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lundi 21 mai 2018

Le Vin, l'or du pays Aquitain XIII-XIV siècle

L'affrontement entre l'Angleterre et la France va profiter grandement aux Aquitains, qui ne peuvent que se féliciter de la répudiation d'Aliénor par ce benêt de Roi de France. Le Duché passant à l'Anglois, sera pour eux une formidable opportunité ! Les privilèges offerts par l'Angleterre apportent à Bordeaux, le coup de fouet économique dont elle avait besoin.

Car s'il est indéniable que les Templiers, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem sont eux aussi responsables de la renaissance du vignoble, notre Duchesse elle, par son remariage ouvre le marché Anglais aux vins Gascons et Aquitains en général !!

Un bref regard en arrière nous permet de voir qu'au XII siècle, le vignoble est limité à quelques terroirs, comme ceux de la proximité immédiate de Bordeaux. La concurrence est rude avec les vins de la Charente qui l'emportait très nettement sur le marché d'outre manche !!!






Mais au XIII siècle tout change, la prise de La Rochelle par le roi de France en 1224, ferme le marché du vin vers l'Angleterre pour les Charentais !! Ils étaient les rivaux les plus dangereux du commerce du vin en Bordelais et dans l'Aquitaine.

Car le Roi d'Angleterre va signer alors une charte avec Bordeaux, donnant à la ville l'exclusivité du commerce du vin, vu que la France venait de lui prendre La Rochelle !!

Puis le Roi d'Albion, Duc d'Aquitaine va céder, avec quelques réticences, aux exigences des Bordelais, leur accordant l'exemption de la coutume, un droit levé sur les exportations, mais également sur la petite coutume, droit levé sur le vin entrant dans la cité. Le retrait de ces taxes vont augmenter grandement les bénéfices de nos commerçants en vins et vignerons de toute l'Aquitaine !!









Alors les campagnes vont se couvrir de vignobles, on plante en Médoc et dans les graves de Saint Emilion, puis les vignobles de Cahors et ceux de l'Agenais, sans oublier le Bergerac, la Gascogne et même les Pyrénnées

Autre facteur important de ce commerce florissant est l'évolution du goût des gens pour les vins plus alcoolisés, qui par le fait ont une meilleure tenue et se conservent plus longtemps !!

Or donc, au bord de cette belle courbe de la Garonne, le port de la Lune connaît un essor continu, à tel point que nos Bordelais devront à plusieurs reprises au XIII et XIV siècle élever de nouvelles murailles.

Le vin rapporte donc désormais de considérables fortunes aux commerçants du vin et aux propriétaires des vignobles d'Aquitaine, ainsi lors des grandes foires ils réalisent des bénéfices de trois à quatre fois supérieurs aux frais d'exploitation

Assurés de vendre leurs récolte, cette manne céleste profite à toute la chaîne de l'artisanat d'Aquitaine, fort peu de familles vont se lancer dans le commerce du transport, hormis les Colom et les Cailhau, ce seront des Bretons, des Anglais ou des normands qui armeront des Coghes,afin de profiter eux aussi du principal produit Aquitain qu'est devenu le vin !







L'expédition du précieux liquide se fait à partir de deux ports, en premier Bordeaux d'ou partent chaque année deux flottes, la première en automne, transportant vins rouges et blancs et les célèbres Clarets, la seconde au printemps destinée à livrer les vins du haut pays Garonnais.

Il faut noter que le tiers de ces chargements des deux flottes sont destinés aux rives de la Tamise, a tel titre que les Bordelais installés la bas reçoivent le titre de bourgeois de Londres, milieu dans lequel un Geoffroy Chaucer évoluera toute son enfance (voir article)

Puis Bayonne qui bien qu'elle n'exporte pas les prestigieux crus de Bordeaux et de Cahors, connaît un bel essor en servant de port pour les expéditions des vins de l'Adour

Mais il nous faut aussi parler de Cahors que nous avons nommé plus haut, qui bien lovée dans un méandre du Lot fait partir de nombreuses Naves aux riches cargaisons de draps et de vins, la cité exportant vers l'Angleterre, la Scandinavie, l'Allemagne, l'Espagne, le Portugal et le Levant

Bordeaux à cette époque frisait les 30 000 habitants, chiffre considérable pour l'époque avec une superficie 5 fois plus importante qu'au début du X siècle, rythme de croissance colossal pour le Moyen âge !!





PS: L'essor commercial profite au monde urbain, car c'est par ces cités que passe le vin, mais aussi tous les autres produits commercialisés, que ce soit la pêche ( fraîche ou salée), le drap et toute l'industrie et les matière premières M de V