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vendredi 6 janvier 2023

La Reliure au Moyen Age

A partir du VII siècle ( haut moyen âge), une famille Franque prend en main le destin de l'Europe après les grandes invasions. Pépin le Bref, puis son fils Charlemagne, couronné Empereur en l'an 800, vont afin d'établir leur pouvoir, après le passage des hordes d'envahisseurs, s'appuyer sur les ecclésiastiques et la Papauté et entretenir avec l'église des relations étroites !

Les Monastères et Abbayes à la tête desquels ils nomment parents et conseillers deviennent les principaux relais administratifs du territoire. La religion sert de base à l'unification des populations peuplant leurs états. L'adoption d'une écriture commune à tous " la minuscule Caroline ", de l'empire Carolingien, ainsi qu'une large ouverture des apprentissages de la lecture, l'écriture et le calcul, permet aux Clercs religieux et Laïcs d'élever le niveau d'instruction

Le livre " Carolingien " est au carrefour des courants artistiques traversant l'Europe du VI à la fin du VIII siècle. C'est un Codex, composé de plusieurs feuillets de parchemins pliés, nommés cahiers, ils sont cousus ensemble et protégés par une couverture. Cette présentation des textes constitue une véritable révolution par rapport au rouleau parchemin nommé " Volumen " qui imposait une lecture continue !








Le Codex permet d'accéder à n'importe quel chapitre de manière directe. Comme l'indique Alcuin dans une lettre aux Evêques, lui qui fut le premier Prof de l'éducation Médiévale....(et non point Nationale), je cite : " il faut coudre ensemble et couvrir les cahiers des manuscrits, afin d'éviter qu'ils ne soient perdus ou dispersés par les lecteurs ! "

Au IX siècle les Abbayes ont leurs propres Relieurs ou utilisent des Relieurs itinérants et la plupart de ces reliures sont en cuir. Par exemple: en 774, Charlemagne, offre une forêt à l'Abbaye de Saint Denis, et surtout les cerfs et chevreuils qui y vivent, de manière que les moines disposent des peaux nécessaires pour couvrir les codex de leur bibliothèque 

Le codex carolingien est un ensemble de cahiers de parchemins cousus à l'aide de ficelles de Chanvre ou de lanières de peau, selon un système qui s'appuie sur le plat de la reliure, composé de planchettes de chêne appelées " ais ", l'ensemble constitue un bloc compact et massif que l'on recouvre d'une peau épaisse de daim, cerf ou chevreuil. La réalisation d'un manuscrit de type carolingien est le plus souvent localisée au sein d'un scriptorium monastique ou épiscopal









On y trouve une équipe de copistes, d'enlumineurs et de relieurs intinérants ou pas, Clercs et Laïcs, qui sous la houlette d'un chef d'équipe produisent des textes sacrés ou des écrits de l'Antiquité classique, produisant les bases nécessaires à l'enseignement, ainsi que le matériel indispensable aux intellectuels pour leur propre réflexion

On trouve également, déjà, des manuscrits d'apparat offrant sur des reliures une débauche d'orfèvrerie, d'incrustations de pierreries, d'émaux, de perles et d'ivoires. Ce sont le plus souvent des manuscrits bibliques et liturgiques dont le contenu se couvre aussi d'un fastueux décor ou se mêlent l'or, l'argent et la pourpre, exemple : l'évangéliaire de Charlemagne que l'on peux voir au musée de Saulieu

L'écriture va évoluer au fil des siècles, passant de la Caroline, à la Gothique et à l'écriture Vernaculaire, l'Or et l'Argent employés dans les écrits et dans les décors d'enluminures sont préalablement broyés en poudre que l'on mélange à de la Gomme Arabique. Paris deviendra au XIII siècle la référence en matière de production de manuscrits, surtout dans le domaine de l'illustration, au point que Dante associe dans sa divine Comédie le nom de Paris à l'Art d'enluminer









Si jusqu'au milieu du XV siècle Paris reste la capitale renommée du livre et de l'enluminure de codex de luxe, la reliure va quand à elle évoluer. La Montagne Sainte Geneviève, son Université, ses facultés et Collèges demandent toujours plus d'écrits. Que les cahiers soient cousus autour de nerfs de boeufs, ou de lanières de cuirs, ou qu'ils soient reliés au final avec du cuir de mouton, de truie, d'âne, de cerf, de daim ou de chevreuil importe peu ...seul le contenu est dévoré par des centaines d'estudiants !!!

Le livre " codex " est devenu l'outil, l'auxiliaire indispensable du travail Universitaire. Les livres se sont multipliés en Occident dès le XIII siècle et les Universités en Europe sont responsables de cet essor, les livres sont devenus des objets courants de format maniable et fabriqués à moindre frais, par la suppression des enluminures et la multiplication des abréviations !!! 

Pour permettre la diffusion rapide des livres en dehors des Monastères et des scriptoria des églises Cathédrales, sans que se dégradât la qualité des textes, quelques " Stationari ", (éditeurs plus que libraires), agréés par l'Université, se procuraient un " exemplar ", sur un sujet en usage dans une faculté ou un collège, ceci afin de l'étudier en détail avant de le mettre en circulation pour les estudiants ...!!!!









Après l'examen par une commission de " Docteurs " de l'Université notre " Exemplar " était divisé et remis en " cahiers " pour une plus grande circulation. Lorsqu'un Maître ou un Estudiant désirait se procurer un texte de cet " Exemplar ", il louait le cahier à un tarif fixé par l'Université, puis en faisait transcrire le texte par un " Copiste " avant de le rendre. C'est la qu'il fallait se méfier de ce petit Démon farceur de Titivillus !!!!!

Comme chaque exemplar était fait de cahiers séparés  " peciae ", plusieurs copistes pouvaient travailler sur le même exemplar simultanément, vu que chacun n'utilisait qu'une " pecia " à la fois, ainsi se diffusaient en de nombreuses copies, reliées de bric et de broc, les textes, mais toutes faites sur un original impeccable des principaux textes ...du moins en principe !!  


Nota: en France la première presse est installée au collège de la Sorbonne en 1470, le premier livre imprimé est un ouvrage en latin destiné aux professeurs et estudiants de la Sorbonne. Près de 150 villes Européennes vont produire avant 1501 leurs premiers livres imprimés, nommés " incunables "







PS
: Mais il y avait le Démon Titivillus, employé par Satan, afin de relever ou de parsemer d'erreurs le travail des Copistes et ce en vue de les collecter pour les ramener à son patron. la première référence à ce personnage se trouve dans le " Tractatus penitentia " vers 1285. C'est un fourbe ce petit Démon !! de Titivillus, qui, s'il ne trouve pas de fautes ou d'erreurs d'un codex, va en soupoudrer les écrits putentrailles !

Mais notre Titivillus est aussi nommé comme le " Démon Patron des Copistes ", puisqu'il offre à ces derniers une excuse facile pour les erreurs sur mots et syllabes parsemant les manuscrits recopiés....Wouais je sais qu'il vient souvent sur le Blog du nain Pffffffff 

Selon la traduction de nos copains d'Albion, de l'autre côté d'la Manche en face, il est perçu comme " le pôv diable, qui doit chaque jour, apporter à son Maître un millier de sacs pleins d'erreurs dans les syllabes et les motsM de V