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mardi 30 août 2022

Carnaval, ou le Monde à l'Envers

Incarnation du plaisir débridé du populaire médiéval, Carnaval perpétue des rituels qui s'inscrivent dans le cycle des saisons. Héritage d'anciens cultes païens de fécondité et de purification des êtres et de la terre. Il forme avec Carême le couple indissociable au Moyen âge. La période de Carnaval débute à l'Epiphanie (janvier) et se termine au Mardi Gras, en fonction de la date mobile de Pâques du 22 mars au 25 avril, le mercredi des Cendres " premier jour de carême, pouvait osciller entre le 3 fevrier et le 10 mars, puis le Mardi Gras entre le 2 février et le 9 mars selon les années !!

Carnaval est représenté sous la forme d'un manequin grotesque appelé " Caramentran ou Carmentran ", une allusion dérivant des termes " Carême Entrant ou Carême Prenant ", formant les trois jours du Dimanche Gras, du Lundi et Mardi Gras précédents le sinistre mercredi des Cendres. Carnaval du latin médiéval " Carnelevare " qui signifie " oter ou supprimer la viande " et lié à l'idée d'abstinence préludant les rigueurs du carême !. Or donc pendant carnaval on se ventrouille en ripailles et bombances, l'on boit à Lut (bibere more graeco), c'est à dire, boire à plusieurs reprises de l'un à l'autre !!  

Bref on s'en met plein la sous ventrière avant d'avoir à se serrer la ceinture en ne bouffant que poiscailles et légumes.... mordious la galère !!!!!!!





Carnaval autorise les pires extravagances comme le lancer d'oeufs pourris !!. Le burlesque personnage de Saint Pansard, manequin affublé d'une énorme bedaine est fêté par des ripailles de saucisses et de tripes accompagnées de moult beuveries. Confiant dans la récolte à venir, l'homme médiéval festoie sans modération !!

Lors de Carnaval on abuse de certains aliments qui deviennent au fil du temps des proverbes " Quand les fêves sont en fleur, les Fols sont en vigueur ". Les aliments flatulents comme les pois et les fèves ballonnent les ventres du Bourgeois à l'artisan et du manant au paysan. Donc pendant Carnaval il y a du gaz à tous les étages de la société médiévale, provoquant le fou rire, par des pets plus ou moins tonnants par la porte de derrière !!...Y a pas à dire c'était gracieux !!!

Danses et rondes endiablées pretextes à rencontres et jeux sexuels. Les Fols ont le vent en poupe dans maintes villes, quand armés d'une vessie de porc gonflée d'air ou résonne une poignée de pois secs, qu'agitent sans cesse nos bouffons de carnaval !. durant cette période le temps et l'ordre des choses sont inversées " cul par dessus tête " !!






Le travestissement pendant Carnaval permet de jouer avec son apparence sociale et comporte des accessoires des Badges de métal, ancêtres de nos Pin's qui étaient cousus sur le vêtement (voir image à côté) avec une forte connotation sexuelle !!

Mais pas uniquement car on fêtait aussi la fertilisation de la terre et les récoltes à venir. Le défilé du Mardi Gras se fait dans un tintamarre indescriptible, de tambours et d'objets entrechoqués, et le bonhomme " Caramentran ou Carmentran " sera brûlé en place publique pendnat que citadins et manants brandissent des masques rituels censés conjurer les esprits infernaux !

Animal carnavalesque des mascarades " le personnage de " l'homme sauvage " représente le côté coquin lubrique, costume très dangereux et hautement inflammable ( voir article Charles VI le Fol )!...quand à " l'ours " il représente dans l'imagerie populaire, par sa déshibernation le présage du retour du printemps !....Quoi c'est toujours mieux que d'utiliser le gazon pour s'transformer en bonhomme de chez Cetelem hein !!!





Le divertissement rituel du Carnaval pour le rustique des campagnes reste la " Choule ou Soule " ( voir articles ), mélange de Foot de Rugby et de Hockey, ou l'on se dispute une balle en peau bourrée de foin ou d'étoupe, que l'on joue à la main, au pied ou à la crosse selon les régions !

Ces compétitions sont d'une rare violence, mais presque toujours présentes le Mardi Gras. Bon nombre de Curés de villages s'insurgent contre les conséquences de ces parties de Soule. 

Dernière fête associée au cycle de Carnaval, " le Dimanche des Brandons ", jour de grande liesse ou les jeunes parcourent la campagne en portant des torches de paille tressées en flammes !. 

En Flandres ce jour est nommé le " dimanche du Béhourdi " ou les participants s'affrontent avec de longs bâtons. Certaines corporations, comme celle des Bouchers, ont un rituel ils processionnent dans les ruelles de la cité avec le " Boeuf Viellé ", l'animal est orné de rubans avec derrière lui une suite musicale, il sera ensuite sacrifié, rôti et mangé dans la liesse le dernier jour de Carnaval !!




 


Nota : Selon J-J Escande, spécialiste de l'histoire de la ville de Sarlat, les jeux les plus prisés pour carnaval étaient, le jeu de l'écu sur lequel on tirait à l'arbalète, le jeu du gant, un jeu d'adresse qui consistait à soulever avec des bâtons un gant sur lequel était placés des sous qu'il ne fallait pas faire tomber, et la course à la bague, les participants de noblesse et de bourgeoisie étaient à cheval, équipés d'une lance essayaient d'enlever ou d'enfiler des anneaux suspendus en l'air...d'ou courir la Bague



PS: faîtes moi savoir parmi les lecteurs ceux qui n'ont pas reçus leurs oeufs pourris sur le museau !!, le nain va vous arranger cela très vite M de V

mercredi 24 août 2022

N°450) Fêtes et Jours Chômés au Moyen Age


A
fin de rompre avec la monotonie du rythme de travail quotidien et de la rigueur des normes sociales, la Fête occupait au Moyen âge de nombreux jours chômés. Si les longues journées sont consacrées au labeur de la pique du jour au coucher du soleil, l'homme médiéval n'en pratique pas moins la détente et le divertissement....et plutôt deux fois qu'une !!

Le temps passé dans les ateliers et échoppes varie en fonction des corporations de métiers, l'activité nocturne y est interdite sauf dérogation (voir article), les travaux des champs quand à eux sont dictés par les saisons et la météo !

Fêtes et loisirs sont réservés aux jours chômés pour toutes les corporations, du manoeuvrier à l'artisan, il en va de même pour le paysan ainsi que le journalier louant ses bras !. Nous parlons ici des Vilains bien sûr !!...le Gentil ou Gentilhomme de Noblesse n'est pas concerné !

Nota :Pour sûr !, pas de comparaison possible pour le noble c'est " jours chômés tout le temps " mordious !, ça se permet de s'trantoler et ripailler à longueur d'années tout en pressurant l'manant !...je sais pas vous ?..mais cela me rappelle quelqu'un..il vit à la capitale, porte des super costards et pressure, lui aussi, autant comme autant l'manant...bref rien ne change !!!!











Si les loisirs sont l'apanage de la Noblesse, les grandes fêtes lithurgiques par contre s'imposent à tous comme des " jours chômés ". Ne pas les respecter est passible de sanctions. Le repos Dominical (dimanche), est instauré dès le X siècle, comme étant un jour de relâche et de prière !

Or donc si l'interdiction de travailler était modulée en fonction de la profession, les occasions ne manquaient pas à l'artisan pour interrompre son boulot ..loin s'en faut !!. L'homme médiéval en général est un joyeux fêtard et un évenement quel qu'il fut, procurait au citadin le moyen de se divertir à la première occasion, même aux dépends du chaland de passage qui recevrait, sur la tête malencontreusement, dans sa ruelle, le contenu d'un vase de nuit !!!










D
ans le " livre des métiers ", d'Etienne Boileau, en 1268 (voir article), nous trouvons pas moins de 120 statuts de corporations à Paris. On y apprend que pour obéir aux réglements ecclésiastiques les ateliers de la cité observaient " les vigiles ", c'est à dire que la veille du Dimanche et des grandes fêtes, on s'abstenait de travailler ou on finissait plus tôt, par exemple : les charpentiers finissaient à 15 heures le samedi, mais étaient libres dès 8 heures du matin la veille des grandes fêtes comme Pentecôte, assomption etc...

Il y avait des dérogations hein !!, le Barbier (voir article) pouvait pratiquer la saignée même le dimanche ( CHU médiéval ), et le Sellier pouvait réparer le harnais d'un cheval ( Norauto médiéval )....bref les Urgences quoi !!!










L
es Boulangers ( Talmeliers ) ont une impressionnante liste de jours de repos !!, des demi journées chômées la veille du dimanche et des grandes fêtes, puis les fêtes patronales et paroissiales, mais aussi les enterrements dans leur corporation ( voir article), les baptêmes et communions. Bref toutes corporations confondues, l'homme médiéval bénéficiait d'un total en jours chômés qui oscillait entre 120 et 170 jours par an et selon les régions !

Citons un autre exemple assez particulier, la corporation des Fileurs d'Archal (de Laiton), bénéficiaient de 171 jours chômés tout compris, mais la spécificité de cette profession c'est qu'ils avaient un mois de vacances chaque année en août ???..à ma connaissance, en tant que copiste Nain, c'est la seule profession que je connaisse, à avoir un mois de vacances 

Il semble loisible de croire qu'en exigeant de célébrer autant de fêtes religieuses, nos ecclésiastiques cherchaient davantage à libérer du temps pour que ses fidèles puissent se consacrer à prier Dieu, plutôt qu'aux loisirs et distractions, sources de toutes les dépravations selon le clergé !!. Avec les jeux de Hazard (voir article), la prostitution (voir article), les lieux de plaisirs tel que les Estuves (voir article) étaient fréquentés, aussi bien par le manant, le bourgeois et le seigneur, ces établissements étaient fermés le dimanche et les jours de fêtes !!, pour éviter qu'ils ne deviennent trop fréquentés par " filles folieuses exerçant la putacerie "









S
elon Etienne de Fougères dans son " livre de manières ", qui nous brosse un portrait laborieux du Paysan (voir article), qui " moult à peine au meilleur jour de la semaine ", entre semailles, fauchage, récolte et tonte des brebis, sans oublier les corvées (voir article). Qui au moment des plus fortes chaleurs du jour chôme !

C'est à dire qu'il se prend un temps de repos, ce terme vient du latin " calamare : rester sous le chaume " d'ou dérive le sens de cessation de travail qu'on lui donne !. Pour le paysan aussi le dimanche, les fêtes religieuses et la morte saison procurent du répis

Les villageois, du rustique grattant la glèbe, au boutiquier du hameau, en passant par le tavernier et le maréchal ferrant pratiquent l'art du combat au bâton (voir article), mais surtout ils affectionnent la Soule (voir article), compétition violente ou l'on se dispute une grosse balle de foin ou de paille recouverte d'une peau !

Le plus souvent pour que le match soit plus " festif ", les deux équipes sont de deux hameaux différents !!...on a toujours quelque chose, ou un compte à régler avec le village d'à côté c'est bien connu !!, et moult curés de paroisses de l'époque se plaignent des débordements et des blessures dues aux parties de Soule !








Les fêtes épiscopales fixées par la lithurgie de nos bons curés, apportaient aux paysans et journaliers, bon an mal an, entre 50 et 80 jours chômés selon les régions. Ils étaient plus mal servis que les citadins !, vous me direz qu'ils avaient l'hiver !. Cette croyance que l'hiver notre paysan ne fait rien est encore dans nos mérangeoises à notre époque contemporaine !....rien de plus faux ! le paysan l'hiver pratique le boisillage pour alimenter sa cheminée, puis il fait mille et un petit métiers à facons dont il revend le produit, lui permettant de mettre un peu de lard dans la soupe journalière, outillage, poterie, vannerie, petit travail du cuir etc !!!

Loin de ces préocupations bassement matérialistes les nobles eux ne comptent point leurs temps de loisirs s'adonnant à tous les plaisirs qui se rapportent aux lectures de romans de la société courtoise et de l'amour courtois (voir article) ces codex contiennent de nombreuses descriptions de fêtes, de tournois et de joutes auxquelles ils se conforment en tout point !

Au XIII siècle le Trouvère (Nord de la France), Jean Renart relate dans son " Galeran " l'éducation d'un jeune de haut lignage, les armes (voir article), la chasse et l'oisellerie (voir article), et l'art des Echecs (voir article). Mais aussi la musique, notre jouvenceau doit marquer son rang par sa connaissance des subtiles inventions des Troubadours (Sud de la France), ainsi que les prouesses des jongleurs et menestrels (voir article







PS: dans le prochain article nous parlerons des Carnavals au moyen âge c'était pas triste !!!  M de V

dimanche 7 août 2022

Le meurtre du Légat Pierre de Castelnau !


L
e 10 mars 1208, Innocent III, Pape de la Chrétienté, fulmine un appel aux armes et prêche à des peuples chrétiens une croisade contre un Pays chrétien !!!. Cette croisade est justifiée par l'assassinat de cet atrabilaire Légat du Pape, Pierre de Castelnau, qui se fait trucider à coups d'épieu, par un écuyer de Raymond VI Comte de Toulouse, ce qui semblerait logique vu que le personnage, de l'avis des gens de Langue d'Oc, était un vindicatif !!!

Or donc, Haro !!! sur les hérétiques qui peuplent ce pays, ils sont pires que les Sarrasins dira le Pape !!!. L'ennemi à combattre est Raymond VI, Comte de Toulouse, il est cousin du Roy de France, Beau-frére du Roy d'Albion et du Roy d'Aragon et lié par l'hommage lige à ces trois Monarques et à l'Empereur d'Allemagne !!!

Bref ce petit meurtre d'un ecclésiastique dérangeant, qui pour un moment !, pour un moment seulement !, soulageait les oreilles des Cathares, allait déboucher sur une grande tuerie, ou chacun des croisés aurait une vision et un but bien personnel de l'héradication de l'hérésie Cathare !!!









Raymond VI
est un Suzerain Féodal dont l'autorité s'étend sur l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, l'Albigeois, le Comminges, le Carcassés et le Comté de Foix, voila un grand Prince de la chrétienté Occidentale et premier Seigneur de toutes les terres de Langue d'Oc 

Nous sommes à une époque ou la Noblesse détient le pouvoir, des Roys, Princes, Ducs et Hauts Barons, aux simples Hoberaux propriétaires fonciers ils sont tous militaires par définition et ne manquent jamais une occasion d'envahir les terres de leurs voisins !!

Le meurtre du Légat en janvier 1208 provoque donc l'anathème, jeté par Rome sur la terre Occitane, à peine deux mois après !!!. Cela coupe en deux la chrétienté catholique, la sanctification d'une guerre faîte à un autre peuple chrétien détruira à jamais l'autorité morale de l'église !

Ce que Innocent III pensait être une opération de police commandée par les circonstances, allait se transformer, par les événements, en un système d'oppression méthodique !!!









Rome allait devenir pour des millions de chrétiens un objet de haine et de mépris. Cependant selon les conventions de l'époque le meurtre d'un Légat, ambassadeur plénipotentiaire du Pape était " Crime Capital " justifiant une déclaration de guerre.

Mais l'église n'avait pas d'armée, elle n'était pas un pouvoir temporel, elle ne pouvait répondre à ce meurtre que par des châtiments d'ordre spirituel, c'est à dire l'Excommunication et l'Interdit. Seulement voila, Innocent III quand il excommunie le Comte de Toulouse, sait très bien qu'il est vain, pour lui, de frapper d'interdit ses terres peuplées de gens ouvertement détachés de l'église de Rome, cela le rend vénère le pépère !!

Le crime de Raymond VI était de gouverner un pays ou le pouvoir de l'église était mis à mal et de n'avoir rien fait pour remédier à cet état de faîts. Donc le but avoué de cette croisade était la destitution du Comte de Toulouse et le sauvetage d'une église en péril d'hérésie dans le midi de la France !









Si la mort de Pierre de Castelnau fut la goutte qui fit déborder la coupe du Pape il n'en demeure pas moins qu'Innocent III, sournoisement, songeait depuis longtemps à une croisade contre un pays infecté d'hérésie, il n'attendait qu'un fait concret pour justifier sa croisade et ce déplaisant Pierre de Castelnau, par sa mort, allait lui servir sur un plateau

Comme signalé plus haut la Papauté n'as pas d'armée, mais qu'à cela ne tienne une croisade est une armée de volontaires auxquels on pardonne tout !. Le Pape se lance alors dans une vaste campagne de propagande en faveur de sa guerre...et ils allaient venir nombreux de toute l'europe médiévale les volontaires !

Il est loisible de croire qu'un fort pourcentage de ces croisés, tant parmi les chevaliers, Bourgeois et manants était composé de pécheurs avides d'accéder au pardon Papale, des gens de sac et de corde mis au Ban de la société, des citadins perclus de dettes désirant échapper à leurs créanciers, puis bandits, voleurs et mendiants fuyant la loi...tout serait pardonné !!!!. Mais aussi des personnes ayant fait voeu de se croiser, pour la terre sainte, qui se trouvaient heureux d'échapper à cette obligation en participant à une croisade moins longue et moins pénible...tout le monde y trouvait son compte morbleu !!!








Bref une belle bande de Pendards, Rufians et malfaisants de tout poil venant des quatre coins de l'europe médiévale. Il nous faut cependant noter que le sens du Sacré imprégnait la vie sociale et privée au Moyen âge, allant jusqu'au symbolisme pris à la lettre !!

En examinant l'histoire de la guerre contre les Albigeois il faut prendre en compte, qu'outre les mobiles politiques, il y en eut d'autres sentimentaux et passionnels, sans lesquels cette guerre, particulièrement cruelle n'eût peut être pas pu avoir lieu ????....je vous laisse à vos convictions sur ce domaine !




PS: Mais voila néanmoins, un coup d'épieu donné dans la paillasse d'un Légat, par un écuyer, qui se trouve être vraiment malencontreux pour Raymond VI, et qui allait coûter fort cher au pays de Langue d'Oc, d'autant qu'il est plus que probable que cet écuyer n'agissait pas sur ordre du Comte de Toulouse !... et voila l'arrivée des quatre de l'Apocalypse !!!!....M de V