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samedi 22 janvier 2022

La Route du Pèlerin médiéval 3/3

Qu'il se nomme Paulmier (pélerin de terre Sainte), du nom des palmes qu'on s'en allait cueillir à Jéricho, ou bien Romée, Roumieux (pèlerin de Rome), mais encore Jacquot, Jacquet, Jacquaire (pèlerin de Saint Jacques de Compostelle), voici donc notre pèlerin ou vagabond de Dieu, assuré dans son voeu, prêt à prendre la route !!!

Par élection volontaire il s'est déjà retranché des siens, le terme de "Peregrinus " le désignant, spécifie bien sa condition nouvelle, en latin classique, c'est à l'étranger qu'il s'applique ou à l'hôte en voyage et qui n'a pas le droit de cité !!. Le sens religieux de ce terme semble être devenu courant après la première croisade

Le costume du Pèlerin tel que l'iconographie médiévale le consacrera au fil de ses mille ans d'histoire, nous a conservé plusieurs exemplaires. On représente volontiers Saint Jacques ou son disciple Saint Roch, dans un long manteau en forme de pèlerine (le terme n'ayant pas d'autre origine),couvrant tout le corps jusqu'aux pieds, un capuchon protège la tête, ou le bonhomme porte un chapeau rond à larges bords, relevé devant et retenu par une jugulaire. Il a en main l'attribut traditionnel qu'est le bâton de marche nommé Bourdon, son soutien, servant éventuellement de moyen de défense ! 






Il porte sous la pèlerine une tunique courte serrée à la taille par une ceinture à laquelle pend généralement l'escarcelle et le couteau à manger, chausses et chaussures complète cette tenue. En bandoulière il porte l'escharpe (entendez par ce terme la besace recelant ses maigres biens)

Nota: L'investiture des deux objets que sont le Bourdon et l'Escharpe donne lieu à une cérémonie présidée par un Clerc qui va les consacrer par ces mots " au nom de notre Seigneur jésus Christ, reçoit cette escharpe et ce bourdon, attributs de ton pèlerinage, afin que tu parvienne sauf et amendé au parvis de Saint Jacques ( ou de tout autre lieu de pélerinage), que tu désire atteindre et qu'une fois ton cheminement accompli tu nous reviennes en santé !

Beaucoup de pèlerins appréhendaient à bon droit les périls du chemin solitaire, ils redoutaient l'attaque de brigands et de pillards de tous poils, qui hantent certains passages obligés, détroussant, frappant ou assassinant le pèlerin. Puis les animaux sauvages, croiser un Ours de mauvaise humeur n'est pas une partie de plaisir !, rencontrer des loups n'était guère mieux, on sait que le loup n'attaque pas l'homme en général, mais si notre pèlerin est blessé affaibli ou malade  ????

Et puis faire une chute et se briser un membre en solitaire sur le chemin, c'était au moyen âge la mort assurée !!






Mais ils craignaient tout autant un danger plus insidieux " la solitude morale ", ce sentiment éprouvant qui décourage les énergies, aggrave la fatigue et vous incitant sournoisement à l'abandon !. Qui a tant soit peu marché ou couru sur de longues distances le sait bien !

Il en va tout autrement du cheminement à plusieurs, l'étape de la journée paraît moins longue, on s'entretient, on plaisante, on s'esclaffe et l'on chante en cadence, à la pause on partage quignon de pain et oignon sorti de la besace

Le pèlerin médiéval n'a rien du larmoyant chrétien confit en dévotions c'est un gaillard truculent qu'aucun juron ne rebutte Putentrailles !!, friand de grasses plaisanteries qui détendent et vous secoue la sous ventrière, toutes choses que l'on ne peut faire qu'à plusieurs mordious !

Toute étendue d'eau que ce soit étang ou ruisseau et prétexte au bain. Seuls les habitués des longues randonnées sur plusieurs jours savent le poids que représente cette saleté graisseuse qui poisse les mains, colle les vêtements à la peau, sans parler de l'odeur âcre des habits fripés et souillés. Notre pèlerin, s'il se lave, ne peut, lui, changer d'habits et dans sa tenue dégoûtante se sent chaque jours plus retranché de ce monde dans lequel il doit évoluer ! 






A mesure son apparence devient misérable et l'acception médiévale du terme perigrinus colle de plus en plus au personnage. Ce vagabond qui n'est nulle part chez lui. Si son manteau misérable et ses insignes lui épargnent le plus souvent le mépris, ce n'est cependant pas toujours le cas, car la vie est rude au moyen âge et les gens le sont aussi. Il trouvera, parfois, chemin faisant, hôtes francs et généreux, croyants compatissants, voir d'anciens pèlerins eux mêmes, qui les hébergeront, les nourirront, soignants leurs pieds meurtris et douloureux  

Il faut savoir que passé un certain degré de fatigue, la prière elle même devient balbutiement informe, au fil des Lieues il n'existe plus, pour le pèlerin que vide et harassement total sans pensée ni recours, l'étape du soir est vitale. Or donc coucher à la belle étoile, pour lui n'est pas idéal. Il va se créer au fil du temps des gîtes d'étapes, afin qu'ils puissent en sécurité se reposer et se soigner, avec des gens à demeure pour aider. Un endroit utile pour partager ses expériences et les infos de la route avec d'autres pèlerins rentrants chez eux. C'est aussi à ce moment de suprême faiblesse, que notre vagabond misérable, ne sachant plus pourquoi il marche, l'esprit tendu vers ce " Désert " parlera à Dieu. Ainsi se forge une spiritualité routière faite de dénuement et de résignation.


Nota: Pour la France, Saint Jacques est incontestablement vénéré tout au long de la période médiévale, mais les pèlerins allant en Galice n'étaient pas les plus nombreux, et on ne trouve pas trace de foules immenses dont on parle maintenant à satiété, selon Denise Péricard Méa, Docteur en histoire et spécialiste de Compostelle et de ses pèlerins. Ce n'est qu'au XVI siècle que Compostelle finit par s'imposer comme lieu unique de culte, marquant la victoire définitive du Majeur !!!

PS: selon Béatrice Leroy, Professeur d'histoire médiévale, les voyageurs ayant franchi les Pyrénées, pour prier, étudier la médecine, commercer, rencontrer des souverains comme ambassadeurs ou tout simplement pour voir du pays sont nombreux au Moyen âge. Mais les plus nombreux ne furent pas les pèlerins, loin s'en faut. Au XV siècle l'Espagne possédait déjà de véritables touristes ayant laissés par écrit le récit de leurs périples M de V

vendredi 21 janvier 2022

Moyen âge le Voeu de Pèlerinage 2/3

Ce vagabond qui chemine courbé, son bourdon en main, dans ses habits usés de toutes ronces, des ardeurs du soleil, maculés des boues du chemin et des eaux ruisselantes, traverse inchangé toute la durée des siècles du Moyen âge....mais qui vous empêche de mettre vos pas dans les siens ?????

Avant de cheminer il nous faut cependant mieux cerner ce pèlerin médiéval, le saisir dans l'effort quotidien de son engagement, depuis son voeu jusqu'au matin radieux du terme de son voyage !!

Il n'existe guère, faut il le préciser, de mesure commune entre la puérilité des serments irréfléchis d'une civilisation comme la nôtre et la décision héroïque par laquelle un Seigneur, un Bourgeois ou un Paysan du moyen âge se font les vagabonds de Dieu !

Il ne me semble pas, mais le nain peut se tromper, que la satisfaction d'intérêts purement matériels, comme la réussite d'une entreprise humaine par exemple, aient inspiré un grand nombre de voeux.

 L'homme médiéval, je crois, n'attacha jamais à ses aises une importance extrême, la vie était rude au moyen âge et le Seigneur, le Bourgeois ou le Paysan ne l'étaient pas moins, mais ils avaient ce bon sens pratique de prendre sans rechigner ce que la vie leur offrait !






Sans doute que l'espérance légitime de retrouver la santé, pour soi même, ou pour un être cher, dicta t'elle plus souvent l'idée de prendre le cheminement. Dans l'état dérisoire pour ne pas dire désastreux de la médecine de l'époque, le recours au tombeau d'un Saint Thomaturge me semble révélateur d'un choix judicieux pour le vagabond de Dieu ! 

Les grands sanctuaires de pèlerinage grouillaient littéralement d'impotents, d'infirmes avec ou sans béquilles, d'aveugles et de goitreux, ainsi qu'un grand nombre de malades geignants et fébriles. Certains n'hésitaient pas à entreprendre les cheminements les plus éprouvants, se trainant de chasses en reliquaires jusu'à ce qu'ils trouvent un Saint qui veuille bien consentir à les guérir !!!

Le livre des miracles de Sainte Foy raconte comment un jeune paralytique, natif de Reims, parcourut la Belgique, la Germanie, l'Italie, pour finir par l'Espagne et Saint Jacques de Compostelle, d'ou il rentrera chez lui en passant par Toulouse. Il retrouvera l'usage de ses membres grâce à Saint Foy de Conques. Il ne m'appartient pas de douter, je cite juste ce qui est inscrit dans la chronique ! 

Précision: Pour sur le nain n'a confiance qu'en la pierre !, mais il a un profond respect pour les croyants de toutes confessions...tout en compissant et conchiant les intégristes de tout poils bien sur !









Toutefois on trouve au fond de pareils actes, l'esprit de pénitence, bien plus que celui d'aventure ou d'exutoire à un débordement de vitalité qui animait ces grands engagements. Quelques uns vont y subordonner toute leur existence, on trouvera de véritables professionnels du pèlerinage, finissant l'un pour commencer l'autre, éternels vagabonds de Dieu !

Il est presque impossible, selon les spécialistes, de déterminer dans qu'elle mesure le pèlerin médiéval obéissait au désir ascétique du " Désert ", c'est à dire ce refuge que procure des conditions de vie hors normes de l'époque, mais qui permettait en marchant aussi dans sa tête de méditer et trouver Dieu

On trouvera aussi tout un Quarteron de désenchantés, qui trouveront leur lot de déceptions, ceux qui emprunteront le cheminement du pèlerinage avec juste l'esprit d'aventure, de vagabondage, voir de simple curiosité humaine ou par simple envie de rapines. Le harassement quotidien du chemin aura vite raison de ce genre de pèlerins. Il est plus que probable que ces gens partis dans cet état d'esprit auront dévié du chemin et renonçé avant d'en atteindre le terme. Pour avoir discuté avec des pèlerins c'est toujours le cas actuellement (sauf pour les rapines bien sur ! )










Le vrai pèlerin, même chargé de ses ambiguïtés humaines, chaque jour faisait son chemin, suivant ses pieds il s'approchait chaque jour de son " Désert ", aspérités et orniéres usant chausses et poulaines avec dans son esprit l'espoir de trouver Dieu !

Et puis il faut se pencher sur le fidèle du moyen âge, sa vie de tous les jours, ce qui est difficilement imaginable de nos jours !. Il y avait cette proximité, je dirais même cette familiarité avec les leçons bibliques et l'exemple de tout ces Saints ayant fuit le monde avec ses attraits et ses vanités !

La mort elle même n'a pour ce fidèle ni le poids, ni la signification que nous lui donnons. Elle n'est pas pour lui cette hideuse Camarde ( mort ), trônant sur un royaume d'ombres, ni même ce squelette dansant dont le XV siècle popularisa l'image. il représente l'accomplissement d'un long et douloureux chemin s'ouvrant sur l'éternité !  

PS: Ayant moi même beaucoup marché tout au long de ma vie je ne peux qu'éprouver un profond respect pour nos pèlerins d'hier et d'aujourd'hui, car c'est avant tout une aventure solitaire, une rencontre avec soi-même...ce personnage que l'on ne connaissait pas forcement avant le cheminement M de V

mercredi 19 janvier 2022

Le Pèlerin et les Reliques du Haut Moyen âge 1/3

Le pèlerinage est l'acte volontaire et désintéressé par lequel un homme abandonne ses lieux coutumiers, ses habitudes et même son entourage pour se rendre, dans un esprit religieux, jusqu'au sanctuaire qu'il s'est délibérément choisi, ou qui lui a été imposé par pénitence 

Ce croyant de fait, à besoin de signes sensibles pour entretenir et accroître sa foi. L'originalité, si l'on ose dire, du Christianisme est de multiplier ces supports. Son levain historique sera le sang, les os, les dents, voir les cheveux des Martyrs. 

Ces témoins de la foi sont l'objet, au moyen âge, d'une vénération dont les catacombes fournissent d'innombrables exemples, appuyés par des textes et des traditions, et l'on va en grand nombre prier à leurs tombeaux !

Aussi longtemps qu'à vécu l'Empire Romain, les souvenirs de l'évangélisation, les exemples de paix et de charité transmis par les premiers chrétiens demeurent vivaces. Après la rupture de l'unité romaine, chacun ressent en ce début de moyen âge une nostalgie attisée par les désastres et les invasions. Les chrétiens vont puiser leur réconfort dans l'apostolicité !






Dans cette insécurité engendrée par la dissolution de l'Empire Romain et le déferlement des invasions des hordes de l'Est, des Vikings venant du Nord, ou des Arabes venant du sud, en ce début de Moyen âge, rares seront les cités qui ne possédent pas " son Martyr ", ou sa Vierge privilégiée dont on vénère le corps

Le culte des reliques charnelles en est le trait le plus frappant, os, cheveux, dents ou sang. Mais également les objets, anneau, morceau de bois, pierre, vêtements tout ce qui touchait de près le martyr !!!

A tout prix, églises, monastères et cités cherchent à se procurer ces trésors pour en enrichir leurs lieux de culte. Certains audacieux n'hésiterons pas à les dérober pour embellir l'église d'une cité ou d'un monastère, mais aussi, il faut bien l'avouer, dans un but lucratif puisque cela faisait venir les pèlerins !

Ce genre de coup de main audacieux rapporté complaisamment dans certaines chroniques peuvent paraîtres cocasses à nôtre époque !, mais elles étaient pour le moins scandaleuses au Moyen âge et engendraient des contestations et des chicanes de clochers interminables

Je sais, que pour nous désormais, cela peut prêter a rire, le fait que dans cet élan de ferveur religieuse ils séparaient comme d'un jeu Légo les os d'un martyr de la foi chrétienne mordious !!!






Au vrai l'écartèlement et le dépeçage, qu'il soit amiable ou frauduleux des dépouilles de nos Saints ne tourmentait aucunement la conscience de nos pèlerins. Ils n'étaient pas étonnés de rencontrer les reliques d'un même Saint dans deux ou trois lieux de culte différents, ici un doigt, la un pied et trois jours de cheminement plus tard, et à des lieues de la, trouver une main. Ils vénéraient tout bonnement et simplement le même Saint dans plusieurs sanctuaires, sans s'inquiéter davantage du pourquoi ou du comment de la chose 

Pour ce qui est des objets il nous faut raison garder !, car si l'on s'amuse à comptabiliser les morceaux de la vraie croix qui transitaient à cette époque, on aurait facilement pu construire dans sa totalité la flotte de navires de la Ligue Hanséatique mordious !!

Il faut comprendre que beaucoup de ces vendeurs d'indulgences ou de reliques étaient de tristes charlatans, capables de vous vendre un brin de paille ayant appartenu à la litière du berceau de Jésus !!!, voir même un poil de l'âne ou du boeuf qui se trouvait dans l'étable de Bethléem...de vrais mécréants c'est l'nain qui vous le dit 

Que ce soit le citadin, le chapitre d'une église ou même un monastère, beaucoup se feront rouler dans la farine par excès de confiance ou une trop grande crédulité !! 






Or donc partout ou le permet une sécurité relative les précieux restes ou les objets sont enfouis dans des chasses ouvragées décorées d'or et d'argent, que l'on expose à la vue des pèlerins. Dès le XI siècle sera entrepris la construction d'églises monuments, apparemment copiés ou imités les uns sur les autres, possédant de longues nefs, comme des vaisseaux inversés, capables de contenir la foule des fidèles et des pèlerins venant en masse ! 

L'esprit de pèlerinage n'a cessé de se développer tout au long du XI siècle jusqu'à aboutir à l'explosion, cet engouement que fut la croisade. L'étude du pèlerinage comme fait social, à la fois mentalité intime et comportement extérieur, collectifs ou individuels est des plus ardues !!!

Car les premiers pèlerins connus d'Occident ne sont guère que des noms !!. Leurs équipées aventureuses ( c'est le moins que l'on puisse dire ), s'embrument de légendes et nos braves copistes de l'époque, laissant voguer leurs imaginations ajouterons quelques épisodes aux aventures du cheminement de nos premiers pèlerins ! 


PS: j'ai puisé dans le livre de R Oursel, Docteur ès lettres et diplômé de l'école des Chartes en y mettant mon grain d'sel M de V

jeudi 6 janvier 2022

En Queue, Pipe ou Barreau, Evreux produira en vins, moult tonneaux 4/4

A tout seigneur tout honneur ! rendons au vin d'Evreux l'honneur qui lui est dû. Alors que nous savons après recherches, quel était l'écrasante supériorité du vin parmi les diverses sources de revenus de la cité Ebroïcienne !. La moitié, voir les deux tiers des recettes destinées à soutenir l'effort de guerre provenait du commerce du vin pendant la guerre de cent ans !

Il faut savoir qu'aux XIV et XV siècles, la majorité du vin négocié par la cité provenait du vignoble ébroïcien. En 1447 et 1448 sont vendues au détail ou en gros 1584 queues de vin !!!!. Quand on sait que la futaille nommée Queue, avait une contenance de 400 à 800 litres !, je vous laisse faire le compte....c'est énorme mordious ! !

L'importance de la production locale n'est cependant pas surprenante si l'on tient compte que toutes les pentes de la vallée de l'Iton, bien exposées, étaient alors couvertes de vignes.Partout la vigne prospérait, bénéficiant de la présence de la forêt, qui fournissait le bois pour perches, fourches et eschallas (tuteur de ceps), nécessaires à son soutien, mais aussi, chênes et châtaigniers, qui selon les époques, et les modes servaient à faire les tonneaux, Queues, Pipes ou Barreaux. Pour info: la Queue de 400 à 800 L, la Pipe 400 L, le Barreau 100 L on trouvait aussi le Pega  de 3 L (pour petit joueur !!) 










L'ensemble du vignoble ébroïcien se trouvait, semble t'il, réparti en de nombreuses petites tenures. Ou l'on trouve écrit dans les archives qu'un certain Pierre de la Motte, Parcheminier dans la cité, reconnait tenir du chapitre d'Evreux, un Acre de vignes en deux pièces du côté de la Rochette et entre plusieurs Boutières. Les Boutières désignaient les extrémités d'un groupe de parcelles, ce qui nous évoque un morcellement assez prononcé des exploitations !

Pendant toute la guerre de cent ans le vin apparaît étroitement lié à l'histoire de la ville et abondamment mentionné dans le registre : Compte de recettes et dépenses du Roy de Navarre, Comte d'Evreux, de 1367 à 1370

Car la garnison du château d'Evreux était copieusement fournie en vin goulayant de Gravigny, tandis que de notables quantités de nectar de la rivière d'Eure étaient acheminées vers Cherbourg, ville fortifiéé et place forte du Roy de Navarre

C'est bien connu qu'au M-A pour bien batailler, il faut associer bonne mangeaille et nombreuses futailles !









Mais c'est surtout grâce à la possibilité donnée aux Magistrats municipaux, de faire des Dons, des Coutoisies et des Présents, que ce soit en poisson, viande ou vin à des personnes importantes, ayant rendu ou pouvant rendre service à la ville que le Nectar ébroïcien sera connu, car les édiles d'Evreux vont préférer offrir du vin !!

Sans lui point d'hospitalité qui soit jugée digne !. Cette simple manières de gagner les bonnes grâces des grands, ne laissait pas d'être efficace, car aussi longtemps que va durer l'ancienne Monarchie, l'offrande de vin aux visiteurs de qualité...fut chez ceux ayant la charge de défendre les intérêts de la ville l'objet d'un souci constant !

Du XV au XVII siècle les comptes des receveurs de la cité d'Evreux font ressortir des dépenses en vin non négligeables à titre de courtoisies...faut dire que l'eau était pas en odeur de Sainteté, hormis dans les bénitiers ....Heuuuu désolé j'ai dérapé la ..le nain y s'excuse !!!!

Après divers recoupements il apparaît que de tous les grands personnages à qui allaient ces témoignages de respect c'était le Bailli Royal d'Evreux le plus choyé....ou son épouse !!!!!









Observons que par une délicate attention c'était fort souvent de l'hypocras, breuvage liquoreux qui était offert à " Damoizelle la Baillivie " l'heureuse épouse du bailli, comblée de prévenances !!

Mais chaque fois que les procureurs de la ville s'adressaient au bailli Royal pour résoudre des problèmes ou un litige de la cité, on faisait porter à son Hostel quelques munitions, afin de pratiquer quelques libations pour d'aider aux tractations entre le Bailli, les gens d'église, procureurs et bourgeois à la table des négociations !!  

Il faut bien avouer que pour Evreux, comme pour d'autres régions vinicoles, la période dites " des vaches grasses " correspond à toute la période ou l'Aquitaine appartenait aux Anglois !

Car pour une grande partie de la production des vins de cette région partait pour Albion....Y faut point croire que l'Anglais ne buvait que de la bière à cette époque !!

Beaucoup de marchands de vins du Bordelais avaient un comptoir à Londres...Bon le nain va aller boire un verre à votre santé M de V



dimanche 2 janvier 2022

N°415) l'Enigme du Vert-Noir d'Evreux 3/4

Quel était donc ce tissu ?, ce produit qui venait de la production drapière, ce " Vert Noir " de la cité d'evreux, le secret devait en être jalousement gardé, car en voila une énigme en provenance direct de notre Moyen âge Normand !!!!

Comment se présentait ce drap fabriqué et teinté par nos Artisans Ebroïciens ?. Ce drap était il effectivement bicolore vert et noir ?, ou grâce à un procédé secret de teinture, formait il un marbré de vert et de noir chatoyant et changeant au contact de la main, mystère et boules de gomme ??????

Nous ne trouvons nul trace d'un quelconque procédé de fabrication, ce qui peut paraître normal, car fort peu de gens savaient écrire à cette époque et les secrets de fabrications se transmettaient de bouches d'artisans à oreilles d'artisans !!!

Percer ce mystère est impossible mais du moins pouvons nous clarifier queques points de façon à voir ensemble ce que nous savons sur le sujet. Votre copiste le nain ayant écrit plus de 500 pages sur Charles II Roy de Navarre et Comte d'Evreux j'ai glané quelques infos en marge de l'histoire de ce Monarque 

Nota: ne cherchez pas ce livre sur Charles II Roy de Navarre, je ne l'ai pas publié, mais je l'ai découpé en plus de 400 articles qui alimentent ce Blog depuis 4 ans !!! 




Ce que nous savons sur le Vert-Noir d'Evreux : Nous trouvons écrit dans le registre des Recettes et dépenses de Charles II Roy de Navarre, Comte d'Evreux (publié en 1885 par le libraire des archives de l'école des Chartes), que ce Monarque fait acheter du Vert-Noir " pour VI grans aulnes de drap de deux couleurs achetez chez Thomas Espingues et Guillaume Fleuri, pour faire robes à certaines personnes que Monseigneur Charles mandoit aler devers li en Navarre et payé XII Francs et demi "

Pour avoir capté l'intérêt de Charles II ce drap devait jouir d'une renommée suffisante et son commerce devait occuper une place considérable dans la vie économique de la cité Ebroïcienne ??

Tous les auteurs l'ont prêtendu ! et si à une certaine époque elle parue moins florissante ce fut pendant l'occupation Angloise du XV siècle, sans doute que les traces des opérations ont toutes alors disparues ?

Mais que les Baillis, Comtes et Rois se soient mêlés de ce marché bien spécifique de la production drapière d'Evreux semble être une preuve irréfutable de son effervescence !. 

Son activité va faire progresser les Foulons qui s'installèrent aux abords de la porte Chartraine, puis le long de " la rue grande ", et firent du quartier du Faubourg Saint Léger un de leurs fiefs attitrés du Moyen âge !





Nous savons que les moulins " Foulerez " appartenaient au Comte et qu'il fallait pour tout artisan y porter ses étoffes et payer les " Banalités ". Cependant la puissante et fort riche corporation drapière n'en souffrait pas trop !

Elle faisait vivre une population importante d'ouvriers laineurs, tisseurs, foulonniers, tondeurs et détailleurs de drap. Tous travaillaient pour le compte des " Maîtres Drapiers drapants ", ce que nous nommons des marchands en gros

Leurs laines, draps et demi draps s'étalèrent sur tous les marchés du Royaume et passèrent les frontières. mais elles connurent un succés particulier sur les foires Toulousaines et celles de Saint Denis aux portes de Paris. De bons clients montaient régulièrement du Sud de la France pour s'assurer d'une provision annuelle de ce produit

Tout le Moyen âge ne connut pas les conditions prospères de ce marché. Ce que l'on constate cependant, c'est que le XIII siècle et le début du XIV siècle fût glorieux grâce à la renommée du Vert-Noir d'Evreux !...du moins jusqu'au début de la guerre de cent ans !

Mais il n'y eut pas que les drapiers qui subirent les méfaits de cette longue période de conflits !





Les teinturiers de la ville d'Evreux étaient maîtres dans l'art de manier les couleurs la Guède, la Gaude et la Garance n'avaient plus aucun secret pour eux et les principes de ces colorants étaient utilisés fort adroitement pour la réalisation de cet unique et mystérieux Vert-Noir d'Evreux 

Ces pièces de draps étaient obligatoirement fixées à vingt aunes (soit environ 23 mètres) elles étoient ensuite marquées par le " Boujonneur ", un administratif de la cité qui marquait d'un sceau aux armes du Comte d'Evreux, nommé Boujon, toutes les pièces de tissus !....voila ce que votre copiste sait !!!

PS: à ma connaissance seules deux autres personnes on écrit sur Charles II Roy de Navarre et Comte d'Eveux. Ce sont André et Sylvie Plaisse de la Société Libre de l'Eure ...votre copiste de Nain fut à une époque membre de cette société, j'ai eu l'occasion de lire un des derniers exemplaires de leur livre remarquable sur Charles II, j'avais donc suivi leurs traces, fouillé les archives et écrit moi aussi sur ce personnage si particulier, un bouquin pour ma satisfaction personnelle M de V

Nota: cherchez pas l'exemplaire de A et S Plaisse hein !, je l'ai rendu à la Société Libre de l'Eure et doit être le seul exemplaire restant de leurs travaux !!!


Re nota: Wouais je sais que c'est mesquin de la part du Nain cette énigme du Vert-Noir d'Evreux !!...mais c'est pour faire fonctionner vos mérangeoises, pour cette année de peu que sera 2022 PTDR !