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mercredi 23 février 2022

L'Insidieuse Corvée du Moyen âge

Cette Corvée est sans doute, de toutes les exactions Seigneuriales celle qui fut la plus odieuse et la plus justement détestée par les campagnards du plat pays, car elle est contemporaine des premiers affranchissements, bref le prix de la liberté contre des jours de corvées !!!

Comme l'asservissement était le résultat de l'usurpation violente des terres, la Corvée pour le Franc Tenancier, se trouve frappée d'iniquité dès son origine !

Pour un Serf dans sa vie de misère qui ne pouvait donner de l'argent, n'ayant déjà pas toujours du pain pour lui et sa famille, donnait en lieu et place son temps, son corps et son travail, la Corvée dans son principe devait être moins lourde que l'achat ou le Bail pour le Franc Tenancier !

Mais la Corvée répondra et satisfera à tous les travaux que put réclamer le châtelain souverain sur ses domaines. Or donc le manant, en plus de son travail sur son lopin de terre, fournissait charrois et charrettes, harnois, bêtes et conducteurs pour les besoins du château, curer les fossés, battre les douves du château afin de protéger le sommeil du seigneur pendant la saison du chant monotone des grenouilles !!!

Ne riez point les gens j'ai fait un article sur le Blog au sujet de ces grenouilles médiévales, mais encore à notre époque nous avons des vacanciers qui se plaignent du chant de ces charmantes bestioles la nuit !!!






Ils transportaient également les matériaux pour la construction du château, du moulin et du four Banal, ainsi que pour leurs réparations. Ils vidaient les écuries et portaient le fumier aux champs et rentraient les chaumes

Quand le besoin se faisait sentir ils oeuvraient aussi avec les ouvriers Maçons, couvreurs, tailleurs de pierres et charpentiers, donc ils étaient portefaix, si vous préférez manoeuvrier, pour le château, église ou Abbaye. Mais ils entretiennent aussi les chaussées du domaine, curaient les étangs, stabilisaient les berges des rivières et le bief du moulin

Si par malheur notre manant restait sourd à l'appel du cor qui le matin cornait l'appel à la Corvée il était passible d'une amende et le Seigneur du lieu, était en droit, en guise de punition, d'enlever portes, volets et fenêtres (si tant est qu'il y en eut), de leurs modestes masures !!!

Quelques uns lavaient le linge du château, d'autres plumaient les volailles prévues pour leurs agapes et s'ils avaient de la chance on leur abandonnait les plumes, les abats, têtes et col !, munificente faveur mordious !!! voila une générosité que le paysan ne risque pas d'oublier jusqu'à la fin de ses jours putentrailles !!!






Si Roys et Parlements s'opposèrent à la tyrannique et fort lourde main des seigneurs et barons, des ecclésistiques et Abbés Mitrés des Monastères de tout poil, nous ne pouvons que constater l'échec et la complète impuissance des ces derniers !

Ajoutons qu'ils n'étaient pas les seuls, car il y eut même des villes qui se firent accorder, sous Charles V le Sage et sous Charles VI le Fou, son fils, des Corvées sur le dos de nos campagnards afin de travailler aux fossés, murailles, tours et portes de leur cité !!. On se pose la question ?, une fois que le malheureux paysan avait donné au seigneur, au clergé ou à la cité ses trois jours de corvées par semaine...que lui restait il ????

Ajoutons à ces trois jours par semaine, les 52 dimanches chômés, puis les nombreuses fêtes religieuses, si lucratives pour le clergé, mais chômées également par le paysan il lui restait fort peu de temps pour nourrir sa famille et travailler son champ !!!

Il faut ajouter à cela les temps de troubles et de guerres, dont trêves et traités allongeaient la durée comme escargot sur salade !!. C'était encore le paysan qui en subissait la plus grosse part, mais la encore quand ils se réfugiaient en château, abbaye ou cité on hésitait pas à les utiliser mordious !!






Nos manants du plat pays abandonnaient au fer et aux flammes leurs masures pour se réfugier derrière les murailles ou Seigneurs et Barons des châteaux, Abbés Mitrés des Abbayes et Baillis des cités, ces gens qui prennaient si souvent sans rien rendre, leur donnaient asile mais leur imposait le " Guet et l'Echauguette "

Bien sur manants, vilains et châtelains se réunissaient derrière la muraille contre l'ennemi commun et de leurs bras aidaient à la défense, risquant leurs vies sur les remparts afin de faire pleuvoir sur l'ennemi tout projectile utile !

Mais voila encore une fois cela va se retourner contre eux, car par une Ordonnance d'avril 1479, le Roy Louis XI, subissant la pression de ses Barons, va reconnaître comme droit de châtellenie le " Guet " ordinaire et annuel, autorisant les seigneurs à l'exiger même en temps de paix ....!!!

On considérait le paysan comme noix en pressoir. A ces seigneurs tout était bon même le crouton !!!. Et ce droit de Guet pourtant contraire aux habituelles Corvées fut une grande vexation pour les manants du plat pays, car pour être protégé il fallait payer de sa personne, et pour échapper à ce Guet, qui était devenu un devoir, il fallait payer 3 Sols..Bref le pécore se faisait plumer comme un vulgaire poulet !!!


PS: Même si le Parlement avait refusé l'enregistrement de cette Ordonnance de 1479, Charles VIII la renouvelle en 1489 et Louis XII fit de même en 1501 au début de la Renaissance ...M de V