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dimanche 30 juin 2019

Le XIV siècle, la Philosophie par Alain de Libera

Les années 1300 voient l'apogée de la puissance Française avec le règne de Philippe IV le Bel, puis son irrésistible déclin avec ses descendants "les Rois Maudits", louis X le Hutin, Philippe V le Long, Charles IV le Bel dernier Capétien direct, et la dynastie des Valois dont le premier représentant, Philippe VI, subit en 1346 contre Edouard III d'Angleterre la défaite de Crécy, qui inaugure sur le plan militaire la désastreuse guerre de 100 ans.

La peste noire apparue en 1347 ravage ensuite l'Europe pendant trois ans. Au plus fort de l'épidémie en France il meurt plus de 800 personnes par jour à Paris !!. Le fléau passe ensuite en Allemagne, aux Pays Bas, puis en Angleterre.

Avec le règne de Jean II le Bon, la défaite de Poitiers et sa capture face au Prince de Galles, s'ouvre une période plus funeste à peine tempérée par la régence du Dauphin Charles. Le royaume de France semble au fond du gouffre. Le règne de Charles V le Sage l'en tire un temps avant que celui de Charles VI le fou ne l'y replonge !!

Marqué par le conflit Franco Anglais le XIV siècle connait d'autres luttes, la plus importante étant celle idéologique et politique que se mènent le Pape Jean XXII (jacques Duez), et l'Empereur d'Allemagne Louis IV de Bavière, opposé dans un conflit dynastique au Habsbourg Frédéric le Beau. Il sera excommunié par le pape partisan de Frédéric. Ce conflit va susciter l'éclosion d'une véritable philosophie politique, et les plus grands esprits de ce temps s'en mêleront, un Guillaume d'Ockham, un Marsile de Padoue, un Jean de Jaudun défendront le point de vue Impérial.

Sur le plan philosophique le XIV siècle, voit l'essor conjoint du Réalisme Scotiste et du Nominalisme Ockhamiste, puis la naissance du Thomisme et de l'Antithomisme (à la suite du correctoire de Guillaume de la Mare), l'irrésistible envolée de la philosophie Anglaise et, ce qui revient au même, de la théologie Franciscaine. A l'exception de l'Allemagne, ou Dietrich de Freiberg, Maître Eckart et Berthold de Moosburg, l'école Dominicaine allemande fondée par Albert le Grand maintient une orientation néo platonicienne originale

La plupart des pays "Universitaires", particulièrement la France et l'Italie, sont imprégnés d'idées anglaises, même les grands tenants du réalisme (Gautier Burley, Jean Wycliff) sont Anglais. Dans la querelle avec l'Empereur, les principaux théologiens partisans du Pape le sont aussi (Gautier de Chatton, Jean Lutterell)











Période d'une extraordinaire fécondité intellectuelle, le XIV, n'est aucunement le siècle le "siècle de décadence" décrit par les historiens qui voient dans le XIII siècle, l'âge de la synthèse scolastique, l'unique sommet du massif médiéval !!

La tendance générale du siècle est à l'émancipation par rapport aux modèles du passé. En Italie un Pétrarque, dénonce avec la dernière violence la science et la philosophie Arabe, l'Averroïsme particulièrement dans le " de sui ipsius et multorum ignorantia ".

Une tradition à la fois anti arabe et anti scolastique s'ébauche ici, qui donnera tout son sens au siècle suivant, au projet Humaniste, réalisme, nominalisme et mysticisme. Le XIV siècle a sa propre réalité, ses modèles, ses obsessions. Aucun auteur ne peut à lui seul prétendre l'incarner tout entier. Dans tout ce qu'il entreprend ou rejette, il doit autant à Duns Scot qu'à Ockham, Eckart et Burley












PS: c'est la transcription littérale du livre de Alain de Libera, votre copiste ne ce serait pas permis d'en changer un mot, je me suis juste permis de retirer les dates afin que ce soit plus agréable à lire. Je vous conseille bien sur de trouver son bouquin M de V