Membres

samedi 23 septembre 2017

Le Connétable Olivier de Clisson et la campagne de Flandres de 1382

Olivier de Clisson
En 1382, une nouvelle révolte gronde dans les Flandres, ou Philippe Van Artevelde (le fils de jacques), prend la tête de l'insurrection, contre le Comte Louis II de Flandres, Philippe est capitaine souverain de la ville de Gand.

Ce Philippe n'est pas un simple Bourgeois, il est le filleul de Philippa de Hainaut qui le tiendra sur les fonds baptismaux !!! Elle fut reine d'Angleterre, l'épouse d'Edouard III, elle meurt en 1369 à l'âge de 41 ans

A la tête d'une armée de Gantois, il donne une sévère leçon aux Chevaliers du Comte Louis II de Flandres, en mai de l'an 1382 devant Bruges. Il s'empare de la ville et les autres villes de Flandres se soumettent aux Gantois.

Une seule garnison lui résiste, Audenarde ! il fait donc le siège de ses fortifications en juin 1382. Philippe va quitter ce siège pour se porter à la rencontre de l'Ost de France, du roi Charles VI le fou, afin de préparer ses défenses, il rejoint pour ce faire le village de Rozebeke.


En ce mois de novembre il pleut sans discontinuer et un vent glacial vous pénètre jusqu'aux os ! les habits sont saturés d'humidité, sous la tente royale qui n'échappe pas à ce sort commun, Olivier de Clisson, Connétable de France, donne son conseil au Roi !





Philippe van Artevelde

Les passages de la Lys sont fortement gardés et les ponts ont été détruits ! le connétable dit au roi " remontons jusqu'à Saint Omer, ou la rivière prend sa source ! de la nous passeront afin de redescendre sur les Communiers pour bien les combattre !!

Allez savoir!  flemmardise des uns, hâte d'en découdre des autres, le roi se range à l'avis des autre conseillers qui désirent aller au plus proche...le pont de la ville de Commines!! Oui mais voila une fois devant Commines, l'avant garde de l'Ost du roi trouva le pont tellement détruit que " c'en était merveille ", avec de l'autre côté un fort parti de Flamands sous les ordres de Pierre du Bois.

Clisson marmonne en Breton que l'on aurait mieux fait de l'écouter ! il fait inspecter les berges par ses valets d'armes, afin de trouver un passage guéable, ..oui mais foin de passages !!! Pendant ce temps l'armée de France arrive compagnies après compagnies, il fut décidé d'installer le campement, tandis que le roi et ses oncles s'installaient confortablement dans l'abbaye de Marquette.

C'est à quelques distances de la qu'une bande de Bretons têtus, dissimulés dans un repli du terrain, avaient décidés qu'il fallait traverser !! On trouve la Henri de Mauny, Jean de Malestroit et Jean Chaudier, avec leurs gens. Ils vont à l'aide de pieux, de branches, de cordes et de barques glanées dans les environs, construire un bac de fortune afin de traverser la Lys.





Ville de Gand au Moyen âge
Peu après on fait prévenir Clisson, que ses bretons avec leur bac improvisé, ont fait passer en peu de temps 150 personnes de l'autre côté de la Lys !

Olivier n'a pas les pieds dans le même sabot, il profite de l'initiative et pour protéger ce bac providentiel, il décide d'escarmoucher les Flamands de Pierre du Bois afin qu'ils n'aillent pas fourrer leur nez en aval de la rivière ou le bac est installé !!

Pour ce faire il fait avancer ses arbalétriers, et l'échange de projectiles d'un côté à l'autre de la Lys va se poursuivre toute la journée, notre breton se frotte les mains la ruse fonctionne, car pendant ce temps la, les barques passaient et repassaient sur la rivière, si bien que tantôt il y eut 16 bannières et 30 pennons cachés en face dans un grand bosquet d'Aulnes !!

Le sire louis de Sancerre voyant comment leurs affaires tournent, décide qu'il ne peut point forfaire à l'honneur, il décide de faire passer le bac à sa compagnie de Chevaliers, écuyers et hommes d'armes, il laisse les chevaux et entreprend le passage. Ben oui ! on peut tout de même pas faire passer les chevaux sur les barques de ce bac de fortune.





Charles VI le fou
Une fois tout ce beau monde rassemblé, ils se concertent et décident d'aller voir s'ils ne peuvent pas en marchant sur le corps des Flamands dormir au sec ce soir dans la ville de Commines ! L'ardeur guerrière étant éveillée, ils vont consciencieusement s'équiper avant d'entreprendre leur dessin. Il me semble évident qu'ils n'ont pas traversé la rivière en armure !...pas vous ?

Une fois adoubés ils se mettent en marche, et quelle ne sera pas la surprise de Pierre du Bois de voir apparaître sur son flanc, autant de gens d'armes en si bon arroi !! Le Flamand est prudent, il est sur une hauteur, la nuit arrive, sa position étant favorable il ne va pas bouger !

De l'autre côté Clisson se fait un sang d'encre à ses ongles rongés !! ordonnant que l'on passe le pont coûte que coûte! Que l'on emploie madriers, planches, boucliers, que l'on fasse des claies avec ce que l'on trouve, que cela soit dessus ou dessous il faut passer !

La nuit est la qui fige tout le monde, et ceux qui sont de l'autre côté vont passer la nuit à épier les Flamands, les pieds dans l'eau glaciale et fangeuse de ce marécage, avec la pluie leur coulant le long de la raie culière !!

Au petit matin, Pierre du Bois compte sur la brume pour les surprendre, pensant trouver des hommes amoindris par une nuit dans le froid et l'eau. Se portant vers eux il aura ce qu'il est venu chercher !! c'est à dire une rude bataille, les Français n'avaient rien perdu de leur ardeur guerrière. Ils vont quoique inférieurs en nombre faire un grand massacre des communiers.






Ce qui va donner à olivier le temps de bricoler tant que faire se peut le satané pont de fortune ! de manière à faire passer le reste de l'avant garde de L'ost.

Puis son dessin enfin réalisé il fera prévenir le roi et ses oncles qui sont toujours bien au chaud dans l'abbaye de Marquette !!

L'ost sera bien vite devant Ypres pour en faire le siège ! les habitants sont inquiets.....Ils vont bien vite occire leur capitaine, Pierre Wandselaer!...et envoyer deux frères prêcheurs afin de traiter avec le roi.

La rumeur se répand à la vitesse que l'on connaît !!!! aux alentours les places fortes et les quelques villes vont s'empresser de lier leurs capitaines comme saucisses au marché!!! les livrant au roi et demandant grâce à genoux





Pendant ces escarmouches sur la Lys, Philippe van Artevelde termine de rassembler ses troupes à Gand et se porte vers Rosebeke, ou il compte bien faire un grand massacre des Français comme à Courtrai en 1302, oui mais voila on est pas en 1302 et c'est Olivier de Clisson qui commande l'Ost et il a nullement l'intention de céder à quiconque, fusse t'il roi le commandement dévolu au connétable !!!!!

Le mercredi 25 novembre l'armée de France se trouve aux champs et attend et les Flamands. Comme le dit Froissart la bataille eut lieu sur le mont d'or entre Rosebeke et Courtrai.

La bataille dura fort peu de temps car il faut bien avouer que Philippe van Artevelde est un piètre chef de guerre, mais portons à son crédit qu'il n'avait jamais été formé pour cela !!! ( vous me direz que dans ce cas la on reste chez soi et on donne le commandement à quelqu'un de compétent!...vous n'auriez pas tort ! )

Si dans les premiers temps les bombardes des flamands creusent les rangs des Français, Clisson perçoit très vite la faiblesse de leur dispositif !! Ils n'ont qu'une seule phalange et rien pour protéger leurs flancs. Olivier tel un immense corbeau de bataille va rabattre ses deux ailes sur la phalange, et les maintenant fort à l'étroit commence un affreux carnage ! Pris dans cet étau meurtrier ils ne pouvaient plus bouger que déjà s'avançaient entre les cavaliers les valets d'armes miséricorde au poing pour achever les blessés !





Bourgeois Flamand

Quand les Flamands à l'arrière de la phalange vont s'apercevoir que l'on fait une si grande moisson de leurs compatriotes, ils vont se débander et prendre la fuite!!

Ils abandonnent sur le terrain bombardes, armes, casques et pièces d'armures pour courir plus vite!!


Olivier de Clisson l'ami et le disciple de Bertrand Du Guesclin a bien profité des leçons de son maître

Parmi les nombreux morts de cette bataille tragique de l'histoire Flamande on trouvera Philippe van Artevelde qui aura eut une bien éphémère carrière de chef de guerre.

PS: l'ost de France 80 ans plus tard avait vengé l'affront de Courtrai de 1302