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samedi 23 février 2019

Subir la Question au moyen âge

En abordant le sanglant domaine de la pénalité au Moyen âge, il nous faut parler en premier lieu de la " Question ", qui pouvait être selon les expressions consacrées soit " Préparatoire ", soit " Préalable " !!!

Préparatoire, lorsqu'elle avait pour but d'arracher à l'accusé l'aveu de son crime, ou celui de ses complices, et Préalable quand elle constituait une aggravation de peine, que le condamné devait subir préalablement à l'exécution capitale !!

On la qualifiait aussi d'ordinaire ou d'extraordinaire, suivant la durée ou la violence des tortures à infliger au condamné. Dans certains cas elle pouvait durer de 5 à 6 heures consécutives, d'autres fois elle ne dépassait pas une heure, mais même celle ci devait paraître fort longue pour celui qui subissait la dite question

Hippolyte de Marsilli, docte Jurisconsulte de Bologne, qui vivait au XV siècle, mentionne 14 manières de donner la Géhenne ou question. Je ne citerais que quelques exemples qui seront suffisant pour vous édifier, comme la compression des membres par des instruments, ou seulement à l'aide de cordes, puis  l'injection d'eau, de vinaigre, ou d'huile dans le corps de l'accusé, on avait aussi l'application de poix bouillante








Le procédé le plus simple restait la privation totale d'aliments et de boissons, tels étaient les procédés le plus fréquemment utilisés. D'autres moyens plus ou moins usités étaient employés, selon le caprice ou la créativité du Magistrat et du bourreau, ils se faisaient remarquer par leur atroce singularité

Comme de placer des oeufs brûlants sous les aisselles, introduire entre le cuir et la chair des dès à jouer, ils pouvaient attacher aux doigts des bougies allumées, qui se consumaient en même temps que la cire, ou faire tomber de l'eau goutte à goutte d'une grande hauteur sur le creux de l'estomac

Mais il semble que la torture la plus indicible fût, selon les vieux criminalistes d'arroser les pieds de la victime avec de l'eau salée pour les faire lécher par des chèvres. Même si l'on voit ce procédé utilisé dans un film comique avec Fernandel, je pense que l'accusé goûtait fort peu le côté hilarant de la chose !!! (bien que ce film concernait la Renaissance)

Dans chaque pays il existait bien sur des usages particuliers pour appliquer la question en fonction des moeurs de ses habitants. Pour la France, la mise à la question différait selon les provinces, ou plutôt selon les Parlements de ces régions, la encore je ne fournirais que quelques exemples car ils sont légion.

Je me propose de commencer par la Bretagne, ou l'on approchait graduellement d'un brasier ronflant, l'accusé, attaché sur une chaise de fer, je vous laisse imaginer la scène de ce barbecue de plein air !!

En Normandie, on lui serrait un pouce dans un étau, inventé pour l'occasion, pour la question ordinaire, mais on y mettait les deux pour la question extraordinaire....Heuu..ça vous gène pas si je vomi ?????

En Bourgogne, à Autun, après avoir avoir équipé l'accusé de hautes chausses de cuir bouillis, on le liait sur une table que l'on approchait d'un grand feu, puis l'on versait soigneusement sur le cuir une quantité variable d'eau bouillante, qui bien sur pénétrait le cuir, cuisant et décomposant les chairs, leur inventivité me bouleverse !!!








Dans la ville d'Orléans, l'accusé était mis à nu jusqu'à la ceinture, puis on lui liait les deux mains dans le dos au moyen d'une clef de fer à laquelle était fixée une corde. On suspendait ensuite lentement l'accusé jusqu'à une certaine hauteur au moyen d'un treuil, le misérable avait en plus un poids de 250 livres fixé aux chevilles. La manoeuvre consistait à le laisser retomber brusquement, plusieurs fois, et ce presque jusqu'au sol !!! Ce qui invariablement lui disloquait bras et jambes

Pour la capitale, Paris, on garda fort longtemps le procédé de la question par l'eau, c'était à la fois le procédé le plus intolérable, mais aussi la moins dangereuse pour l'accusé, ce qui permettait à l'occasion de recommencer la procédure plusieurs fois si nécessaire !!

On attachait la victime par les quatre membres, jusqu'à ce que le corps fut bien tendu, on lui plaçait ensuite un tréteau sous les reins, puis à l'aide d'une corne ou d'un ustensile en cuir formant un entonnoir, le bourreau lui versait dans la bouche, quatre coquemars d'eau (soit 9 litres). Pendant ce temps la un de ses aides pinçait fortement le nez de l'accusé afin de le contraindre à boire

Bon pour la question ordinaire c'était neuf litres, mais pour la question extraordinaire c'était le double. Voila juste un éventail de la pratique de la question, car la liste des moyens utilisés est fort longue, et je ne vous parle même pas des joyeusetés que subissait l'accusé à l'exécution de la sentence de son jugement !!!




PS: Il est évident que bien souvent, vaincu par la douleur, l'accusé s'avouera coupable, bien qu'il ne le fut pas. La documentation provient de la BNF comme d'habitude M de V