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samedi 29 septembre 2018

N°240) Guido Cavalcanti, Patarin ?, Epicurien ?

Les Cathares du Languedoc dès avant et après la chute de Montségur, allaient se réfugier en Italie c'est la un fait essentiel pour le personnage dont nous allons parler

On les nommaient indifféremment Patarins, Bougres (bulgares) ou Manichéens, Alphonso Ricolfi dans son " studi sui fideli d'amore", signale qu'il y eut à Florence des sentences de condamnation et d'absolution à la charge des hérétiques cathares Toscans, prononcées en 1283, 1287, 1309 et 1313, donc à l'époque de Dante et de son ami Guido Cavalcanti

On constate qu'ils étaient fort nombreux car ils prirent une place prépondérante dans le changement de gouvernement de la république de Florence, qui vit passer le pouvoir des Guelfes aux Gibelins !!

Guido était au témoignage de ses contemporains un hérétique, la foule le nommait "Patarin", plus tard Boccace le traitait d'épicurien dans son Décameron, mais celui ci est né 1313, onze ans après la mort de Cavalcanti. Il ne fait que reprendre le qualificatif employé par Dante, nous en reparlerons plus loin !









Dante décrit dans son chant X de l'enfer, le père de Guido et le place dans le même cercle que Farinata qui était Cathare, hors on sait que la dite Farinata donne en mariage sa fille à Guido, ceci par décision familiale et bien avant la puberté des mariés!!

Il faut donc croire que cette affiliation au Catharisme était une tradition familiale chez les Cavalcanti au XIII siècle, pour renforcer cette idée on trouve deux dépositions au grand procès contre les nobles Cathares à Florence en 1245 c'est à dire un an après la prise de Montségur !! On y trouve signalé deux Cavalcanti, un certain Uguccione et son fils !!

Que Guido ait adhéré au catharisme, ou plus exactement qu'il soit revenu à cette tradition familiale, ou à cette secte comme l'écrit Dante, ne semble pas étonner l'auteur P Guilberteau

Puis si l'on prend le récit de Guido concernant son hypothétique pèlerinage à Compostelle, lorsqu'il nous parle de la fameuse dame de Toulouse "Mandetta"? nous disant que son coeur est resté à Toulouse ?. A t'il matériellement fait ce pèlerinage avec l'idée de s'arrêter à Toulouse sous prétexte de maladie ?, rien n'est moins sur !!









Pour un homme comme Cavalcanti, né de famille connue pour ses attaches Cathares Languedociennes il est difficile, d'y voir autre chose, qu'un attachement profond aux idées Toulousaines cathares !! Cette dame Toulousaine, nommée Mandetta n'est qu'un symbole un "Senhal" comme disait les Troubadours, pour désigner la pensée Cathare !!

Bien sur, c'est facile me direz vous !! Mais c'est la pensée de l'auteur, que je partage, mais effectivement aucun texte ne prouve qu'il soit parti en pèlerinage et qu'il se soit arrêté à Toulouse ???

Je suis un copiste, j'assimile et je restitue, en l'occurrence il se trouve que je sois d'accord avec P Guilberteau, l'histoire reste l'histoire, sans preuves nous n'émettons que des hypothèses









Mais revenons à Boccace qui parlait de Cavalcanti en le traitant d'épicurien, il ne fait la, qu'utiliser ce que Dante, son idole, dit lui même !! L'auteur de la Divine Comédie, assimile les Cathares aux épicuriens !!

On peut penser qu'il se fonde sur une partie de la doctrine d'Epicure, comme le renoncement aux biens de ce monde, à la fortune, aux ambitions politiques et aux germes de la passion qui nuisent à la paix de l'esprit ??

Faut il croire que c'est en raison de ce refus des biens de ce monde que pratiquaient aussi les Cathares, mais pour d'autres raisons, que les Florentins et Dante en particulier ont utilisé ce terme d'épicuriens pour désigner les patarins ?????

Cela semble restrictif, mais nous sommes à la fin du XIII et au début du XIV siècle !! Mais pourquoi pas après tout ! car nous même lorsque nous nous attribuons le qualificatif d'épicurien c'est à dire dans le sens voluptueux, nous sommes nous même fort éloignés de la doctrine d'Epicure !!


PS: pour moi chacun voit avec les lumières de son temps les écrits des anciens M de V






vendredi 21 septembre 2018

Le Droit de Grenouillage ???

Le mot Grenouillage a deux sens, il veut dire, le droit pour le seigneur de faire battre les eaux afin de faire taire les grenouilles !!!, et  aussi le devoir pour le vassal de battre les eaux ??

Ce mot ne se trouve écrit nul par dans les manuscrits anciens ni dans aucun texte de l'époque féodale, il semble de création bien plus proche de nous, il est de ce fait posthume au droit et au devoir énoncé plus haut, les référence que l'on trouve portant sur le sujet proviennent du XVI et le XVII siècle.

Pourquoi me direz vous est ce que je monopolise votre temps avec un sujet qui sort de notre période de prédilection ???. Je dirais pour nous détendre et parce que l'on entend parler de personnes qui sont dérangées par des grenouilles à notre époque et peut être aussi parce qu'au Moyen âge on se contentait de les bouffer !!

Certains pensent encore que jusqu'à la révolution, des paysans passaient une partie de leurs nuits à battre fossés et étangs, du moins ceux voisins des demeures seigneuriales, afin d'empêcher les grenouilles de coasser et de troubler le sommeil du seigneur !!

Peut on émettre l'hypothèse que des paysans harassés par des nuits de chasse à la grenouille aient déclenchés les événements de 1789 ???....bon c'est de l'humour !!!...je m'en excuse ne voulant pas froisser nos révolutionnaires français !!!








On peut émettre deux objections, l'une fournie par l'histoire naturelle et l'autre par l'expérience. D'abord les concerts de grenouilles ne retentissent qu'au temps des amours en avril, mai et juin, puis endormies dans la vase elles se taisent pour de longs mois !


Puis il faut bien avouer que faire taire nos batraciens sur un étang de quelque étendue est une entreprise difficile ! voir impossible !, cela exige un grand nombre de personnes munies de barques, qui n'observant pas le silence, prétendent en imposer aux grenouilles ????

Or donc ce grenouillage, si grenouillage il y eut ne pouvait s'exercer qu'aux mois ou nos batraciens se font entendre et sur des plans d'eau de dimensions réduites, ce qui semble logique ! Mais même à ces conditions que le bon sens réclame, le grenouillage existait il vraiment dans les régions de France ? Ou cela faisait il parti de contes et légendes de nos campagnes ??

Nul besoin de rappeler qu'à notre époque certains de nos contemporains, traînent en justice de malheureux propriétaires de plans d'eau à cause du bruit que font nos joyeux batraciens, il semble que plus les hommes sont nombreux plus les animaux dérangent ????









Il semble que nos historiens aient épluchés toutes les documentations sur les droits féodaux, les redevances et les corvées, surtout ces dernières qui comprenaient le curage et la réparation des fossés d'un château !! Mais cela soulevait une question, la corvée est essentiellement un service de jour !!, or nos batraciens coassent la nuit !!

Rien ne fut trouvé, même pas un juge ayant eut à résoudre une question relative à ce droit !! On peut donc conclure qu'il n'avait pas de caractère rigoureux et qu'il était si rare qu'il passa inaperçu de nos historiens ???

Nous prendrons deux exemples l'un du XVII siècle et l'autre du tout début du XIII siècle, afin d'étayer cet article sur nos fameuses grenouilles. Il y eut au total 14 écrits se reportant à cette pratique du grenouillage sur l'ensemble du territoire français, ce qui soit dit en passant est fort peu pour ce droit qui selon certaines personnes avait traversé les siècles !!!!! A tout seigneur tout honneur nous commencerons par le Moyen âge, en l'an 1200










Le grenouillage de Corbie à quelques lieues d'Amiens, ou se situe la célèbre Abbaye, possédant de vastes possessions. On trouve dans les articles du long rôle des feudataires de ce lieu de prières, ce texte latin en 1200, je cite:

Fugator ranarum de "Naurdis" fidelitatem facit... domino abbati....
Puis: Fugator ranarum de " Tanes" fidelitatem facit.....
Omnes isti liberi famuli nostri sunt...

Premièrement on ne sait ou se trouvait ces deux lieux Naurdis et Tanes sur les possessions de l'Abbaye ???, mais on parle de chasseurs de grenouilles à Naurdis et Tanes, faisant hommage au seigneur Abbé... est ce au sens de mettre en fuite ????

Il s'agirait donc d'un devoir féodal à raison duquel les chasseurs de ces deux endroits font hommage au seigneur Abbé du lieu ??? Il pourrait donc s'agir d'un devoir de grenouillage, mais sans aucune indication sur la cause et les conditions de ces actions ?? Les gentils batraciens dérangeaient ils les offices et les prières de la nuit ??, ou suis je en droit de penser que nos bons moines les faisaient chasser pour améliorer leur ordinaire ??










Maintenant le grenouillage de Rames dont la châtellenie relevait du roi pour la Vicomté de Montivilliers (environs du havre), on trouve aux archives un aveu de 1587 ou l'on ne mentionne pas le grenouillage, par contre dans celui de 1609, on trouve les faits suivants.

Je cite: Ici sont tenus mes hommes, vassaux et subjects de battre de les grenouilles dans les fossés du Chasteau qui empêchent le seigneur de dormir !!!!! On trouve la même mention dans un aveu de 1652 !!

Question: mais pourquoi ne trouve t'on pas les mêmes mentions dans les autres fiefs de Montivilliers ???, le fait semble farfelu, ou pour le moins exceptionnel !! mais ne concerne pas le moyen âge





PS: il me semble que ce droit fut aussi tardif qu'exceptionnel, mais je laisse le soin à nos historiens de m'éclairer sur ce sujet, le copiste que je suis vous laisse, toute honte bue, avec ce problème sur les bras M de V

mardi 18 septembre 2018

Polémique, Poste et messagers ??

Pendant très longtemps, le terme poste ne définit que l'endroit ou il est possible de changer de chevaux, plus tard nous trouverons une poste aux messages et aux lettres.

Puis une poste aux chevaux pour le transport du public, des marchandises y compris les sacs de la poste aux lettres !! le transport des messages remonte à la plus haute Antiquité, les premiers messagers sont des porteurs d'ordres, qu'ils soient écrits ou oraux à l'intention des dirigeants, donc nos Rois, Princes, Ducs ou Empereurs, mais également la noblesse et le Clergé, Cardinaux, évêques, chapitre cathédrale, Monastères et Abbayes

Sans oublier de citer la correspondance des Bailliages, des Prévôts, des corporations et des Guildes de toutes les grandes cités, ce qui faisait tout de même un bon nombre de coureurs de chemins tant à pieds qu'à cheval !!!!








Car si l'on tient compte du livre des feux au début du XIV siècle, nous sommes au bas mot en France 16 millions d'âmes !! Or donc dans ce bas moyen âge, les messagers sont ce que l'on peut nommer " des coureurs des écuries", créés pour porter dépêches et ordres, soit du Roi, de la Chambre des comptes, ou de ceux qui portaient "les rolles des tailles", ou encore "les papiers des feux", plus clairement, le recensement et les impôts !!

Pour les messagers des Villes et Gros Bourgs il faut ajouter tous les professionnels de la routes et du voyage comme les négociants, voituriers, forains, Pèlerins et ouvriers itinérants du bâtiment, qui pouvaient se charger d'un courrier et servir d'intermédiaire pour des particuliers.

Les Messagers Royaux se chargeaient parfois, eux aussi, de courriers pour des particuliers, mais contre une rétribution clandestine, les abus dans ce domaine furent fréquents

Mais tous ces messagers n'avaient aucun lien entre eux et cela nous donnait une organisation limitée voir même rudimentaire, de plus il n'était pas possible d'affirmer avec certitude par qui une missive avait été transportée ? Or donc au bas moyen âge il n'existait aucun service postal en France








Il existerait un édit Royal de Louis XI, qui ferait de ce roi le "créateur de la poste d'état", tout le monde en parle mais personne ne l'a vu !!. Notre auteur Jean Pothion, nous cite un faux, qui selon lui fut rédigé en français dans le style Louis XIV et présenté à ce roi pour faire valoir des droits d'antériorité sur la ferme générale des postes du Surintendant Jérome de Nouveau en 1660 ??

Il cite ensuite Gaston Zeller, historien, qui prouve que Louis XI n'est pas le créateur de la poste, mais un monarque qui a su organiser un service temporaire de relais de chevaux pour les messagers. En vieux Français, Poste = Relais (sens du latin Posta)

Dans son Louis XI, Pierre Champion nous parle de cet édit du 19 juin 1464 dans lequel on voit communément l'origine de la poste. Mais nous apprenons que dans le recueil des anciennes lois françaises nous ne possédons ni le texte original, ni même une copie authentique !!!!!. Voila qui embrouille sérieusement les pistes ???

PS: Or donc le copiste que je suis laisse à de plus Docte le soin de prouver que Louis XI fut le créateur de la poste, mais comme les historiens ne placent pas ce Monarque parmi ceux du Moyen âge, cela sort de mon domaine de prédilection. Comme d'habitude la Doc provient de la BNF ...M de V







mercredi 12 septembre 2018

Les Routiers Catalans "Rage meurtrière" (III)

Les noces furent superbes voir éclatantes, avec le somptueux cortège nuptial du soldat de fortune et de la princesse impériale. Cet événement causa une grande joie dans la soldatesque catalane, qui ne douta plus de sa bonne fortune, devant le si beau mariage de leur chef, Roger de Flor !!

Mais sans le savoir ils avaient sur les marches même du trône, un adversaire acharné !! Michel IX, le fils aîné et co-régent, du Basileus, c'était un Orthodoxe fanatique et taciturne, dès les premières heures de la venue des Catalans, il dénigrait auprès de son père ces "Latins vagabonds et arrogants", lui demandant d'ouvrir les yeux et de constater qu'il c'était juste donné de nouveaux maîtres

De l'autre côté les Génois ne sont pas en reste et se mêlent à toute cette agitation partisane, ils vont réclamer à Roger, les sommes qu'il avait empruntées au nom du Basileus pour faire face à son départ de Sicile, ayant lui même englouti sa fortune dans ce projet !!!!

De Flor leur demande de s'adresser au Basileus, mais il lui fut déclarer qu'il était un débiteur de mauvaise foi, le Basileus faisant lui même la sourde oreille. La marmite commençait à bouillir et pas besoin de vous dire qu'il n'était pas nécessaire de les énerver pour qu'ils se fâchent !!!








 Au milieu des fêtes du mariage des génois vont insulter des catalans, on en vint aux mains rapidement dans les ruelles étroites et commerçantes. Puis un mal embouché nommé "Roso de Finale", bannière de Gênes en tête, accompagné de ses compatriotes, vont l'agiter en signe de défi, devant la demeure ou festoient les principaux nobles Catalans des compagnies !!

Ceux ci avec leurs hommes entre le fromage et le dessert, se ruèrent sur les Italiens, ni Roger, ni ses principaux Capitaines ne peuvent calmer la fureur de leurs hommes. Ils chargent abatte Roso dans les pans de sa bannière, mais le parti des catalans victorieux avait grossi !!! Ils foncent sur le reste des génois qui se retranchent au fur et à mesure derrière des barricades de fortune, faites de tables de tonneaux de pierres et de sacs !!!

Rien ne leur résistera, ils vont tuer et massacrer tout le monde, une vrai boucherie, bientôt plusieurs centaines d'Italiens jonchent le sol. Lorsque le Basileus vit de ses fenêtres le carnage, effaré des conséquences, il supplie Roger de Flor pour qu'il face le nécessaire afin de stopper ce bain de sang. Il va parvenir avec ses capitaines, en courant eux même de grands risques, à stopper la folie meurtrière des Catalans

Mais la conséquence c'est qu'ils venaient de se créer un ennemi implacable et puissant en Méditerranée, la République de Gênes !!!!!!








Cette catastrophe va brusquer le départ des catalans, tout le monde tombe d'accord il fallait les éloigner au plus vite des Génois de Constantinople. Du reste il était plus que temps car les contingents Turcs d'Anatolie poursuivaient leurs incessants ravages !!

Nos Routiers prennent la mer et débarquent à environ cent milles de Constantinople sur un rivage de la Marmara, un promontoire que l'on nommait à l'époque Artaki, l'endroit était populeux, riche et fertile, composé de vingt mille maisons, fermes et métairies.

On débarque la cavalerie et la troupes, puis l'on met sans perdre un instant l'endroit en état de défense, vieux principe des bandes mercenaires. Le tout est fait dans le calme et le professionnalisme de ces gens de guerre.

Les turcs de l'Emir Karasi se préparaient à attaquer cette grasse presqu'île, cependant ils ignoraient le débarquement des Catalans, bien que leur campement ne soit qu'à quelques lieues du promontoire. Ils allaient avoir un réveil difficile.....et encore le mot est faible !!!

Chez les routiers on n'installe pas un campement sans faire des reconnaissances, donc ils vont très vite trouver le campement Turc, alors commence la préparation de la danse macabre !!







Au plus profond de la nuit les compagnies se ruèrent en silence sur les Turcs qui campaient avec femmes et enfants !

La consigne avait été donnée "pas de quartier", les Turcs surpris dans leur sommeil au petit matin, attaqués par ces hommes agiles, vigoureux et disciplinés qui chargeant en masse, en maniant furieusement l'épée et leurs javelots diaboliques, vont subirent une complète déroute en se faisant hacher sur place plutôt que d'abandonner leurs familles, il ne resta pas un homme un homme vivant au dessus de l'âge de dix ans !!

Les catalans partirent avec un magnifique butin et rentrèrent à Artaki, quatre galères partirent vers Constantinople chargées d'esclaves et de richesses, un présent que faisait Roger de Flor au basileus et son fils !!!!!



PS: Constantinople fut enchantée de cette victoire et de ces présents bien sur, mais les Génois et Philippe IX cuisaient et recuisaient leurs rancunes et leurs jalousies ....Roger de Flor finira plus tard assassiné lui et son escorte autant pour les exactions commises par ses troupes, car ils pouvaient être en temps de paix un fléau pire que les Turcs, mais aussi par jalousie, je vous conseille ce livre que vous pouvez consulter à loisirs sur la BNF..  M de V


mardi 11 septembre 2018

Les Routiers Catalans (II)

Frère Roger voyait venir les choses de loin, selon le chroniqueur Mutaner, il va prendre une décision audacieuse, poussé par deux impératifs, échapper au Temple et au Pape, puis trouver un nouvel employeur! Grâce à son immense fortune il engage les meilleurs mercenaires, la crème des compagnies Catalanes, il en embauche 2000 d'un coup à sa solde personnelle.

Son insatiable ambition, sa parfaite connaissance du Grecque, les services qu'il avait rendus à Constantinople lorsqu'il était marin, lui permettent d'offrir ses services au Basileus Andronic II Paléologue.

Ce dernier était harcelé par les Turcs il avait grand besoin d'assistance, de plus Andronic avait de fort mauvaises relations avec le Pape, ce qui arrangeait bien les affaires de Robert de Flor.

Le Basileus va accueillir avec joie les offres de services de ces redoutables routiers Catalans et prend à sa charge les bandes, chacune commandée par un capitaine et sous le commandement de Roger, voyons maintenant les effectifs et la composition de la redoutable compagnie !!









Roger possédait en propre huit galères, qu'il utilisa pour les 2000 hommes à sa solde. Le Roi de Sicile, fort content de se débarrasser de ces encombrants mercenaires prêta dix galères et deux Lins (transport de troupes), les troupes se composaient de 1500 cavaliers (sans leurs chevaux) et 5000 almugavares, sans compter rameurs et matelots de la flotte personnelle de Roger de Flor.

Ils emmenaient avec eux femmes, maîtresses et enfants, je vous laisse imaginer l'ampleur de l'expédition !! Roger de Flor avait épuisé toutes ses richesses dans la préparation et l'organisation du déplacement des compagnies catalanes. Ils prendront la mer au cours de l'été 1302.

Au bout de quelques jours ils débarquent au lieu convenu avec le Basileus, l'antique port de Monembasie que les Francs nommaient Malvoisie qui donna son nom au vin si doux et jadis si célèbre

En septembre ils arrivent à Constantinople ou la population médusée vit se ranger en batailles devant les jardins les troupes catalanes. C'étaient de superbes combattants, mais des alliés terriblement incommodes et indociles à côtoyer, que l'imprudent Basileus venait d'attirer dans sa capitale, voyons un peu en détail les guerriers de cette compagnie









 La grande masse de ces guerriers étaient des gens de pied, leur accoutrement était sordide aux yeux des habitants de Constantinople, mais c'était des hommes de fer, rétifs et braves jusqu'à la folie. Tous étaient armés d'une épée longue et d'un large poignard, plus trois ou quatre javelines durcies au feu, qu'ils lançaient avec une précision diabolique, un petit bouclier et un casque de fer complétait l'équipement

Ils étaient chaussés d'espadrilles et leurs jambes sur le devant étaient protégées par du métal, pour ce qui était  du comportement au combat leur seul credo était vaincre ou mourir, rudimentaire mais efficace !!!

Nos pittoresques troupiers suivant leur coutume emmenaient, comme je l'ai stipulé plus haut, leurs femmes et leurs maîtresses. Il faut pour l'occasion préciser un point important, ces rustiques et hardies compagnes arrivant du fond des Pyrénées ou des campagnes de Sicile, ne se contentaient pas de faire la popote, elles savaient fort bien manier l'épée et le poignard à l'exemple des compagnons qu'elles avaient librement choisis !!!!!

Malheur à celui qui aurait eu l'idée saugrenue d'attaquer un campement de routiers Catalans !! ils auraient eu à combattre les hommes, mais aussi leurs compagnes qui étaient aussi mal embouchées et farouches que la troupe mercenaire, rien à voir avec les languissantes dames de Constantinople !!!!









Imaginez la surprise et la crainte pour les habitants de ces palais dorés, habitués au luxe de l'empire Byzantin de voir débarquer chez eux les féroces combattants Catalans. La peur de ces inconnus et la jalousie des compagnies marchandes qui jusqu'à maintenant faisaient la pluie et le beau temps dans la cité évoluait

Roger de Flor comme stipulé sur le contrat signé avec le Basileus est nommé Amiral de la flotte Byzantine, puis il épouse la Princesse Marie, jeune femme de 16 ans, nièce d'Andronic II, la compagnie est fort contente l'expédition débute sous de bons auspices, de plus ils ont été payés, tout semble aller pour le mieux, leur chef étant devenu un grand Duc de l'empire !!






PS: de si beaux débuts allaient déboucher sur un tragique et sanglant lendemain de noces, le fils du Basileus était hostile aux compagnies catalanes, mais aussi les compagnies marchandes Génoises installées à Constantinople ....suite au prochain épisode M de V

lundi 10 septembre 2018

N°235) Les Almugavares, routiers Catalans de 1302 à 1311 (I)

Le désir de l'auteur, G Schlumberger, était de faire connaître l'étrange et romanesque odyssée à travers les provinces de l'empire d'Orient, des fameuses bandes de mercenaires, plus connues sous le nom de " Compagnies Catalanes ", de cet exode de tout un peuple de routiers nés au pied des Pyrénées, de cette route composée de Catalans, d'Aragonais et de Navarrais et ce grâce au chroniqueur qui fut à la fois acteur et l'historiographe attitré des bandes Catalanes il avait pour nom Ramon Mutaner.

Notre saga commence par une paix signée en 1302, mettant fin à la guerre en Sicile, la paix de Catalabellota, qui laissait sans emploi les vieilles bandes des compagnies catalanes, cette guerre avait couvert de ruines la Sicile et tout le midi de la péninsule Italienne

Nos routiers se retrouvaient donc sans solde et bien sur sans pain !!. Ils connaissaient leur valeur et comptaient parmi les meilleures troupes d'Europe, ils avaient brillés aussi bien sur mer que sur terre, remportant de nombreuses victoires, on peut dire que leur réputation les précédaient !!!








On les appelaient très souvent Almugavares ou almogavares, nom d'origine Arabe, que l'on donnait au moyen âge aux gens de pied recrutés dans ces régions des Pyrènées !! Toutes bandes confondues nos routiers représentaient une force de plusieurs milliers de soldats professionnels !!

Cette machine de combat ne pouvait vivre que par la guerre, les hommes habitués à la vie aventureuse et insouciante des camps avaient une existence libre, large et sans entrave !

Ils jetaient donc les yeux à la ronde cherchant de toutes part un souverain ou un potentat qui voulant bien payant grassement leurs services leur permettre de poursuivre cette carrière derrière leur fière et insolent bannière !!!!








Résolus à se donner un chef, ils vont choisir parmi les principaux capitaines des bandes un homme sorti de rien, mais déjà illustre " Roger de Flor " qui sera nommé plus tard " le fils du diable " par les Byzantins. L'homme était sans peur, sans principe et dépourvu de sens moral, de plus il était avide autant que cupide. Or donc le type même de ces chefs aventuriers du moyen âge, qui traitait d'égal à égal avec les souverains, fondant des dynasties et renversant des royaumes. Roger surpassait en richesse tous les autres capitaines des bandes catalanes, ce qui fut je pense un atout majeur pour cette élection !! Nous allons maintenant nous intéresser au personnage, il est recruté à l'âge de huit ans par un frère templier qui commandait une nef de l'ordre, l'enfant devint rapidement un expert à la mer à tel point qu'à vingt ans c'était un marin accompli, le grand maître de l'ordre lui donna le manteau de Templier et le fit frère servant !! On lui confia une grande Nef qui avait pour nom le Faucon, Frère Roger se trouvait à Saint Jean d'Acre lors du siège de 1291, il va bien sur s'y distinguer, mais il semble que lors de la fuite des civils il extorqua au dames qui se réfugiaient à son bord des sommes considérables, il semble même que ce soit le fondement de son immense fortune ?????








Il sera chassé du temple pour cet acte d'infamie, forcé de fuir devant les poursuites du grand maître et dénoncé par le terrible Boniface VIII, comme voleur et apostat il abandonne sa Nef à Marseille pour se réfugier à Gènes. De cet endroit il va rebondir en achetant des Nefs pour se mettre au fort lucratif métier de la course contre les Sarrasins, devenant ainsi un redoutable pirate

Il avait donc amassé un véritable trésor, de plus il soudoyait pour son service diverses bandes de la compagnie catalane, celle de béranger d'Entença, de Ferdinand Ximénès de Arenos et de Béranger de Rocaforte. Tout semblait au mieux pour " Frère Roger ", comme on le nommait en ce temps la !





PS: du moins jusqu'à la paix subite et fort mal venue pour lui de Calatabellota !!....cette saga va nécessiter plusieurs articles ...le nain s'en excuse à bientôt donc M de V



samedi 8 septembre 2018

La fin de Saint Jean d'Acre 1291

On était en l'an de grâce 1291, Philippe le Bel, le roi de fer, gouvernait la France et le moine Jérome d'Ascoli occupait le trône de Saint Pierre, sous le nom de Nicolas IV. Il y avait près de deux siècles que les hommes de la première croisade avaient fondés le saint royaume d'Outre Mer !!

Puis Jérusalem était retombée sous le pouvoir des Musulmans en la personne de Salah al Dîn (voir article), après la désastreuse bataille d'Hattin en juillet 1187, toutefois le royaume se maintenait dans presque toutes les cités maritimes de Syrie et les croisés avaient repris la cité de Saint Jean d'Acre en 1191 lors de la troisième croisade

Celle ci était la principale forteresse franque d'outre mer, la grande capitale militaire et commerciale de la côte syrienne, cité colossale ceinte de fortes murailles, flanquées de nombreuses tours et de fossés profonds, possédant également un port fortifié. Au moment ou tout va se jouer nous sommes dans une période de trêve entre le Sultan et le royaume d'outre mer, du moins ce qu'il en reste !!!









Elle avait été signée en 1283-1284, pour une durée de dix ans, dix mois, dix jours et dix heures !!, étrange et singulière coutume de l'époque. La loi de l'Islam défendait de conclure et de signer une paix véritable entre les vrais croyants et les infidèles, autorisant seulement des trêves !! Il est évident que côté chrétien, c'étaient eux aussi des vrais croyants !! et qu'en face il n'y avait que des infidèles, or donc la trêve était d'un côté comme de l'autre entachée de méfaits que nous nommerons pudiquement des bavures !!!

Cette ville était extraordinaire, peut être la plus étrange de cette période médiévale. Depuis des années les débris de populations florissantes de l'Orient Latin furent chassées petit à petit de toutes les côtes de Syrie, elles avaient reflué sous la protection de ses gigantesques murailles. Puis une population hétéroclite de marchands d'aventuriers d'occident, débarquant au port, qui ne venaient pas la pour faire leurs dévotions aux saints lieux ! mais plutôt pour l'amour du lucre, des batailles et du pillage









Dans son enceinte résidaient les états majors et les plus forts contingents des grands ordres religieux militaires Templiers, Teutoniques et Hospitaliers, puis de petits contingents entretenus par le roi de France, le roi de Chypre, le Pape et divers autres souverains d'Occident.

Enfin on trouvait une immense population louche, accourue de tous les coins de la Terre, bref la lie de la société, qui provoquait ou attirait une clientèle de ribaudes fort nombreuse. D'après un chroniqueur il pouvait y avoir jusqu'à 14 000 prostituées dans la cité, chiffre énorme !!!

La célèbre forteresse située sur le rivage de la mer, construite de blocs de pierre d'une grosseur extraordinaire, avec de hautes et fortes tours, espacées d'un jet de pierre les unes des autres et chaque porte côté terre flanquées de deux tours, le tout bordé de fossés profonds !!

Mais en cette fin de XIII siècle les mentalités avaient évoluées, les constants échecs en terre sainte et les prophéties des ecclésiastiques qui ne se sont jamais réalisées finissent par lasser. De nombreuses voix avaient commencé à s'élever dans toute l'Europe, critiquant la conduite du Pape et la perte de tant d'énergies consumées en vain dans les croisades, le zèle qui avait duré des siècles avait pratiquement disparu !!!









Rois, Ducs, Comtes et barons, s'occupaient plus volontiers de leurs possessions et se faisaient tirer l'oreille pour fournir subsides et troupes pour la terre sainte. Les débris de la puissance Latine réfugiés derrière les hautes murailles de Saint Jean d'Acre, n'allaient bientôt devoir compter que sur leurs propres forces, contre la multitude du monde Sarrasin, Le Pape avait beau se démener et fulminer il n'obtenait que de belles promesses !!

Et voila qu'arrive aux oreilles du Sultan, qu'une petite tuerie privée a eu lieu dans la cité, que des Musulmans, marchands et commerçants avaient été assassinés dans la ville par quelques mercenaires en mal de bataille et de pillage, exaction que l'autre camp pratiquait aussi bien sur !!

Mais voila le Sultan Kélaoun, voulait la guerre afin d'en finir une bonne fois de la présence franque en Orient, Saint Jean d'Acre était comme un furoncle planté dans son postérieur et qui le gênait fortement pour s'asseoir !!

Or le traité stipulait qu'en cas de crime contre des musulmans dans la cité, ce serait des magistrats de la ville qui devraient punir, voila ce qui justement n'avait pas été fait !!!! L'occasion était trop belle pour ne pas servir hypocritement à son projet d'éliminer, sous couvert de la religion ce qui le gênait pour s'asseoir !!










Le bruit commença à se répandre en Syrie que le Sultan avec toutes ses forces ne tarderait pas à marcher sur la cité. Dans le courant de l'année 1290, Kélaoun, annonce à ses peuples qu'il attaque pour se venger des violations incessantes de la trêve commises par les chrétiens,il annonce même dans un courrier au roi Héthoum d'Arménie qu'il avait juré sur le Coran de ne laisser la vie à aucun habitant de la cité maudite !

La population de la cité était toute entière occupée à l'approvisionnement en vivres et à préparer tours murailles et fossés en vue du siège. On évalue la population autour de 40 000 personnes, en tenant compte des gens qui partirent aux premiers signes d'un conflit.

Les hommes en état de combattre au moment du siège sont d'environ 14 000, dont 800 chevaliers et 13 000 hommes de pied. Le 4 novembre 1290 le Sultan quitte le Caire à la tête de son armée, mais tombe subitement malade et meurt le 10 du mois à Mardjed at Tîn, non loin de sa capitale, son Fils Malek el Ashraf, lui promet sur son lit de mort de poursuivre la guerre. Ce ne sera qu'en avril 1291 après une progression difficile et un hiver rigoureux, qu'il se trouvera avec toutes ses forces sous les murs de la cité









Il est impossible d'évaluer leur nombre, les chiffres donnés sont ahurissants !!! 60 000 cavaliers, 160 000 hommes de pied et pas moins de 92 machines de guerre de siège

Dès le 12 avril les machines commencent à battre les murailles, et chaque jour les musulmans se précipitaient à l'assaut, pierres et flèches volaient dru, ils urent tôt fait de pratiquer des brèches dans les murailles.

Le siège dura 40 jours, puis ce fut le grand massacre et quand la moisson des hommes fut faite, Saint jean d'Acre fut entièrement détruite, les remparts abattus, les églises et les édifices les plus importants rasés, quand au reste il fut la proie des flammes


PS: documentation BNF, avec quelques impressions de votre serviteur, mais la fin de Saint Jean d'Acre sera pour un Templier nommé Roger de Flor, chassé de l'ordre, le début d'une carrière de Mercenaire, lire les trois articles des Compagnies Catalanes !!.. M de

mercredi 5 septembre 2018

Rutebeuf XII siècle

Aucun des contemporains de Rutebeuf, aucun des auteurs anciens n'a laissé sur lui le moindre témoignage !, ni ne l'a nommé une seule fois dans aucun texte qui nous soit parvenu, tout ce que l'on sait à son sujet se tire de ses poèmes !!

Son nom déjà est une question en elle même, notre auteur s'est nommé dans plusieurs de ses pièces, mais les copistes ne s'accorderont pas entre eux sur la forme de son nom, "Rutebeuf", d'autres donneront "Rustebuef" et dans six passages l'auteur se nomme lui même "Rustebués" ??

Bien sur on n'est pas obligé d'accepter l'étymologie que l'auteur donne de son nom !!, il a existé en France des appellatifs dont le Latin a rendu la finale par "bodus" devenu "buef", en français, ainsi "magnibodus" donnait "mainbeuf", puis "marbodus" devient "marbeuf", puis "tudebodus" donnant "tubeuf"...etc. De plus les formes romanes ont prêté à confusion entre "Beuf" - "bodus" et "buef"- "bos"

On ignore le lieu de sa naissance et cela même si l'on soupçonne depuis fort longtemps qu'il fut Champenois









Il est néanmoins un fait certain c'est qu'en 1249, au moment ou il écrivait le plus ancien de ses poèmes connus " le dit du cordelier ", il se trouvait à Troyes et très au fait des conflits locaux qui lui fournissent le sujet de sa pièce !

Longtemps par la suite on voit notre homme intéressé par de grands personnages résidant en Paris mais dont les Fiefs étaient dans l'Est, il compose notamment en faveur de Geoffroi de Sergines,dont le château est au nord de Sens à la limite de la Champagne. Il va composer l'éloge funèbre de Thibaut V de Navarre, Comte de Champagne, puis il écrit pour Eudes de Nevers et Erart de Lezinnes, d'autres Champenois.

Il avait certainement fait de solides études et maîtrisait fort bien le Latin, ses écrits le prouvent, de sa "vie de Marie l'égyptienne", ou son " miracle de Théophile", qui font référence à des textes écrits en latin. Puis Erart de Lezinnes lui fait traduire "la vie de sainte Elysatiel" en rimes françoises !!. Et dans son "dit d'Aristote", il a tiré d'un livre en vers les enseignements du philosophe, c'était "l'alexandreide latine" de Gautier de Chatillon








Si l'on désire expliquer la condition sociale de la vie de Rutebeuf, il faut partir de ce qu'il était de nature et de condition et pour ce faire nous avons sa confession, qu'il y a tout lieu de croire comme sincère et véridique

Il faut cependant ne pas prendre au pied de la lettre toutes ses paroles, surtout lorsqu'il parle et dépeint sa pauvreté en forçant le trait, noircissant la réalité afin d'émouvoir un éventuel protecteur !! Ils en étaient tous la nos auteurs à jouer de cette corde sensible, mais au moyen âge c'était vital d'avoir un protecteur

Notre bonhomme était sans métier, dans " le mariage de Rutebeuf ", il dit " je ne sui pas ovriers des mains ", et dans " la complainte de Constantinople ", il dit " sospirant por l'umain lignage, vos veuil descouvrir mon corage, que ne sait autre laborage "

S'il ne savait "ouvrer des mains" c'est qu'il ne l'avait pas appris, probablement parce qu'il était du monde des écoles, venu et resté aux études " por pris et por honor conquerre ", puis comme beaucoup d'escoliers du XII siècle débouchaient une fois leurs études terminées, dans la société par la voie de la misère









Ils venaient grossir la troupe des errants et des faméliques chômeurs, pour se résigner à cette existence, qui ne connaissait de joie que le paradis éphémère de la Taverne (voir article), ou l'on jouait buvait, il fallait un caractère impropre à ce courage qui permet à l'homme de repartir sur le chemin du labeur !

Son surnom qu'il avait accepté comme un vrai nom et qu'il explique lui même complaisamment, semble le désigner comme un lourdaud paresseux, grand dormeur ou les vapeurs de vin y étaient sûrement pour quelque chose

Habile à tourner les vers et la poésie qui nourrissait son homme tant bien que mal, il pris la Vielle du jongleur et du ménestrel, condition précaire ou l'existence dépend des libéralités des nantis !!. Il dira dans son " pauvreté Rutebeuf ", je cite: " molt i a dolor et destresce, quand l'en chiet en autrui dangier, por son boire et son mengier ".

Entré dans la troupe des amuseurs, il vivra leur vie, parfois avec une aisance relative, ayant foyer, femme, enfants et nourrice, possédant cheval et recevant ses amis








Mais comme beaucoup de gens comme lui il jouera et perdra beaucoup, puis il contractera une maladie qui lui fera perdre un oeil, ensuite il s'enfoncera dans la ruine

C'est sans doute le sentiment de sa propre misère qui va l'inspirer sur le sort pitoyable de la plèbe des tavernes et des ribauds de la place de Grève, tous ces gens perdus par le vice la paresse ou la dureté de cette société médiévale, les quelques vers les plus émouvants de notre littérature !!!



PS: d'après les oeuvres complètes de Rutebeuf par Edmond Faral et Julia Bastin M de V

lundi 3 septembre 2018

Une Opération de la Cataracte en 1351

Ou l'on revient par les écrits de Nicole Chareyron, vers notre Abbé aveugle de Tournai, Gilles le Muisit ou Li Muisis ( voir article ). La cécité est une infirmité si répandue au moyen âge, qu'on la trouve représentée dans l'iconographie et les écrits en tous genre.

Il y a peu d'espoir de guérison, à cette époque quelle que soit l'origine du mal pour l'homme privé de la lumière.

Mais pour peu que l'infirme croise sur le chemin de la vie, un de ces rares chirurgiens aux mains bénies !!, capables de lui rendre la joie de voir, il peut espérer le miracle.

Extraordinaire voyage jusqu'au bout de la nuit, que celui de notre Abbé de l'abbaye de Tournai, devenu poète, écrivant par l'entremise de son Prieur, faute de pouvoir assurer  les offices de son ministère









Les annales de notre religieux nous content l'exploit chirurgical qui mit fin à son épreuve, c'est un jour de l'année 1348, qu'il se déclare incapable de célébrer la messe, parce que sa vue est tellement brouillée qu'il ne peut plus lire le saint livre et voila notre Abbé contraint de cesser tout service.

Ses annales commencées en 1347 alors qu'il voyait déjà très mal, s'arrêtent le jour ou il va recouvrer la vue!!, grâce à un chirurgien de passage qui opère les yeux à l'aide d'un instrument d'argent (lancette), qui pratique l'intervention avec cet outil " à manière d'aiguille, sans pener, à peu d'angousce et tos passée ", ses dernières pages, seront pour conserver la mémoire de l'opération

L'abbé nous raconte dans ses écrits je cite:








Un certain maître d'Allemagne vint à Tournai et ayant examiné mes yeux, promis, avec l'aide de Dieu de me guérir !! Contre l'avis de mes proches et de mes amis, je m'en remis à son avis et lui permis de pratiquer son art

L'opération eut lieu en deux fois, le dimanche 18 septembre 1351, le chirurgien opéra un oeil, puis le jeudi 22 septembre l'autre. Ce praticien ayant fait pénétrer l'instrument en forme d'aiguille lui rendit sans douleur la lumière de la vision!

Il dit je cite: Je recouvrais la vue non comme à l'âge de la jeunesse, mais comme à mon âge, parce que j'étais déjà octogénaire !! mais je voyais le ciel, le soleil, la lune et les étoiles, je ne reconnaissais pas parfaitement les personnes, je voyais bien toutefois, je fus aveugle pendant trois ans environ.

A quelle classe les parents et amis de notre Abbé qui tenteront de le dissuader d'accepter l'opération appartenaient ils ???, car vraisemblablement ils ont mis en garde l'Abbé contre les dangers qu'il courait !!!!









Car pour un le Muisit renluminé avec succès, combien de malheureux ont dû endurer le martyre pire que le mal ???

Henri de Mondeville, le chirurgien de Philippe IV le Bel ( voir article ), dans la première moitié du XIV siècle, dénonça les dégâts commis par des confrères dans les opérations oculaires !!

Il dit je cite: Le peuple place sa confiance dans des moines, des devins, des ermites et des reclus " croyant qu'ils savaient la chirurgie sans art et qu'ils ont la science infuse par pure grâce du créateur " !!!

Ceux ci " altèrent la santé rendant parfois incurable des maladies qui étaient guérissables ". Dans le cortège d'illettrés, de barbiers, des tireurs de sorts, d'alchimistes, de sarrasins, de courtisanes et entremetteuses, de juifs convertis et autres guérisseurs de son temps, il dénonce la crédulité coupable des victimes !!








Mais aussi la fraude non moins coupable des apprentis sorciers, " surtout pour le traitement des maladies des yeux, lequel est dangereux, difficile et trompeur, au point que l'on trouve très rarement un chirurgien qui soit suffisant et expert en ces matières "



PS: le chirurgien du XIV siècle pouvait selon Nicole Chareyron, inspirer légitimement la méfiance, mais les échecs nombreux ne doivent pas faire oublier les quelques cas de réussite à l'actif d'habiles praticiens, n'étant pas médecin je lui laisse le mot de la fin M de V





Nota: Nicole Chareyron, agrégée de lettres modernes et Maître de conférences en littérature médiévale Montpellier III


samedi 1 septembre 2018

Li Proverbe au Vilain XII siècle

L'auteur n'a pas décliné son nom, mais d'une certaine manière il s'est fait connaître, donnant ça et la des détails sur sa personne et l'on peut déterminer dans une certaine mesure l'époque ou il vécu

Pour commencer c'était un défroqué, ayant disait il appris deux métiers, car l'homme avait étudié pour être Clerc, il n'était en fait ni Clerc ni Laïc, on pourrait dire ni chair ni poisson, mais peut être un peu des deux ????

Il avait ensuite couru le monde à la recherche d'un protecteur, il en avait rencontré maintes fois de ces seigneurs, bien plus généreux en promesses qu'en réalité !! " maint Barons de haut pris, m'ont mainte fois promis "









Mais enfin, un jour, il eut la chance de tomber sur un bon maître, qu'il rencontra en Hainaut, alors que dans des circonstances critiques il avait tout perdu. C'était le Comte de Flandres, et c'est à lui que le recueil est pour ainsi dire dédié

Cependant notre auteur n'aimait pas à " séjourner ", il était comme le chien du proverbe qui quitte sa confortable niche, pour filer au bourg récolter des coups, " quand je suis à la court dont tous les biens me sourt (me viennent), si suis comme en liiens (attaché), tant m'est que hors en soie (dehors je sois), et par païs revoie, mes amis anciens .

Ce n'est pas qu'il ignorât le péril des fugues, car il dit " se je départ dou conte tost m'aura oblié (si je pars de l'entourage du Comte tôt fait il aura de m'oublier), il savait donc bien que c'était folie d'abandonner une place sûre, au risque d'être remplacé !!!

Mais il ne pouvait s'en empêcher et d'autre part, au retour de ses équipées, il jouissait d'une vie facile et paisible à la cour du Comte. Il disait pour se rassurer lui même " rien à craindre, je confierai mes ennuis à mon seigneur, il est franc et large ", puis il ajoute, " d'ailleurs le fidèle doit vivre de l'autel, pourvu qu'il n'en abuse pas !, mieux vaut se contenter de peu que de courir les hasards "










L'homme n'était pas particulièrement brave, en vérité, et donc peu propre à une vie d'aventure, il devait se sentir à l'étroit à la cour du Comte et devait préférer être parmi les vilains ????

Il avait vu un jour des brabançons, ces gens d'armes mercenaires, revenir d'une campagne en fort piteux état et mutilés, après c'être fait étriller en Bourgogne, ce qui l'avait marqué

Puis il parle aussi des croisés, qui vont en Outre mer adorer le Saint Sépulcre, il dit je cite: Et pendant ce temps la, en leur absence, ils sont trompés et ruinés par leurs femmes !! Il poursuit en faisant remarquer, plus d'un est parti tout flambant et sautant de joie, sur les chemins de l'Outre mer, qui au retour ne peuvent marcher sans s'appuyer sur un bâton !!

A la vérité il y a dans son recueil un assez grand nombre de banalités et de grossièretés, mais qui ne sont pas toutes de lui, mais notre homme savait ça et la glisser des réflexions personnelles et des confidences agréablement tournées!!

Il faut noter que ses écrits furent populaires, empruntés et recopiés par d'autres qui ajoutèrent allègrement des tirades de leur cru








Au lieu de commenter purement de la sagesse des nations, sont but premier!, notre anonyme a exprimé sa philosophie de la vie et de la société, et il le fit sous la forme rustique des vilains de son temps !!!

Mais c'est celle d'un pauvre diable de Trouvère de la fin du XII siècle, et si certains disent que ses textes ne sont pas profonds, il avait le mérite de retenir l'attention, tant par sa sincérité et ses observations fondées !!


PS: les sources comme d'habitude viennent de la BNF, et je vous laisse vous rendre sur le site pour lire les textes de notre anonyme auteur M de V