Membres

mercredi 28 octobre 2020

Alcuin le " Prof " du VIII siècle (730-804)

 

Souvent nommé Albinus en Latin, mais son nom vernaculaire s'écrivait Alwin ou Ahlwin. Notre homme est né en Northumbrie, sans doute de famille Noble, son éducation fut attachée à l'école de la Cathédrale d' York, en l'an 766 il en sera le Bibliothécaire et c'est environ à la même époque qu'il sera nommé Diacre. Alcuin va devenir Maître d'école vers l'an 780

En cette année 780 on voit à Parme la rencontre de deux grands hommes, le Roi Charlemagne et l'Anglo Saxon Alcuin. Les deux personnages vont sympathiser et lorsque le monarque comprend qu'il se trouve en présence d'un érudit il va lui demander de venir à sa cour

A la cour de Carolus Magnus, Alcuin sera le véritable artisan de la première Renaissance Carolingienne, il aide le roi à rétablir l'enseignement dans les écoles Cathédrales et il est très certainement l'un des rédacteurs de l'Admonitio Generalis de 789

En parfait pédagogue il va utiliser la forme du dialogue pour instruire ses disciples. Sa grammaire s'articule comme un dialogue entre un jeune Anglo Saxon et un Jeune Franc. Pour la réthorique et la dialectique, troisième branche du Trivium il imagine un dialogue avec le roi 









Charlemagne lui demande de lutter contre l'adoptianisme, une hérésie apparue en Espagne et qui prétendait que Jésus avait été adopté et non engendré par le père. D'ou les Traités d'Alcuin contre Félix d'Urgel et ses quatre livres adressés à Elipand archevêque de Tolède  

Cette querelle sera l'occasion pour lui de dédier trois livres sur la Trinité à Charlemagne dans lesquels il présente un essai de systématisation de la doctrine catholique alors que ses devanciers s'en tenaient à des compilations. Il annonce ainsi les travaux des scolastiques 

Le Monarque dans son expositio generalis, demande à ce que le texte de la bible soit corrigé et il souhaite que toutes les églises de son royaume poddédent le même texte !!, rude travail quand on sait que de nombreux copistes emportés par leur foi se laissaient aller à des interprétations douteuses des textes sacrés 

Le roi demande donc à Alcuin d'effectuer cette révision, notre redresseur de tords s'attelle à la tâche avec son équipe, imaginez le boulot !!! d'aller dans tous les lieux ou sont recopiés la bible sur le royaume, corriger les copies des copistes et leurs imposer à tous le même texte. Le jour de Noêl 801 il offre à son monarque la nouvelle version des textes sacrés, celle çi sera utilisée dans toutes les églises médiévales








A cette époque Alcuin est déjà Abbé de Saint Martin de Tours et vous vous doutez bien que l'école de son Abbaye est très active !!!. Il écrivait à Charlemagne qu'au sein de son école il apportait aux uns, le miel des saintes écritures, à d'autres qu'il les enivraient du vin vieux des disciplines antiques, puis qu'il en nourrissait certains du fruit de la subtilité grammaticale, sans oublier d'enseigner également la marche des étoiles 

Alcuin meurt à l'âge de soixante cinq ans, le 19 mai 804, il était devenu aveugle les yeux usés par la lecture et l'écriture, comme il l'écrit à l'archevêque de Cantorbery, plus de 300 lettres d'Alcuin sont conservées à ce jour !!!!

A la fin du IX siècle, Nokter de Saint Gall, rappelle que Charlemagne avait eu comme Maître Alcuin " le plus savant des temps modernes ", il ajoute que son enseignement fut si fructueux que les modernes Gaulois et Francs devinrent les égaux des anciens de Rome et d'Athènes. Ce thème sera souvent repris au Moyen âge, et certains parlant de la "translatio studii", verront en Alcuin l'ancêtre lointain de l'Université de Paris qui prendra son essor au cours du XIII siècle

PS: Je dédie ce bref article sous forme d'hommage à un " Prof " d'histoire du XXI siècle il se nommait Samuel Paty ne l'oubliez pas  M de V








vendredi 16 octobre 2020

N°365) La Maison d'Albret au moyen âge en Guyenne

 

Au milieu des grandes Landes, la ou se situaient les territoires délaissés de la Guyenne et Gascogne, terres ingrates composées de marais bourbeux et de lagunes insalubres, vivait une modeste Châtellenie habitée par des Seigneurs pauvres et loqueteux. Cette région se trouvait bien à l'écart des chemins empruntés par les hommes des steppes Nordiques, lors des invasions barbares, ils avaient des destinations d'un meilleur profit, avec des régions plus grasses et des bourgades plus riches pour les razzias qu'ils entreprenaient !

Cependant la région était propice aux malandrins,voleurs, déserteurs et manants en rupture du ban de la société, aussi fallait il un bras protecteur afin de préserver les autochtones, pauvres et miséreux, de leurs farouches atteintes. Le Baron qui prit en main la destinée de cet habitat misérable et éloigné de tout, donna son nom au village, donnant Labrit, Labret, Lebret, puis pour finir Albret. A notre connaissance le premier à entrer dans l'histoire en tant que Sire d'Albret est Amanieu Premier, il est reconnu comme protecteur des Moines de l'Abbaye de Condom

Pourtant notre "Nobliau Rural" possédait déjà une réputation de Routier et de Pillard, prenant dans les Seigneuries des alentours ce que ses terres ne lui apportaient pas. Ces sortes de petites guerres privées courantes pendant le haut Moyen âge et qui entretenaient une certaine émulation entre voisins !






Ses successeurs vont persévérer dans ce sens étant toujours en quête d'argent et d'aventure, louant au plus offrant leur bras et leur épée ainsi que leur courage. En ce temps la le Fief de Labrit se composait d'une Motte Castrale surmontée d'un château de bois posé sur une place nivelée et délimitée par une enceinte réduite entourée d'une levée de terre et d'un fossé

En fait un ensemble défensif sommaire en rapport avec les ressources dérisoires de la région qui dissuadaient les conquérants bien plus que ne l'aurait fait de fortes murailles. Les Sires de Labrit abandonnérent ce domaine castral dès que les succés de leurs entreprises fournirent pécunes en suffisance pour s'installer à Casteljaloux ou ils construisirent une forteresse, ne revenant dans leur ancienne demeure que de façon épisodique (bien sur on y laisse un homme lige et quelques soudoyers)

Amanieu II va participer à la première croisade avec Godefroy de Bouillon en 1099, pas ou peu d'informations sur Amanieu III 1085-1143. Son successeur Amanieu IV va se soumettre à Richard Coeur de Lion fin XII siècle, puis rejoindra ensuite la Banière Papale lors de la Croisade des Albigeois en 1209, il laisse en donation à Amanieu V le château de Bazas vers 1250. Amanieu VI quand à lui meurt la même année que Saint Louis en 1270






Son descendant Amanieu VII va céder, de force forcée, sa chatellenie de Millau au futur Edouard Premier d'Angleterre, en 1272, ceci afin de respecter les accords royaux entre la France et Albion, mais en 1308 il va acheter les Vicomtés de Dax et de Tartas

Ses titres il va les fractionner à sa descendance et seront portés par son héritier qui va les adjoindre à ses domaines, mais si le père avait rendu hommage au Duc d'Aquitaine et par le fait à l'Angleterre, il n'en va pas de même pour le fils héritier qui lui se soumet au Roi de France Philippe V le Long

Nous entrons dans les prémices de la guerre de cent ans (en fait 116 ans !!), et les seigneurs Gascons louvoyaient entre les deux allégeances pour en tirer de meilleurs profits. Or donc au court de ce très long conflit les Sires d'Albret poursuivront leur destin au grè des avantages et des événements, étant bien entendu que les grands féodaux faisaient passer le profit avant toutes chose, le concept de nation et de patriotisme n'émerge qu'à la toute fin du moyen âge










Arnaud Amanieu VIII
va prêter l'hommage lige au souverain Anglais en 1363, mais cinq ans plus tard il va refuser à son fils le Prince Noir le paiement de la taxe de Fouage. Il fut fait prisonnier à la bataille de launac par Gaston III de Foix Béarn dit Phébus, puis libéré après paiement d'une rançon de 100 000 Florins ( ça fait mal à l'escarcelle !!), plus tard son mariage avec Marguerite de Bourbon le fera rallier définitivement Charles V le Sage et sera même nommé Grand Chambellan de France 

Charles I d'Albret ne va se rallier aux Français qu'après la mort d'Edouard III en 1377, devient Connétable de France, mais il fut tué à la bataille d'Azincourt, ce qui tenterait à prouver qu'en tant que Connétable il n'était pas suffisant !!!

Charles II d'Albret s'illustre à la délivrance d'Orléans par la Pucelle de Domrémy, alors que son frère Guillaume y laisse ses bottes, c'est lui qui portera l'épée de justice lors du sacre de Charles VII à Reims











A l'issue, en 1453, de ce très long conflit, entrecoupé de trêves et de traités, la Maison d'Albret retrouvait toutes les terres subtilisées par les Anglois, ce qui formait le plus puissant ensemble de fiefs et de terres d'Aquitaine, car la maison d'Albret hérite en 1462 du Captalat de Buch, puis en 1470 du Périgord et de la Vicomté de Limoges

Alain dit le Grand qui dirige à partir de 1471 la Maison d'Albret fut le plus puissant féodal de la région Sud Ouest, son fils Jean d'Albret devient par mariage avec l'héritière du Comté de Foix Béarn, Roi de Navarre 

A la renaissance, en 1550, la puissante Maison d'Albret fut élevée au rang de Duché Pairie, puis Jeanne d'Albret deviendra Reine de Navarre et le fils qu'elle aura avec Antoine de Bourbon deviendra Roi de Navarre et ensuite Roi de France sous le nom de Henri IV


PS: Oui on sait !!!!....la poule au pot tout ça !!!....mais bon le gars Henri IV c'est pas lui qui faisait la bouffe mordious M de V

jeudi 8 octobre 2020

Les Caravelles du Portugal

C'est le vaisseau des grandes découvertes, son lieu de naissance se trouve au Portugal, ce petit pays qui tourne le dos à la mer de l'Europe du Moyen âge c'est à dire la mer latine, la Méditerranée. Une fois mis à l'eau ce type de navire déversera dans tous les ports de l'Europe ses parfums d'épices, son nom reste pour nous synonyme de voyages, d'aventures et de dangers inconnus, son nom " la Caravelle "

Un homme est à la base de cette découverte c'est l'Infant Henri (1394-1460), il sera d'ailleurs nommé Henri le Navigateur, sans avoir jamais navigué lui même. Ce Prince veut découvrir de nouvelles voies et routes maritimes, faire la nique à Venise et à la ligue Hanséatique.

Pour ce faire il fait construire au sud de son pays, à Sagres, une sorte de centre de recherche maritime. Il va faire venir en ce lieu les meilleurs géographes, des pilotes, des maîtres de Hache (charpentiers de marine), ainsi que des capitaines, des savants, des érudits et des artisans, bref la crème des gens de marine !!!!

Le bonhomme est d'un abord glacial et austère, voir même fanatique, mais le monde connu l'ennuie, ras le bol du cabotage de cap en cap, il désire faire voguer ses navires sur des mers sans phare ni balise!






Dans ce centre sera intallé un chantier de construction dans lequel sera pensé puis réalisé et multiplié le bateau le plus apte à naviguer vers l'inconnu notre fameuse Caravelle. Les navires du Moyen âge, cogghes et nefs, étaient adaptées à la mer étroite qu'était la Méditerranée ainsi qu'au cabotage le long des côtes, ils ne savaient qu'aller droit devant, on va créer dans ce centre un navire capable de remonter au vent 

Sa construction est initiée vers 1446, le milieu du XV siècle, une époque ou Venise et la ligue Hanséatique possède la maitrise des routes maritimes. Ils vont construire un navire d'exploration à faible tirant d'eau, capable de pénétrer à l'intérieur des fleuves de terres inconnues 

Son coût est réduit car le navire est petit, 22 mètres de long pour 7 mètres de large il nécessite par le fait moins de bois, il  embarque également un plus petit équipage, 26 marins, donc peu de vivres. Si par exemple on compare les particularités des deux caravelles, la Ninia et la Pinta, de C Colomb, avec son navire amiral la Santa Maria qui était une Nef médiévale, cette dernière fait 13 mètres de plus et embarque 40 hommes d'équipage !!






Henri le Navigateur est un chef exigeant il va expédier ses marins dans le trou du cul du monde, dans des lieux que nul ne vit jamais. Ce nouveau navire à trois mats combine de différentes façons les voiles triangulaires latines et les voiles carrées traditionnelles, assurant au bateau une grande vélocité

Grâce à cette combinaison de voiles la Caravelle peut " boulinar ", c'est à dire avancer en zigzagant contre les vents dominants, ces nouveaux vaisseaux peuvent désormais naviguer vent debout et revenir en arrière

Les Caravelles exploreront les côtes africaines et ouvriront de nouvelles voies maritimes pendant 50 ans avant que Christophe Colomb n'entreprenne le premier de ses 5 voyages vers les amériques, tout en croyant au départ aller en Chine, AHaa !!! le gros boulet ....(humour)


PS: voir les articles du blog concernant Venise, la Ligue Hanséatique, les voies maritimes et C Colomb M de V