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lundi 7 janvier 2019

Les Bateliers au Moyen âge

Sous la Rome antique, les Jurisconsultes assimilaient l'eau courante à l'air et à la mer, c'est à dire à des choses " communis usus ", ou d'usage universel. Ils refusaient l'idée d'une détention, par des particuliers, ou un gouvernement, de la disposition exclusive des voies fluviales, qui priveraient ainsi la société d'avantages auxquels la nature donnait des droits incontestables. Aucune région de l'Empire n'était sillonnée d'autant de cours d'eau navigable que la Gaule. C'est ainsi que la plupart des inscriptions révèlent l'existence d'associations nautiques relatives aux Nautes Gallo Romains et particulièrement aux bateliers qui naviguaient sur le Rhône " fleuve plus important qu'aucun autre ", selon Strabon

Mais après les invasions barbares venant du nord comme de l'est et du sud, le commerce fluvial sera réduit à sa plus simple expression au début du Moyen âge







Du VII au XI siècles, la batellerie va subir de nombreuses vicissitudes, suite à cette longue phase de transformation politique et d'anarchie, ou la civilisation recule au point de presque disparaître. Ce ne sera que par intermittences que fonctionneront les organes de la vie économique.

L'usage des cours d'eau devient de plus en plus difficile et onéreux, car l'on construit barrages et moulins qui gênent la navigation, puis les chemins de halages sont envahis par des propriétaires riverains, ainsi d'étapes en étapes s'appesantit sur fleuves et rivières navigables le joug des péages seigneuriaux !!

Des causes viendront aggraver la détresse publique, au VII et au VIII siècles, ceux qui alimentaient en grande partie le trafic commercial de l'Occident sont interceptés par les conquérants Musulmans, les pirates Normands, les Saxons, infestant les embouchures des fleuves et leurs parages maritimes.








Un moment refoulés par Charlemagne ils renouvellent leurs incursions jusque dans l'intérieur de terres durant le IX et le X siècles, les Normands par exemple, sont échelonnés sur l'Escaut de Gand à Condé, sur la Somme d'Abbeville à Amiens, sur la Seine de Rouen à Melun, mais ils remontent aussi la Loire, la Charente, la Garonne et le Rhin

Dès le XI siècle l'esprit d'association s'éveille grâce aux ecclésiastiques (voir article), les artisans se rapprochent et se liguent par métier, on voit alors apparaître les rudiments des corporations se formant en Guildes et Hanses

Il suffira bien plus tard de lire le livre des métiers du prévôt Etienne Boileau (voir article), pour retrouver en Paris nos Bateliers !!








En France c'est la hanse Parisienne ou " marchandises de l'eau ", la hanse de Rouen, celle des marchands de la rivière de Loire, la compagnie des négociants en vins de Bordeaux et les ligues du Rhône. Partout du Nord au Midi on se prépare à lutter âprement contre l'arbitraire féodal !!

Il y avait donc selon toute vraisemblance parmi ces fluviaux, des bateliers qualifiés d'anciens, c'est à dire des maîtres et de jeunes bateliers ou apprentis, distinction qui dénotait une hiérarchie corporative de navigateurs fluviaux

Cet argument semble confirmé par les articles de la corporation de la batellerie de " l'Ancre de Strasbourg ", rédigé en 1350 et qui stipule qu'il y eut des bateliers depuis que la ville existe !!









La navigation intérieure facilite grandement la circulation économique des matières qui ne peuvent être utilement déplacées qu'à prix réduit, les artères navigables contribuaient au développement de la richesse et de la puissance publique, surtout en ces temps de troubles et d'insécurité, ou les communications terrestres étaient précaires, voir dangereuses, mais surtout onéreuses !!! En France, si le domaine Fluvial, contrairement à la Rome antique, appartient au Roi, les compagnies constituées dès XI et XII siècles avaient gagnées en influence et en autorité, par voie de rachat des droits de péages seigneuriaux et en assumant l'obligation d'entretenir elles mêmes les rivières.








Ces compagnies s'étaient substituées aux seigneurs riverains, exerçant à leur tour, comme sur des fiefs acquis, la police et le monopole des sections concédées. L'on voit s'élever au XIV siècle la grande communauté de la Loire, celle de la Seine, mais surtout celle de Paris, dont le prévôt devient le chef de la municipalité, les armes actuelles de la ville de Paris sont empruntées au sceau de la " marchandise de l'eau ", ou hanse parisienne

Il faut néanmoins reconnaître que les corporations sont essentiellement égoïstes, et le soin jaloux qu'elles prennent de leurs intérêts et de leurs privilèges, expose très souvent leurs relations d'affaires aux abus du régime seigneurial. Elles se disputent également les monopoles, la concurrence est féroce, ce qui les portent souvent à des mesures violentes et arbitraires



PS: une fois encore ne leurs jetons pas la pierre à notre époque c'est plus caché mais tout aussi violent non ???....la documentation provient de la BNF comme d'habitude M de V