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mercredi 13 février 2019

Les Milices Bourgeoises

La vraie et unique cause de la révolution communale au XII siècle a été le besoin de défense des citadins, contre l'oppression des seigneurs féodaux (voir article la révolution communale). Ce besoin s'est fait sentir dans toutes les villes ou presque, les bourgeois ont pris les armes par nécessité, pour conquérir ce premier élément politique, la sécurité

Ceci ne s'applique pas aux villes du midi de la France, car le régime municipal Romain y existait encore dans toute sa force, et les cités méridionales étaient parvenues à préserver leurs vieilles constitutions. Comme elles étaient fortes, elles ne furent point opprimées par les seigneurs et sans recourir aux armes elles se firent donner par les féodaux des Chartes et des privilèges. Les villes vont donc essayer de se procurer la paix et la sécurité, les habitants eurent recours à l'association pour se défendre contre ceux dont ils redoutaient les atteintes. C'est à dire les grands ecclésiastiques, comme les Evêques, ou les Abbés mitrés des monastères, détenteurs de droits féodaux et les Seigneurs, âpres aux gains tous autant qu'ils sont

On creusa donc autour des cités des fossés profonds et l'on érigea de puissantes murailles, les citadins s'armèrent moins pour l'attaque que pour la défense, mais vont former des milices qui n'étaient cependant pas uniquement destinée à défendre les murailles ou assurer le Guet, elles pouvaient au besoin se mettre en campagne pour protéger la ville et sa banlieue immédiate (voir article la cinquantaine)









Les hommes qui faisaient partie de ces milices étaient obligés de servir en armes et tous sans exception accouraient sur la place de la cité à la première convocation des magistrats de la ville, dès le XII siècle nous voyons dans toutes les cités des bourgeois armés et des milices organisées

En 1122 (XII siècle), lorsque la lutte s'engage entre l'évêque de Laon et les habitants de la ville, on voit les bourgeois attaquer le palais épiscopal avec épées, haches à deux tranchants, arcs, masses d'armes et piques ou lances

On lit par exemple dans un ancien document de Valenciennes, je cite: Que si l'on entend sonner en même temps le couvre feu et la cloche du Ban que tous les miliciens doivent courir aux armes et que celui qui ne se hâtera point à cette convocation sur la place du corps de la ville, payera une amende de cinq sous.

Cette directive municipale exceptait seulement les hommes, qui au moment de la convocation, tiraient le pain du four, ceux qui brassaient la bière et bien sur ceux qui étaient malades. Encore faillait il dans ces trois cas fournir deux témoins fiables pour certifier leurs dires

Nous sommes loin des idées reçues, de bourgeois désorganisés, n'ayant aucune connaissance de la discipline et du maniement des armes









Les milices n'étaient pas composées d'hommes mal armés, mal équipés, peu versés dans le maniement des armes et indisciplinés. Dans la plupart des villes les bourgeois de la milice, rassemblés pour défendre les intérêts communs étaient exercés à l'art du combat, en temps de paix nos bourgeois prenaient leurs armes et allaient au champ avec leurs congénères pour se livrer aux exercices militaires

Nos miliciens, convoqués pour défendre la ville, ou pour accompagner le Suzerain à la guerre, ne se rassemblaient pas en désordre et les préparatifs se faisaient avec le sérieux d'une discipline militaire.

Si départ, il y avait, hors les murs de la cité, les magistrats dressaient deux listes. la première contenait le nom de ceux partant en campagne, et sur l'autre la liste de ceux qui restaient pour assurer la garde et le Guet.

Ce n'était qu'après lecture publique de ces deux listes que les hommes de l'expédition franchissaient, au son des cloches, les portes de la ville. le déplacement à l'extérieur se faisait en groupes constitués et chaque groupe derrière sa bannière. Que ce soit le boulanger, le savetier, le boucher, le tavernier ou le tailleur, tout le monde suivait l'ordre de marche. la encore des amendes pouvaient être distribuées si la discipline n'était pas respectée








Les milices des villes des XII et XIII siècles se composaient exclusivement de fantassins, seuls les seigneurs possesseurs de fiefs pouvaient combattre à cheval, cependant comme nous l'avons vu plus haut lors de l'attaque du palais épiscopal, le bourgeois utilisait toutes les armes !!, épées, haches, masses, arcs, lances, arbalètes

Les habitants des cités formant la milice se mettaient en campagne dans trois circonstances bien précises. lorsqu'ils combattaient les propres ennemis de la ville que ce soit le Clergé, la noblesse ou une bande armée quelconque de ce côté la les exemples ne manquent pas








Deuxième circonstance, lorsqu'ils étaient requis aux termes du contrat féodal pour suivre leur suzerain à la guerre.

Troisième cas, lorsqu'il s'agissait pour la cité de se venger sur un individu ou un groupe d'individus, étranger à la ville, et habitant hors de son territoire, d'un attentat ou de voies de faits commis sur un bourgeois de la cité !!

Dans ce cas ou l'on ramenait le ou les coupables pour êtres jugés, mais si on ne trouvait personne on rasait et brûlait  l'endroit ou ils logeaient !!!! Expéditif et en général efficace









Les rois des XIII et XIV siècles, à mesure que grandissaient leurs territoires, encourageaient les efforts des habitants et des magistrats des municipalités.

Charles V le Sage, lors de la guerre de cent ans, pour contrer les raids des Anglais, favorisa grandement les municipalités afin qu'elles puissent clore et fortifier leurs villes pour en faire des îlots de défense (voir article les pots de vins)

PS: documentation BNF ...M de V