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lundi 15 avril 2019

Jean V de Bueil, fléau des Anglois

Nous savons par le roman du " Jouvencel ", ainsi que par le commentaire qu'en fit Tringant, que l'enfance de Jean de Bueil fut loin d'être heureuse, et qu'elle ne fut pas exempte des misères provoquées par la guerre contre l'Anglois, mais aussi par les effets résultants de la folie de Charles VI de Valois.

Seigneurs et Vassaux vivaient alors dans une commune détresse. Plus que tout autre la noblesse des confins de la Touraine, du Maine et de l'Anjou souffrait de la guerre de cent ans. La ligne du Loir, fut prise et reprise, et les biens de la famille de Bueil situés dans ces contrées subirent le sort des régions environnantes.

Cet état de fait nous est décrit dans les premiers chapitres du Jouvencel. Nous y trouvons relaté les aventures d'un jeune enfant noble réduit à la misère et obligé de se créer une position, un avenir dans cette funeste période de l'histoire de France.

La couleur qui servit à peindre ce sombre tableau des horreurs de la guerre, et les détails, évidemment historiques, nous montrent, que ce sont la les impressions d'un témoin oculaire !!










Guillaume Tringant, l'un des serviteurs de la Maison de Bueil, dans un appendice au Jouvencel, s'attache à commenter cet ouvrage et à restituer également aux personnages et aux scènes de ce roman leurs noms et leurs significations historiques, il nous apprend que ce roman n'est pas une pure fiction. Les impressions et les faits de l'enfance de Jean de Bueil se trouvent retracés au début de ce livre, et le nom du jouvencel n'est plus dès lors qu'un pseudonyme transparent, sous lequel se cache l'auteur en racontant ses propres tribulations !!

Un document nous indique l'état de gêne dans lequel se trouve la mère de Jean de Bueil. Au lendemain d'Azincourt, ignorant encore quel avait été le sort de son mari, elle voulut pourvoir à la liquidation des biens de ses enfants mineurs et les décharger ainsi des redevances dont ils étaient grevés. la précipitation avec laquelle elle procéda, dans cette situation embarrassée, et la preuve que la mort de Jean IV de Bueil à cette funeste bataille laissait ses affaires en fort piteux état !!

Son fils, Jean, va entrer dans la Maison du Vicomte de Narbonne, auquel il servit de page quelques temps et qui le suivra à la bataille de Verneuil. C'est à cette désastreuse journée que Jean de Bueil, âgé de 18 ans, fit ses premières armes, en compagnie du jeune Duc d'Alençon, qui lui aussi avait perdu son père à Azincourt !!

Nous avions la, outre les Français, des contingents Espagnols et Ecossais. Au centre du dispositif se trouvait la bataille du Vicomte de Narbonne, elle va subir le plus gros de l'effort adverse et fut la première à être rompue, son chef sera tué et le Duc d'Alençon prisonnier









Si à Azincourt Jean de Bueil avait perdu sa famille, à Verneuil il perdait ses amis !!, la mort du Vicomte de Narbonne interrompait son éducation féodale et par le fait son instruction militaire, celle que recevait tout jeune noble au service de son suzerain. Etienne de Vignolles, dit La Hire, le prend dans sa compagnie et se charge d'achever sa formation

Nul plus que lui n'était capable de l'initier aux finesses de l'art de la guerre !!, mais de la guerre tel que lui la pratiquait, coups de main, effet de surprise, stratagèmes et utilisation du terrain. La Hire n'est pas un adepte des romans de Chevalerie, il répétait sans cesse à son disciple Jean, cet axiome " il faut frapper les premiers coups pour n'avoir point peur "

La résistance s'organisait sur le Loir, La Hire était alors un des capitaine de Vendôme il faisait une guerre acharnée aux Anglois, Jean de Bueil se trouvait à Courcillon, tantôt à la Marchères ou bien à Vaujours. Etienne de Vignolles le faisait mander lorsqu'il avait besoin de lui pour quelque opération guerrière. Selon Tringant, Jean de Bueil s'y rendait volontiers avec les hommes dont il disposait, car il avait ce goût passionné pour les armes !!, ce qui devait pendant un demi siècle mêler Bueil à tous les combats, et lui mériter ce surnom fameux de Fléau des Anglais, cela deviendra le trait distinctif de notre personnage

Il semble logique de croire qu'ayant subi l'Anglois dans son enfance, perdu son père contre eux à Azincourt et ses amis à Verneuil, il avait plus qu'une dent contre eux ....disons plutôt toute une machoire !!!!!








Notre brave La Hire ne ménageait pas sa peine, or donc, son disciple, Jean V de Bueil non plus !!!, Etienne étendait son terrain d'action en direction de l'Orléanais, des entreprises militaires dont Tringant et le Jouvencel nous donnent un exemple caractéristique. Citons pour le plaisir cette audacieuse manoeuvre, qui il faut bien le dire, sent quelque peu le fumier !!!!!

Il y avait alors en septembre 1427, une forte garnison de Bourguignon à Marchenoir. Le Etienne fin comme l'ambre, avait remarqué que ceux ci se gardaient mal et qu'ils étaient fort imprudent en journée, cela lui chatouilla les mérangeoises et il va établir un stratagème !!

Il va de nuit cacher dans les tas de fumiers voisins de la porte d'entrée de la cité une partie de sa troupe, puis fait scier à la lime sourde la barrière qui flanquait un fossé un peu en avant de ses odorantes troupes dissimulées. Ensuite il divise le reste de ses hommes en deux détachements, l'un devant aller appâter le Bourguignon, tandis que l'autre devait rester en réserve et hors de vue

Une fois le dispositif mis en place, le jour pointait déjà son nez, peu de temps après les portes de la ville s'ouvrent, en saillirent femmes pages et chiens allant musarder vers les haies et buissons de devant la place, puis ce furent les chevaux que l'on mena sans défiance à l'abreuvoir !!!









Alors le Capitaine Guillaume de Brézé commanda à Jean de Bueil de faire monter ses fantassins en croupe de ses cavaliers et de courir sus à cette foule, la troupe vint fondre au milieu des badauds épars dans la prairie !!. On vit alors varlets, pages et chiens fuir, ainsi que les femmes en criant, s'il n'en eut rien coûté, on en eut volontiers ri !!

Aussitôt la garde sonne l'alarme et les Bourguignons sortent, qui à pied, qui à cheval entre barrière et place. Les Bourguignons voyant leurs adversaires fuir se mettent à la poursuite bien sûr, le stratagème avait fonctionné !!

Mais les français se trouvent soudain renforcés par la troupe de réserve cachée, tournent brides et reviennent à francs étriers sur nos Bourguignons !!, ceux ci cherchent à se protéger derrière la fameuse barrière préalablement sciée.

Les Fantassins qui étaient montés en croupe sautent à terre et entrent dans la danse en lançant leurs traits. C'est à ce moment que vont surgir nos odorants guerriers, qui sortant des tas de fumiers vont couper la retraite à nos trop confiants Bourguignons !!

Les assaillants vont dans la mêlée entrer dans la ville en même temps que leurs défenseurs, ainsi la cité fut bien vite prise, il est certain que ce genre de stratégie n'avait pas cours chez nos rutilants fers vêtus, mangeurs de charrettes ferrées !!!





PS: Le nain pleure sur sa copie en finissant cet article, Notre Dame de Paris brûle et une profonde tristesse me serre le coeur, 900 ans d'histoire qui part en fumée, je suis effondré ....M de V