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mercredi 25 janvier 2023

Le Cursus Scolaire Médiéval

Le Médiéviste Jacques Verger, spécialisé dans le domaine de l'Université au Moyen âge nous dit, je cite : L'histoire des Universités ne peut pas se faire sans référence à l'ensemble de l'histoire de la période considérée!. Elle commence par une question, pourquoi et comment dans ce monde, encore mal connu, des écoles du XII siècle, sont nées les Universités proprement dites ??

En ce XII siècle des écoles Laïques ne subsistaient qu'en Italie, des écoles privées, mal connues, Rome, Ravenne, Bologne, Pavie etc.. On y enseignait avec les sept arts libéraux, des élément d'art Notarial, de Droit pratique. A Salerne, aux marges du monde Arabe, une active école de Médecine s'était développée dès la fin du X siècle

Partout ailleurs, les écoles étaient entièrement aux mains de l'église. Pas une école qui ne fut rattachée à un grand établissement religieux, Monastère, Abbaye, Cathédrale ou Collégiale. Ces écoles étaient d'abord destinées aux Oblats des monastères et aux jeunes Clercs qui formeraient plus tard le Clergé. il faut bien avouer que ces écoles étaient de niveau médiocre, ne dispensant qu'un enseignement élémentaire, apprendre son livre de corne, un peu de lecture, de l'écriture et quelques bases de mathématiques, ( voir article sur le sujet)








Pendant le XII siècle le programme des écoles était encore celui qu'Alcuin ( voir Article ),avait assigné aux écoles Carolingiennes. C'est à dire les sept Arts Libéraux, répartis comme suit, Le Trivium : grammaire, dialectique, rhétorique, puis le Quadrivium : mathématiques, géométrie, musique et astronomie ( voir article )

La Théologie en était le couronnement dans chaque matière, le rapport à Dieu était abordé dans tous les domaines de l'instruction, sorte d'endoctrinement martelé par des maîtres qui bien souvent avaient la main lourde ! ( voir article )

Cependant c'est au long de ce XII siècle que se fera la révolution communale ( voir article ), les cités vont petit à petit s'émanciper de la tutelle des nobles et des ecclésiastiques qui régissaient leurs vies. Les villes vont créer de nouvelles conditions de vie et le rapprochement de tant de gens, d'origine diverse, offraient des possibilités inouïes d'enrichissement matériel, intellectuel et spirituel 

Il est clair que la naissance des Universités est indissociable de la renaissance de ces villes et cités de ce milieu du Moyen âge  !!!









La ville c'était la liberté, par opposition à la campagne. Dès qu'elles atteignaient une certaine importance, soit par la force, mais plus souvent par négociations et compromis, obtenaient une certaine autonomie, avec des garanties Juridiques, Fiscales et Militaires !

Imaginez l'influence de ce mouvement communal ( voir article ). A tel point que la multiplication des écoles dans les cités allait poser, bientôt, des problêmes d'organisation. C'est de cette remise en cause des institutions scolaires que devait sortir dans les premières années du XIII siècle l'Université de Paris

Malheureusement le recrutement des Escoliers ne va pas s'intégrer au reste de la société Urbaine. Il en résulte entre Escoliers et Bourgeois une tension permanente, provoquant des conflits violents dans les cités ( voir article ). Maîtres et Estudiants comprirent vite qu'il était de leur intérêt de rester dans le giron de l'église pour echapper à la police urbaine et à la justice du Roy. Ils ne s'opposeront pas aux autorités ecclésiastiques de définir l'étudiant comme un Clerc, en cas de problème ce dernier ne relevait que d'un tribunal ecclésiastique !..bien pratique pour ces étudiants turbulents, bagarreurs, en bref des fauteurs de troubles









A
l'intérieur de cette réalité fondamentale qu'était l'Université, des subdivisions sont apparues au cours du XIII siècle, les Facultés et les Nations !. Les facultés supérieures de Théologie en Droit Canonique et Civil, celle de Médecine, et la faculté préparatoire des Arts ou l'on enseignait les 7 arts Libéraux du Trivium et du Quadrivium. On ne pouvait en général entrer dans les études supérieures sans avoir été reçu Maître es Arts de la faculté préparatoire, diplome que l'on obtenait aproximativement autour de l'âge de 21 ans !

Les Nations, l'autre subdivision importante de l'Université, avaient un aspect plus corporatif, au sein de chaque Nation on trouvait une organisation d'entraide et de défense mutuelle des Maîtres et des Estudiants, correspondant au désir naturel de gens de même origine. on trouvait à Paris, la nation France, au sens médiéval, regroupant les étudiants de France et du Midi, d'Italie et d'Espagne, puis la nation Normande, la nation Picarde et pour finir la nation Angloise !  

Sortant de la faculté préparatoire " Maître Es Arts " l'Estudiant entrait en faculté supérieure, l'évolution au sein de celle ci était sanctionnée par des grades. On redevenait d'abord Estudiant, puis Bachelier pour obtenir la Licence et enfin devenir Docteur








Le
Doctorat suivait la Licence le jour de son intronisation, le nouveau promu, recevait du Chancelier de la Faculté concernée, barette, anneau d'Or et livres. Mais il devait offrir à tous ceux qui assistaient à la cérémonie un fastueux banquet accompagné de divertissements et de cadeaux pour les Maîtres et Docteurs de la faculté !!!

Dispendieux final que ce Doctorat, qui vous asséchait l'escarcelle !!. Cela revenait fort cher, à tel point que beaucoup de Doctorants étaient obligés de s'endetter !!!

Pour cela beaucoup d'estudiants impécunieux, qui ne se destinaient pas à l'enseignement renonçaient au Doctorat et se contentaient de la Licence. Si l'on fait, grace aux archives, et au convertisseur de monnaies de l'ancien régime sur mon ordinateur....le coût de la Licence et du Doctorat atteint le montant allucinant de 28 343, 42 Euros Putentrailles!!!!!

PS: plus tard, à la Renaissance, un François Rabelais pratiquera la Médecine à Lyon avec seulement sa Licence, il retournera quelques années plus tard à Montpellier pour présenter son Doctorat, c'était toujours aussi douloureux pour l'escarcelle ...M de V