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vendredi 30 juin 2023

Quid des Livres de Zoologie au Moyen Age ? ( I )

Nous pourrions, à notre époque réductrice, proclamer qu'au Moyen âge la zoologie n'existait pas, si on considère, la zoologie comme l'étude véritablement scientifique de la morphologie et de la biologie des animaux !!

Mais nous allons voir que si cette science en était encore à ses balbutiements, il y eut néanmoins à cette époque, dont beaucoup ont exagérés la stérilité scientifique, toute une série d'auteurs qui firent d'excellentes observations zoologiques

Voyons la Zoologie Occidentale : le M-A chrétien est souvent divisé en trois périodes, le Haut Moyen âge du V au XI siècle, puis l'Apogée Médiévale du XI au XIII siècles et pour finir, le Bas Moyen âge des XIV et XV siècles

Celles-ci correspondent assez bien aux trois phases de l'évolution religieuse, conquête chrétienne, apogée puis déclin de l'église. Mais la fondation des grands ordres religieux allait influencer considérablement l'enseignement et le développement des sciences par l'intermédiaire des Abbayes et des Monastères, et parmi les auteurs qui s'occupèrent de zoologie, beaucoup étaient  des religieux









Bien sûr tout le monde connaît les innombrables représentations d'êtres surnaturels et de monstres dans l'Art médiéval. En outre au M-A la nature est fréquemment utilisée au service de la religion et de la poèsie, ces siècles ont vu fleurir toute une littérature ou les animaux et minéraux ne sont qu'un thème sur lequel sont bâties les variations théologiques, morales ou poétiques

Empruntons au " Physiologus ", recueil allégorique, probablement écrit à Alexandrie, au II siècle de notre ère, dont la vogue fut considérable au M-A tant en Orient qu'en Occident. Voyons quelques exemples de zoologie mystique ou les vertus chrétiennes sont évoquées par des animaux !

Tel que le Renart faisant le mort pour attraper les poules et symbolisant le démon qui se saisit des imprudents, puis le Pélican qui répand son sang sur ses petits, symbole du christ qui a versé son sang pour racheter les hommes

C'est probablement de ce Physiologus que dérivent les écrits profanes traduits en langue vernaculaire et appelés Bestiaires ( volucraires et lapidaires ), comme ceux de Philippe de Thaon au XII siècle et un Richard de Fournival au XIII siècle 









Les inepties que l'on y rencontre montrent bien la crédulité de ceux qui les écrivaient, les lisaient ou les copiaient pour les propager. En voici quelques échantillons. Or donc le Bouc a toujours la fièvre, son sang est si chaud qu'il brise le diamant....l'agilité de certaines Cavales (jument de race), provient de ce que leur mère a été fécondée par le vent....La Hyène change de sexe à volonté....et la Belette conçoit par l'oreille et enfante par la bouche , tout cela tient plus du folklore que de la science

Pourtant l'Européen du moyen âge avait l'occasion d'observer au quotidien de nombreuses espèces animales, outre les animaux domestiques ordinaires ( cheval, âne, boeuf, chèvre, mouton, porc, chiens et chats ), on voyait encore à cette époque des bêtes aujourd'hui disparues ou en voie de disparition telles que l'Aurochs (bos primigenius), le Bison (bison europaeus), ainsi que divers animaux sauvages ( cerf, loups, ours, élan et renne )

Maintenant voyons quelques uns (car la liste est longue),des principaux personnages qui ont contribué par leurs oeuvres à l'étude des animaux !
Nous les répartirons en trois catégories : les Religieux, puis les Amateurs Techniciens et pour finir les Illustrateurs








L
es Religieux : qu'ils aient vécu au Haut M-A ou au XIII siècle ces auteurs appartiennent tous à un ordre religieux, écrivent en Latin et leurs oeuvres de nature compilatoires prennent la forme d'encyclopédies. Un nom émerge Isidore évêque de Séville ( vers 570-636), on lui doit une encyclopédie nommée " Ethymologies " son livre 12 est entièrement consacré aux animaux

C'est avant tout un philologue qui préfère donner les étymologies (d'ou le titre de son recueil) des noms d'animaux que de faire des observations. les espèces fabuleuses telles que le Gryphe à corps de Lion et tête d'aigle, ou le Basilic, serpent qui tue d'un regard sont présents dans cette ménagerie littéraire. Sa classification est étonnante il classe et range avec les poissons, les éponges, les huîtres, les crocodiles, hippopotames, baleines et dauphins bref tous les animaux aquatiques. Néanmoins son oeuvre aura une grande influence jusqu'au XIII siècle

Le moine Suisse Ekkehard IV (vers 980-1060) est un zoologiste qui s'ignore, car il donne dans une prière la liste des mammifères consommés comme venaison au monastère de Saint Gall, castors, sangliers, cerfs, daims, chevreuils, bouquetins, lièvres, marmottes, ours, chamois et bisons. un bon aperçu de la faune des mammifères de cette partie de la Suisse du XI siècle









Hildegarde de Bingen
: Abesse d'un cloître de Bénédictines, probablement la seule femme du M-A qui se soit occupée de zoologie, son oeuvre comporte 4 livres consacrés aux animaux. Il s'agit la surtout d'un catalogue des principaux vertébrés connus du peuple. Son livre sur les poissons est intéressant, car de nombreuses espèces d'eau douce parmi lesquelles la Lamproie ont pû être reconnues, elle donne les noms en latin mais aussi en bas allemand

Dans celui sur les oiseaux elle mentionne les insectes et les chauves souris. Parmi les mammifères sur les 43 espèces citées, 33 appartiennent à la faune locale (loir, hérisson, castor, martre, loutre etc), mais on y rencontre l'inévitable Licorne qui hante tous les ouvrages zoologiques du Moyen âge

Le livre sur les bêtes rampantes est un patchwork zoologique on y retrouve pêle mêle, le ver de terre, les arachnides, reptiles et amphibiens. Mais l'intérêt de son recueil réside dans les détails qu'elle laisse sur des espèces actuellement disparues d'Allemagne (loutre, bison,lynx)

Mais la science du XIII siècle Occidental allait subir l'influence de trois facteurs nouveaux: la fondation des Universités, la redécouverte d'Aristote et l'activité enseignante des ordres mendiants









Un Dominicain, Thomas de Cantimpré (1186-1263), rédige une monumentale encyclopédie " de naturis rerum ", ne comprenant pas moins de 20 livres, dont 4 sont consacrés aux animaux. On y trouve toute une galerie de monstres ou d'animaux imaginaires phénix, dragons, sirènes ou onocentaures (buste humain et corps d'âne). Mais l'on y trouve aussi l'oie bernache arborigène, que l'on croyait naîvement issues du fruit de certains arbres, ce ne sont en fait que des débris d'épaves sur lesquels se sont fixés des crustacés cirripèdes 

D'une crédulité à toute épreuve il rapporte sérieusement l'existence de l'arbre à bernaches, puis du pélican qui s'ouvre la gorge pour nourrir ses petits, sans oublier son invaisemblable agneau de Russie, défi aux lois de la nature étant à moitié animal et moitié végétal 

Un autre Dominicain, Albert le Grand (1193-1280) est une des grandes figures de la science et de la pensée médiévale. Il naquit en Souabe, étudia en Allemagne, en France et en Italie, il enseignera même à Paris ou il était connu sous le nom de " Maître Albert ", d'ou la contraction de " place Maubert ", nom donné à l'endroit ou il enseignait. Auteur d'une soixantaine de Traités et opuscules dont celui concernant la zoologie. Son " de Animalibus " comporte 26 livres dont les 19 premiers sont pompés sur Aristote !!!









Il signale les constructions du castors d'Europe, qui aujourd'hui semble avoir perdu cette faculté à l'opposé de son congénère du continent Américain. Il réfute vivement l'absurde croyance suivant laquelle ce rongeur se mutilait avec ses dents (d'ou le nom de castor) et lançait ses poches à musc sur ses poursuivants !. Il est en outre le premier à considérer l'ours blanc comme une espèce distincte de l'Ours Brun et à noter les variations de pelage de l'écureuil d'Europe, brun-rougeâtre en Allemagne, Rouge-Gris en Pologne et Gris en Russie 

On peut encore citer, parmi les religieux le Franciscain Barthélémy de Glanvil nommé le plus souvent Barthélémy l'Anglois, qui écrivit entre 1250 et 1260 une encyclopédie intitulée " de proprietatibus rerum " dont un livre entier est consacré  aux animaux. Cet ouvrage de zoologie populaire eut un succès considérable au XIV et XV siècles
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Les Amateurs Techniciens :A l'opposé de ces savants de cloîtres qui demeuraient tous plus ou moins livresques, il existe des auteurs qui dégagés des préocupations scolastiques et religieuses ont fait preuve d'un indiscutable esprit d'observation 









Je n'en citerais que deux, en premier, l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250), souverain anticlérical et despotique qui cultivait avec amour les sciences, la philosophie et les arts, manifestant une tolérance aux religions étonnante pour cette époque et s'entourant de savants juifs et Arabes

Excellent zoologiste, peut être le plus grand du M-A comme en témoigne son superbe Traité de Fauconnerie, en latin, le " de arte venandi cum avibus " qui eut une vogue considérable pendant plusieurs siècles. Dans ses 6 livres il fait de nombreuses et pertinentes observations. Frédéric fera même la synthèse entre les données classiques, en particulier celles d'Aristote, et ses observations personnelles, il écrira notamment : nous ne suivons pas en tout point le prince des philosophes, Aristote parle par oui dire, mais la certitude ne saurait naître des racontars !

Ce que Frédéric II a fait pour la Fauconnerie, un autre l'a fait pour la chasse en général. Gaston III de Foix Béarn dit Phébus (1331-1391), vers la fin de sa vie il entreprend d'écrire une encyclopédie sur sa passion. Son livre de la chasse et les miniatures qui l'ornent sont remarquables 









Les Illustrateurs : Autre apport tout aussi intéressant est représenté par les illustrations de manuscrits. Souvent en zoologie, et ceci reste vrai de nos jours, un bon dessin vaut mieux qu'une longue description et certaines figurations médiévales d'animaux sont remarquables

L'architecte Français Villard de Honnecourt, XIII siècle, intercale entre ses croquis techniques d'admirables dessins d'invertébrés langoustes, mouches libellule et sauterelles, puis des vertébrés perroquets, autruches, lapins, moutons, chats et chiens etc

Un moine du XIV siècle Sybo de Hyères fera de remarquables miniatures présentant arachnides, crustacés, insectes, mollusques, reptiles, oiseaux et mammifères



PS: Toutes ces oeuvres d'art, souvent anonymes, sont plus intéressantes pour l'avancement de la zoologie que les vastes compilations soporifiques d'auteurs scolastiques....surtout si c'est en latin putentrailles !!!..M de V


mardi 20 juin 2023

l'Emprise de la Joyeuse Garde en l'an 1447

En cet an de grâce 1447 le Roy René d'Anjou (le Bon Roy René), redescendait sur ses Fiefs en Anjou afin d'organiser un nouveau " Pas d'Armes " dont il avait le secret. Celui ci devait surpasser en durée et en magnificence, tout ce que l'on avait pu admirer jusqu'alors !!

La situation du château d'Angers, au centre de cette capitale de l'Anjou, ne lui offrait pas, semble t'il, un local tel qu'il le désirait. le bon Roy René va choisir la ville de Saumur (la gentille et la bien assise), pour être le théâtre de cette Emprise hors normes !!

Le château de Saumur bâti sur une élévation était d'une architecture simple mais élégante, orné de tours et de tourelles avec une vue plongeante sur un paysage agréablement varié et la Loire enlaçant la cité

Ce fut dans une vaste plaine à peu de distance du château qu'il fit construire un genre de palais spacieux tout en bois, mais peint à l'intérieur comme à l'extérieur. Meublé de riches tapisseries et d'une quantité prodigieuse de coussins de velours et de soies, destinés à couvrir les estrades ou siègeraient les Dames









Au jour dit, le bon Roy René s'y rendit accompagné d'un concours infini de Princes, Hauts barons, Chevaliers, dames et Damoiselles. Pendant six semaines entières les plaisirs en tout genre vont se succéder, sans interruption, dans ce pavillon royal qu'on avait appelé " Châtel de la Joyeuse Garde

René y tint une espèce de cour plénière, inventant chaque jour de nouvelles fêtes, cavalcades, banquets et danses pour ses hôtes, ceci afin d'attendre l'arrivée complète de tous les champions conviés à participer à cette Emprise !

Ils accouraient de toute part avec en tête Poton de Xaintrailles, parmi eux on remarquait le Duc Jean V d'Alençon (surnommé le beau prince), puis Charles de Bourbon et le Comte d'Evreux Pair de France, et Charles d'Artois Comte d'Eu. Parmi les Gentilshommes qui devaient jouter dans cette emprise on distinguait entr'autres le Sire de Montmorency, mais aussi Antoine de Sancerre fils du célébre Amiral Jean V de Bueil  " le Fléau des Anglois ". Notre Antoine de Bueil-Sancerre portait sur son cimier une tête de roi à grands cheveux et grande barbe, son cri de ralliement estoit " Passavant ", et toute une foule d'autres Barons non moins recommandables par leur renommée que par leur rang !










Le jour indiqué pour l'ouverture du pas d'armes, chacun avoit assisté dévotement à la messe de l'aube, puis enfin Cors, Buccines et Clairons firent entendre de joyeuses fanfares aux Dames et Damoiselles siègeant sur leurs coussins. Onc ne vit plus nombreux cortège rangés derrière deux Estaffiers vêtus à l'orientale, tenant en laisse aux anneaux d'argent deux énormes lions bien vivants !!

Suivaient deux par deux, à cheval et richement vêtus de Damas incarnat, Fifres, Tambours et Trompettes, derrière eux estoient les Rois d'Armes en tuniques écarlate et or tenant en leurs mains les registres d'honneur ou allaient s'inscrire les faits mémorables de la joute

Puis venaient, à pas lents, quatre Juges de Camp. Ce sont eux qui se prononçaient sur le mérite des assaillants, immédiatement après on vit paraître, portant l'écu de son maître, le nain du Roy René entouré de pages et d'escuyers. Le cortège ayant passé sous les yeux de toute la cour, le nain s'assit sur un coussin, les juges de camp prirent place auprès des Hérauts d'armes. L'écu du Roy René fut suspendu à une colonne de marbre, à laquelle on attacha les deux lions et le son mélodieux des hauts-bois, des flutes et clairons retentirent de nouveau dans la plaine !









On vit alors paraître en face de la barrière des tenants, les champions qui devaient toucher " l'écu des pensées ". Puis dès que l'un d'eux eut ainsi annoncé le défi porté à l'un des défendeurs, les barrières s'ouvrent avec fracas, les chevaliers se précipitent l'un contre l'autre, les lances volent en éclats se brisant contre les boucliers polis d'ou jaillissent mille étincelles, en même temps que les chevaux bondissent se cabrent couvrant leur frein d'écume !

D'autres lances sont présentées par les poursuivants d'armes, puis d'autres assaillants volent à la rencontre des tenants, eux mêmes remplacés à leur tour, à mesure que l'un d'eux est renversé. les cri des Dames trahissent à la fois leur agitation, leurs craintes, leurs voeux, chacun enfin est absorbé par ce spectacle guerrier du plus vif intérêt !

Ensuite quand le calme et le silence se rétablissent, les noms des vainqueurs sont proclamés et enregistrés sur le livre d'honneur. Il n'en va pas de même pour les chevaliers désarmés ou renversés de leurs palefrois, ils viennent humblement présenter aux dames désignées par les heureux vainqueurs un collier, une bague, un rubis ou tout autre joyau de prix.....comme dirait l'autre " c'est l'jeu ma pôv lucette "...Pffff j'plaisante ! 


Nota : une polémique peu naître de l'original de ce manuscrit d'un auteur anonyme ???, document d'ailleurs disparu de la bibliothèque royale. Le problème viendrait qu'il cite Antoine de Bueil présent à cette emprise en 1447 il semble que le fils de Jean V soit né en 1440 ??????


PS : On compta plus de cinquante quatre diamants, trente six rubis et autres bijoux montés, qui furent déposés aux pieds des dames à l'occasion de l'Emprise de la joyeuse garde...M de V

mercredi 7 juin 2023

Le Mariage et la Procréation Encadrée par le Clergé

Aucun domaine de la vie publique et privée des Laïcs n'échappe au contrôle de l'Eglise. Elle a un droit de regard sur toutes les structures, qu'elles soient professionnelles, politiques, économiques et culturelles, de plus elle réglemente particulièrement la cellule de base de la société médiévale, c'est à dire la famille  !!!!

Dans ce domaine le trait essentiel des XII et XIII siècles est la valorisation, la formalisation et la réglementation du mariage. Afin d'éviter consanguinité et bigamie la publication de Bans devient obligatoire, de plus l'interdiction de convoler s'étend à la parenté au quatrième degrés, ce qui est fort lucratif pour le clergé qui vend des dispenses !!

Le caractère sacramentel du mariage est réaffirmé, et l'essentiel réside dans l'échange du consentement mutuel entre époux devant un représentant du Clergé, le Curé est vivement recommandé !!!. 

Il va de soi que le mariage est indissoluble, et le remariage autorisé qu'après la mort d'un des deux conjoints. Le sacrement du mariage est devenu un contrat






Bon l'clergé fait pas dans la finesse, un vrai remède contre l'amour !. Le but premier étant la procréation ils appliquent le principe biblique du " Croissez multipliez ". Allez Hop hop hop, l'curé il a dit qu'il fallait copuler, du coup dès qu'le manant posait ses chausses au bord du lit sa dulcinée tombait enceinte, pas cool le plan !!

La documentation écrite à l'usage des curés du moyen âge sont les pénitentiels et les manuels de confesseurs, ils interdisent rigoureusement toutes pratiques contraceptives, abortives, ainsi que les déviations sexuelles, de la zoophilie, à la sexualité anale et à l'homosexualité, ajoutons au passage la masturbation, allez Hop interdite aussi !!!....ça limite grave le manant !!!

Ces manuels étaient écrits avec un réalisme et une précision de langage, édifiante cette prose et dans le plus pur style de la scolastique ecclésiale  !!!....pas d'bol les gens !!

Mais avec le problème démographique qui se pose dès le début du XIII siècle, l'église médiévale ne sera pas insensible à ce risque de surpeuplement, que pourrait causer une conduite populationniste débridée. Les Théologiens sont conscients de cette croissance sans précédent






Confrontés à cette situation ils feront preuve de pragmatisme. Les manuels de confesseurs feront état que les pratiques contraceptives sont de plus en plus utilisées en raison de la surcharge d'enfants, notamment dans les familles paysannes. Un Robert de Courson note, que parfois des jeunes gens se prêtant serment ajoutent cette phrase " je te prends comme mien ( ou mienne ) à condition de rester stérile " !

En ce XIII siècle la plupart des théologiens admettent que le monde est trop plein, l'époque du croissez multipliez est révolue. Certains en profitent pour déprécier le mariage et exalter la virginité, j'crois pas que ceux-ci avaient des chances de créer des adeptes putentrailles !

D'autres sont plus conciliants et mêmes prêts à des compromis. Un Pierre de la Palud en 1300 admet la pratique du " coitus interruptus "...j'explique aux gens...pas d'panique mordious !!

C'est comme quand tu joute en Tournoi, le long de la lice lance basse...tu me suis la !....et qu'au dernier moment tu relève ta lance pour pas conclure la touche !!!..frustrant mais efficace, pas toujours facile à réaliser..c'est d'la haute voltige morte couille !






Pierre de la Palud dit " l'homme qui répand sa semence à l'extérieur commet une chose détestable, mais si il se retire, afin de ne pas avoir d'enfant qu'il ne puisse nourrir, il ne nous semble pas qu'il pêche mortellement ".....encore heureux morbleu !!!!!

Il faut comprendre que la conception chrétienne de la copulation n'as pour but que de faire des enfants, fournissant ainsi une satisfaction légale à la concupiscence charnelle, admettant que la virginité est au dessus des forces de la majorité du genre humain...Bin vouiiiii !!!!

Saint Paul dit " mieux vaut se marier que brûler en enfer ". C'est pourquoi l'Eglise fait de l'acte sexuel, entre époux, une obligation et un devoir conjugal à partir du moment ou l'un des deux le réclame. le refuser c'est pousser le conjoint à l'adultère ! 

Or, la encore !, l'attitude de l'Eglise médiévale est plus souple que l'on pourrait le penser. La prolifération des prostituées jusque sous les porches des églises et dans les cimetières, comptant parmi leurs clients bon nombre d'ecclésiastiques est déjà une preuve en soi. Bien souvent dans les cités les bordeaux sont entretenus et financés par la maison communale (mairie) et l'évêché, ceci afin de limiter tant que faire se peut les viols ! 






Dans les récits destinés à l'Aristocratie l'amour hors mariage est quasiment une obligation, qui peut être une réaction au durcissement des règles du mariage. Au XIII siècle avec la montée d'une littérature bourgeoise ce but est franchement avoué, bien qu'exprimé de façon symbolique...les sournois !

Le Roman de la Rose en est la parfaite illustration. Alors que la première partie rédigée vers 1230 par Guillaume de Loris est encore pleine de retenue, la seconde quand à elle, rédigée par Jean de meung, vers 1270, est une invitation à la sexualité la plus débridée. Je fournis ici une traduction édifiante d'un bref passage 

Je cite: " Par Dieu, seigneurs !, suivez la nature assidûment et mettez vous tous nus !!!...Levez à deux mains le mancheron de votre charrue et peinez à bouter le soc roidement dans la raie !, et surtout point de mariage la chose est détestable !!

PS: ce qui me fait dire que Jean de Meung était plus Pouët que poète M de V



lundi 5 juin 2023

N° 465) XIV siècle, l'Anti Pape Pierre de Corbario

En ce début de XIV siècle Rome et l'Italie n'offrant plus aux Papes un asile très sûr, Clément V ( Bertrand de Got ) transféra le Saint Siège en Avignon. Son successeur Jean XXII ( Jacques Dueze ) dès son élection au trône pontifical se trouvera aux prises avec de grandes difficultés !.

La plus grave affaire de son pontificat fut son conflit avec Louis de Bavière qui amena le schisme de Pierre de Corbario. Depuis deux ans dans le Saint Empire Germanique il y avait conflit entre Frédéric d'Autriche et Louis de Bavière, afin de savoir lequel des deux allait s'asseoir sur le Trône Impérial ???

Une partie des électeurs acclamaient Frédéric, pendant que les autres faisaient de même avec Louis. malheureusement les deux furent couronnés en ce même jour du 25 novembre 1314. Le Pape Jean XXII quand à lui fut porté sur le trône de Pontife en Avignon en l'an 1316, le pape va laisser le soin aux deux prétendants à la couronne impériale, de vider leur querelle...bref il laisse pourrir la situation

Il est bien évident que nos deux empereurs vont en venir aux mains, très rapidement, par armées interposées et après quelques succés et revers la victoire décisive fut remportée par Louis de Bavière en septembre 1322..Il est vrai que deux joufflus sur un même trône c'est pas pratique !!!








Louis de Bavière sans attendre d'être reconnu par le Pape d'Avignon s'empresse de remplir en plus de ses fonctions d' Empereur du Saint Empire Germanique, celles de Roi des Romains, poussant même l'audace jusqu'à soutenir les ennemis de l'église. Cependant Jean XXII est un Pitbull quand il a quelque chose dans les machoires il ne lâche rien !!!! et excommunie Louis de Bavière le 23 mars 1324

Furieux l'Empereur le traite d'hérétique et fait appel de la sentence devant un concile général qui devait se tenir à Rome. Si j'ai dit que le Pape était un Pitbull il me faut ajouter que c'était également un teigneux !!! et en juillet 1324 il lance une seconde excommunication qui privait Louis de Bavière de tous ses droits à l'Empire !!!

Abandonné par la plupart de ses partisans il renonce à la couronne Impériale, en faveur de Frédéric d'Autriche en janvier 1326, mais il garde toutefois, ce sournois, l'Italie avec le titre de Roi des Romains. Il est vénère le Louis d'Bavière, colère tout rouge des agissements de Jean XXII il va marcher sur Rome et appuyé par le parti Gibelins, fait déclarer le Pape Hérétique en avril 1328 !!!!









Le 12 mai, sur la place Saint Pierre, il fait proclamer Pape un illustre inconnu, un frère mineur de fraîche date, Pierre Rainalluci, originaire de Corvara ou Corvario, qui prendra le nom de Nicolas V !!!

Notre anti pape était un drôle d'oiseau du diocèse de Reate. Le bougre était marié et avait vécu cinq ans avec Jeanne de Corbario, quand au mépris du contrat conjugal et des protestations de sa femme il entre chez les frères mineurs pour suivre la règle de Saint Benoit !!!. Il faut dire qu'au XIV siècle la publication des bans pour le mariage étaient obligatoires et que le divorce n'existait pas !!!

Il va donc, toute honte bue, prêter la main à une élection aussi folle que sacrilège en prenant le nom de Nicolas V. A la grande honte des habitants il parodie dans Rome le rôle et les fonctions de Pape, créant même des Cardinaux complices de ses folies !!

Sa femme va même le citer en jugement devant l'évêque de Reate et en novembre cet évêque publia contre Pierre de Corbario une sentence de condamnation, mais cette sentence ne semble pas gêner notre fumeux moine pour s'asseoir !!!









L'influence de cet Anti Pape est presque nulle, ne se maintenant que tant que durera la protection de Louis de Bavière, c'est à dire environ un an. Il créa cependant, dans son délire, 9 cardinaux et nommera 18 évêques

Comme la marmite commence à bouillir ils vont quitter Rome pour séjourner à Viterbe, puis à Todi, pour revenir à Viterbe en décembre 1328. Passants ensuite à Montemorano et enfin après bien des infortunes ils entrent à Pise

Mais Louis de Bavière va très vite devenir odieux à tous le monde il sera obligé de s'enfuir et de franchir les Alpes en janvier 1330. Notre Anti Pape abandonné, seul avec son délire de grandeur, ne pouvait espérer l'indulgence du Pape d'Avignon que par la soumission

Il va faire amende honorable et consent à être livré à Jean XXII. Celui-ci va lui garantir la vie sauve et l'absolution de ses crimes moyennant une abjuration publique dans toutes les villes qu'il traversera pour le rejoindre en Avignon, doublé d'une assignation à résidence et l'exemption de toute autorité !!!










Pierre de Corbario mettra 20 jours pour arriver en Avignon et traversera de nombreuses villes avec le Nonce Raymond Stéphani comme chaperon. Il fût salué à son arrivée par les hurlements et les imprécations d'une foule en délire qui l'aurait écharpé sans la vigilance des Gens d'Armes !!

Après une dernière abjuration devant le Pape il fut conduit dans les appartements réservés pour lui dans le palais Pontifical. Sous la main de Jean XXII il y resterait avec défense de sortir de son enceinte (pas fou notre Pitbull )

Neanmoins pour agrémenter cette prison dorée il toucherait une pension annuelle de 3000 Florins, ce qui lui laissait de quoi boire quelques litrons pour passer le temps !!!


PS: si l'nain y faisait l'anti pape histoire de boire gratos hein !!!....Pffff je blague m'enfin M de V