castille n'avait pas tenu ses engagements après Najèra et le Prince Noir avait du payer sur le trésor de sa principauté d'Aquitaine.

Le Hérault du roi de France venu à Bordeaux pour cette affaire fut jeté en prison, ce qui bien sur eut pour effet de déclencher la reprise de la guerre avec le père du Prince Noir, le roi Edouard III d'Angleterr







Mais ce n'est plus pareil désormais Edouard III est vieux, le Prince noir diminué par la maladie, gonflé par l'hydropisie, alors que Du Guesclin et Charles V forment un tandem idéal, un roi fort pensant qui règne et qui ne se bat pas, gouvernant de son trône, laissant à son bras armé qu'est le Bertrand, la direction des opérations.

Et il s'y entend le bougre !!!!, ce nouvel épisode de la guerre de cent ans prend une toute autre tournure, ils vont pratiquer une guerre d'usure, par ruse, embuscades, marches nocturnes, mouvements tournants et coups de mains rapides.

Ils vont harceler l'Anglais dans une guerre de l'ombre, évitant à tout prix les batailles rangées, ces deux la avaient retenu les leçons de Crécy et Poitiers !! épuisant ainsi les troupes anglaises lentement.

En 1370 Charles V offrait à Bertrand l'épée de Connétable, il va désormais se porter partout dans le royaume, frappant la ou ses ennemis l'attendaient le moins, à l'improviste, furtif et insaisissable, pratiquant à ravir les techniques de combats des routiers, qui n'en déplaise à beaucoup étaient les meilleurs combattants d'Europe en ce XIV siècle.







Dans le Sud Ouest, l'Aquitaine, plus de 120 places, villes, bourgades ou châteaux, subiront la loi du vainqueur.

A la mort du Connétable en 1380, grâce à ses efforts, conjugués à ceux du Duc d'Anjou, les Anglais ne tenaient plus en Guyenne que Bordeaux, Dax et Bayonne.

L'ironie voudra que le Monarque suivant, le Roi Fou, ( Charles VI )  règne pendant 42 ans, réduisant à néant tout ce qui venait d'être récupéré.







PS: vous avez sur ce Blog beaucoup d'articles vous permettant d'effectuer des recoupements sur cette grande aventure historique que fut celle de Bertrand et des grandes Compagnies M de V