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lundi 2 avril 2018

La République de Venise au Moyen âge

Aucune ville n'est au même niveau que Venise, elle est demeurée semblable à elle même à travers les siècles. Elle s'est étendue, enrichie, bigarrée des dépouilles de l'Orient !!

Dans son aspect essentiel, elle était au moyen âge, ce qu'elle est encore aujourd'hui. Sa situation géographique la mettait à l'abri des innovations qui l'eussent défigurée.

Elle fut toujours cette cité plus aquatique que terrestre, pour le trafic, les innombrables canaux qui la parcouraient en tous sens étaient les seules voies de communication. Dès que les " Vénètes ", vinrent s'établir sur cette lagune, l'eau remplaça la terre ferme, leur unique véhicule fut des embarcations de la barque à la trirème. On voyait déjà sur le grand canal, se dirigeant vers le Rialto, les lourdes Péotes, chargées de fruits et d'herbages.








Le Chroniqueur du XV siècle, Philippe de Commines, s'en émerveilla lorsqu'il la découvrit en 1494 et la vit telle qu'elle était déjà depuis plus de deux siècles, je le cite:

Ce fut grande merveille que de voir l'assise de cette cité et de voir tant de clochers et de monastères, avec si grand maisonnement et le tout sur l'eau avec ce peuple qui n'avoît d'autre façon d'aller qu'avec des barques, dont je crois qu'il s'en trouvait plus de trente mille.

Avec tant d'hommes et de femmes fort beaux et riches, tant d'édifices, d'ornements et de forts beaux jardins. Les maisons sont grandes et hautes, en bonnes pierres et toutes peintes, au dedans toutes fort bien meublées, elles ont pour le moins deux chambres, avec plafonds dorés, riches manteaux de cheminées, les chalits des lits décorés et des paravents peints, c'est la plus triomphante cité que j'ai jamais vue !!!







La population au XIII et XIV siècle ne dépassait pas les cent mille âmes. Le Palais Ducal, bâti au IX siècle, incendié au X siècle, reconstruit au début du XII siècle, puis une nouvelle fois incendié mais aussitôt relevé et agrandi.

Comme le dit Villehardouin, autre chroniqueur du XIII siècle, lors de son passage en 1202, il était moult beau et riche et plus tard du temps de Commines il possédait déjà cette logia sculptée, d'ou le Doge se montrait au peuple.

La basilique était la elle aussi, elle date en grande partie du XI siècle, avec ses coupoles de mosquées, sa façade chatoyante, avec ses mosaïques resplendissantes, faisant penser à une immense enluminure. De tout l'Orient, par dons, achats ou conquêtes, Venise avait tiré les joyaux dont elle composait sa parure !








Si les palais de marbre, étaient assez nombreux déjà, pour que Villehardouin en conservât à jamais une vision éclatante, il en était autrement des maisons populaires et même pour celles des artisans et des bourgeois, qui furent pendant très longtemps construites en bois.

Généralement basses, ne possédant au dessus du rez de chaussée, qu'un ou deux étages, elles avaient cet aspect hostile et fermé des demeures édifiées par des hommes qui craignent pour leurs vies et leurs biens.

Elles n'étaient percées que de rares fenêtres protégées par des barreaux de fer

Il faut attendre le XV siècle pour trouver Venise telle que Commines la découvre, avec l'emploi usuel de la pierre







Bien que parmi les cités du moyen âge Venise fut une des moins insalubres, les ruelles piétonnières étaient affreusement boueuses par mauvais temps et constamment souillées de détritus et d'immondices.

Ce n'est qu'au XIV siècle que l'on commença à daller les plus importantes, même la place Saint Marc ne devait être revêtue de pierre qu'à la fin de ce siècle, les porcs vagabondaient partout fouillant dans les détritus ! Ajoutons que l'on y circulait aussi à dos de cheval , mule ou âne, ce qui augmentait d'autant les déjections animales, au détriment du piéton qui marchait dans le bren et la pisse ! Pour jean Froissart Chroniqueur du XIV siècle, il décrète dans ses écrits que Venise ( ville ou il ne mis jamais les pieds ) est la ville la plus chère du monde pour les étrangers et que l'on y vit à bourse déliée!!









La politique de Venise, la république se sent assurée de sa force et ne cherche qu'à consolider sa puissance commerciale, par des accords fructueux avec les états étrangers. Que ce soit privilèges douaniers, facilités de débarquement, transit de marchandises ou installations portuaires réservées à ses seuls vaisseaux. Pour ce faire elle n'hésite pas à prêter le secours de ses armes aux princes dont elle attend les faveurs !!

Exemple, elle accorde en 1100 son aide au roi de Jérusalem, pour lui permettre de conquérir le littoral Syrien !! En échange elle se fait reconnaître la pleine propriété sur le tiers de Caïffa, la flotte va regagner le bassin de Saint Marc, chargée à ras bord de marchandises précieuses, mais pas uniquement !!!

N'oublions pas que ce sont avant tout des marchands, ils rentraient aussi avec une relique volée, bien précieux dérobé dans un monastère, le corps de Saint Nicolas !!!. Pour des chrétiens il faut avouer que leur fétichisme n'était pas moins grand que leur sens du commerce.






PS: selon les écrits du moyen âge, elle fait l'unanimité, comme étant la ville la plus belle est la plus plaisante, ou il est écrit que les marchandises et l'or y coulent comme fait l'eau des fontaines. Un poète anonyme, fin XIII ou début XIV siècle, nous montre Venise comme " la couronne du monde " ou Allemands, Italiens, Lombards, Français, Bourguignons, Anglais et Hongrois, mais aussi Tartares, Maures, Albanais et Turcs, viennent demander l'hospitalité, le tout formant un universel Caravansérail M de V

                       Une suite est en préparation : les soeurs ennemies Venise et Gênes !!