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vendredi 18 mai 2018

Les Femmes et le siège de Beauvais deuxième partie

Ici se place un événement qui nous fut rapporté, faisant grand honneur à l'esprit de décision d'une femme de Beauvais, une certaine dame de Bréquigny. Au plus fort de l'assaut, les gens placés à la porte de Paris s'écrient " fermez" !! voici Messire de Beauvais qui s'en veut fuir !!

En effet, c'était l'évêque Jean de Bar, qui jugeant qu'il valait mieux être dehors que dedans, s'enfuyait avec son or et sa vaisselle, la dame saute à la bride du cheval de l'ecclésiastique fugitif et fait tourner l'animal en s'écriant " honte à vous monseigneur, il vous faut mourir avec nous ! ".

Puis un nommé Jean de Goix lui crie " c'est mal faire que de laisser la ville en pareil moment ! ", un jeune archer du nom de Oudinet Duclos bande son arc menaçant de lui mettre une bonne flèche dedans la panse !!

Un grand émoi se fait autour du prélat, on persifle " a vous vous dites seigneur de la ville et vous vous enfuyez !! ", une autre forte femme lui crie " allez donc en quelque église de la ville prier Dieu pour nous ! ".

Néanmoins le lendemain Jean de Bar parvient à s'échapper et va aller se créer auprès du Roi une réputation de dévouement et de vaillance, triste sire, sinistre prélat laissant ses ouailles se débrouiller seuls !!!









Or donc la ville secourue se trouvait par le nombre en mesure de soutenir les attaques de l'opiniâtre Bourguignon, il y a peu l'église Saint Hippolyte avait été investie par l'assaillant, c'était pour la ville un dangereux voisinage !

Il fallut donc la détruire, l'édifice fut livré aux flammes, les bourguignons n'échappèrent à l'incendie que pour tomber en nombre sous le feu de la petite artillerie de la ville, qui les foudroyait du haut des remparts.

Cependant l'ennemi ne laissait aux Beauvaisiens, ni trêve, ni repos, du 30 juin au 6 juillet, ils ne cesseront de battre la ville en brêche ! La ville en arrêtant le cours de la rivière parvient à inonder le faubourg Saint Quentin, forçant l'ennemi à évacuer la place au plus vite !! par dépit ils brûleront les habitations

Le Duc n'en fut que plus acharné contre la cité, il fait plus haut détourner la rivière, pour assécher les fossés de la ville, puis met ses mineurs à l'oeuvre, qui essayeront sans succès de saper les murs de la cité

Impatient d'en finir, il ordonne de monter à l'assaut et d'escalader la muraille entre la porte de l'hôtel Dieu et celle de Bresle et de passer tout par les armes !!! Dommage ils étaient attendus, furent renversés culs par dessus têtes dans les fossés, ils en culbutèrent un si grand nombre que l'ennemi ne pouvait poser les échelles sans marcher sur les cadavres !!









Le Duc fit cesser cette boucherie afin de ménager ses troupes et il fut décidé de mettre à contribution toutes les ressources pour préparer un assaut décisif sous peu de jours !

Quantité de fagots furent portés pour combler en deux endroits les fossés, afin de jeter deux ponts permettant d'avancer deux tours, il fait de plus battre en brèche au canon les murailles faisant voler briques et pierres !!

Trois brèches sont désormais ouvertes dans la muraille, le Duc ordonne le troisième assaut qui allait décider du sort de la ville, les troupes assaillent le rempart, rien ne semble les arrêter, un intrépide parvient à gagner le haut de la muraille y plantant la bannière de Bourgogne !! les assaillant exultent

Un flottement se produit parmi les défenseurs, comme un sentiment de défaite. Quand tout à coup, une jeune femme apparaît l'oeil mauvais, les cheveux en bataille, brandissant haut une hache courte, bondissant sur les créneaux elle assène un furieux coup à l'assaillant et le précipite dans le fossé, les défenseurs regonflés se précipitent à l'ouvrage, tandis que Jeanne Laisné, dite Fourquet, tient en main la bannière de Bourgogne

L'assaut est une nouvelle fois brisé et le Maréchal de Rouhault va donner à cette jeune femme de 18 ans le nom de Jeanne Hachette, que le roi Louis XI lui même lui accordera !!





PS: il me faudra un troisième article pour vous conter la déconfiture du présomptueux bourguignon à bientôt M de V

Jeanne Hachette le siège de Beauvais première Partie

Charles le Téméraire, ébloui par ses triomphes et rempli d'idées de vengeances, entre en Beauvaisis, qu'il compte traverser pour entrer en Normandie, afin de faire jonction avec son allié le Duc de Bretagne ! Une si grande armée ne passe pas inaperçue, les rumeurs de son approche volent jusqu'à Beauvais !

La cité, ruinée par les guerres perpétuelles est presque sans défense !! La situation était horrible, voir même désespérée, sans troupes, ni artillerie, pas de munitions de guerre, comment pourrait elle résister ? Cependant la ville décide de se faire ensevelir sous les décombres de ses murailles, plutôt que de subir le joug du Bourguignon ! Hors donc suivant le plan de défense on commence par couper tous les arbres autour de la cité, pour ne pas leurs fournir de quoi écheller !

L'évêque écrit à Louis XI pour lui annoncer l'approche du téméraire. Déjà par les portes de la ville accourent en longues files les paysans des campagnes, leurs bestiaux devant eux, transportant à l'abri des murailles leurs maigres biens.

Les châteaux et Abbayes des environs viennent avec leurs richesses et reliques se réfugier dans la cité, sur les places et aux carrefours des ruelles s'amoncellent les hardes et meubles des villageois. Religieuses, moines et seigneurs se répartissent dans les différents refuges de la ville, tandis que vieillards et enfants sont cachés dans les caves. Impossible de circuler, les rues sont encombrées de gens de guerres, de bourgeois et de réfugiés.








Les rumeurs vont bon train, et les récits des horreurs commises par les Bourguignons lors de leur progression en Beauvaisis passent de bouches à oreilles, créant un climat de peur, sort commun à toute population en état de siège !!

Portes et poternes sont soit murées ou barricadées, des chaînes sont tendues aux points d'accès, puis des courriers sont envoyés dans toutes les directions afin d'obtenir de prompt renforts. Ensuite on double le guet et les chefs de quartiers, dizainiers, cinquanteniers se mettent en garde prêts à tout événement !!

Au petit matin du 27 juin 1472, des ouvriers réparant la toiture de la cathédrale aperçoivent au loin une forte troupe progressant vers la ville, ils sonnent le Tocsin, auquel les cloches des treize paroisses de la cité répondent lugubrement !!

Tout le monde court aux remparts ! bourgeois, gentilshommes, gens de métiers et villageois réfugiés avec les armes dont ils peuvent disposer et regardent un fort contingent de l'armée Bourguignonne prendre position à distance respectueuse des murailles de la ville de Beauvais

L'avant garde du Téméraire est commandée par le sire d'Esquerdes, qui va envoyer un Héraut sommant la ville de se rendre et de lui porter les clefs !! Il ne reçut pour toute réponse que l'injonction de rester à distance d'arbalète, sous peine de mort !!!








Dans la matinée les bourguignons sont au grand complet et le Duc en personne, réclame une nouvelle fois par héraut interposé, les clefs de la cité. Il lui sera répondu un non !, bien roide !!

Réponse qui pue au nez de notre Paon bouffi d'orgueil Bourguignon, il fut donc décidé de l'attaque immédiate de la ville aux points les plus faibles des défenses de la ville !

Les assauts font rage, mais leurs échelles sont trop courtes et ils tombent sous les coups d'une triple rangée d'Arbalètriers, ils font donner du canon pour causer des brèches, mais l'imminence du danger donne du courage aux plus faibles, femmes vieillards et enfants transportent tous matériaux pouvant être jetés à la tête des assaillants du haut des remparts, l'énorme fourmilière s'agite et se défend, tout le monde participe à ce sort commun








Les femmes surtout sont intrépides, admonestant les défenseurs, excitant au combat, frères, maris ou pères, apportent des armes et jettent elles même du haut des murailles, sur les assaillants, pierres, chaux vive, plomb fondu ou fascines enflammées.

La résistance est si vive que les bourguignons sont contraints de reculer et s'éloignent des murailles. Cette première journée selon les chroniqueurs ne coûta à la ville qu'un seul tué et quelques blessés, ce qui ne fut pas le cas des bourguignons !!

Le Duc de Charolais, comme l'on nommait alors le présomptueux Duc de Bourgogne, avait le monde et le matériel nécessaire pour mener à bien ce siège, et la cité sans secours ne pouvait tenir longtemps.







Mais les courriers envoyés avaient fait diligence, les premiers renforts arrivent vers les 9 heures du soir et entrent par la porte de Paris !! Pas n'importe qui !, Jean V de Bueil (le fléau des Anglais), il est accompagné de La Roche Tesson et de Fontenailles, ils amènent deux cent lances !

Ils se posteront sur la porte de Bresle ou l'ennemi portait tout ses efforts, le lendemain et le jour suivant d'autres renforts arrivent pour défendre une ville dont les habitants s'étaient si noblement distingués. Ce siège allait durer du 27 juin au 22 juillet 1472




PS: plusieurs articles me seront nécessaires, pour vous conter ce siège et l'histoire de Jeanne Hachette, petite précision, les chroniqueurs ne sont pas tous d'accord quand à la présence de Jean V de Bueil à Beauvais, sa compagnie y était c'est certain, mais ce serait Merry de Couhé qui la commandait, au moment des faits Jean de Bueil avait 66 ans ?? M de V