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dimanche 1 avril 2018

Les Armoiries

Les armoiries selon Michel Pastoureau sont apparues dans plusieurs régions d'Europe occidentale vers le milieu du XII siècle. Cette apparition est d'abord liée à l'évolution de l'équipement militaire: les transformations du casque et du haubert ayant rendu les combattants méconnaissables à la bataille et aux tournois.

Ceux ci prennent peu à peu l'habitude de faire peindre sur la surface du bouclier des figures animales, végétales ou géométriques, aidant à se reconnaître au plus fort de la mêlée et l'on peut parler d'armoiries à partir du moment ou un chevalier fait usage des mêmes figures et couleurs en usage, pendant une longue période de sa vie.

Toutefois cette cause matérielle n'explique pas tout et l'apparition des armoiries se rattache plus profondément au nouvel ordre social qui touche la société occidentale à l'époque seigneuriale.

Comme les noms patronymiques ou comme les attributs vestimentaires, elle apporte des signes d'identité nouveaux à une société en pleine réorganisation, celle des seigneurs et des chevaliers

D'abord réservées à ces derniers, les armoiries deviennent progressivement héréditaires chez tous les hommes appartenant à un même lignage ou à un même groupe familial.  Puis dans le courant du XIII siècle leur emploi s'étend aux femmes, aux ecclésiastiques, aux habitants des villes,aux artisans et dans certaines régions à des paysans.








Enfin un peu plus tard, aux institutions et aux personnes morale: villes, corps de métiers, chapitres, communautés religieuses et guildes. L'église d'abord méfiante envers un système entièrement élaboré en dehors de son influence, elle qui pourtant est à la base de la création de la chevalerie, s'y introduit pleinement à partir du XIV siècle, il faut dire que l'héraldique depuis son origine est écrite en langue vernaculaire, pour décrire les armoiries !!!

Il convient donc de corriger une erreur fort répandue et qui ne repose sur aucune réalité historique, qui était de croire que les armoiries étaient limitée a la noblesse et aux chevaliers.A aucun moment et dans aucun pays le port des armoiries n'a été l'apanage d'une classe sociale, surtout si on insiste sur le fait que dans la période considérée peu de gens savaient lire !!!

Chaque individu, chaque famille, chaque groupe ou collectivité a toujours et partout été libre d'adopter les armoiries de son choix et d'en faire l'usage privé qui lui plaisait, à la seule condition de respecter les règles héraldiques et de ne pas usurper les armoiries d'autrui. Cependant on constate que si tout le monde peut faire usage des armoiries tout le monde ne le faisait pas. D'ou des déséquilibres entre les différentes classes et catégories sociales, sur les 60 à 70 000 armoiries Françaises connues du moyen âge les trois quarts sont des armoiries nobles.









A la fois signes d'identité, marque de possession et ornement décoratifs, les armoiries ont pris place du XII au XVIII siècle sur d'innombrables objets, monuments et documents à qui elles ont ce faisant apporté une sorte d'état civil.

Dès la fin du XII siècle, elles sont présentes dans les manuscrits enluminés, ou elles servent de déjà de marque de commande ou de possession et dans les miniatures d'attributs iconographiques. Au siècle suivant apparaissent les premières tranches et les premières reliures peintes aux armes de leurs possesseurs, mais ce ne sera que dans la seconde moitié du XV siècle que les reliures estampées et les ex-libris gravés feront leur véritable apparition.

Dès le milieu du XIII siècle l'héraldique possède ses propres livres, les " Armoriaux ". Ce sont des recueils plus ou moins vastes, recensant d'abord les armoiries de participants à un tournoi ou à une campagne militaire, puis celles de tous les membres d'un ordre ou d'un corps constitué.

C'est à partir des années 1300 ( XIV ), que l'on trouvera les armoiries de toute une région, d'un royaume entier, voire même de toute la chrétienté, le recensement se fait sous forme d'armoiries peintes, ou juste blasonnées dans la langue vernaculaire spécifique de l'héraldique ce qui sera le plus fréquent au XIV et XV siècle;








Pour la période médiévale et l'Europe prise dans son ensemble nous avons conservé environ trois cents cinquante armoriaux différents dont beaucoup se recoupent les uns les autres, soit en ajoutant des informations nouvelles ou en retranchant certaines.


Identifiant par le fait les possesseurs de ces blasons et corrigeant les identifications et les filiations, que les Hérauts modifient à leurs guise selon les renseignements, le temps et la place dont ils disposent.


Qu'ils soient volumineux ou simplement constitués de quelques feuillets, tous les armoriaux s'organisent autour de la notion héraldique de " Marche d'Armes ", certaines sont de la taille d'un royaume, d'autres de la taille d'un Comté, ou même à la taille d'une simple seigneurie. Ces limites peuvent changer au fil des décennies, au gré des circonstances en fonction des possessions, des revendications, d'un Prince ou d'un Duc, Comte ou n'importe quel grand seigneur, que ce soit d'une dynastie ou d'une famille. Il y aura donc tantôt des regroupements de Marches d'Armes, des divisions voir même des subdivisions.

Dans chaque Marche d'Armes, officie, un " Roi d'Armes ", aidé de plusieurs Hérauts si la marche est grande, ou un seul Héraut, aidé de " Poursuivants d'Armes ", si elle est petite, ces personnes au service d'u Seigneur remplissent des fonctions à la fois diplomatiques, protocolaires, héraldiques et nobiliaires







Ces rois et hérauts d'armes voyagent énormément, ils vont crier les tournois et pas d'armes, annoncer mariages, fêtes et cérémonies, mais aussi déclarer les guerres, servant souvent de messager de diplomate voir même d'Ambassadeur.

Au cours de leurs déplacements ils rencontrent d'autres hérauts, échangeant, ce faisant, des notes et des informations, documents et livres, leur permettant de recopier ou corriger, telle ou telle partie d'un Armorial, le temps d'un prêt.

Ils assistent aux tournois, campagnes militaires et guerres, aux sièges, aux cérémonies des traités de paix, aux sacres et couronnements bien sur !

Collectant de ce fait les armoiries des participants à ces différentes manifestations et de retour dans leur Marche d'origine ils mettent au propre les renseignements rassemblés, laissant au fil des folios de la place pour les informations qu'ils rapporteront ou qu'ils retireront d'un recueil lors d'un futur voyage dont ils n'ont pas encore connaissance.

PS: J'aime dans le film Chevalier le rôle de Héraut d'armes que l'on donne à Geoffroy Chaucer, même si c'est de la fiction !!! il avait au demeurant assez de verve pour occuper ce genre de fonction !!! M de V