A l'avènement de Charlemagne, les choses changèrent de face. Ce prince aimait et protégeait les lettres et le diocèse d'Orléans fut un des premiers à ressentir les effets de son auguste patronage. Le savant Théodulfe, appelé d'Italie par le Monarque, placé à la tête du monastère de Saint Benoît, ne tarda pas à rendre aux études leur première splendeur que le malheur des temps avait ternie
Ce qui ne fit que s'accroître, lorsque cet illustre étranger devint en 793 évêque d'Orléans, ainsi grâce à lui, non seulement son diocèse, mais encore toute la France se ressentirent de son expérience et de ses lumières, car Charlemagne recevait volontiers et s'en servait pour améliorer la situation intellectuelle de ses peuples. Mais tout était à créer, les peuples étaient encore dans la barbarie et avant de faire des élèves il fallait former des professeurs, c'était la tâche que les monastères poursuivaient inlassablement
Alcuin, étranger comme Théodulfe, investi comme lui de la confiance du monarque aidait et encourageait les efforts de l'évêque d'Orléans. Encore une fois il va s'écouler un certain temps avant que ces écoles parviennent à la réputation qu'elles auront au XI siècle, d'ailleurs la funeste invasion normande dont nous parlerons plus loin vint bientôt moissonner avant leur épanouissement ces fleurs à peine sortiez de terre
Pour donner une idée du pas immense que Théodulfe fit faire aux études il faut exposer l'ordre de l'enseignement classique tel qu'il fut établi dans les écoles épiscopales. Toutes les sciences connues de son temps entraient dans un programme sous le nom de Trivium et Quadrivium, formant une sorte d'échelle dont les Escoliers parcouraient progressivement les degrés
Le trivium comme son nom l'indique renfermait trois sciences, la Grammaire, la Rhétorique et la Dialectique. De la on passait au Quadrivium, c'est à dire l'ordre des connaissances supérieures, qui comprenaient , l'Arithmétique, la Géométrie, la Musique et l'Astronomie, sciences auxquelles les religieux joignaient également un peu de Médecine
Après la mort de Charlemagne, puis ensuite celle de Théodulfe, nous constatons que cette prospérité dura peu. Car en vagues successives les Normands vont déferler sur le pays. Ils se rendront maître d'Orléans et en raseront les murailles
Les écoles furent comme lors des précédentes invasions, victimes de la fureur barbare, cela jusqu'en 865 ou la ville fut brûlée et 60 des moines du monastère de Fleury passés au fil de l'épée
Une fois encore l'étincelle de la connaissance fut presque éteinte, par les causes sanglantes que l'on connait, portant un immense préjudice aux lettres, non seulement dans ce diocèse mais dans presque toute la France. Les églises, les bibliothèques et les monastères, tout s'était effondré, brûlés ou en ruine et une foule de précieux manuscrits furent à jamais perdus pour la postérité
Le règne de l'ignorance était de retour, le peu de manuscrits qui avaient pu être soustraits à ce désastre étaient en trop petit nombre pour suffire à ceux qui voulaient se livrer à l'étude et leur rareté les portaient à un prix excessif. Il fut fréquent à cette époque que les gens fortunés fassent des dons de livres plutôt que de donner des espèces
Cependant la perte de beaucoup de livres précieux ne doit pas être uniquement imputées aux causes que nous signalons. Comme le prix du Parchemin ou du Velin avait du fait de sa rareté atteint un taux fort élevé et que les maisons religieuses ne pouvaient plus par manque de ressources s'en procurer en quantité suffisante, il arriva que l'on fit subir fréquemment à d'autres manuscrits une cancellation,
Ce qui permettait d'en utiliser le support pour une seconde utilisation. C'est peut être la deuxième cause de la perte irrémédiable de tant d'oeuvres manuscrites
PS: nous terminerons cette étude de mademoiselle A de Foulques de Villaret dans l'article suivant M de V