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dimanche 7 mai 2017

N°40) Le Jeu d' Eschiez dans le Moyen âge

En 1010, Ermangol 1er Comte d'Urgel, lègue des Echecs à l'église de Saint Gilles. Selon Jean de Joinville (dans ses mémoires), en 1254, le vieux de la montagne fait présent d'un jeu au roi Saint Louis lorsque ce dernier était à Saint Jean D'Acre, on ignore si le roi apprécia le cadeau du chef des assassins et s'il le rapporta en France.

L'origine du jeu se perd dans la nuit des temps, et fait l'objet de nombreuses hypothèses relevant souvent de mythes et de légendes. Dans sa forme primitive " il serait né " en Asie, puis adopté au Moyen Orient ou il va connaître un immense développement.




Même si l'église interdit ce jeu au Clergé, les échecs restent l'une des distractions favorites des aristocrates de tous poils, Clercs ou Laïcs. Il sera également longtemps au programme de l'éducation du futur chevalier.

A partir du XIV siècle selon J M Mehl, ce jeu gagne les bourgeoisies urbaines et des recueils de problèmes d'échecs, se trouvent en bonne place dans les bibliothèques des amateurs les plus fortunés. A cette époque on joue autant aux échecs, qu'aux cartes ou aux dès, et beaucoup y laissèrent leur chemise.



Car on jouait de l'argent, citons un exemple: Charles d'Orléans engageait des sommes allant de 20 à 30 sous Tournois, ce qui reste modeste pour un seigneur de son rang, il n'en va pas de même pour son père Louis d'Orléans, qui en 1392 jouant contre le maréchal Boucicaut (Jean le Mingre), perdit des sommes astronomiques en dehors de toute prudence. Il faut savoir qu'il perdit tant !! qu'il fut obligé de demander un arrangement.

Il sera tenu quitte de sa dette pour la somme Pharaonique de " 2000 francs or " qu'il dut payer par mensualités de 200 francs.

La librairie de son fils, Charles comportait un manuscrit faisant état de sa passion pour ce jeu, au début de l'ouvrage, ce trouve une grande miniature, représentant à l'étage supérieur, une bataille et en bas un seigneur jouant avec une dame, car ce jeu représentait aussi bien l'art de la guerre que le jeu de l'amour.


Le roi Charles V dans son ordonnance de 1369 contre les jeux de hasard et d'argent ne mentionne pas les échecs , à tel point que les prisonniers enfermés  au Chatelet pour de petits délits, n'ont pas le droit de jouer aux dés mais peuvent pratiquer les échecs, je vous accorde, que nous ne parlons pas du premier venu !



Le nom des pièces diffèrent un peu par rapport à notre époque, le roi reste le roi, la Fièrge pour la reine, deux Rocs pour les tours, deux Aufins pour les fous, deux Chevaliers pour les cavaliers et ces pièces sont précédées sur l'échiquier par des Paonnets ou Péon pour les pions.



Il faut noter que sur certaine miniatures on voit plusieurs joueurs autour d'une même partie d'échecs, avec en plus l'intervention d'un cornet et de plusieurs dés? Ce qui laisserait penser qu'à une certaine période du Moyen âge, le hasard avait sa place dans une partie d'échecs à plusieurs intervenants

Ce qui n'était plus le cas au XIV siècle ou les parties se jouaient à deux et sans les dés.

Ce qui sans l'excuser, nous fait comprendre comment Oudart de Montigny se fait piéger si facilement et en meurt, le gouverneur d'Evreux prend un furieux coup de hache pour avoir voulu regarder un fort beau jeu d'échecs.






PS: Le Brasseur raconte la fin dramatique de Oudart de Montigny, Bailli d'Evreux en 1342, nommé par le roi Jean II depuis que ce dernier avait repris la ville au Roi de Navarre qu'il avait mis en prison. Ce qui ne lui porte pas chance, puisque à quelques temps de la il sera lui même prisonnier de l'Anglois après Poitiers.


Au milieu des troubles qui regnoient alors ! Evreux fut repris de façon singulière par Guillaume de Gauville.

Oudart de Montigny sortait du Château de la ville, afin de prendre nouvelles auprès des gens de la ville et glaner des informations sur son roi prisonnier en Albion, " n'oublions pas que le bouche à oreille était à cette époque le seul moyen de se tenir au courant des événements ". Il va prendre langue avec Guillaume de Gauville, qui lui aussi avait dessin de le rencontrer mais pour une tout autre raison!! et qui se trouvait la comme par hasard.

Dissimulé sous son manteau, il portait une courte hache de combat, ce fin mâtois va l'entretenir d'un bruit qui court, que le roi de Danemark allait entreprendre de délivrer le roi de France, puis ajoute l'air de rien qu'il vient de recevoir par courrier, d'un ami joueur, une lettre et un fort beau jeu d'Echecs!! Oudart en véritable passionné, lui qui lisait tout recueil traitant du sujet,se laisse prendre au piège. Il prie Guillaume de lui montrer cette merveille, bien sur Le Guillaume accède à sa demande! et ordonne à son laquais d'aller chercher le jeu.





En fait le laquais va prévenir les hommes de guillaume que le plan fonctionne, pendant ce temps Oudart l'invite au château le temps que le serviteur revienne.

Après avoir passé la première porte, tout en devisant comme de vieux amis, ils se dirigent vers la deuxième porte et le guichet.

C'est à ce moment que Guillaume de Gauville se décide à frapper, Oudart est obligé de se pencher pour ouvrir cette porte à guichet, Guillaume en profite pour lui porter un furieux coup de hache, qui lui fend la tête jusqu'aux dents!!!

Le laissant mort sur place il fait entrer ses partisans à l'intérieur du château et se rend maître de la place, c'est comme cela que le roi de Navarre toujours en prison récupère sa ville.

Comme quoi la passion même d'un jeu, paraissant anodin, peut mener à la mort !!