Membres

samedi 7 octobre 2023

Quid du Changeur et Usurier Médiéval, les idées reçues !!!!

Au moyen âge la Banque n'existait pas !, les mots de banque et de banquier ne se trouvent ni dans les contrats de Notaires, ni dans les livres de comptes, ou les comptes rendus de procès. Elle n'apparait en France qu'au XVII siècle, et plus tard encore en Italie. la banque doit son origine aux " Bancs Dressés ", sur un champ de foire, une place publique, ou un port, par des Changeurs, qui experts dans l'art de maîtriser les trafics de métaux précieux, joyaux et monnaies étaient aussi des Prêteurs ( Usuriers )

On disait aussi " Tables ", dans le début des années 1300. L'un des changeurs usuriers établis à Paris, sur le Pont au Change, s'appelait " Martin la grande Table ", le nom restera à ses descendants

Dans les premiers temps c'étaient des planches posées sur des tréteaux, le changeur se tenait derrière et le soir en quelques instants les démontait, ainsi que ses comparses de même farine, afin de laisser place libre et que chacun rentre dans sa chacunière (demeure)

Si d'aventure le changeur devenait insolvable, ou convaincu de malversations, de livrer de fausses pièces, ou de tromperies sur les cours des monnaies, la magistrature de la cité faisait " Casser son Banc ", en public, c'était alors la banqueroute (banc rompu)








Les historiens ont longtemps négligé ces Changeurs, considérés sans doute comme des gagne-petit, alors même qu'ils tenaient bonne place dans la hiérarchie des métiers de la société et dans la vie publique des cités

Le retard pris à étudier leurs activités nous fut dicté par l'idée que l'on se faisait d'une économie médiévale primaire, voir primitive. Certains parlaient volontiers d'économie fermée ou de subsistance, mais en aucun cas d'économie capitaliste !

Une époque selon eux, de petits marchés, ou de trocs approximatifs. Et d'un trafic se limitant aux transports par caravanes, aux navigations laborieuses de galères, au plus près des côtes et qui ne se hazardaient pas en mer l'hiver !!

Thèses éculées d'historiens du siècle dernier, nous présentant un obscurantisme médiéval, comme le présente un Werner Sombart (1863-1941)









Ou encore un Max Weber qui s'appliquait à démontrer que l'éloge de la pauvrté et le devoir de charité prôné par l'église étaient des obstacles au développement du capitalisme. Alors même que le peuple savait déjà que l'église était entachée de Simonie par la vente des indulgences !!

Comment ne pas comprendre que ces rappels à l'ordre de l'église pour condamner l'usure donnaient tout au contraire, la preuve qu'elle était largement pratiquée à tous les niveaux de la société et pour toutes sortes de transactions de la vie quotidienne

Pourtant, dans tous les pays d'Occident et tout au long du Moyen âge, des milliers de textes, montrent, à qui prendrait la peine de les lire, que ces prêts étaient communément pratiqués à la ville comme dans les campagnes, non seulement par des usuriers reconnus, Lombards, Cahorsins et Juifs, mais aussi par des hommes bons chrétiens, parfaitement intégrés et honorés dans les cités, et dans les bourgs et villages du plat pays !








Ces hommes que nos livres nous présentent habituellement comme de grands négociants, étaient des financiers qui ne pratiquaient aucune forme de commerce, ne possédaient aucun comptoir ni en Occident ni en Orient. On ne les voit pas confiant leurs capitaux à des armateurs de Pise, Gênes ou Venise !!

Leurs filiales en Italie, en Albion, dans les Allemaignes ou dans les Flandres sont toutes désignées sous le nom de " Tables ". Or donc tables de Changeurs et d'Usuriers

Doit on ignorer qu'en 1318 l'Arte Del Cambio de Florence comptait plus de 300 inscrits !. Que l'enquête ordonnée par le Roy de France permit de connoître, pour trois provinces seulement, les noms de 491 changeurs et tous condamnés par l'église pour avoir pratiqué l'usure !!

Que les commissaires aux comptes du Roy Charles VII ont identifiés 750 changeurs marchands et tous bons chrétiens, mais tous prêteurs d'argent eux aussi  !!

Et que dire du mot " Bourse " qui aujourd'hui semble incarner pour ses détracteurs la forme la plus élaborée et la plus pernicieuse du capitalisme








Ce mot est apparu dès le XIV siècle à Bruges, ou dans une auberge tenue par une famille du nom de Van Den Burse, l'on négociait chaque jour ouvrable et du matin au soir, un grand nombre de valeurs mobilières en différents pays  

Ceci devrait nous inciter à étudier les pratiques complexes qui permettaient à ces changeurs de ne pas heurter de front les interdits de l'église et surtout, ne pas déchoir auprès de ses voisins qui, tout autant que le Clergé condamnaient les usuriers ouvertement déclarés


PS: je ne puis que vous engager à lire, sur le sujet le très bon livre de Jacques Heers " la naissance du capitalisme au Moyen âge " ..M de V

(oui je sais que je n'ai rien écrit en août et en septembre mordious !!....Pffff bin moi aussi j'prends des vacances)