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mardi 17 avril 2018

N°145) Curiosités du Bestiaire Judiciaire Médiéval

Au moyen âge on soumettait à l'action de justice tous les faits condamnables, qu'ils soient perpétrés par des humains ou des animaux. L'histoire de la jurisprudence nous offre de cette époque un choix croustillant et une variété de procès dans lesquels figurent Taureaux, Vaches, chevaux, Porcs et Truies, mais aussi Coqs, Rats, Mulots, limaces et fourmis, en passant par les vers, mouches et sangsues.

Pour certaines calamités cela relevait d'un tribunal ecclésiastique qui au final fulminait une excommunication, comme pour une invasion de sauterelles par exemple, mais nous nous attarderons sur le séculier au sein du monde médiéval!!....et encore sur un seul animal car les textes sont légion !!!








Si l'animal auteur du délit, ce criminel notoire, tel que le porc et traduit devant un tribunal criminel ordinaire, il y sera assigné et représenté personnellement !! Tels étaient en matière de procès les principes admis par les jurisconsultes du moyen âge.

Les porcs et les truies dans cette longue période de notre histoire, couraient en liberté dans les rues de nos cités, villes, bourgs et villages de nos verdoyantes contrées !!

Il était fréquent, ne vous en déplaise, qu'ils dévorent ou mutilent de ci de la, des enfants !! Alors on procédait directement par voie judiciaire criminelle contre le rose et gras animal, voici la marche que suivait la procédure judiciaire







On incarcérait le " délinquant ", qui pour notre petit article sera notre gras goret, dans la prison du lieu de l'instruction du procès, le meurtrier ainsi enfermé, la machine judiciaire était en marche !!

Le procureur, c'est à dire l'officier qui exerçait les fonctions du ministère public, auprès de la justice seigneuriale requérait la mise en accusation de notre garde manger porcin sur pattes !!

Après l'audition des témoins et au vu de leurs dépositions préalables, concernant les affirmations imputables à notre coupable goret, cela commençait à sentir le jus de boudin pour notre criminel (désolé je ne pouvais m'en empêcher !), continuons la mise en place implacable de l'appareil judiciaire de ce bestiaire médiéval.









Suite au réquisitoire, le juge du lieu rendait sentence, rendant ainsi l'animal coupable d'homicide, ce qui le condamnait à être étranglé, puis pendu par les pattes arrières à un chêne ou aux fourches patibulaires du lieu, selon la coutume du lieu ou de la région considérée !

Du XIII au XVI siècle, les fastes de la jurisprudence et de l'histoire, fournissent de nombreux exemples sur l'usage de cette procédure, contre de roses pourceaux ou truies, qui ayant dévorés ou mutilés des enfants étaient de ce fait condamnés à être pendus!!

Citons quelques écrits judiciaires: l'an 1260 pourceau brûlé à Fontenay aux roses pour avoir dévoré un enfant

Septembre 1394, porc pendu à Mortain pour avoir tué un enfant de la paroisse!

Année 1404, trois porcs suppliciés à Rouvres en bourgogne, pour avoir tué un enfant dans son berceau ! etc...je m'arrête ici car la liste est fort longue, n'étant pas la pour énumérer des quantités de faits mais pour expliquer l'appareil judiciaire!!

L'exécution était publique et solennelle avec fort peu de différences par rapport à l'humain, il semble que les animaux étaient rarement suppliciés, sauf exception du cas bourguignon cité plus haut ???









Il semble loisible de croire que lors de certains procès animaliers, le coupable comparaissait habillé en homme !! si si !!! veuillez arrêter de rire immédiatement dans ma salle d'audience, ou je fais évacuer la salle !!!!

En 1386, une sentence du juge de Falaise, condamne une truie à être mutilée à la jambe et à la tête, puis pendue, pour avoir déchiqueté la jambe et le visage d'un enfant avant de le tuer !!

On voulut ici infliger à l'animal la loi du Talion, notre truie fut donc exécutée sur la place de la ville en " habit d'homme ", il est noté dans les minutes du procès que l'exécution coûta dix sous et douze deniers, plus le remboursement de gants à l'exécuteur des hautes oeuvres !!

Il est ajouté par l'auteur de l'histoire du Duché de Valois que les dits gants sont portés sur note de frais, pour la somme de six sous tournois, le Bourreau donnant quittance au comte de Falaise en déclarant qu'il se tient content qu'il lui soit fait réparation !





PS: voila donc une truie condamnée bien juridiquement ou je ne m'y connait pas !! Les sources historiques sont de la BNF, curiosités judiciaire du Moyen âge M de V