Le but de notre Auteur, Françis Molard, est de prouver que le lépreux au moyen âge, même aux plus mauvais jours de leur histoire, n'ont jamais été frappés de mort civile, c'est a dire de l'incapacité de jouir et de disposer de leurs biens et de bénéficier des droits accordés à un vivant !!! Si l'auteur ne parle que de l'Yonne et des Diocèses de Sens et Auxerre, il est infiniment présumable que les conclusions qu'il présente peuvent, sans trop d'erreurs être étendues au reste des régions de France. La mort civile, imitée de l'excommunication majeure aux siècles les plus sombres du moyen âge était terrible, et les conséquences en étaient fort dommageables. La personne frappée de mort civile perd la propriété de tous ses biens, sa succession est ouverte au profit de ses héritiers, de la même manière que s'il était mort physiquement !!, il ne peut être admis à porter témoignage en justice, ou contracté un bien, s'il est marié avant sa mort civile celui ci est dissous. Son ex conjoint et les ayant droits exercent les actions auxquels donneraient lieu sa mort naturelle.
En était il de même pour les lépreux au moyen âge ??? Au premier abord il semble que oui, car les littérateurs et les romanciers s'en sont donnés à coeur joie pour exploiter la situation déjà terrifiante dans laquelle se trouvaient nos pauvres bougres de lépreux !!
Heureusement pour ces malheureux, la réalité a été bien loin du roman, et si l'on prenait contre eux des précautions pour cause de salubrité, nos lépreux n'en étaient pas moins aussi vivants au point de vue civil que les personnes saines (voir les articles, Jean Bodel poète lépreux ..et la lèpre et les léproseries)
Mais il y faut quelques preuves écrites d'époque !!
Pour le prouver l'auteur fait le choix de quelques textes authentiques, allant du XI siècle jusqu'au début du XVI siècle. En premier lieu, un document tiré du fond de la léproserie de Ponfraut, fin XI siècle, par lequel une certaine Agnés, femme de Thiesselin Chausselâche, donne aux lépreux deux arpents de pré. Des témoins assistent à l'établissement de l'acte, et parmi ceux qui représentent les donataires, on trouve Bertrand de la Porte, "infirmus", c'est à dire lépreux !!! Or donc les lépreux pouvaient être témoins.
Autre document, XII siècle, une bulle du Pape Urbain III (1186), qui s'adresse " à ses fils lépreux ", qui mènent vie commune à Ponfraut, pour les exempter de la Dîme sur les terres défrichées de leurs propres mains, ainsi que de celle sur les troupeaux qu'ils ont eux même élevés !! On remarque donc que les lépreux se livraient à des actions pastorales et agricoles et très certainement aux opérations de commerce qui en découlent. Il est évident que tout cela est incompatible avec la mort civile !! pour le plaisir de la lecture nous allons donc en citer deux autres exemples
Document tiré du fond de l'Archevêché de Sens, il contient la comparution devant l'official, d'Etienne de Bessy, lépreux, qui donne quatre arpents de terre à sa cousine, Clémence, pour l'aider à se marier. Ceci se passait au XIII siècle (1230), à une époque ou il y avait deux mille léproserie dans le royaume de France !!! Et l'on prétend que les lépreux n'avaient pas le droit de contracter ????
Dernier exemple, provenant des archives de l'Yonne, ou un certain Nicolas, Doyen du Gâtinais, fait savoir qu'il a vu comparaître par devant lui, un certain Alexandre " dit Archupias", lequel est entretenu à la léproserie de Pontfraut à la demande du Comte d'Artois. Le fait se passe en 1248, ou notre homme renonce à toute réclamation de la dite léproserie, moyennant une pension annuelle de 20 Sous Parisis
Il est précisé que s'il ne peut se déplacer lors des Foires de Ponfraut, afin de percevoir sa rente annuelle, il enverra à sa place une personne de confiance munie de son " certificat de vie "
Or donc plus besoin de commentaires !!, car s'il ne s'agit pas la d'un lépreux, comment soutenir, alors, la contagion de Lèpre ???? qui peut seule avoir servi de prétexte à la déchéance des droits civils ?????
Mes chers lecteurs, les questions restent posées à vous d'aller chercher des réponses aux trois articles sur ce sujet que j'ai concoctés pour vous
PS: la documentation provient comme d'habitude de la bibliothèque Nationale de France, votre copiste vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année M de V
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