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jeudi 3 février 2022

N° 420) la Main Morte ou le Main Mortable

Nous savons tous que dans le monde de la reconstitution on ne parle que fort peu des hommes et des femmes qui courbant l'échine, à plus d'un titre, grattaient la terre. Des gens de cette époque les paysans ne devaient attendre aucune reconnaissance, car tout le monde était d'accord sur le fait qu'ils étaient la pour nourrir tout le monde, du Noble à l'Ecclésiastique, en passant par le Bourgeois et l'Artisan, ainsi que toutes personnes vivant en Bourgades, Bourgs ou cités. En bref tout ceux qui se goinfraient pendant que le pécore dansait devant le buffet (si vous voyez l'image !!! )

Dans ce chaos que fut le Haut Moyen âge il nous faut parler de ce droit de " Main Morte ", et d'ou venait ce nom sinistre et morbide ?. C'était un droit très variable selon les formes, les variétés et les régions et il n'est pas facile de lui assigner des limites fixes !

Quand à son nom il venait de l'usage odieux de couper la main droite d'un Serf décédé, pour la présenter au Seigneur du lieu. Ce dernier, à ce moment prenait tous les biens et effets du serf mutilé, au préjudice et à l'exclusion des enfants de celui ci, ( je parle de main droite, jamais la gauche c'était la main du diable)









Puis comme il fallait bien faire quelque chose de ce pauvre reste faisant office de preuve de décès, le Seigneur, l'ecclésiastique religieux ou séculier, propriétaire de la terre ou était mort le Serf, la clouait à la porte de sa tour ou de son domaine, au même titre qu'une patte de loup ou la tête d'un animal ramené de la chasse

Selon du Cange, la Main Morte s'emploie diversement dans les coutumes et chez les Légistes, car elle peut désigner quelquefois les hommes eux mêmes et d'autres fois les possessions que l'on appellent " biens de Main Morte "

Ces hommes de main morte sont Serfs de la glébe et ne peuvent donc disposer de leurs biens par testament. Or donc les hommes de main morte qui décédent sans enfants laissent tous leurs biens au Seigneur Laïc ou ecclésiastique sous la puissance duquel ils se trouvaient










D'autres fois ce droit s'applique aux héritages eux mêmes, et si un individu sans travail se reconnait de la puissance d'un Seigneur Laïc ou ecclésiastique, en s'avouant l'esclave de ce dernier pour y travailler cette terre vacante, cela suffit à établir une subdivision en servitude personnelle !

Cela adhère à la chair et aux os de notre individu et le rendant Serf de suite !, cette servitude réelle attachée à ce lopin de terre qu'il va défricher puis travailler pour vivre est une sorte de conséquence, que le pauvre Manant va secouer en la quittant, mais aussi qu'il va subir en venant y vivre pour la cultiver et tenter de subsister 

Soyons honnête et parlons plutôt de " survie " car le quotidien de celui qui travaillait la terre n'était pas une partie de plaisir !!!! et sur un campement médiéval vous ne trouverez que rarement des gens jouant le rôle de paysans !!!










Serfs de corps, la dénomination varie selon les régions et les périodes, la confusion est d'autant plus facile que dans les documents de l'époque féodale, tous les travailleurs de la terre sont le plus souvent confondus sous la commune dénomination de Serf !!

Cependant à partir du XIII siècle la distinction sera parfaitement établie entre " les Serfs " et " Les Vilains " ( vilain, de villa, maison des champs), ou " Colons ", qui occupaient les degrés intermédiaires entre " la pleine servitude " et " la franchise "

Des Légistes de l'époque tels que Beaumanoir et Pierre de Fontaines ont nettement tracés dans leurs écrits les limites existants entre ces différents types de paysans. je voudrais pas enfoncer le clou, mais encore fallait il trouver des gens pour lire leurs textes, car peu de gens savaient lire surtout chez les Nobles !!! 










Citons Beaumanoir : Cette manière de gens ne sont pas tous de même condition. Il existe plusieurs conditions de servitude !, les uns sont si sujet à leurs seigneurs, que les dits Sires peuvent prendre tout ce qu'ils ont ...à mort et à vie...et jeter leurs corps en prison toutes les fois qu'il leur plait...à tord ou à droit..sans qu'ils ne doivent en rendre compte sauf à Dieu !.Les autres sont traités plus débonnairement, car tant qu'ils vivent le seigneur ne leur peut rien demander, s'ils ne meffont, fors le Cens, les Rentes et les Redevances qu'ils sont accoutumés à payer pour leur servitude ....il est gentil le Beaumanoir mais c'était quand même pas la panacée !!!...même si pour l'époque cela faisait une énorme différence pour le paysan de base !

Passons à l'autre Légiste que j'ai nommé, Pierre des Fontaines, il écrit. Saches bien, que selon Dieu tu n'a mie plein pouvoir sur ton Vilain, donc si tu prend son bien, fors les droits de redevances qu'il te doit, tu le prend contre Dieu, sur le péril de ton âme et comme voleur !!









Je reviens sur le fait que peu de gens sachant lire ce texte de légiste restait lettre morte comme la main du même nom !!. Le pauvre paysan contraint de se lever et se coucher sur cette terre appartenant à un seigneur devint ce que l'on nomma " un Manant " ( de manens, demeurant, restant à )

D'autres fois les campagnards sont appelés " Rustres " (rus, rusticus, rusticola ), ailleurs on dira qu'ils sont " Casés " ( casati ) casaniers ou vivant en casement. En fait parqués sous bonne garde et sous la domination d'un berger terrible dont la Houlette fut bien souvent une lance ou une épée !!

Le premier pas que fera cet esclave fut de changer sa condition de Serf contre celle de Vilain soumis à une infinité de redevances et de services 


PS: bref pas le pied d'être paysan au moyen âge ! ...je vais creuser pour écrire une suite il y a matière à raconter M de V