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lundi 31 juillet 2023

Les Bases de l'OMC sont posées au XV Siècle

Même si l'OMC est une structure créée en 1995 (organisation mondiale du commerce), avec 164 membres en 2016, les bases de cette organisation furent jetées au XV siècle. Alors faisons nos commères et regardons par la fenêtre comment tout cela a commencé !!

C'est le Vatican qui a inventé la " mondialisation ". Et ce fut un Pape Espagnol " Alexandre VI ", Borgia qui va en décider ainsi le 4 mai 1493 en publiant sa bulle " inter coetera ". Et Paf ! d'un coup, la terre devenait ronde, elle n'était plus peuplée de monstres qui attendaient les Européens pour les entraîner au fond de l'enfer. Elle devenait à évangéliser, à coloniser et à exploiter bien sûr !

Sur les conseils du Pape il fallait que tout ceci se fasse en bon ordre, si possible, et surtout sans déclencher une nouvelle guerre interminable, alors que le souvenir de la guerre de Cent Ans, achevée en 1453 était encore dans toutes les têtes

Ceci pour prévenir par la diplomatie, un affrontement entre la puissance dominante, le Portugal, et la puissance montante, l'Espagne. La question est de savoir : Alexandre VI Borgia était il plus Espagnol que Pape ???






Car un an après le départ du Génois Christophe Colomb, vers ce qu'il croyait être l'Asie, le moins que l'on puisse dire c'est qu'en Europe les appétits se sont aiguisés !!!

A cette période les Portugais connaissaient depuis 1/2 siècle le Rio de Oro, le Sahara Occidental, les pays au-dela du Cap des Tempêtes sur le continent Africain et les terres d'outre-Equateur leur tendent les bras !

Ils n'entendent pas s'encombrer d'un rival honni comme les Espagnols. Ceux ci viennent d'achever la Reconquista, d'unifier leur pays et de régler un conflit frontalier avec la France. Mais leurs Missionnaires, leurs Marchands et leurs Soldats sont habités d'une fièvre conquérante

On murmura pendant un temps que l'or de Madrid avait beaucoup aidé le Pape dans sa décision, il est plus vraisemblable, que bien qu'Espagnol dans l'âme, il n'en était pas moins le dirigeant d'un état comme le Vatican !! et deux épineux soucis politiques l'empêchaient d'être assis confortablement sur le trône de Saint Pierre !!












D
'un côté il avait Charles VIII de France qui avait des idées de conquêtes sur l'Italie et de l'autre l'Espagne et ses idées expansionnistes, qu'il craignait tout autant, sans doute a t'il préféré se faire un allié de son pays d'origine ??

Ainsi notre Pape, par sa bulle, partage t'il le monde à conquérir, traçant une ligne faisant le tour supposé du globe, ou l'Ouest revenait aux Espagnols, en clair, toute l'Afrique, l'Asie Mineure et Centrale jusqu'au détroit de Malacca et la pointe, encore inconnue à cette date, du Brésil ...et l'Est aux Portugais !!!, autant dire des rogatons et des chimères. En quelques mois le rapport de force bascule en faveur de madrid et c'est un Traité qui fut signé à Tordesillas le 7 juin 1494

Cette mondialisation est bipolaire, ou deux pays européens, l'Espagne et le Portugal, sont fondés en droit à la pratiquer. Autant vous dire que les incursions des Français, des Anglois et des Hollandais déclencheront des guerres plus que commerciales

Voyons cette mondialisation à l'oeuvre par le biais d'un exemple en apparence anecdotique mais qui brasse des milliers de doublons d'or et d'Argent !!









La diffusion du Piment : Lorsque Colomb découvre les Caraïbes, il baptise cette épice, dégustée sur place, d'un nom cousin germain du Poivre, " le Pimiento ". Reste à le commercialiser, car les Européens montrent peu de goût pour ce condiment 

Peter Martyr, un Anglois, mentionne l'arrivée de cette épice plus forte que le Poivre du Caucase, il ajoute que même les Espagnols ne s'y habituent guère !!

Trente ans plus tard, seules Londres, Anvers et Amsterdam, devenues des marchés internationaux du piment, commencent à l'acclimater dans les marmites !!

Puis selon les Médicastres de l'époque, le feu du piment sur la langue et dans les intestins activerait trop la forge digestive, corrodant les parois intérieures et prédisposant le mangeur à des affections gastriques très redoutées !!

Faute de débouchés européens pour ce condiment, il fallait donc s'aventurer vers des marchés inconnus, sans solvabilité garantie, ni appétence établie pour le piment ???









Après le Traité de Tordesillas, les Portugais choisirent une stratégie mondialisatrice du commerce du piment, l'établissement d'un circuit linéaire par sauts, au rythme des positions conquises vers l'Asie.

Donc des marchés neufs ou octroyés grace à la négociation. L'objectif des Portugais consistait à éliminer les concurrents, soit par la puissance gustative du piment, soit par la protection d'un marché exclusif ou encore par l'importance des quantités livrées qui permettait de résoudre les ruptures d'approvisionnement et de commercer avec les indigènes!

Ansi le piment va t'il évincer la " graine de paradis " cette épice Africaine (aussi forte et puissante que le poivre mais avec un arôme différent ),



PS: suite à la lecture d'un texte du regretté Anthony Rowley, décédé en 2011, Docteur en Histoire, Maître de conférences à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris ou il enseignait l'histoire de la gastronomie ...M de V   



mardi 4 juillet 2023

N°470) zoologie dans l'Extrême Orient Médiéval (III)

En Inde dès la plus haute antiquité ils s'étaient intéressés aux animaux, surtout aux mammifères et aux poissons dont ils avaient même tenté des classifications. Ce goût pour la zoologie pratique persista dans l'Inde médiévale et nous ne donnerons ici qu'un seul exemple : l'encyclopédie " Manasollasa " qu'écrira le roi Somesvara vers 1127 ou toute une partie est consacrée à la pêche et aux poissons

Ce souverain naturaliste que l'on pourrait rapprocher de son contemporain occidental Frédéric II (voir article I), étudie assez bien la morphologie et les moeurs des animaux dont il tente une intéressante classification. Il les divise en espèces marine, puis d'eau douce, et d'estuaire les subdivisant  en formes, c'est à dire avec ou sans écailles. Un zoologiste Indien (Hora), a reussi dans les années 1950, à déterminer avec succès ces poissons, en se basant  sur l'étymologie de leurs noms en sanscrit et d'autre part sur les indications morphologiques et biologiques que donna Somesvara

La Chine :Nous ne dirons que quelques mots de la zoologie chinoise médiévale, d'abord parce qu'elle est très mal connue, et ensuite parce qu'il est difficile d'appliquer à la chine la notion de Moyen âge telle qu'elle est comprise en Occident. pour divers hitoriens. Le Moyen âge en Chine pourrait s'étendre en fait du X siècle au XVIII siècle






Prenons l'époque qui correspond plus ou moins exactement au Moyen âge occidental, c'est à dire celle comprise entre 420, début des dynasties du Nord et du Sud et le milieu de la période Ming allant de 1368 à 1644

L'histoire naturelle en Chine fut essentiellement étudiée  en liaison avec la matière médicale dans les recueils appelés " Pen Ts'ao ". Ce sont des herbiers ( traités de botanique médicale ), mais on y trouve souvent aussi des listes de minéraux et d'animaux

Le plus ancien daterait de 200 avant JC " Chen Nong Pen Ts'ao ", de nombreux autre furent écrits sous les dynasties T'ang, Song etc...pour aboutir au plus important de tous, celui de Li Che Tchen 1518-1593 nommé le " Pen Ts'ao Kang mou "   

Ces recueils désignent en fait plusieurs sortes de petits animaux, comprenant aussi bien de véritables insectes, myriapodes, arachnides, crustacés et mollusques, que des amphibiens, crapauds et grenouilles !

Nous voici donc revenus  à la classification de Thomas de Camtimpré (voir article I) et d'autres auteurs de l'Occident. L'illustration de certains recueils furent réédités à Pékin :






On y voit des représentations d'insectes, coutilières, cigales, guêpes avec leur nid, mantes religieuses, puis des myriapodes, des crabes et autres mollusques, ainsi que divers vertébrés comme le buffle, le pangolin, l'écureuil volant. Puis des chauve-souris, des cerfs avec détails du développement des bois et pour finir poisson-chat, poisson-scie, et cormorans

Si l'on en croit nos doctes historiens les chinois seraient les plus grands illustrateurs zoologiques du Moyen âge, mais certaines peintures et dessins sont fort difficiles à dater avec précision !!!. On trouverait aussi des notions de zoologie dans l'oeuvre de Lao Tsé et de ses disciples, ainsi que dans divers autres textes, comme dans une Anthologie de l'époque T'ang du IX siècle

Rappelons aussi le Traité sur les crabes de Fou Kong (1039), et celui sur les grillons de Kia Sseu Tao, ministre d'état sous la dynastie Song au début du XIII siècle 

Citons aussi Ye Jin Yan, dans ce même XIII siècle, qui eut l'idée d'introduire dans les huîtres perlières de menus objets qu'il retirait ensuite enrobés de nacre, découvrant ainsi la genèse de la perle de culture. la civilisation chinoise s'est intéressée  aux animaux plus pour son plaisir que d'un point de vue zoologique !!





Conclusion : L'étude des animaux fut donc loin d'être négligée au Moyen âge, tant en Occident qu'en Orient, de nombreuses espèces  d'i  nvertébrés et surtout de vertébrés font l'objet de commentaires détaillés

On les décrits, on s'intéresse à leurs moeurs, les faunes locales ou exotiques attirent l'attention de divers observateurs et le nombre des espèces connues augmente sensiblement

Un parallélisme presque absolu peut être établi entre la zoologie occidentale et orientale qui restent toutes deux fortement tributaires de la tradition antique, de la religion, du folklore et des superstitions

Mais par un curieux paradoxe, ces tendances scolastiques et mystiques sont contrebalancées par d'indiscutables préocupations utilitaires : On s'intéresse aux animaux surtout pour des buts pratiques...chasse, pêche, agriculture, sport, matière médicale etc... 

Mais d'ores et déjà nous devons une fois de plus, ne pas nous montrer trop sévères pour le Moyen âge ou la zoologie possède ses incontestables lettres de noblesse. Ces trois articles sont tirés d'un document de Jean Théodoridès chargé de recherches au CNRS....M de V 


lundi 3 juillet 2023

La Zoologie vue par l'Islam au Moyen âge ( II )

L
e succès de Mahomet (570-632) et de sa doctrine est un des faits les plus étonnants dans l'histoire des religions. partis d'Arabie, ses disciples devinrent rapidement innombrables et formèrent une immense cohorte qui déferla tour à tour sur l'Asie Mineure, la Perse, une partie de l'Inde, l'Afrique du Nord et l'Espagne

Les territoires conquis connurent une culture très raffinée en particulier sous les dynasties des Omeyyades, puis des Abbassides à Bagdad (VIII siècle), mais aussi sous les Almoravides et les Almohades en Espagne (VIII-XIII siècles)

Or donc le M-A voit l'apogée du monde Islamique dans lequel les sciences connurent un grand épanouissement. Il faut cependant ne pas oublier que les Arabes avaient largement profité de la science grecque antique, via Byzance, et de l'école de Gundi-Sapour, refuge des érudits Nestoriens (condamnés au Concile d'Ephèse en 431)

D'ailleurs les savants de l'orbe islamique n'étaient pas tous arabes il y avait parmi eux des Persans, des Chrétiens et des Juifs. Le décors étant planté passons à la zoologie !









Pour ce qui concerne cette science, la religion musulmane interdisant la dissection des cadavres et la représentation des êtres vivants, les auteurs de cette période, écrivants sur les animaux vont les considérer d'un point de vue très général, truffant leurs textes de détails fabuleux, poétiques et religieux

Donc d'une façon générale, tout comme en Occident, la plupart des auteurs islamiques parlant de zoologie le font d'une manière plus littéraire que scientifique. Et à l'exemple de ce qui se passait en Europe chrétienne, ce seront les auteurs " Techniques " (voir article sur la zoologie en Occident), qui donnent des observations de première main

On connaît néanmoins divers auteurs s'étant occupés de zoologie et je vais essayer de vous brosser un tableau chronologiquede ceux-ci pendant la période médiévale. Comme dans l'article précédent nous commencerons par les Erudits, puis les Auteurs techniques, pour terminer par les Illustrateurs 

On doit à Al Jâhiz (767-868) un livre sur les animaux qui est le plus ancien ouvrage arabe de ce genre. connaissant l'oeuvre d'Aristote, il donne également des informations du floklore local et des renseignements transmis oralement par les Bédouins, malgé de nombreuses digressions théologiques l'auteur est intéressant en raison de son esprit critique !









Les Frères de la sincérité (X siècle) donnent une curieuse classification des animaux basée sur leur mode de reproduction. ceux qui s'accouplent en bondissant, conçoivent, mettent-bas, allaitent et élèvent leurs petits, ceux qui s'accouplent en marchant, pondent et couvent (oiseaux et insectes), ceux qui ne connaissent ni accouplement, ni mise-bas, ni ponte mais qui naissent de la pourriture (vers), une croyance à la génération spontanée d'animaux inférieurs

Abdullatif ben Jusuf (1161-1231) parle lui, de l'incubation artificielle des oeufs de poule, de la colonne vertébrale du crocodile "composée d'un seul os", donne des détails sur les Scinques (lézards) et l'Hippopotame

Al Damiri, mort au Caire en 1405, est l'auteur de " la vie des animaux ", dernier grand ouvrage de zoologie arabe. Il classe les animaux par ordre alphabétique et les étudie en fonction de ce que disent les textes religieux, la tradition et les proverbes. Il a cependant le mérite de remarquer que la Chauve-souris n'est pas un oiseau d'après divers caractères morphologiques et biologiques 

Passons aux Auteurs Techniques, spécialistes de la chasse, de l'agriculteurs et de la médecine !









En Orient la chasse à l'aide de chiens, guépards et faucons fut très répandue, le texte arabe le plus ancien sur la fauconnerie daterait du XI siècle et il en existe de nombreux autres. les croisades d'une part et l'influence orientale à la cour de Frédéric II (voir article précédent) contribuèrent à introduire ce sport en occident avec énormément de succès

Les ouvrages agricoles renferment d'intéressantes informations zoologiques, ainsi celui d'Al Nabati (X siècle), sur l'agriculture Nabtéenne, puis Ibn Wafid, à la même époque ( vers 1000-1078), écrivit un important Traité d'agriculture dont la dernière partie concerne la zoologie agricole !

Suivra l'encyclopédie de Abu Zakariya de Séville (XIII siècle), représent le chant du cygnede l'école agricole Hispano-arabe. la dernière partie de cet ouvrage concerne la zootechnie (bêtes à laine, élevage de chevaux, mulets, ânes et chameaux, oiseaux de basse-cour et abeilles !

Les oeuvres médicales des auteurs de langue arabe contiennent également des allusions zoologiques, fournissons quelques exemples 









Le chirurgien Andalou Abu Al Qasim (en latin Abulcasis) à Cordoue au X siècle, suture les plaies en faisant mordre les bords de celles-ci par de grosses fourmis dont on détache ensuite le corps

Le célèbre médecin philosophe Avicenne ( Ibn Sina en persan), 980-1037, né à Boukhara, capitale de l'empire Samanide, dans son " Canon de la médecine " tente une classification des vers intestinaux de l'homme, mais il est moins heureux lorsqu'il parle de la Filaire de Médine ( vers ronds et filiforme d'Afrique vivant sous la peau) qu'il prend pour un nerf dégénéré ! 

Avenzoar ( Abou Merwan Ibn Zuhr ), médecin de Séville dans l'empire Almoravide (1091- 1162) connait aussi les principaux parasites macroscopiques de l'humain y compris le minuscule acare de la gale. Mais il énumère aussi toute une série de mollusques, insectes, poissons, reptiles, oiseaux et mammifères qui nous renseignent sur les espèces consommées par les arabes à cette époque

Moshe Ben Maïmon (ou Maîmonide), rabin séfarade du XII siècle, médecin et philosophe juif , né à Cordoue en 1138 et mort au Caire en 1204, écrivit en arabe ses oeuvres médicales et fut le plus brillant représentant de la pensée hébraïque médiévale..








Mais c'est surtout dans son Traité des poisons qu'il donne des précisions extrêmement intéressantes sur les arachnides et les serpents, ainsi que sur le comportement du chien enragé

En ce qui concerne les Illustrateurs, malgré l'interdiction du coran, des miniatures de manuscrits islamiques représentent fréquemment des animaux 

Celles de l'école dite de Bagdad illustrant des textes non scientifiques sont assez réalistes au XIII siècle, et plus conventionnelles au XIV siècle. Citons aussi celles plus tardives d'un Traité sur les maladies des chevaux, manuscrit exécuté en Egypte à la période Mameluk 1467 (XV siècle) et conservé à Istanbul



PS :l'étude des animaux fut donc loin d'être négligée au Moyen âge tant en Occident qu'en Orient... M de V