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mardi 26 juillet 2022

Les Métiers au Moyen âge, ou la Réalité des Faits !

Lors de la rédaction de mon précédent article sur la cité de Bergues Saint Winoc, j'ai senti le besoin de me plonger à nouveau dans ma Doc, sur les métiers et leur organisation. Fort de ce supplément d'infos il me semblait nécessaire d'argumenter l'évolution des métiers au Bas Moyen âge, particulièrement dans les XIV et XV siècles !

La ville était un lieu d'échanges, un refuge aussi, mais avant tout c'était un lieu de production. Or donc occupons nous de l'organisation sociale de cette production, avec ses métiers, corporations et guildes, ainsi que des trois niveaux composant le personnel de l'atelier, c'est à dire l'Apprenti, le Valet (ouvrier qualifié, voir compagnon), et le Maître !

Ce système devait en théorie faire règner l'harmonie, garantissant la qualité de la production par un long apprentissage et l'obligation pour l'ouvrier qualifié ou le compagnon de réaliser un Chef d'oeuvre, réservant par ce moyen, l'accés de la Maîtrise aux meilleurs

Cela devait également supprimer la concurrence par une réglementation stricte des prix de vente et des salaires, puis éviter les conflits entre les personnes au sein d'un atelier !







Dans le principe tout Apprenti était destiné à devenir Valet (ouvrier), puis de Valet, par son travail et son chef d'oeuvre devenir Maître !. Les relations entre Maîtres et employés étaient des rapports de dépendance personnelle, qui devait dans le principe renforcer la cohésion et l'homogénéité de l'atelier, celui ci au sein d'un groupe d'artisans du même métier formant une corporation ou une guilde !

La réalité est tout autre au Bas Moyen âge !! et il est nécessaire de revoir à la baisse ce tableau idyllique morbleu !. Certes le salariat reste, mais c'est plutôt comme dit B-Geremek, une forme de location de sa propre personne, que la vente de sa force de travail, car dès le XIV siècle le système ne fonctionne plus !

La maîtrise se ferme, peu de Valets (ouvriers), disposent du temps nécessaire à la confection du fameux chef d'oeuvre pour accéder à la Maîtrise !. De plus les Guildes, dirigées par des Maîtres, exigent qu'il soit confectionné dans des matériaux coûteux !. En outre l'impétrant ayant dépensé force clicailles à la réalisation de son oeuvre, devait encore après sa réussite offrir un banquet aux autorités en charge de la guilde !








Il fallait donc être riche pour supporter ces dépenses importantes. Or donc à partir de ce moment, bien souvent seuls les fils de Maîtres pouvaient devenir maîtres eux mêmes !, puisqu'ils avaient à disposition, pour y puiser, la bourse ou l'escarcelle d'un père maître de boutique !

Sournois procédé direz vous !!!...il faut voir ???. L'hérédité de l'atelier était une réponse normale à la précarité et à l'insécurité de l'époque. Ne jettons pas la pierre et ne jugeons pas plus nos ancêtres, alors même que nous amplifions à l'envie les erreurs d'une période  que nous ne faisons qu'effleurer !

Dans ces conditions le Valet n'accéde plus à la maîtrise et de transitoire sa situation devient permanente pour devenir une main d'oeuvre salariée !. On peut y ajouter des Maîtres devenus trop pauvres en sortant de maîtrise et qui ne pouvant ouvrir un atelier sont contraints de travailler comme ouvrier chez d'autres Maîtres du métier !

De ce fait pour les Apprentis le temps d'apprentissage s'est démesurément allongé, Apprentis et Valets se trouvent donc bloqués, sans possibilité de progression au niveau de l'atelier de la boutique !








Les ouvriers vont former des alliances, comme en Flandre (Takehans), puis se mettent en grève, ou en " Trics " comme on dit à Paris. Ces conflits n'auront pas la gravité qu'ils prendront à la Renaissance, car dans l'ensemble la conjoncture reste favorable aux salariés et le niveau des salaires reste en hausse tout au long de cette période !

Cependant au XV siècle l'étude de la société Urbaine révèle une série d'antagonismes et celui qui oppose Maîtres et Valets n'est pas le seul !. Il y a désormais une division du travail de plus en plus marquée dans les métiers !

Prenons un exemple : le métier de Forgeron s'est scindé, en 1437 à Munich, en trois spécialités formant trois autres métiers, le Maréchal Ferrant, les fabricants de Faux et outils du même genre, et les armuriers. Des rivalités se développent entre métiers participant à une même production, dans le cas cité en exemple la forge des métaux. Mais ils en va de même pour le Drap avec les Tsserands en Flandre, ou ailleurs en Europe, les charpentiers et les couvreurs, le travail du cuir, ou les barbiers et les barbiers chirurgiens, les fabricants de chapeaux, bref à peu près toutes les corporations sont touchées








Ces productions divisées comme le sont celles de la Draperie, par exemple, avec ses tisserands, ses fileurs de laine, ses foulons et ses teinturiers sur laines, fils et soie, sont en fait contrôlés par de riches marchands entrepreneurs. L'enjeu de ce contrôle est le gouvernement de la ville, y accéder permet de protéger la production locale et de se débarrasser de concurrents dangereux !

Les villes luttent entre elles, et bien plus férocement dans les pays possédants des cités états, comme en Flandre, ou dans les cités états d'Allemagne et d'Italie !!. Rassurez vous, même si nous avons des Roys, en France et en Angleterre nous ne sommes pas en reste dans ce domaine!, et les grandes cités feront tout pour réduire également la production de l'industrie rurale de proximité



PS: article écrit après lecture du livre " Le Moyen âge en Occident " de Messieurs M-Balard, JP-Genet et M-Roche...ce livre me fut offert par " Mots d'Hyppo " mon bouquiniste, restaurateur et relieur de livres anciens ...M de V