Membres

mercredi 26 décembre 2018

N°270) Le Relieur Artisan et Artiste



L 'objet livre a évolué au cours du temps en fonction de son utilisation, des modes, et de l'évolution des arts décoratifs et va entrer grâce au Relieur dans l'histoire de l'art. Notre artisan est au bout de la chaîne de production d'un ouvrage, il en est cependant un des acteurs essentiels !!








On le désigne à l'origine par le terme " Ligator " (lieur), le mot relieur n'apparaissant qu'au XIV siècle dans la langue française, quand au premier brevet de l'exercice de la reliure à Paris, il date de 1388

C'est avec l'apparition du " Codex ", au premier siècle, que la reliure naît et crée l'objet livre que nous connaissons encore aujourd'hui, ensemble de feuilles pliées formant des cahiers qui sont ensuite reliés, ce qui le différencie du " Volumen ", ou livre rouleau

La couture est l'élément maître de la reliure permettant d'unir les différents cahiers ou feuillets, il existe plusieurs techniques de couture, celle sur ficelle, sur ruban ou sur nerfs. 

La reliure au moyen âge est une nécessité pour la transmission de ces textes, fort long à copier et à enluminer.

En 774 (VIII siècle), Charlemagne dote l'Abbaye de Saint Denis d'une fort grande forêt, permettant aux moines d'obtenir les peaux et le bois nécessaires aux reliures des manuscrits, à eux d'exploiter cette donation avec les forestiers vivants sur cette terre (voir article la forêt source d'emploi au moyen âge) 










Le principal conseiller du monarque, Alcuin (poète, savant et théologien Anglais de langue latine), préconise dès l'an 800 (IX siècle), de coudre ensemble et de couvrir les cahiers des manuscrits afin qu'ils ne soient perdus ou dispersés.

Cependant il ne semble pas que chaque Abbaye, possédant copistes et enlumineurs, disposait également d'un relieur ou d'un moine relieur à demeure ?? Il semble donc que certains de ces lieux de connaissances aient eu recours à des relieurs itinérants ??

La caractéristique principale de la reliure médiévale est l'emploi " d'ais " (planchettes) de bois, afin de former les plats du livre. Ces " ais " sont essentiels à la protection des livres, qui étaient alors rangés à plat dans les bibliothèques

Mais c'est surtout le poids de ces planchettes qui permettait une pression propre à maintenir l'ouvrage parfaitement fermé, empêchant ainsi le parchemin ou le vélin ( peau de veau mort né, plus fine que le parchemin ordinaire), de se gondoler en subissant l'humidité et les variations de températures.

Plus haut nous avons cité plusieurs sortes de coutures, mais au moyen âge elle se fait essentiellement sur Nerfs, mode d'attache particulièrement adapté aux grands et gros volumes médiévaux









Les éléments amenés de la " Couvrure " (terme de métier), comme les boulons, sont à la fois décoratifs et pratiques, puisqu'ils permettent d'éviter les frottements sur le cuir des livres

A la fin du moyen âge, l'objet livre va évoluer avec l'usage de ranger désormais les livres debout. A partir du XIV siècle on voit apparaître " les chasses " (voir nota en bas d'article) . Le moyen âge nous a laissé des livres dont la seule écriture est déjà un luxe en lui même. C'est au XV siècle que la reliure médiévale connait son âge d'or, comme peut le révéler l'inventaire qui fut fait à cette époque de la bibliothèque de Charles V le Sage (ce roi fut à l'origine de la bibliothèque nationale)

On retient cependant que les livres liturgiques ont au moyen âge, un degré de beauté exceptionnelle, puisqu'ils sont présentés en procession devant les fidèles, devant par le fait susciter la fascination, l'admiration et l'éclat à l'image de dieu, donc obligeait un soin particulier dans la réalisation de la reliure et des matériaux utilisés

Or donc la reliure confirmait la nature et l'importance du contenu du livre, il y avait débauche de matériaux précieux pour les embellir soit par leur contenu ou la personne à qui il était destiné !!!









Nous trouvons des livres recouverts de plaques d'ivoire, ou encore incrustés de pierres précieuses, puis de plaques d'or et d'argent, ces manuscrits sont parmi les plus beaux exercices de style des relieurs du moyen âge et parmi les plus beaux et précieux livres de la Bibliothèque Nationale de France

Cependant ils ne doivent pas cacher une production moins luxueuse, voir ostentatoire, mais qui pour autant n'en sera pas moins originale et révélatrice de l'art et de la technique des relieurs du moyen âge !!

Avec la diffusion de l'imprimerie dans la toute fin du moyen âge, le métier de relieur va prendre son essor, alors que les autres métiers du livre médiéval, comme les copistes et les enlumineurs, sont menacés !

A la renaissance la tâche des relieurs s'accroît considérablement de part la quantité de livres produits, leur nombre va grandissant en fonction de la production, leur nombre en la ville de Paris, entre 1490 et 1535, en compte 140, ce chiffre monte à 200 entre 1550 et 1585

Ces livres le plus souvent ne sont pas écrit en Latin mais en langue Vernaculaire, augmentant le nombre de lecteurs possible, et grâce à l'imprimerie le prix du livre devient abordable à un plus grand nombre de gens !!




Nota: il est à savoir que nos relieurs contemporains réfutent la possibilité de la couture sur nerfs, la considérant comme impossible, il est fort probable que c'était du cuir, je le pense également les nerfs vieillissaient fort mal et se rétractaient, affaire à suivre ????





PS: documentation de la BNF....M de V