Dans son livre des métiers, Etienne Boileau (voir article), composé à partir de 1268, dédie un chapitre exclusif, rien qu'au métier d'estuveur !!
Quiconque veut être estuveur en la ville de Paris peut l'être, tant qu'il oeuvre selon les us et coutumes du métier, selon l'accord commun suivant:
On ne peut faire annonce publique, par crieur, pour telle ou telle maison, tant que le jour n'est point levé.
La maison d'estuve ne peut être ouverte le dimanche jour du seigneur, ni aucun autre jour de fête.
Le prix est fixé par ordonnance, le client doit s'acquitter à l'entrée d'un paiement de deux deniers, pour les bains chauds, le tarif sera plus élevé du fait de la quantité de charbon de bois nécessaire à chauffer l'eau.Tous ceux qui ne respectent pas les ordonnances sont passibles de sanctions et doivent payer une amende de dix sous Parisis
Dans les estuves on ne fait pas que se laver, transpirer ou se relaxer au chaud, les estuveurs donnent aussi à manger et à boire sur des plateaux de bois permettant de consommer tout en étant dans l'eau, ces estuves comme dans les tavernes sont des lieux de grande sociabilité.
Bien sur il existe le bain privé, chez soi pour peu que l'on en ai les moyens, modeste ou luxueux, généralement installé dans la chambre du maître de maison entre le lit et la cheminée.
La cuve à baigner peut être ronde, ovale ou rectangulaire, faite de bois ou de métal, voir même d'argent ou d'or pour les plus fortunés.
Froissart fait état d'une baignoire en argent chez le comte de Flandres et les registres du bon Roi René d'Anjou (qui d'ailleurs ne fut jamais roi!), font état d'au moins cinq baignoires dans son château d'Angers.
Mais pour le commun des mortels ce sont les étuves ou l'on se baigne et lave le corps à plusieurs, avec de l'eau chauffée dans de gros poêlons, déversés ensuite dans les cuves à baigner.
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Personne ne s'offusque de la nudité commune, pourvu qu'elle ne rassemble que des hommes ou des femmes.
Dans les statuts des estuveurs donnés par le Prévôt, il est noté le prix à payer pour la location d'un drap couvrant sa nudité pendant le bain, ce qui nous amène à penser qu'il était permis de ne pas en vouloir ?
Les étuves étaient nommées aussi maison de tolérance, car partout ou l'on peut découvrir le fonctionnement de ces établissements, il est évident que c'était des maisons prostibulaires servant à deux fins : honnête et déshonnête.
Car malgré les innombrables ordonnances interdisant d'y recevoir des prostituées, il fut très vite trouvé une parade à ces lois, le maître du lieu se pourvoyait en de jeunes et fortes accortes chambrières, qui ne se trouvaient point la uniquement pour verser l'eau chaude dans les cuves à baigner.
On y dénombre force chambres et lits imposants, que ces maisons soient à Rouen, Paris, Lyon, Avignon le scénario était identique pour toutes les cités.
Il est certain que les propriétaires des murs hébergeant des maisons d'étuves, n'ignoraient rien des activités de leurs locataires.
Bien souvent ces notables, hauts personnages s'il en est !! Laïcs ou Clercs, quelques gras et riches chanoines voir évêques !! n'ont jamais renâcler à empocher de gros bénéfices !
Le flux de personnes dans ces établissements, cette clientèle aussi abondante que variée, faisait des bains le centre d'une prostitution notoire et permanente ! Mais qui ne doit pas faire oublier ou masquer, comme un arbre cachant la forêt les Bordelages, Bordels ou Bordeaux, tant publics que privés, qui fleurissaient dans toutes grandes cités, tenus par de fortes maquerelles qui bien souvent étaient protégées par des notables des villes .
PS: jetons un voile pudique en la circonstance !!! la vie était courte au moyen âge, entre les guerres les maladies, la peste je pense qu'ils vivaient avec plus d'intensité que nous, ne leurs jetons pas la pierre M de V
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