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mercredi 4 mars 2020

Les Cagots du X au XV siècles 1/2

Dès le XIV siècle les médecins qui se sont occupés des Cagots les représentèrent comme des malades. Bien que peu nombreux sont ces vieux cliniciens ayant consacrés à ces malheureux quelques lignes, on doit cependant reconnaître la concordance parfaite des idées qu'ils expriment au sujet des Cagots.

Si à leur témoignage on joint les nombreux documents qui sont réunis dans les travaux du Docteur H M Fay, dont je vous livre un passage dans cet article, il apparaît clairement que nos Cagots furent de tout temps considérés comme des Lépreux

Guy de Chauliac (1383), dans son traité " de grande Chirurgie ", traité VI, doctrine I, chapitre II de Ladrerie, classe les malades soupçonnés de Ladrerie en quatre groupes: 1° ceux qui n'ont rien, et qu'il convient de doter de lettres de certificat, afin de pouvoir les présenter auprès d'un représentant ecclésiastique dont dépendent les Lépreux

2° ceux qui n'ont que des signes équivoques atténués, qu'il convient de mettre en observation, afin on suppose de voir l'évolution de cette maladie de lèpre ?










3° ceux qui ont beaucoup de signes équivoques et peu d'univoques (opposé à ambigu), ce sont nos Cagots, on leur enjoint de vivre à l'écart et de ne point se mêler au public, 4° les Ladres confirmés, qui doivent entrer en Ladrerie, et la catégorie était, si l'on veut, la "petite Lèpre", ou lèpre Blanche, par opposition à la " grande lèpre rouge".

Notre docte praticien du bas moyen âge était mieux placé que tout autre, car vivant à Montpellier sur les confins d'une région ou ces malheureux pullulaient assez librement à son époque. C'est en s'inspirant des idées de Guy de Chauliac que notre Auteur entreprend l'étude médicale des Cagots, en premier lieu, selon les médecins d'autrefois, puis ensuite avec une approche moderne, je ne vous donnerait dans cet article que l'approche médiévale, qui reste le but de ce Blog

Au XIV siècle, à Bayonne, l'autorité eut maille à partir avec des gens que des règlements de 1315 et 1319 appellent "arcabotz" et "ischaureilhatz", qui se trouvaient sans profession et qu'il fallait chasser de la ville, il semble qu'il s'agissait de Cagots, le mot arcabotz dérivant de "caffot", et ischaureilhat ou ésaurillé, se rapporte à la résorption du lobule de l'oreille, et au ratatinement de cet organe tout entier, signe évident de lèpre à l'époque.

En 1320 les lépreux furent accusés avec les Juifs d'avoir de concert empoisonné les sources, les Cagots eurent eux aussi à souffrir de représailles. Il faut attendre 1383, date d'achévement du traité de grande chirurgie, pour apprendre quelque chose en matière de " Cagoterie "










Guy de Chauliac nous dit dans son ouvrage que cette maladie est caractérisée par la présence de plusieurs signes équivoques et peu d'univoques de lèpre. la symptomatologie de la lèpre est donc celle de la catégorie, ou seul l'aspect clinique du malade, le groupement des signes, qui sont tous inconstants, a de l'importance pour le diagnostic

Ce qu'écrivait Guy de Chauliac était le fruit de l'observation, c'est par lui que nous apprenons à connaître la lèpre légère des Cagots qui ne les empêchait pas de vivre en famille, de travailler, et d'avoir droit à un minimum de considération, mais qui nécessitait cependant un certain isolement

C'est à partir de cette fin de XIV siècle que l'on va commencer à dire, en parlant des Cagots, qu'ils sont atteint "d'une espèce de Lèpre", inutile de préciser qu'on la disait fort contagieuse !!!

Une lettre de Charles VI le Fou, datée de 1407, nous montre à merveille ce que l'on en pensait en ce début de XV siècle, ce document est adressé aux Sénéchaux de Toulouse, Carcassonne, Beaucaire, Rouergue, Bigorre et Quercy, ainsi qu'au gouverneur de la province

Je vais à la mesure de mes moyens vous donner un aperçu lisible de cette lettre, mais sans vous en garantir la transcription exacte, le nain n'étant pas diplômé es langues anciennes, je m'en excuse, mais vous voila prévenus !!!









Ou il est dit: que les Capitouls de Toulouse et les principaux du Duchié de Guyenne, lui ont fait exposer que dans lezdites sénéchaussées et duchié, y avoient plusieurs personnes malades d'une maladie, laquelle est une espèce de lèpre ou meselerie, et les entachés d'icelle maladie, sont appelés en d'aucune contrées Capots, et en d'autres contrées Casots, et sont acoustumés de ces lieux de toute ancieneté, et doivent porter certaine enseigne pour estre connus des saines personnes (lire article 194, les signes d'infamie au M-A)

Aussi doivent ils demourer et vivre séparement, afin que les sains ne soyent entachés et corrompus. Nous mandons et enjoignons que dorénavant lesditz Capots ou Casots ou malades de la dite maladie, ne soient si osés ni si hardis, qu'ils aillent et viennent, sans pouvoir être repérés aucunement parmi les saines personnes, qu'ils portent désormais la dite enseigne d'anciéneté acoustumée, et de manière que chacun puisse la voir !!

A quelques année de la , le Dauphin Louis (futur Louis XI), se trouvant à Toulouse, nomma en 1439 des commissaires afin de visiter des personnes, hommes, femmes et enfants qui s'étaient répandus dans la ville de Toulouse " qui estoient entachiés d'une très horrible et griève maladie, nommée maladie de lèpre ou capoterie ", afin qu'ils ne se mêlent aux habitants






PS: je ne vous donne ici qu'un aperçu de l'immense travail du Docteur Fay, son livre faisant plus de 800 pages, je ne saurai trop vous conseiller de le consulter sur le site de la BNF, dont une fois de plus je salue le travail qui nous permet d'avoir accès à ces documents M de V