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samedi 29 décembre 2018

Courtrai la Bataille des éperons 1302

Si Bouvines avait vu les bannières de Flandre s'incliner devant l'étendard Royal de France, Courtrai vit les Flamands vainqueurs, suspendre aux voûtes de l'église Notre Dame, les pennons du Comte d'Artois et les éperons de nos vaillants chevaliers de France.

Cette bataille, comme les suivantes, la bataille navale de l'Ecluse, puis Crécy, Poitiers, Brignais, Nicopolis et pour finir Azincourt ( voir articles), sont de grandes défaites de l'Ost de France.

Mais elle nous offre un sujet d'étude sur le comportement de notre noblesse avant la guerre de cent ans. Car il est peu de famille d'ancienne chevalerie qui n'aient compté quelques uns des leurs parmi les combattants qui laissèrent la vie dans ces grandes journées historiques !!!









Au début du XIV siècle le comté de Flandres était un état fantoche du royaume de France, dont les villes bourgeoises faisaient le commerce de la laine depuis des décennies avec l'Angleterre. Le vieux Comte de Flandres, Gui de Dampierre, fait en 1297 une alliance avec Albion, mais les Anglois sont en guerre avec la France !!!

Très mal venu !! car on ne peut pas dire que c'est le grand amour entre Philippe le bel et Edouard premier d'Angleterre, les coups tordus de part et d'autres de la manche ne se comptent plus. Or donc quand Gui de Dampierre, Comte de Flandres renonce à sa loyauté envers la France, cela ne peut que déplaire à ce roi de France, possédant une idée hégémonique du pouvoir, son arrestation va faire entrer la Flandre en guerre !!

D'un autre côté les Bourgeois des villes qui commerçaient avec Albion, montaient en puissance, ils ne désiraient pas eux non plus subir le joug Français, celui ci s'étant effrité tout au long du siècle précédent !!

Une armée française va envahir la Flandre, le malheureux Gui vieux et infirme, ne saurait résister à son puissant ennemi et la détresse va s'appesantir sur les bonnes villes de Flandre !!










Le roi de France se rend sur place, son habileté et le soin qu'il prend à gagner le coeur des Flamands par une affabilité extrême, ainsi que sa promesse de ne porter nul atteinte aux franchises des villes auraient pu consolider la domination en Flandres !!

Mais voila !!..on place en 1300, à la tête de ce Comté ce benêt de Jacques de Chatillon (frère de la reine de France), ce vassal nommé par les lys de France est un incapable. Cet aristocrate rigide et imbu de sa noblesse n'arrive pas à prendre la mesure géopolitique de la Flandre

Il comptait régner avec le seul appui de la noblesse Flamande et Francophile ( Leliaerts), contre les intérêts des puissantes villes bourgeoises. Il accable les Flamands d'impôts, fait élever des citadelles dans le seul but de les opprimer !

La révolte gronde, Gand se soulève, puis Bruges, bientôt ce soulèvement fut général, la soupe est prête pour que se produise un petit massacre, exécuté par la vindicte populaire. Le 17 mai 1302, les Brugeois dirigés par Jan Breydel et Pieter de Coninck vont massacrer une garnison Française lors des Matines de Bruges









Le roi de Fer ne pouvait laisser impunie cette humiliation, c'est pourquoi en juillet 1302 il envoya une armée dirigée par Robert d'Artois dans le Comté de Flandre. Le 11 juillet la bataille fut menée sur le Groeningekouter à Courtrai.

Les Français rangés sous les bannières se lançaient force promesses de châtier ces Flamands, parlant avec mépris de leurs troupes à pieds, de leurs corporations de marchands allant au combat sans cottes d'armes. C'est typique de l'Ost de France, qui souvent se gausse avant de se retrouver le nez dans la fange !!!!

Courtrai sera la première raclée d'une très longue série, donnant un avant goût de ce que sera la fortune des armes de France durant la guerre de cent ans









Toujours impétueuse dans l'action, n'ayant jamais la prudence pour guide et portant dans la mêlée une témérité au delà du courage, ils se lancent vers ces Flamands résolus à vaincre ou à périr !!

Mais l'ardeur ne suffit pas !! ils se trouvent soudain devant des blocs de bourgeois, qui comme des forêts se hérissent de longues lances, l'assaut Français est contenu, hommes et chevaux tombaient percés de coups.

Puis les Flamands s'ébranlent et font mouvement, faisant entendre leur cri de guerre " Flandre au Lion ", ce sera le grand massacre, munis de haches et de Godendacs  (célèbre arme flamande), ils abattent et égorgent, sans pitié, comme sur étal de boucherie les chevaliers de France !!








Les corporations de marchands ne comprennent pas les codes de la chevalerie, pour les Français, nul adversaire à qui rendre son épée pour avoir la vie sauve, aucune proposition de rançon, les Flamands ne font pas de prisonniers !!!

La bataille ne s'arrêtera qu'à la mort du Comte d'Artois, les Flamands ramasseront des centaines d'éperons sur le lieu du combat, de cette emprise qui fut appelée bataille des éperons dorés !!!


PS: documentation BNF.....M de V

mercredi 26 décembre 2018

N°270) Le Relieur Artisan et Artiste



L 'objet livre a évolué au cours du temps en fonction de son utilisation, des modes, et de l'évolution des arts décoratifs et va entrer grâce au Relieur dans l'histoire de l'art. Notre artisan est au bout de la chaîne de production d'un ouvrage, il en est cependant un des acteurs essentiels !!








On le désigne à l'origine par le terme " Ligator " (lieur), le mot relieur n'apparaissant qu'au XIV siècle dans la langue française, quand au premier brevet de l'exercice de la reliure à Paris, il date de 1388

C'est avec l'apparition du " Codex ", au premier siècle, que la reliure naît et crée l'objet livre que nous connaissons encore aujourd'hui, ensemble de feuilles pliées formant des cahiers qui sont ensuite reliés, ce qui le différencie du " Volumen ", ou livre rouleau

La couture est l'élément maître de la reliure permettant d'unir les différents cahiers ou feuillets, il existe plusieurs techniques de couture, celle sur ficelle, sur ruban ou sur nerfs. 

La reliure au moyen âge est une nécessité pour la transmission de ces textes, fort long à copier et à enluminer.

En 774 (VIII siècle), Charlemagne dote l'Abbaye de Saint Denis d'une fort grande forêt, permettant aux moines d'obtenir les peaux et le bois nécessaires aux reliures des manuscrits, à eux d'exploiter cette donation avec les forestiers vivants sur cette terre (voir article la forêt source d'emploi au moyen âge) 










Le principal conseiller du monarque, Alcuin (poète, savant et théologien Anglais de langue latine), préconise dès l'an 800 (IX siècle), de coudre ensemble et de couvrir les cahiers des manuscrits afin qu'ils ne soient perdus ou dispersés.

Cependant il ne semble pas que chaque Abbaye, possédant copistes et enlumineurs, disposait également d'un relieur ou d'un moine relieur à demeure ?? Il semble donc que certains de ces lieux de connaissances aient eu recours à des relieurs itinérants ??

La caractéristique principale de la reliure médiévale est l'emploi " d'ais " (planchettes) de bois, afin de former les plats du livre. Ces " ais " sont essentiels à la protection des livres, qui étaient alors rangés à plat dans les bibliothèques

Mais c'est surtout le poids de ces planchettes qui permettait une pression propre à maintenir l'ouvrage parfaitement fermé, empêchant ainsi le parchemin ou le vélin ( peau de veau mort né, plus fine que le parchemin ordinaire), de se gondoler en subissant l'humidité et les variations de températures.

Plus haut nous avons cité plusieurs sortes de coutures, mais au moyen âge elle se fait essentiellement sur Nerfs, mode d'attache particulièrement adapté aux grands et gros volumes médiévaux









Les éléments amenés de la " Couvrure " (terme de métier), comme les boulons, sont à la fois décoratifs et pratiques, puisqu'ils permettent d'éviter les frottements sur le cuir des livres

A la fin du moyen âge, l'objet livre va évoluer avec l'usage de ranger désormais les livres debout. A partir du XIV siècle on voit apparaître " les chasses " (voir nota en bas d'article) . Le moyen âge nous a laissé des livres dont la seule écriture est déjà un luxe en lui même. C'est au XV siècle que la reliure médiévale connait son âge d'or, comme peut le révéler l'inventaire qui fut fait à cette époque de la bibliothèque de Charles V le Sage (ce roi fut à l'origine de la bibliothèque nationale)

On retient cependant que les livres liturgiques ont au moyen âge, un degré de beauté exceptionnelle, puisqu'ils sont présentés en procession devant les fidèles, devant par le fait susciter la fascination, l'admiration et l'éclat à l'image de dieu, donc obligeait un soin particulier dans la réalisation de la reliure et des matériaux utilisés

Or donc la reliure confirmait la nature et l'importance du contenu du livre, il y avait débauche de matériaux précieux pour les embellir soit par leur contenu ou la personne à qui il était destiné !!!









Nous trouvons des livres recouverts de plaques d'ivoire, ou encore incrustés de pierres précieuses, puis de plaques d'or et d'argent, ces manuscrits sont parmi les plus beaux exercices de style des relieurs du moyen âge et parmi les plus beaux et précieux livres de la Bibliothèque Nationale de France

Cependant ils ne doivent pas cacher une production moins luxueuse, voir ostentatoire, mais qui pour autant n'en sera pas moins originale et révélatrice de l'art et de la technique des relieurs du moyen âge !!

Avec la diffusion de l'imprimerie dans la toute fin du moyen âge, le métier de relieur va prendre son essor, alors que les autres métiers du livre médiéval, comme les copistes et les enlumineurs, sont menacés !

A la renaissance la tâche des relieurs s'accroît considérablement de part la quantité de livres produits, leur nombre va grandissant en fonction de la production, leur nombre en la ville de Paris, entre 1490 et 1535, en compte 140, ce chiffre monte à 200 entre 1550 et 1585

Ces livres le plus souvent ne sont pas écrit en Latin mais en langue Vernaculaire, augmentant le nombre de lecteurs possible, et grâce à l'imprimerie le prix du livre devient abordable à un plus grand nombre de gens !!




Nota: il est à savoir que nos relieurs contemporains réfutent la possibilité de la couture sur nerfs, la considérant comme impossible, il est fort probable que c'était du cuir, je le pense également les nerfs vieillissaient fort mal et se rétractaient, affaire à suivre ????





PS: documentation de la BNF....M de V

lundi 24 décembre 2018

L'église et les Confréries au Moyen âge



Au moyen âge, époque culminante de la grandeur de l'église, les ecclésiastiques vont affermir sa puissance sur les âmes. Sa parole persuasive va convaincre tous les fidèles que l'association de piété et de charité est favorable à l'accroissement de la vie chrétienne. Il n'est personne, Seigneur, Bourgeois, Manants ou Serf, qui ne s'enrôle à son appel dans une ou plusieurs Confréries !!







Puis il y eut ce grand mouvement de l'affranchissement des communes à partir du XII siècle (voir article), auquel l'église, quoi qu'on en dise, prend une large part, et l'instinct qui pousse les hommes de même métier de ce monde médiéval à se rassembler va favoriser grandement les vues de l'église

L'église se hâte de convier bourgeois, artisans et commerçants à se grouper selon sa profession. Que chaque corps se choisisse un saint Patron comme protecteur, et que ses membres assistent ensembles, à des dates fixes au service divin, qu'ils constituent une caisse commune pour les célébrations, pour soulager les camarades malheureux et faire diverses bonnes oeuvres.

Ces conseils sont écoutés d'une oreille attentive, d'autant que les divers corps de métier trouvent ainsi l'occasion naturelle de s'assembler fréquemment, pour discuter de leurs intérêts professionnels, mais également pour se concerter en vue de leur défense contre les exactions seigneuriales et les désordres d'une époque troublée. Bref on est fort quand on est nombreux !!









De la, à partir des XII et XIII siècles il y eut une éclosion considérable de Confréries. Elles se multiplient avec une rapidité, que l'auteur du Traité de police en peut compter neuf sortes différentes !!, celles de Pure Dévotion, celles qui ont pour but d'exercer des Oeuvres de Charité, celles qui proposent la Mortification et dont les membres usent d'austérités par esprit de Pénitence, celles érigées pour les Pèlerinages,

Puis celles des officiers de Justice, sans oublier celle qui c'est établie à Paris en 1402, usant, sous le nom de la Passion du Christ, de représentations au public et présentant le Mystère de la rédemption (voir article sur les débuts du Théâtre). Enfin les confréries d'Artisans (voir article sur le livre des métiers).

Il en existe une dernière, que je cite uniquement parce qu'elles apparaissent dans ce Traité, représentant les confréries de Factions, qui se couvraient du voile de la religion pour troubler l'état. Nous ferons abstraction de cette catégorie, car ce n'était pas des confréries, elles en usurpaient juste le nom









A l'origine les confréries s'établirent librement, sous la seule autorisation de l'Evêché, l'évêque et son chapitre examinent les pratiques proposées aux confrères et s'il n'y avait rien de contraire aux règles de l'église, elle autorise celle ci, tout en veillant à ce que les exercices de la confrérie ne s'accomplisse point lors des fêtes et des dimanches !!

Le pouvoir civil n'intervenait donc pas dans la création et l'institution d'une confrérie. C'est qu'au moyen âge, la liberté d'association était entière, sauf pour les assemblées de faction qui se tenaient contre le Roi, troublant le repos et la tranquillité de l'état !!

Par contre les communautés et par voie de conséquence les confréries vont être réglementées par l'autorité publique. Le livre des métiers, que Louis IX (saint louis), fit rédiger par son prévôt, Etienne Boileau (voir article), est demeuré célèbre à juste titre.

Les successeurs de ce roi et de son Prévôt vont exercer une surveillance encore plus étroite à mesure que la royauté grandissait en puissance, car elle redoutait l'esprit frondeur et indépendant des marchands et artisans !! Ce fut le cas sous le Roi de fer, mais surtout après la révolution manquée du prévôt des marchands, Etienne Marcel, au XIV siècle !!!








Mais les confréries constituaient avant tout des oeuvres d'assistance, pendant la vie du confrère, d'assistance au moment de sa mort et après sa mort !! Ce trait a été maintes fois mis en lumière pour les confréries qui se confondaient avec une corporation professionnelle.

La confrérie était la seconde mère de l'ouvrier, celui ci tombait malade on le visitait, lui procurant secours spirituels et corporels, s'il était nécessiteux, des collectes effectuées parmi ses confrères paraient à ses besoins les plus pressants, venait il à mourir, alors tous les confrères fermaient boutique pour ne les rouvrir qu'après l'inhumation. Ils assistaient en corps constitué à ses obsèques et à la messe qu'ils faisaient célébrer pour lui....Pouvons nous en dire autant au XXI siècle ??????




PS: le copiste vous souhaite un joyeux réveillon de noël M de



vendredi 21 décembre 2018

La mort civile et les Lépreux au moyen âge

Le but de notre Auteur, Françis Molard, est de prouver que le lépreux au moyen âge, même aux plus mauvais jours de leur histoire, n'ont jamais été frappés de mort civile, c'est a dire de l'incapacité de jouir et de disposer de leurs biens et de bénéficier des droits accordés à un vivant !!! Si l'auteur ne parle que de l'Yonne et des Diocèses de Sens et Auxerre, il est infiniment présumable que les conclusions qu'il présente peuvent, sans trop d'erreurs être étendues au reste des régions de France. La mort civile, imitée de l'excommunication majeure aux siècles les plus sombres du moyen âge était terrible, et les conséquences en étaient fort dommageables. La personne frappée de mort civile perd la propriété de tous ses biens, sa succession est ouverte au profit de ses héritiers, de la même manière que s'il était mort physiquement !!, il ne peut être admis à porter témoignage en justice, ou contracté un bien, s'il est marié avant sa mort civile celui ci est dissous. Son ex conjoint et les ayant droits exercent les actions auxquels donneraient lieu sa mort naturelle.








En était il de même pour les lépreux au moyen âge ??? Au premier abord il semble que oui, car les littérateurs et les romanciers s'en sont donnés à coeur joie pour exploiter la situation déjà terrifiante dans laquelle se trouvaient nos pauvres bougres de lépreux !!

Heureusement pour ces malheureux, la réalité a été bien loin du roman, et si l'on prenait contre eux des précautions pour cause de salubrité, nos lépreux n'en étaient pas moins aussi vivants au point de vue civil que les personnes saines (voir les articles, Jean Bodel poète lépreux ..et la lèpre et les léproseries)

Mais il y faut quelques preuves écrites d'époque !!








Pour le prouver l'auteur fait le choix de quelques textes authentiques, allant du XI siècle jusqu'au début du XVI siècle. En premier lieu, un document tiré du fond de la léproserie de Ponfraut, fin XI siècle, par lequel une certaine Agnés, femme de Thiesselin Chausselâche, donne aux lépreux deux arpents de pré. Des témoins assistent à l'établissement de l'acte, et parmi ceux qui représentent les donataires, on trouve Bertrand de la Porte, "infirmus", c'est à dire lépreux !!! Or donc les lépreux pouvaient être témoins.

Autre document, XII siècle, une bulle du Pape Urbain III (1186), qui s'adresse " à ses fils lépreux ", qui mènent vie commune à Ponfraut, pour les exempter de la Dîme sur les terres défrichées de leurs propres mains, ainsi que de celle sur les troupeaux qu'ils ont eux même élevés !! On remarque donc que les lépreux se livraient à des actions pastorales et agricoles et très certainement aux opérations de commerce qui en découlent. Il est évident que tout cela est incompatible avec la mort civile !! pour le plaisir de la lecture nous allons donc en citer deux autres exemples







Document tiré du fond de l'Archevêché de Sens, il contient la comparution devant l'official, d'Etienne de Bessy, lépreux, qui donne quatre arpents de terre à sa cousine, Clémence, pour l'aider à se marier. Ceci se passait au XIII siècle (1230), à une époque ou il y avait deux mille léproserie dans le royaume de France !!! Et l'on prétend que les lépreux n'avaient pas le droit de contracter ????

Dernier exemple, provenant des archives de l'Yonne, ou un certain Nicolas, Doyen du Gâtinais, fait savoir qu'il a vu comparaître par devant lui, un certain Alexandre " dit Archupias", lequel est entretenu à la léproserie de Pontfraut à la demande du Comte d'Artois. Le fait se passe en 1248, ou notre homme renonce à toute réclamation de la dite léproserie, moyennant une pension annuelle de 20 Sous Parisis

Il est précisé que s'il ne peut se déplacer lors des Foires de Ponfraut, afin de  percevoir sa rente annuelle, il enverra à sa place une personne de confiance munie de son " certificat de vie "









Or donc plus besoin de commentaires !!, car s'il ne s'agit pas la d'un lépreux, comment soutenir, alors, la contagion de Lèpre ???? qui peut seule avoir servi de prétexte à la déchéance des droits civils ?????

Mes chers lecteurs, les questions restent posées à vous d'aller chercher des réponses aux trois articles sur ce sujet que j'ai concoctés pour vous




PS: la documentation provient comme d'habitude de la bibliothèque Nationale de France, votre copiste vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année M de

mercredi 19 décembre 2018

Le " Chasse Marée" et les envitaillements de Paris XIII et XIV siècles



En île de France, la consommation et le transport des produits de la mer est attesté depuis l'antiquité; durant la période médiévale ils se renforcent jusqu'à structurer un circuit d'approvisionnement de la ville de Paris. Les restes archéologiques, les mentions historiques et l'étude archéographique des chemins, vont permettre de reconstituer ce réseau d'acheminement utilisé par ceux que l'on nommaient les "ChasseMarée"








On nommait ainsi les transporteurs qui reliaient la Manche à Paris en moins de 36 heures avec des charrettes à chevaux !!!!!

Les villes sont dépendantes des "chasse marée", du fait de la distance des points d'approvisionnement, car la chair du poisson est fragile et ne peut se consommer au delà d'un délai fort court. Les sources écrites attestent dès le XIII siècle la vente du poisson de mer en Paris !!!, une ville située a 50 kms au delà de la limite théorique d'acheminement

Paris se trouve à 4,5 jours de route des plus proches ports littoraux ???, ceci à vitesse normale de routage pratiqué par des marchands. Cette distance aurait du être un frein à son approvisionnement en produits de la mer. Mais au XIV siècle des marchands de Dieppe, du Tréport, de Honfleur, même de Calais et Dunkerque, soit des ports distants de 172 à 293 kms de la capitale, fournissent le marché parisien par route, grâce aux "Chasse Marée", en 34 ou 36 heures !!!!








En imposant dès le XIII siècle un emballage normalisé et soigneux de la marchandise, par un conditionnement au port, les pouvoirs publics vont contribuer à transformer la marée en un bien jugé comestible et loyal et les normes strictes de fraîcheur imposée à la vente, vont obliger les transporteurs à raccourcir les délais de livraison

L'augmentation de la vitesse d'acheminement est utilisé comme moyen pour pallier la péremption rapide des produits de la mer. Sur des charrettes ou à pieds en guidant des chevaux et des ânes, les "chasse marée", parcourent l'espace qui les sépare de la capitale dans un délai de 34 à 36 heures en moyenne.

Ces délais sont comparables à ceux des courriers et chevaucheurs dépendants des écuries royales, du monarque et de ses conseillers, soit 150 à 170 kms par jour !!! Cette quête de la rapidité et de la fraîcheur des produits de nos "chasse marée" est largement relayée par le roi et le prévôt de Paris, éditerons une législation avantageuse pour le commerce et le transport de ces produits de la mer 









Cette législation fluidifie l'achat du poisson et des fruits de mer dans les ports, puis de leur vente en Paris, limitant les obstacles rencontrés par le "chasse marée" sur la route et va inciter les transporteurs Picards et Normands à faire de la capitale une de leur principale destination.

Il faut noter que la consommation des produits de la mer en poissons et coquillages est attestée depuis la période gauloise dans le bassin parisien, mais elle va s'intensifier sérieusement durant le moyen âge à cause des nombreux jours de carême imposés par la religion chrétienne. le territoire que formera le val d'Oise est traversé par deux principales routes des marées, les tentatives d'accaparement de ces circuits font apparaître dès le XIV siècle des acteurs locaux à travers des conflits et des procès qui ont laissés des traces écrites

Au moyen âge la consommation qui avait explosée suite aux prescriptions religieuses, imposant un grand nombre de jours d'abstinence, avait par le fait augmenté la variété des poissons consommés, Bar, Turbo, Morue, Maquereau, Merlan, Hareng, Raie, Sardine etc..!!









Le hareng était péché en grande quantité, essentiellement l'hiver, ils étaient commercialisés après avoir subi un traitement pour assurer sa conservation. Ils étaient salés et conservés en barils ou fumés après salage  devenant ainsi "saurs" permettant ainsi une longue conservation (voir article).

Le reste du poisson nommé "marée" étaient mis dans des paniers recouverts de sel et de paille et vendus frais

Les étals des marchés étaient étroitement surveillés, et le procédé qui consistait à mettre du sang frais sur les ouïes du poisson pour le faire paraître plus frais était très sévèrement puni !!


PS: il reste néanmoins que c'était une sacrée performance de parcourir ces distances sur des chemins souvent mal entretenus et par tous les temps, en 34 ou 36 heures M de V

lundi 17 décembre 2018

Une page inédite de l'histoire de Louis XI

La chronique latine de Thomas de Basin, évêque de Lisieux, embrasse en totalité les règnes de Charles VII et de Louis XI son fils. C'est l'oeuvre de l'un des hommes les plus cultivés de son temps, il joua un rôle dans beaucoup d'événements considérables et connaissait bon nombre des personnages dont il parle !!!

Pour cet article je commenterais une facette peu connue du personnage de  Louis XI, j'avais déjà effleuré le sujet dans un autre article ( de Bruges à Louis XI en passant par l'Afrique)

Ce que nous allons évoquer fait partie du livre septième (et le dernier), de l'histoire de ce Monarque, ou l'auteur a réuni divers exemples de ce qu'il considérait comme les extravagances et les bizarreries de ce roi. Mais ou l'on montre aussi Louis XI devenu vieux, déjà à demi paralysé et obligé de se servir de sa main gauche pour prêter serment. Ce n'est rien me direz vous !!!...faut t'il rappeler que la main gauche était considérée comme la main du diable, nul noble ne tenait son épée de la main gauche !, pas plus qu'il n'aurait prêté serment avec celle ci.

Ou il est fait état, que l'année même de sa mort, le vieux roi eut vent que l'on trouvait dans une île de l'océan situé au large de la côte africaine, nommée Cap Vert, de quoi guérir certaines maladies, à telles enseignes qu'un homme de la ville de Honfleur s'y était procuré un remède contre la Lèpre, dont le pauvre bougre était atteint.

Louis XI va charger, Georges le Grec, marin habile, d'armer deux navires pour se rendre sur cette île. De son vrai nom, Georges de Bissipat (il est dit qu'il était issu de la famille dirigeante de Constantinople les Paléologue), il quitte donc Honfleur avec deux navire et une grande barque à voiles à destination de l'Archipel du Cap vert.










D'après le troisième compte de l'année 1483, du receveur général des finances de Normandie, Jean Lallemant, il s'agissait, selon le dit document (texte irrécusable), d'aller " quèrir d'aucunes choses qui touchoient très fort le bien et la santé de la personne du roi en l'Isles Vert"

L'une de ces îles nommée, Saint jacques, ou, d'après les récits de voyageurs contemporains de cette époque, on soignait les lépreux en les trempant dans le sang de tortues géantes ??

Thomas Basin donne à entendre, de la façon la plus claire, que louis XI avait la lèpre, ou du moins qu'il s'en croyait atteint ( ce qui  semble logique, ce roi était hypocondriaque selon les sources de mon autre article), l'Auteur le dit expressément dans d'autres passages de sa chronique, il s'agissait en fait de tout autre chose !

Ce n'était pas la Lèpre à proprement parler, mais une maladie de peau repoussante (dermatose sénile), qui irritait beaucoup le vieux roi et dont il s'efforçait de cacher les manifestations

Nota: je précise que quand je parle de maladie de peau repoussante, cela ne veux pas dire Bheurk..j'ai envie de vomir hein !!!, mais de plaque qui repoussent en formant comme des écailles sur la peau !!, désolé mais la précision est nécessaire à la compréhension du texte !!

L'évêque Basin précise que le roi aurait emprunté de 30 000 à 40 000 Livres aux manants et habitants d'aucunes villes et cités du pays, afin de financer l'expédition africaine du Grec Bissipat. Notre chroniqueur d'évêque ajoute que le monarque serait mort avant le retour des navires de cette mission médicale, on peut se demander ce que sont devenue ces pauvres tortues ???, mais l'histoire ne nous le dit pas dommage !!!!











Ou nous apprenons également que deux ans avant sa mort, le vieux roi, avait fait publier dans tous le royaume un édit faisant défense à quiconque, de parler soit en bien, soit en mal de lui et de ses officiers. Ce n'était pas la première fois ajoute l'Auteur !!, que le roi promulguait de tels ordres et l'on sait de quelles menaces il faisait suivre couramment l'énoncé de ses moindres volontés

Le texte de cet édit ne nous est pas connu, pas plus que la teneur du fameux édit sur la chasse qui suscita tant de mécontentement parmi les seigneurs et dont la réalité ne saurait cependant être mise en doute

De telles prescriptions cadrent bien en tout cas avec ce que nous savons du caractère du roi Louis XI, qui supportait toujours fort mal (et surtout dans sa vieillesse), que l'on vienne mettre le nez, ou le reste, dans ses affaires et dans celles de l'état !!!

Quand au dernier trait décoché à Louis XI par Thomas Basin, relatif à l'obéissance passive que le monarque exigeait de tous le monde et de ses collaborateurs en particulier, ainsi que les châtiments corporels qu'il faisait entrevoir aux récalcitrants, voir même aux simples négligents !! Il n'est que de parcourir la correspondance du roi pour s'en persuader. On y rencontrait ces formules comminatoires qui choquaient si fort notre évêque qui fut en son temps un de ses plus proche conseiller

Comme historien de louis XI, Thomas Basin, se montre malveillant à l'égard de son héros, et pour cause, mais par contre il est si bien informé de ses faits et gestes, qu'il est le seul en mesure de fournir à son sujet des renseignements dont les documents d'archives permettent de vérifier l'exactitude.





PS: documentation BNF sur des textes issus de l'école des Chartes M de V

samedi 15 décembre 2018

N°265) Les Pastoureaux article 3/3

Après tous ces massacres les pastoureaux prirent le chemin de Carcassonne, ou d'ailleurs, la plupart d'entre eux ne devaient point arriver !! Le Pape se plaint des excès commis par les pastoureaux et dit leur prétention d'aller en terre sainte, mais que l'initiative ne doit point venir de gens qui ne sont capables que de désordres

Afin que ces abus cessent, le pontife ordonne aux prélats d'amener les bandes, par censures ou peines temporelles à la raison dès qu'ils le pourraient, puis ordonne aux officiers civils et militaires de les contraindre par la force à renoncer à leur fumeux projet !!

Il faut savoir que le Comtat Venaissin et le Diocèse d'Avignon étaient à cette date, comme les Diocèses de Languedoc " infestés ", sinon par des bandes venues d'Aquitaine, du moins par des gens qui leur étaient dévoués, qui attendaient leur arrivée pour grossir la horde !!

Il semble bien qu'au premier juillet le roi n'avait encore rien fait. Le pape s'en plaint par lettre, dans laquelle le monarque est taxé de négligence. Le Roi finira par ouvrir les yeux et donna des ordres pour que soit mis fin aux actes sanguinaires de ces persécuteurs. Les Sénéchaux avaient eux aussi reçu courrier du Pape et compris qu'il fallait se décider à employer la force









Les bandes armées des pastoureaux se dirigeaient vers Carcassonne et le bas Languedoc, leur but était la cité fortifiée d'Aigues Mortes ou ils avaient l'intention de s'embarquer pour l'Orient

Aimeric de Cros, Sénéchal de Carcassonne, informé de l'approche de la horde, lança "par ordre du Roi", une proclamation portant défense, sous peine de mort, aux populations d'aider les pastoureaux. Cela sera sans effet, car le peuple désirait continuer à favoriser ces ennemis des juifs

Dans le même temps le Sénéchal réunissait une armée qui vint livrer bataille de Carcassonne, le Comte Gaston II de Foix Béarn (père de Gaston III Phèbus), prit part à cet engagement et décida de l'issue. On fit la un grand massacre de pastoureaux, "chacun son tour hein !!", il y eut moult prisonniers, et on va en pendre de suite quelques uns pour faire bonne mesure.

Cependant un nombre assez conséquent avait pris la fuite, ceux ci vont reformer des bandes qui se dirigèrent en toute hâte vers Narbonne, coupez la tête de l'hydre il en poussera deux !!!!










On s'empresse de prévenir les Consuls de cette cité, afin qu'ils fassent bonne garde aux portes de la ville. Dans le même temps le Camérier du Pape prêcha la croisade contre les rebelles, les prélats finirent par gagner les populations à la cause !!! Les autorités des villes fermèrent leurs portes aux troupes vagabondes, on leur barra les routes et les défilés, puis on leur refusa vivres et logements

Si bien que ceux qui ne furent pas pendus ou mis en prison moururent de faim et de fatigue sur les chemins. Le Sénéchal continuait sa progression, partout ou il trouvait des pastoureaux il les pendait aux gibets ou les branchait aux arbres, trente ici, vingt par la, quinze plus loin !!

De sorte qu'il ne resta plus en automne dans le midi, que quelques groupes épars de ces bandits découragés, rodant morts de faim et de fatigue. Selon le célèbre Bernard Gui, les pastoureaux furent tous dispersés ou détruits

Mais de fait, l'émeute des pastoureaux était jugulée, la horde n'existait plus et le massacre des Juifs était terminé !! 









Il en resta cependant quelques uns dans le midi de la France, car en novembre 1322, on fait état d'une plainte du roi Charles IV le Bel (dernier Capétien en ligne directe), au sujet de pastoureaux, qui aidés par des habitants courent en armes, enseignes déployées au vent, dans la sénéchaussée de Toulouse et de Carcassonne !!

Enfin on lit dans les Chroniques d'Avranches, qu'en l'an 1333, une troupe de pastoureaux va faire un pèlerinage au Mont Saint Michel

Le mot de la fin reste à l'Inquisiteur Bernard Gui, je cite: Ils avaient poussés en un moment comme courges, mais il suffit d'un rayon de soleil pour en sécher les racines et les faire s'évanouir comme fumée !!


PS: documentation BNF sur le livre de J M Vidal, l'émeute des Pastoureaux M de V


vendredi 14 décembre 2018

Les Pastoureaux article 2/3

Après Paris, chemin faisant, ils vont se livrer aux pires désordres, volant, pillant, dévalisant églises et monastères, mais afin de conserver l'amitié du peuple, qui aurait pu se lasser de les nourrir, ou de se voir dépouillés, ils se tournèrent vers les Juifs, ennemis légendaires des chrétiens à cette époque!!

Ils ne laissaient à ces malheureux que deux alternatives, le baptême ou la mort !! Lorsqu'ils arrivaient dans une ville possédant un quartier Juif, ils s'y ruaient, investissant les maisons, ceux qui refusaient le baptême étaient égorgés sur le champ, on conduisaient les autres dans l'élise la plus proche ou avait lieu sur l'instant une cérémonie baptismale

Les biens des juifs massacrés passaient au profit de la bande, mais rassurez vous hein !!!, la maison des juifs converti n'échappaient pas au pillage non plus. En agissant ainsi ils étaient assurés d'obtenir la faveur du populaire, car la foule ne perdait pas une occasion de molester les juifs







L'argument qu'ils invoquaient pour obtenir le secours du peuple c'est qu'en somme "leur but était saint", ils vengeaient le christ, son tombeau, ses enfants des injures que leur faisaient les Sarrazins et les Juifs !!!....théorie rudimentaire mais efficace sur la foule qui a toujours aimer voir couler le sang des autres

Quand aux seigneurs, officiers royaux, magistrats des villes et des châteaux, ils étaient en proie à la terreur et ne pouvaient pas sévir contre cette horde de furieux enrégimentés. Par exemple, les Capitouls de Toulouse seront désarmés face à l'agitation populaire que soulèvera l'arrivée des pastoureaux, a Montgiscard le bailli de l'endroit fera cause commune avec la bande, a Albi et Lezat les Consuls garderont la même attitude !!

Pour le Clergé sa conduite ne fut pas différente, les ecclésiastiques faisaient comme les autres, ils ne pouvaient que se taire et se laisser dépouiller de leurs biens. Il faut attribuer cette attitude des pouvoirs ecclésiastique et civil à la profonde terreur inspirée par la horde, lorsqu'ils le pouvaient sans se mettre en danger Baillis, Viguiers, Seigneurs, Clercs et prélats prenaient la défense des Juifs







Quand ils avaient quitté Paris, traversant d'abord le Berry ils passeront à Limoges, ou ils assiégeront des Juifs réfugiés dans la tour de Saintes. Traqués par les Pastoureaux, ils y avaient trouvé refuge, la tour sans autre forme de procès fut incendiée, puis ils ravageront le Périgord et le Bordelais et pénétrèrent dans le Languedoc.

Ils possédaient désormais armes et étendards. Bernard Gui dira " ils massacrèrent les juifs en Gascogne dans la province de Toulouse, Albi et Cahors, rien ne semblait pouvoir les stopper!!!

Ce n'est qu'au mois de mai 1320 que le Pape Jean XXII (Jacques Duez), avait réagi, effrayé par les bruits qui couraient de la possible venue des Pastoureaux en Avignon, il va promulguer des censures contre ceux qui prendraient la croix sans autorisation papale, la belle affaire on n'arrête pas une horde avec de l'encre et les pastoureaux n'en pisseront pas moins roide !!!! (dixit votre copiste de nain)








C'est a peu près à cette date que la horde commençait à ravager l'Agenais, on présume qu'ils durent se séparer en deux corps distincts, l'un prenant par la vallée du Gers et l'autre suivra le cours de la Garonne, car il n'est pas possible d'expliquer autrement la présence de pastoureaux en même temps, sur divers sites aussi éloignés les uns des autres ????

Le premier descendit en Gascogne assiégeant les villes de Lectoure et d'Auvillar, passèrent devant Auch, saccagèrent la Juiverie de Pavie. Ils arriveront en Juin à Grenade ou la population fraternisa avec cette bande, les juifs y furent traqués et massacrés, et c'est après ce méfait qu'ils se répandront dans le pays Toulousain !!

L'autre partie de la Horde que nous avions laissés en Agenais, avançant en suivant la Garonne vint assiéger Castelsarrazin ou elle massacra 152 Juifs de la ville et des environs immédiats !!!!!







PS: il y aura un troisième et dernier article sur les pastoureaux M de V

jeudi 13 décembre 2018

Croisade des pastoureaux 1320 article 1/3

De nombreuses sources du XIII et du XIV siècles font état du mouvement des Pastoureaux, en France et dans les autres pays de la chrétienté, animé par des Laïcs ce courant mystique va rapidement dégénérer et les groupes de Pastoureaux vont acquérir la réputation de n'être que des bandes de Maraudeurs. Ils se livreront au vol, au pillage, au brigandage, au viol, à l'extorsion d'argent et au trafic d'esclaves avec l'Afrique.

En Albion, leur présence provoqua de violentes échauffourées. A la fin pourchassés et dispersés, leurs chefs pendus, le mouvement va s'éteindre. En France, commencera en 1320, une émeute, sorte de vent de démence, semblable à une tempête soufflant sur nos campagnes. On vit tout à coup errer des bandes de gens des deux sexes, qui se donnaient pour mission d'organiser une croisade pour la délivrance des lieux saints. Ces groupes formèrent une troupe, qui allant grossissante se transforma en horde, composée de paysans, bouviers et manoeuvriers, qui abandonnaient familles et amis, laissant derrière eux une vie misérable, pour partir à l'aventure !









Ils étaient jeunes (toutes proportions gardées), les plus âgés ayant 20 ans et les plus jeunes 14 ans. Ils quittaient la maison familiale contre la volonté, ou à l'insu de leurs parents. Misérablement habillés avec un simple sarreau de lin, marchant pieds nus et ne possédant ni argent ni vivres. Il est bien évident que cette idée de croisade n'avait pas germée toute seule dans les têtes de ces pauvres gens et qu'ils ne sont pas partis sans un mot d'ordre au préalable !! Ce soulèvement à été longuement préparé, par des prêcheurs, sans scrupules et de mauvaise foi, qui séduisant l'imagination naïve des jeunes réussirent à former un noyau solide de fanatiques et d'illuminés.

Des chroniqueurs contemporains de ce mouvement signalent l'existence de meneurs de cette sorte, prêtres chassés de l'église ou moines apostat. Ces tristes sires ne dirigeaient pas les bandes, qui de l'avis des historiens ne reconnaissaient ni chef ni maître, ils étaient comme dit la chronique de Saint Denis " de vulgaires trufeurs ", qui jouaient de la crédulité des simples, exploitant un mysticisme mal éclairé. Mais ne soyons pas trop moralisateurs, les exemples fourmillent dans notre siècle !!!!!








Ces bandes vont s'assembler pour former une troupe qui atteindra, grâce à la renommée, le chiffre conséquent de 10 000 individus !!!!, il en arrivait de partout, à mesure qu'ils avançaient ils entraînaient des foules entières. Ils avançaient en silence, dans un ordre apparent, sur deux files, comme en procession avec croix en tête, visitant églises et sanctuaires et demandant l'aumône pour obtenir secours à la réalisation de leur grand dessin Ils semblaient au vu du peuple n'avoir que des idées pieuses et de saintes pensées, les populations qu'ils rencontraient chemin faisant, donnaient volontiers vivres et subsides. Ils bénéficieront longtemps de la faveur de la foule, qui ne voyant pas le danger imminent, ne considérait que la noblesse de leur entreprise

Mais les pieuses résolutions ne vont pas durer, voyant que leur  troupe grossissait sans cesse, les Pastoureaux sentirent leur force et vont oser des actions plus téméraires !! Ils avaient immanquablement reçus dans leurs rangs, brigands, voleurs, mendiants professionnels et désoeuvrés de toute sorte, qui vont pervertir un à un les anneaux de ce serpent humain se trainant sur les chemins !! Les habituant au pillage et au crime

Dès lors ce long cortège de misère, au hasard des chemins, commença à imposer sa volonté par la force. C'est cette horde de miséreux indisciplinés qui se présente devant Paris, avec le dessin de demander au Roi Philippe V le Long de se mettre à la tête de cette croisade des manants. Philippe ne va pas s'opposer à leur projet.." normal ils sont 10 000 devant Paris !!! ". Philippe est un politique, et dans ses propos il semble favoriser les Pastoureaux








Ceux ci fort de cette sorte de protection vont se montrer arrogants et Paris et un terrain favorable au pillage. Ils eurent aussitôt maille à partir avec le Guet, qui va en emprisonner plusieurs, les autres furieux pénètrent en ville et libèrent leurs congénères des cachots, puis assiègent le Châtelet, lieu de résidence et de pouvoir du Prévôt de Paris, Gilles Hakin, ils vont le jeter d'en haut d'un escalier et le laisser pour mort !!!

Le guet n'interviendra pas, ils sont débordés, car même en réunissant le guet Bourgeois et le guet royal comment pouvaient ils stopper 10 000 furieux ???..de plus n'oublions pas que le roi n'a pas de troupes régulières, et pour réunir le Ban il faut du temps !!!! Satisfait d'en avoir imposé à Paris et au roi, persuadés qu'ils ont à leur actif une grande victoire, le moral est au beau fixe et ils prennent la route vers le sud de la France, persuadés que rien ne résisterait plus devant eux

PS: il me faudra je pense deux autres articles pour vous retracer la route de ce sanglant équipage M de V

mercredi 12 décembre 2018

Philippe Comte de Poitiers et le Conclave de Lyon en 1316



Nous sommes en 1315, le Roi de fer n'est plus, de même que Guillaume de Nogaret, ainsi que le pape Clément V. La France a pour Monarque louis X le hutin (26 ans), premier né de Philippe IV le Bel. Au moment des faits que je vais vous conter, le Hutin n'a pas de descendance mâle, la Reine, Clémence de Hongrie est enceinte. Ses frères, Philippe le long Comte de Poitiers (22 ans) et Charles le Bel Comte de la marche (21 ans), sont également sans progéniture !!! La race directe de Saint Louis est menacée.








Cependant une préoccupation plus immédiate que sa descendance souciait ce roi, il n'y avait plus de Pape en Avignon et la vacance du Saint Siège perdurait depuis avril 1314, date à laquelle est mort Clément V !!...Toutes les tentatives en vue de la réunion d'un conclave permettant l'élection  d'un pape, que ce soit dans une ville ou dans une autre avaient échouées !! Après avoir pris l'avis de son conseil, et en particulier celui de son benêt d'oncle Charles de Valois, il décide d'envoyer une autre ambassade vers les Cardinaux. A la tête de cette délégation il place son frère Philippe le Long Comte se Poitiers. Pour plus de commodité le mandat de ces envoyés royaux ne comportait aucune désignation quand au lieu de réunion d'un conclave.

On va faire partir de Paris un élément précurseur vers Avignon, afin de préparer l'arrivée du Comte. Pierre de Barrière, va exposer au sacré collège de la cité des papes, qu'ils vont avoir à se soumettre aux injonctions du Comte de Poitiers. Ceux ci sont favorables à la France, ils vont donc négocier une entente et un lieu de réunion avec les cardinaux dissidents.

Philippe le long, une fois arrivé sur place, se rend à Valence, Avignon, Orange et en tous lieux ou se logent nos cardinaux réfractaires, vaste programme !!!que de discuter avec les cardinaux du parti Italien, ceux du parti français, sans oublier le parti Gascon !!!!









Car il faut savoir que la France n'est pas seule à pousser à l roue pour sortir de l'ornière !! L'empereur de l'Empire germanique ne cachait pas son mécontentement, et les cités républiques d'Italies faisaient échos, même Dante adressait d'amers reproches aux cardinaux.

Or donc le branle fut donné par le parti Français, qui se plie volontiers aux exigences du Comte de Poitiers. Mais d'un autre côté le parti Gascon entrevoyant l'échec de leur politique obstructionniste, intriguaient et manoeuvraient contre le parti Italien afin de les discréditer à la cour de France

Afin de décider tous ces cardinaux à se rendre à Lyon pour réunir enfin un conclave, Philippe s'était engagé sur la foi du serment à leur garantir " que nulle violence ne serait exercée contre eux, et que nul ne pourrait les contraindre à entrer en clôture pour procéder à une élection ", on tournait en rond !!!

Rassurés par cette promesse, mettant leur confiance en Philippe le Long, ils se retrouvent tous à Lyon, c'était mal connaître le Comte de Poitiers, digne fils de son père !! On sait que jusqu'à juin 1316 plusieurs conciliabules se tinrent au Couvent des frères prêcheurs, sans aboutir à un résultat, malgré les exhortations de Philippe, les cardinaux ne se hâtaient pas pour remédier à la vacance du Saint Siège










Sur ces entrefaites, une grave nouvelle parvint à Lyon, le Roi Louis X était mort !! Il laissait la Reine Clémence enceinte, mais l'enfant à venir serait il une fille ou un garçon ??? Philippe envisage l'éventualité de devenir Régent du royaume si c'est un mâle, ou tout bonnement de devenir Roi si c'est une fille !!

Mais il se trouve dans la plus grand perplexité, car si d'un côté il lui déplaisait de quitter Lyon et de s'éloigner du conclave sans qu'un pape soit élu, de l'autre le gouvernement du royaume réclamait sa présence à Paris, ou ses intérêts l'appelaient au plus tôt !!

Dans ces conjectures il assemble son conseil afin de délibérer de l'importante question de savoir s'il était tenu ou pas, d'observer le serment qu'il avait prêté aux cardinaux, de ne pas les enfermer en conclave contre leur gré !!

Les hésitations du comte, si tant est qu'il en eut, furent rapidement tranchées. Le choix semblait fort simple, entre l'élection d'un Pape et la couronne de France, mais voila, Philippe Comte de Poitiers voulait les deux !!

On fait d'abord fermer les portes de la cité afin que la nouvelle du décès du roi ne parvienne à toutes les oreilles et notamment dans celles des ecclésiastiques du conclave. Ensuite on envisage de forcer la main de nos cardinaux qui lanternaient la chrétienté








Il fut décidé que les troupes qui gardaient la ville et le conclave seraient désormais commandées par le Comte de Forez, un homme fort craint et respecté, afin que lui est ses hommes d'armes veillent à la plus stricte observance de la constitution de Grégoire X qui régissait ce conclave.

Sans plus attendre Philippe le Long convoque les cardinaux dans la salle ou ils avaient l'habitude de se réunirent dans le couvent des Jacobins, puis une fois tous rassemblés, nos cardinaux voient paraître, en armes, les gens de la suite du Comte de Poitiers et en bien plus grand nombre que les jours précédents!!!!

Philippe leur notifia par l'entremise du Comte de Forez, commandant la place, qu'ils voulussent bien s'adonner uniquement à l'élection d'un Pape, car, il leur fut signifié sans ménagement, qu'ils ne sortiraient jamais de cette salle sans avoir élu un souverain pontife, la cage était dorée, mais elle était fermée !!!!

Pendant ce temps brûlant les relais, Philippe le Long, en route vers son destin se rendait à Paris. Ce ne sera que le 7 août 1316, que l'église aura un nouveau pasteur en la personne de Jacques Duez, qui prendra le nom de Jean XXII.





PS: il est un fait que depuis que le roi de fer avait fait tomber un pape (Boniface VIII), puis fait élire ensuite un autre qui convenait à sa politique ( Clément V), on prenait beaucoup moins de gants avec les ecclésiastiques !!!!..M de V

dimanche 9 décembre 2018

Les Rapondi de Lucques au XIII, XIV et XV siècles


Parmi les habitants de la cité de Lucques (lucca en Italien, Luca en Latin), dans cette ville qui formait avec Florence les deux plus importantes cités du parti Guelfes en Toscane au XIII siècle. Aucun n'est comparable à Dine Raponde ou Rapondi, selon que vous vous trouvez d'un côté ou de l'autre des Alpes.

Marchand de draps et de soieries, trafiquant de tapisseries de luxe, de joyaux et de pierreries, fournisseur d'armures, d'épées et d'armes d'hast en tout genre. Homme de confiance de grands seigneurs, dont il gère la fortune comme un intendant éclairé.

Banquier et prêteur des princes et des riches communautés urbaines, financier habile et diplomate avisé. De tous les Lucquois qui fréquentèrent la France aux XIV et XV siècles, aucun n'a laissé un renom comparable à cet homme. Conseiller et véritable ministre des finances de Philippe le Hardi, puis de son fils Jean sans Peur, Ducs de bourgogne et Comtes de Flandres

Chef d'une société commerciale, qui possédait des comptoirs à Bruges, Anvers, Paris, Avignon, Venise, qui savait utiliser pour ses entreprises l'activité et l'intelligence des membres de sa famille, frères et neveux. Dine Raponde apparaît comme une force financière qui s'impose, sa fortune est célèbre, quand à son hôtel parisien il demeure comme la plus fastueuse habitation d'un de plus grands hommes d'affaires de la fin du XIV siècle








Les Raponde étaient l'une des plus anciennes familles lucquoises, étant donné leur ancienneté il est naturel de les retrouver dans la liste des membres du conseil des anciens de cette cité, ils furent nombreux au XIV siècle à être revêtus des fonctions honorifiques de Gonfaloniers de la justice

Cette fratrie était considérée comme la seconde fortune de la cité de Lucques, avec pas moins 100 000 Florins d'or en coffre !! Ils paraissent avoir fréquenté la France et la Flandre très tôt, il semble même, que leurs premières opérations commerciales datent de la fin du XIII siècle. En 1298, Henri Raponde faisait payer 213 livres Tournois, au Comte de Hainaut, pour 13 draps mêlés d'or, achetés pour les demoiselles et clercs de sa maison

C'est en 1370 que Dine Raponde prend la direction de cette société familiale, pour lui donner une extension considérable. Les membres de la famille, frères et neveux servaient de courriers, d'auxiliaires, d'agents de change, de responsable de comptoir, tous vivaient dans cette sphère commerciale que dirigeait Dine, et dans les divers centres ou pouvait se développer leur très lucratif métier

Il semble que jusqu'au deuxième tiers du XIV siècle, Bruges et Anvers furent leurs principaux comptoirs commerciaux, en fait jusqu'à l'arrivée de Dine aux commandes !! 








On voit sous son impulsion, leur activité se manifester dans divers autres centres. Un André Raponde eût bientôt une habitation en Paris, il y vendait des Satanins brodés d'or et d'argent, ainsi que des joyaux.

Il semble que André abandonne  assez rapidement ce comptoir parisien au profit d'un membre de la famille, pour se fixer en Avignon à la cour du Pape Clément VII, en 1384 on le qualifie de changeur dans cette cité, on trouve trace d'une vente au Pape, d'un fermail enrichi de pierreries, pour une somme de 535 florins d'or

Quatorze ans plus tard il y exerçait encore sa profession, vendant à Benoît XIII, des pièces de drap de Damas, des soieries et autres fournitures pour les fêtes de l'avent et du carême.

Ce qui n'empêche pas André d'être un fournisseur du Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, ce qui est logique quand on connait les rapports existants entre, son frère Dine et le Duc, auquel il vendra divers joyaux

Un des frères, nommé Philippe, semble rejoindre André en Avignon, ce dernier est désigné en Janvier 1389, comme marchand de Lucques, installé en la cité des Papes pour la vente d'étoffes








On ignore la date exacte de la naissance de Dine Raponde, les historiens avancent l'hypothèse de sa venue au monde entre 1335 et 1340 ??? Il reste célèbre par la variété et la multiplicité de ses entreprises, tant en Flandre, qu'en France, auprès de Philippe le Hardi, puis de son fils Jean sans Peur

Mais aussi par l'influence qu'il semble avoir auprès du Roi Charles VI le Fou, tant par les événements politiques auxquels il fut mêlé, que par son immense fortune et le luxe de son Hôtel parisien.

Dine Raponde ou Rapondi, était le type le plus accompli d'un grand brasseur d'affaires et un financier international de la toute fin du XIV siècle et du XV siècle




PS: Documentation BNF sur des textes de l'école des Chartes M de V