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samedi 28 juillet 2018

La Cité de Bourges au XV siècle

Elle est assise en plat pays abondant en tout, les murs en sont fortifiés, formant un ovale de 4000 toises, munie de 80 tours hautes et épaisses, servant à la défense des courtines et des murailles.

On entre dans la ville par sept portes ou entrées, possédant de petites poternes, il y a donc sept faubourgs correspondant à ces sept entrées. En période d'hostilités, seules quatre portes sont ouvertes et gardées, Bourbonnaux, Saint Privé, Saint Sulpice et Auron. Aux alentours huit moulins assuraient la mouture du grain nécessaire à la ville.

A l'intérieur de l'enceinte, outre la Cathédrale, la collégiale de Saint Ursin et la Sainte Chapelle, on comptait six autre églises, puis des monastères, des Couvents, des Prieurés, un Hôtel de ville, un Hôtel Dieu et l'hôpital Saint julien

Si une ville peu s'identifier à un roi c'est bien celle de Bourges ou le dauphin Charles se réfugie, celui qui sera nommé le petit roi de Bourges avant de devenir Charles VII









Il n'est pas aisé de se prononcer sur la quantité de citadins de Bourges à cette époque, mais des archives permettent de faire une approximation. Les Historiens pensent que derrière ses murailles la ville contenait 7500 maisons, abritant 9000 familles environ !

Comme il n'y avait pas de crise démographique on peut avancer que cette cité comptait entre 40 000 et 50 000 âmes, en fonction bien sur, des guerres et des épidémies !!!

Notre population est active et laborieuse se livrant à l'industrie du drap et travaillait les laines, cette ville aux rues étroites et sombres, fut au XV siècle le coeur de la patrie, en même temps qu'elle devenait une plateforme importante du commerce.

Ses foires attiraient une foule considérable de voyageurs et de commerçants, la population de la cité lors de ces manifestations commerciales montait à près de 100 000 âmes, ruche bourdonnante d'activités marchandes et d'échanges lucratifs.

Ici l'on trouvait les produits de ces pays fabuleux et lointains, que visitait la flotte de Jacques Coeur, ces galères qui allaient de Damas, à Jaffa, ou Beyrouth, puis de Rosette à Phamagouste capitale de la Chypre, sans oublier Alexandrie plaque tournante des produits d'Orient. De quoi alimenter l'imagination du populaire, bien des gens faisaient une longue route pour venir à ces foires ou dans les échoppes de la ville.








On trouvait donc dans cet écrin de murailles, les bijoux, les soies et les tapis, les tissus précieux brodés d'or et d'argent, puis les aromates, les essences rares et les parfums, qui émerveillaient les populations.

Les transactions s'envolaient, nombreuses et fructueuses dans cette bonne ville de Bourges, ses foires étaient renommées et augmentaient sans cesse en importance !!

Nul besoin de vous dire que les rues étaient animées, grâce aux gens attirés par les affaires commerciales et tous ceux qui recherchent la satisfaction des plaisirs bien sur !!!!

Ils se coudoient tous en grande hâte, tous affairés, évitant avec adresse les fardiers, pour se porter vers les boutiques et les échoppes jalonnant les rues !!

Sans oublier les amateurs de tavernes à vins, qui se pressent dans des salles enfumées de vapeurs de cuissons et basses de plafond, ou pendent jambons et saucisses. On y parlait fort en consommant force coupes et chopes, accompagnées de fromages, de produits de "Charcuitiers" et de "Rotisseurs", du moins dans les tavernes honnêtes ou le vin n'était pas coupé ou mélangé de vins vieux, terreur des palais exercés !!!! (voir article)









Au détour des places de la ville les petits marchands offraient leurs produits qu'ils étalaient à même le sol, plus loin quelques musiciens ou cornemuseux jouaient mélodieusement de leurs instruments, rassemblant badauds et muzards de toute nature, permettant ainsi aux tire laines professionnels et ruffians de tous genre d'exercer leur coupable industrie en moissonnant les escarcelles!!!

Les porcs et les volailles en liberté accentuaient le charivari pittoresque de ce spectacle de rue, mais préoccupation constante des dirigeants de la cité à une époque ou les épidémies et la peste exercent leurs ravages

La foule  se pressait tout autant aux réceptions des rois, princes et seigneurs, qu'au gibet pour assister à l'expiation des condamnés pour leurs forfaits. Sans compter les multiples processions des corporations de drapiers, gantiers, boulangers, bouchers ou poissonniers se rendant " en belle arroy " à l'église  de leur Saint patron. Nous sommes dans ce Bourges du XV siècle, que son commerce faisait l'égale des républiques marchandes des villes Italiennes au Moyen âge !!!!






Nota: pour parler des images illustrant cet article !! En contemplant la façade des édifices consacrés au culte chrétien, que sont les églises et les cathédrales, on peut éprouver un certain trouble face aux grimaces et railleries de toutes sortes, qui sont accumulées sous les porches ou le long des murs. On trouve à côté de pieuses statues des entrelacs de diableries et d'obscénités
Vices et passions sont représentés avec une grossière brutalité, la luxure a rejeté tout voile, elle y apparaît bestiale et sans pudeur. C'est incompréhensible, comme l'était la décoration des monuments Egyptiens, cet art de la pierre est prodigue en monstres fantastiques, horribles gnomes, larves hideuses, qui s'enroulent autour d'étranges nudités, que l'on croirait sculptées au fronton de ces édifices pour tenter les fidèles !!!





PS: petit aperçu de la vie dans nos cités, la documentation provient comme d'habitude de la BNF, le livre utilisé pour satisfaire les gens du blog est de Edmond Jongleux, agrémenté de la prose de votre copiste habituel  M de V